Fatata te Miti
Artiste | |
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Date | |
Type | |
Technique | |
Dimensions (H × L) |
68 × 92 cm |
Format |
paysage |
No d’inventaire |
1963.10.149 |
Localisation | |
Inscription |
Fatata te Miti |
Fatata te miti[1] (« Au bord de la mer » en tahitien) est une huile sur toile du peintre français Paul Gauguin réalisée en 1892. Actuellement conservé à la National Gallery of Art à Washington DC, ce tableau représente deux Tahitiennes en train de se baigner.
D'abord acquis par Ernest Rouart[2], ce tableau a ensuite été possédé par Chester Dale qui a légué sa collection d'art à la National Gallery of Art de Washington DC en 1962[3].
Description
[modifier | modifier le code]Le tableau représente deux Tahitiennes vues de dos se baignant dans l'océan, tandis qu'un homme pêche au harpon en arrière-plan.
Il illustre l'image romantique des Tahitiens rendue célèbre par Le mariage de Loti de Pierre Loti : dans ce roman, Loti décrit les activités de sa fiancée tahitienne ainsi : « Ses occupations étaient fort simples : la rêverie, le bain, le bain surtout. »[4].
Les femmes du tableau ôtent leurs pareos pour se baigner nues, apparemment indifférentes à la proximité du pêcheur ; c'est l'illustration du paradis tropical libéré que Gauguin avait espéré trouver, alors qu'en réalité, la culture polynésienne a été métamorphosée par les missionnaires occidentaux qui ont imposé leur religion et leurs valeurs aux insulaires[5],[6],[7].
Analyse
[modifier | modifier le code]Paul Gauguin a peint Fatata te miti en 1892, lors de son premier voyage à Tahiti. Tout comme Vahine no te vi réalisé à la même période, c'est un exemple des quelques scènes de genre simples que Gauguin a peintes dès l'installation de son atelier dans une cabane traditionnelle en bambou à Mataiea, dans le district de Papeari[7]. Néanmoins, comme l'a précisé la biographe de Gauguin Nancy Mowll Mathews, ces tableaux ne représentent pas ce qu'il a effectivement vu mais plutôt transforment l'ordinaire et le mondain en une vision exotisée de la vie sur l'île[8]. Une autre peinture, Arearea no varua ino, réalisée peu de temps après le retour de Gauguin à Paris, semble représenter le même paysage et montre l'introduction d'éléments symbolistes dans la peinture de genre. Le même arbre apparaît dans Parau na te varua où il divise la scène en deux zones distinctes[7].
Le thème des nymphes batifolant dans les vagues est une tradition de l'Âge d'Or plusieurs fois représentée par les artistes, de Titien et Gustave Courbet au contemporain de Gauguin Edgar Degas[2]. Gauguin, fasciné par le thème, a travaillé dessus une première fois en 1885 avec ses Baigneuses à Dieppe avant de le reprendre en 1889 avec Dans les flots - Ondine[9], qui fut son tableau phare lors de l'Exposition Volpini[7],[10].
Gauguin utilise les couleurs intenses des tropiques pour évoquer les plaisirs sensuels[6], comme des roses et des mauves pour colorer le sable qui était en réalité noir[8]. La technique employée du cloisonnisme, qui consiste à appliquer de la couleur pure (non mixée) en aplats délimités par des contours sombres, avait été développée par Gauguin en Bretagne[11]. Stephen F. Eisenman a noté que dans ce tableau comme dans d'autres similaires, Gauguin a placé des aplats de couleurs complémentaires et adjacentes côte à côte pour suggérer un intermédiaire coloré, pour refléter le fait que les binarités, comme l'univers moral et l'univers physique, sont réconciliables[pas clair][12].
Pour augmenter leur luminosité et mettre en valeur leur brillance, Gauguin appliquait une fine couche de cire transparente sur la surface de ses premières peintures tahitiennes[7].
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Orthographe moderne : « fātata te miti »
- Stephen Moysan, « Gauguin : Fatata te miti », sur www.eternels-eclairs.fr (consulté le )
- (en) Shelley Esaak, « From Impressionism to Modernism: The Chester Dale Collection », ThoughtCo, (lire en ligne, consulté le )
- Pierre Loti, Le Mariage de Loti, (lire en ligne), Partie I, chapitre VIII (page 14)
- Alan Riding, « The Colors of Paradise As Imagined by Gauguin », The New York Times, (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le )
- « Fatata te Miti (By the Sea) », sur www.nga.gov (consulté le )
- (en) Charles F. Stuckey, The Art of Paul Gauguin : [exhibition held at the National Gallery of art, Washington, 1 May-31 July 1988 ; The Art Institute of Chicago, 17 September-11 December 1988, Grand Palais, Paris, 10 January-20 April 1989] Richard Brettell Françoise Cachin Claire Frecher Thory, Charles F. Stuckey..., Washington DC, National Gallery of Art, , 519 p. (ISBN 0-8212-1723-2), "The First Tahitian Years"
- (en) Nancy Mowll Mathews, Paul Gauguin, an Erotic Life, New Haven, Connecticut, Yale University Press, , 316 p. (ISBN 0-300-09109-5)
- « 23/07/2015 Dans les vagues, ou Ondine, Paul Gauguin », VisiMuZ Éditions, (lire en ligne, consulté le )
- Roger Pierre Turine, « Gauguin en route vers la Modernité », Lalibre.be, (lire en ligne, consulté le )
- Éditions Larousse, « Encyclopédie Larousse en ligne - cloisonnisme », sur www.larousse.fr (consulté le )
- (en) Stephen F. Eisenman, Gauguin's Skirt, Londres, Thames and Hudson, , 232 p. (ISBN 978-0-500-28038-6)
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Fatata te Miti (By the Sea) » (voir la liste des auteurs).
Liens externes
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- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Fatata te Miti sur Rivage de Bohème