Aller au contenu

Gorgias

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Gorgias de Léontinoi (Γοργίας ὁ Λεοντίνος)
Naissance
Décès
École/tradition
Principaux intérêts
Idées remarquables
Kairos (καιρός)
Œuvres principales
Du non-être, ou de la nature, Éloge d'Hélène, Défense de Palamède
Influencé par
A influencé
Citation
« Ainsi donc, rien n'existe. »

Gorgias (en grec ancien Γοργίας / Gorgías) de Léontinoi (variantes : Léontini ou Léontium) est un philosophe présocratique, né à Léontinoi en Sicile (vers 480 av. J.-C.). Contemporain de Socrate, il apparaît dans plusieurs dialogues de Platon.

Sophiste, il enseignait l’art de persuader[1]. Lucien de Samosate entre autres auteurs, dit qu’il vécut 108 ans[2]. Platon, dont les écrits forment le noyau autour duquel la philosophie et son histoire se sont cristallisées, a jeté un tel discrédit sur la pensée de Gorgias[3],[4], le raillant dans son Banquet[5],[6], que le mot sophiste est péjoratif, tandis qu’un sophisme désigne un raisonnement dont la logique est fallacieuse.

Selon Athénée, Gorgias, après avoir lu le dialogue platonicien qui porte son nom, aurait dit : « Comme Platon sait bien se moquer ! »[7]. Il serait juste de revenir aux sources afin de découvrir l'importance de cette pensée, non seulement dans l'histoire de la philosophie mais aussi pour la pensée contemporaine. Athénée, au Livre VI de son Banquet des Deipnosophistes cite une anecdote sur Gorgias, d’après le philosophe péripatéticien Démétrios de Byzance : Quand on a demandé à Gorgias la raison de sa longévité, lui qui était centenaire, il a répondu : « Je n’ai jamais fait une chose en vue de plaire à quelqu’un ».

On situe[8] la naissance de Gorgias un peu avant la 75e olympiade, c'est-à-dire vers 480 av.J.-C. Son père, Charmantide de Léontinoi, était orateur[9]. Il avait une sœur, dont on sait seulement qu'elle était la femme d'un nommé Déicrate, et un frère médecin, Hérodicos[9],[10] qu'il ne faut pas confondre avec Hérodicos de Selymbrie.

Philosophie

[modifier | modifier le code]

Disciple de Tisias[11], ainsi que d'Empédocle d'Agrigente, avec qui il apprit la rhétorique, il tient également de ce dernier maître sa conception de la connaissance : les corps émettent des particules. Or, les appareils sensitifs sont munis de pores. La sensation ne se produit que lorsque les pores des organes sensoriels sont d'un calibre conforme à celui des particules qui les rencontrent : trop larges ils les laissent filtrer, trop étroits ils les retiennent[12]. Cette théorie d'Empédocle est, d'après Théophraste, également celle de Gorgias.

Médecine et Persuasion

[modifier | modifier le code]

Son frère médecin semble avoir joué un rôle important dans la formation de Gorgias et la genèse de sa pensée : Gorgias l'accompagnait « souvent » auprès des malades et, lorsqu'ils étaient récalcitrants, parvenait à les convaincre de se laisser soigner, « sans autre art que la rhétorique »[13]. Médecine et éloquence[14] constituent justement les deux centres d’intérêt d'Empédocle dont il fut l'élève[14],[15]. C'est durant la 84e olympiade, c'est-à-dire à partir de 444 av. J.-C., qu'il écrivit son Traité du non-être[16].

Ambassadeur à Athènes

[modifier | modifier le code]

Il fréquenta Tisias[17], célèbre pour son procès contre son maître Corax et auteur du premier manuel de rhétorique[18], avec qui il fut envoyé à Athènes comme ambassadeur[19] en 427 av. J.-C.. Il y remporta un succès considérable[17]. Malgré tout, comme Platon le rappelle, Socrate pensa qu'il n'était vraiment pas difficile de louer les Athéniens devant les Athéniens[20], et ceci d'autant plus qu'Athènes, nouvellement engagée dans la guerre du Péloponnèse, venait d'être frappée par la Grande Peste.

Politiquement, Gorgias semble favorable à l'unification de la Grèce (panhellénisme)[21], mais s'adressant aux Athéniens « ivres [de leur] suprématie »[22], il préfère opportunément ne pas « faire allusion à l'union entre les Grecs »[22].

Les élèves de Gorgias

[modifier | modifier le code]

Proxène le Béotien, ami de Xénophon, devint son élève : « Proxène le Béotien, lorsqu'il était encore jeune, désirait devenir un homme capable de grandes choses. Animé par ce désir, il donna de l'argent à Gorgias de Léontium, pour être autorisé à suivre ses leçons ». Antisthène[23], Alcidamas et Lycophron suivirent ses leçons. Protarque et son frère, de la riche famille de Callias, « un homme qui dépense plus en sophistes que tous nos autres citoyens ensemble »[24], furent aussi ses élèves[25],argien[26]. Pour son enseignement, Gorgias « recueillait cent mines de chaque élève »[27],[19], somme considérable. Son activité fut si lucrative[28] qu'il se fit ériger, au Temple de Delphes, une statue en or massif[29]. Selon Isocrate, son « plus célèbre élève[30]», Gorgias « ne se fixa jamais dans aucune cité »[31] : c'est en Thessalie qu'il le rencontre. Gorgias y enseigna son art à la puissante famille des Aleuades, notamment à Aristippe de Larissa (de) et à Ménon, de Larissa, que l'on retrouve dans le dialogue éponyme de Platon[32] Toujours à Larissa en Thessalie, il rencontra le fameux médecin Hippocrate.

La mort de Gorgias

[modifier | modifier le code]

Né avant Socrate et mort après que celui-ci fut condamné à boire la ciguë (399 av. J.-C.)[33], tous les doxographes s'accordent à dire qu'il vécut très vieux : la plupart avancent l'âge de 108 ans (ce qui correspond exactement à 27 Olympiades). « Gorgias de Léontium, arrivé au terme de sa vie, fort avancé en âge, fut pris d'une sorte de faiblesse : il se laissa aller doucement au sommeil et se coucha. Comme un de ses familiers s'était approché et l'examinait en lui demandant ce qu'il avait, Gorgias répondit : Le sommeil commence à me prendre sous sa garde, comme un frère[34] ».

L’implacable logique du Traité du non-être

[modifier | modifier le code]

Isocrate[35] a évoqué la logique de Gorgias : « Comment pourrait-on aller plus loin que Gorgias, qui a eu l'audace de dire qu'aucun des êtres n'existe ? »

Suppression du critère de la vérité

[modifier | modifier le code]

De la nature ou Traité sur le non-être, ouvrage de Gorgias transmis par Sextus Empiricus, qui en restitue entièrement l'implacable logique[36] dans son Contre les mathématiciens. C'est en effet d'un point de vue purement formel qu'il faut aborder le Traité du non-être : il serait vain de se demander si les propositions du sophiste sont vraies ou fausses en essayant d'en faire la réfutation à la manière du Pseudo-Aristote[37]. La question peut se poser, quant à savoir si Gorgias n'a pas de toute façon « supprimé le critère de la vérité »[38]

Le Poème de Parménide

[modifier | modifier le code]

Pour mieux comprendre l'enjeu du traité De la nature ou Traité sur le non-être, il faut tout d'abord évoquer le poème de Parménide intitulé De la nature : « Ce qui peut être dit et pensé se doit d'être : car l'être est en effet, mais le néant n'est pas »[39]. Ainsi pour Parménide « l'être est et le non-être n'est pas[39], de plus, et cela est essentiel, la pensée est la même chose que l’être »[39]. Ce sont ces deux affirmations ontologiques que Gorgias va littéralement annihiler. Cette « destruction ontologique des choses »[40] lui attribuera du même coup une réputation injustifiée de philosophe nihiliste. La logique a très tôt été utilisée contre elle-même, c'est-à-dire contre les conditions mêmes du discours : Gorgias l'utilise dans son Traité du non-être afin de prouver qu'il n'y a pas d'ontologie possible : « ce n'est pas l'être qui est l'objet de nos pensées » : la vérité matérielle de la logique est ainsi ruinée. Le langage acquiert ainsi sa propre loi, celle de la logique, indépendante de la réalité. Mais les sophistes ont été écartés de l'histoire de la philosophie (sophiste a pris un sens péjoratif), si bien que la logique, dans la compréhension qu'on en a eue par exemple au Moyen Âge, est restée soumise à la pensée de l'être.

Trois propositions fondamentales

[modifier | modifier le code]

Pour cela, comme le résume Sextus Empiricus, « il met en place, dans l'ordre, trois propositions fondamentales :

  • premièrement, et pour commencer, que rien n'existe ;
  • deuxièmement que, même s'il existe quelque chose, l'homme ne peut l'appréhender ;
  • troisièmement, que même si on peut l'appréhender, on ne peut ni le formuler ni l'expliquer aux autres. »[38]
  • πρῶτον ὅτι οὐδὲν ἔστιν
  • δεύτερον ὅτι εἰ καὶ ἔστιν, ἀκατάληπτον ἀνθρώπωι
  • τρίτον ὅτι εἰ καὶ καταληπτόν, ἀλλὰ τοί γε ἀνέξοιστον καὶ ἀνερμήνευτον τῶι πέλας.

Rien n'existe

[modifier | modifier le code]

Il ne s'agit pas ici de refaire pas à pas la lumineuse[41], mais néanmoins fastidieuse démonstration de Gorgias. Il suffit seulement de montrer qu'il utilise à chaque étape de son raisonnement (qui tour à tour emploie les couples être/non-être, éternel/engendré, limité/illimité, un/multiple) la même formulation de base qui, en logique propositionnelle s'écrit (p∨¬p)∨(p∧¬p). Ainsi, « s'il existe quelque chose, c'est ou l'être, ou le non-être, ou à la fois l'être et le non-être[42]. »

  • Le non-être n'est pas car « si le non-être existe, il sera et à la fois il ne sera pas[42] » : il sera en tant qu'il existe et il ne sera pas en tant que non-être. Or, par principe de non-contradiction, « il est tout à fait absurde que quelque chose soit et ne soit pas à la fois. Donc le non-être n'est pas[42]. » On retrouve le résultat de Parménide.
  • Démontrer que « l'être n'est pas » est un peu plus complexe, et oblige Gorgias à développer son raisonnement apagogique au bout duquel il parvient aux résultats suivants :
    • « Si l'être est éternel, il est illimité ; s'il est illimité, il n'est nulle part ; s'il est nulle part, il n'est pas. »
    • « En outre, l'être ne peut pas non plus être engendré. Car s'il a été engendré, c'est à partir de l'être ou à partir du non-être qu'il a été engendré. » Or, il ne peut pas être engendré à partir de l'être (auquel cas l'être existerait déjà) ni à partir du non-être.
    • « Ainsi, si l'être n'est ni éternel, ni engendré, ni les deux à la fois, alors, l'être n'est pas. »

Gorgias quitte la voie tracée par son illustre prédécesseur Parménide : certes, le non-être n'est pas, mais l'être non plus.

L'être n'est donc pas objet de pensée

[modifier | modifier le code]

S'opposant en tous points à Parménide pour qui « la pensée est la même chose que l’être[39] », Gorgias démontre que « l'être ne saurait être pensé[43] » : « L'être n'est donc pas objet de pensée[44]. » Cette affirmation n'est pas sans conséquence : c'est elle qui justifie et nécessite la pratique des sophistes. Comme on peut le deviner, si l'être ne peut être pensé, il n'y a pas de place pour le moindre monde des idées ni d'ailleurs pour aucun autre arrière-monde, pas de réminiscence ou d'anamnèse possible, comme c'est effectivement le cas dans le mythe des enfers que Platon place justement à la fin du Gorgias (mythe qui préfigure celui d'Er le Pamphylien dans La République)[45]. On peut à partir de là comprendre pourquoi Platon s'est opposé à Gorgias et aux sophistes[46].

Un seul moyen de révéler : le discours

[modifier | modifier le code]

Ainsi donc si « rien n’existe », il ne reste que le discours, objet des sophistes : « Car le moyen que nous avons de révéler, c’est le discours » ! Mais un discours qui ne prétend pas, comme c'est évidemment le cas de Platon, pouvoir atteindre la vérité puisque « le discours, il n’est ni les substances ni les êtres : ce ne sont donc pas les êtres que nous révélons à ceux qui nous entourent ; nous ne leur révélons qu’un discours[47] ». Un simple discours dans toute sa matérialité qui ne renvoie qu'à lui-même[48] nécessite un savoir technique pour produire son effet : la rhétorique, dont Gorgias serait « le premier inventeur[49]. »

La puissance du discours

[modifier | modifier le code]

Technè rhêtorikè

[modifier | modifier le code]

L'art rhétorique de Gorgias consiste concrètement en l'utilisation d'effets rythmiques et sonores tels que les rimes, l'homéotéleute, l'isocolie, la parisose, l'antithèse, la paronomase et l'homéoptote) qu'il déploie dans ses Éloges et ses Discours épidictiques. Lors de son ambassade à Athènes, « la nouveauté de son style surprit les Athéniens, peuple lettré et spirituel, qui furent très impressionnés[50] » car Gorgias se servait de ces « figures de style extrêmement raffinées et débordantes de virtuosité[19]. » Néanmoins, l'utilisation abusive de ces figures revenant « trop souvent, jusqu'à l’écœurement[19] » finit par sembler ridicule et affectée.

La rhétorique : ouvrière de persuasion

[modifier | modifier le code]

Gorgias exprime une opinion de rencontre et la rhétorique exige un savoir-faire : elle n'est ni une technique, ni un art. « La rhétorique est ouvrière de persuasion[51]. »

Mémoire du passé, vision du présent, divination de l’avenir

[modifier | modifier le code]

« La puissance du discours[52]» provient, selon Gorgias, du fait que « les gens n’ont pas la mémoire du passé, ni la vision du présent, ni la divination de l’avenir[53] ».

Frère de médecin, Gorgias affirme qu’il « existe une analogie entre la puissance du discours à l’égard de l’ordonnance de l’âme et l’ordonnance des drogues à l’égard de la nature des corps[52]. » Pharmakon, le discours peut aussi bien être un remède qu'un poison[54].

Rhétorique

[modifier | modifier le code]

À côté de la faiblesse de la vérité, Gorgias pose la force du langage, son pouvoir sur les esprits, par l'argumentation, et sur les émotions, par le rythme et les effets sonores (isocolie, parisose, homéotéleute, antithèse). Ce pouvoir peut être bien ou mal utilisé ; la technè rhêtorikè ne garantit ni n'élève la moralité de celui qui l'emploie, il s'agit d'un instrument neutre. En cela, Gorgias est le fondateur du pragmatisme rhétoricien, opposé à l'idéalisme philosophique à la manière de Platon (les leçons de Socrate conduisent ceux qui les écoutent à devenir meilleurs). Gorgias développe l'idée que l'orateur peut aider les États à faire des choix politiques, parce que sa technè lui permet d'abord d'analyser la situation, puis de convaincre en vue de l'action. En dehors de son traité d'ordre métaphysique dont Sextus Empiricus nous a conservé l'extrait ci-dessus, on possède de Gorgias deux courts plaidoyers, Pour Hélène et Pour Palamède. On peut y lire des exemples des procédés stylistiques et sonores dont il fait la théorie.

  • Art rhétorique
  • Oraison funèbre
  • Discours olympique
  • Discours pythique
  • Éloge des Éléens
  • Éloge d'Achille
  • Éloge d'Hélène
  • Défense de Palamède
  • Sur le non-être ou sur la nature (Peri phuseos)[55]

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Gorgia di Leontini, Gorgia "Su ciò che non è" , édition critique, traduction italienne et commentaire par Roberta Ioli, Hildesheim, Georg Olms, 2010.
  • Barbara Cassin, Si Parménide : Le traité anonyme De Melisso, Xénophane, Gorgia, Lille, Presse Universitaire de Lille, , 646 p. (ISBN 2-85939-151-7, lire en ligne)
  • Jean-Paul Dumont, Les Sophistes : Fragments et témoignages, PUF, coll. « Les Grands Textes »,
  • Eugène Dupréel, Les sophistes : Protagoras, Gorgias, Prodicus, Hippias, Neuchâtel, Éditions du Griffon, , 407 p.
  • Jean Lévêque, La Trilogie, Parménide, Héraclite, Gorgias, Paris, Osiris, 1994
  • Gilbert Romeyer-Dherbey, Les Sophistes, PUF, coll. « Que sais-je ? », (lire en ligne), chap. II (« Gorgias »)
  • Marie-Pierre Noël :
    • « Gorgias et l’invention des GORGIEIA SCHÈMATA », Revue des Études grecques 112, 1999, p. 193-211 ;
    • « La persuasion chez Gorgias », dans La Rhétorique grecque, Actes du Colloque O. Navarre, éd. J.-M. Galy et A. Thivel, Nice, 1994, p. 89-105 ;
    • « L’enfance de l’art : plaisir et jeu chez Gorgias », Bulletin de l'Association Guillaume Budé, 1994, p. 71-93 ;
    • « La persuasion et le sacré chez Gorgias », Bull. de l'Ass. Guillaume Budé, 1989, p. 139-151.
  • Carl Wilhelm Vollgraff (membre de l'Institut), L'oraison Funèbre De Gorgias, Leyde, E. J. Brill, (lire en ligne)

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Platon, Gorgias [détail des éditions] [lire en ligne], 453 a.
  2. Lucien de Samosate 2015, p. 116.
  3. Platon, Phèdre [détail des éditions] [lire en ligne], 267 a-b : « Et laisserons-nous dans l’oubli Tisias et Gorgias, qui ont découvert que le vraisemblable vaut mieux que le vrai, et qui savent, par la puissance de la parole, faire paraître grandes les petites choses, et petites les grandes, donner à l’ancien un air nouveau et au nouveau un air ancien, enfin parler à leur gré sur le même sujet d’une manière très concise ou très développée, deux méthodes qu’ils se vantent d’avoir découvertes ? »
  4. Brisson 2008, p. 1293.
  5. « l’éloquence d’Agathon m’a rappelé Gorgias, au point que véritablement il m’est arrivé ce que dit Homère : je craignais qu’en finissant son discours Agathon ne lançât sur le mien, pour ainsi dire, « la tête de Gorgias », cet orateur terrible, qui m’allait pétrifier et me réduire au silence. » - jeu de mots entre les prénoms de Gorgias et la Gorgone Méduse
  6. Brisson 2008, p. 131.
  7. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne), XI, 505, D.
  8. Plutarque, Vies des dix orateurs : « Antiphon de Rhamnonte est né pendant les guerres médiques. Il était contemporain du sophiste Gorgias, quoiqu'un peu plus jeune que lui » - La référence à Antiphon permet de dater la naissance de Gorgias un peu avant 480.
  9. a et b Suidas, Lexique : « Gorgias, de Léontinoi, fils de Charmantide, orateur, disciple d'Empédocle, maître de Polos d’Agrigente, de Périclès, d’Isocrate et d’Alcidamas d'Élée, qui lui succéda dans son école. Il était frère du médecin Hérodicos. »
  10. Platon (trad. Emile Chambry), Gorgias : ou de la rhétorique (lire en ligne) - « Si Gorgias s’entendait à l’art que professe son frère Hérodicos, quel nom devrions-nous lui donner ? Le même qu’à son frère, n’est-ce pas ? »
  11. Bernard Quilliet, La tradition humaniste, Fayard, p. 62.
  12. Ménon de Platon, 76 d.
  13. Platon (trad. Emile Chambry), Gorgias : ou de la rhétorique (lire en ligne), p. 456 b « GORGIAS : J’ai souvent accompagné mon frère et d’autres médecins chez quelqu’un de leurs malades qui refusait de boire une potion ou de se laisser amputer ou cautériser par le médecin. Or tandis que celui-ci n’arrivait pas à les persuader, je l’ai fait, moi, sans autre art que la rhétorique. »
  14. a et b Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livre VIII, 58 - « Satyros, dans ses Vies, déclare qu'il était aussi médecin et excellent orateur. Gorgias de Léontium fut son élève [...] »
  15. Diogène Laërce (trad. Charles Zévort), Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, vol. VIII (lire en ligne) - « il eut pour disciple Gorgias de Léontium, auteur d’un traité sur la rhétorique, et l’un des hommes qui se sont le plus distingués dans cet art. Gorgias vécut jusqu’à l’âge de cent neuf ans, d’après les Chroniques d’Apollodore, et il racontait lui-même, au dire de Satyrus, avoir connu Empédocle exerçant la magie. »
  16. Olympiodore, Commentaire sur le Gorgias de Platon, vol. II, chap. VI - « Et il n'est pas douteux que Gorgias écrivit le De la nature [...] au cours de la quatre-vingt-quatrième olympiade. »
  17. a et b Pausanias, Description de la Grèce, vol. Livre VI : l'Élide « On dit que Gorgias s'est couvert de gloire par ses discours, lors de la panégyrie d'Olympie et lors de son ambassade à Athènes avec Tisias. »
  18. Quintilien, Institution oratoire, vol. III, « I,8 » – « Les plus anciens auteurs de traités de rhétorique sont les Siciliens Corax et Tisias ; après eux, on trouve Gorgias de Léontium [...]. »
  19. a b c et d Diodore de Sicile (trad. Jean Terrasson), Bibliothèque historique, vol. XII (lire en ligne), p. 53 « Dans cette année, les Léontins, en Sicile, descendants d'une colonie de Chalcidiens, et tirant ainsi leur origine des Athéniens, avaient à soutenir une guerre contre les Syracusains. Accablés par les forces supérieures de leurs ennemis, ils étaient menacés d'être soumis violemment. Dans leur détresse, ils envoyèrent des députés à Athènes, pour supplier le peuple athénien de leur envoyer de prompts secours, et de défendre leur ville contre les dangers qui la menaçaient. À la tête de cette députation se trouvait Gorgias le rhéteur qui l'emportait sur tous ses collègues par la force de son éloquence. C'est lui qui, le premier, a inventé les artifices de la rhétorique, et il fut tellement supérieur aux autres dans la sophistique, qu'il recevait de ses disciples jusqu'à cent mines de salaire (88). Arrivé à Athènes, et amené devant l'assemblée du peuple, il harangua les Athéniens pour obtenir leur alliance. La nouveauté de sa diction produisit beaucoup d'effet sur les Athéniens qui ont le goût si délicat et qui aiment tant l'éloquence. »
  20. Platon, Ménexène : « Lorsqu’on parle devant ceux-là mêmes dont on fait l’éloge, il ne paraît point difficile de bien parler. » Voir aussi Aristote, Rhétorique, XXX. Il faut considérer aussi devant qui on fait un éloge. En effet, comme le disait Socrate, « il n’est pas difficile de louer les Athéniens dans Athènes. »
  21. Philostrate, Vies des sophistes, vol. I, chap. IX « Avec son Discours olympique, il fit une mémorable intervention dans la politique : voyant la Grèce divisée, il se fit l'apôtre de l'union, il tourna les Grecs contre les Barbares [...] »
  22. a et b Philostrate, Vies des sophistes, vol. I, chap. IX - « Son Oraison funèbre, prononcée à Athènes pour les soldats tombés à la guerre, en l'honneur desquels les Athéniens donnaient des funérailles publiques assorties d'éloges, était composé avec un art extraordinaire. Il y dresse les Athéniens contre les Mèdes et les Perses, exaltant le même esprit que dans le Discours olympique, mais sans faire allusion à l'union entre les Grecs, car il parlait à des Athéniens ivres d'une suprématie qu'il n'était pas possible d'acquérir sans faire appel à la violence »
  23. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), VI, 2.
  24. Platon, Apologie de Socrate [détail des éditions] [lire en ligne], 20 a.
  25. Platon, Philèbe, 58 a.
  26. Brisson & Pradeau 2008, p. 1354
  27. Suidas, « Gorgias ».
  28. Isocrate, Sur l'échange, 115-116 : « Celui qui a gagné le plus d'argent, parmi les sophistes dont on a conservé la mémoire, est Gorgias de Léontium. »
  29. Pline l'Ancien, Histoire naturelle, XXXIII, 83 ; Cicéron, De l'orateur, III, XXXII, 129.
  30. Quintilien, Institution oratoire, III, I, 13.
  31. Isocrate, Sur l'échange, 156.
  32. Platon, Ménon, 70 b : « De cet état où vous voici, Gorgias est la cause : en effet, à son arrivée dans votre cité [...] il subjugua les notables chez les Aleuades, auxquels appartient ton ami Aristippe, puis les autres Thessaliens. »
  33. Quintilien, Institution oratoire, III, I, 8 : « Du fait de la longueur de sa vie (il vécut cent neuf ans), il fut le contemporain de beaucoup : c'est pourquoi il put être l'émule de ceux que j'ai cités et vivre encore après la mort de Socrate. »
  34. Elien, Histoires variées, II, 35.
  35. Éloge d'Hélène (3)
  36. Barbara Cassin, Si Parménide : le traité anonyme De Melisso, Xenophane, Gorgia, Lille, Presses universitaires de Lille, , 646 p. (ISBN 2-85939-151-7, lire en ligne)
  37. De Mélissos, Xénophane et Gorgias
  38. a et b Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 65.
  39. a b c et d Parménide, De la Nature (lire en ligne) - autre traduction plus littérale et moderne : Parménide (trad. Jean Paul Dumont), De la Nature (lire en ligne)
  40. Gilbert Romeyer Dherbey, Les choses mêmes : La pensée du réel chez Aristote, L'Âge d'Homme, , 400 p.
  41. Jacques Nicolas Belin de Ballu, Histoire critique de l'éloquence chez les Grecs, t. I, Paris, A. Belin, (lire en ligne), p. 107
  42. a b et c Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 66.
  43. Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 77.
  44. Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 78.
  45. Mathilde Brémond, « Mélissos, Gorgias et Platon dans la première hypothèse du Parménide », Revue de philosophie ancienne, vol. XXXVII, no 1,‎ , p. 61–99 (ISSN 0771-5420, DOI 10.3917/rpha.371.0061, lire en ligne, consulté le )
  46. François Renaud, La Justice du dialogue et ses limites: Étude du Gorgias de Platon, Les Belles Lettres, (ISBN 978-2-251-91849-5, lire en ligne)
  47. Sextus Empiricus, Contre les mathématiciens, VII, 84.
  48. Pierre Aubenque, Le problème de l'Être chez Aristote, PUF, 1966 : « Le discours ne renvoie donc à rien d'autre qu'à lui-même. »
  49. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XII, 53, 2
  50. Diodore de Sicile, Bibliothèque historique, XII, 53.
  51. Platon, Gorgias [détail des éditions] [lire en ligne], 453a ; Paul Kucharski, « La rhétorique dans le Gorgias et le Phèdre », Revue des études grecques, vol. 74,‎ , p. 371-406 (ISSN 0035-2039, lire en ligne)
  52. a et b « Que la persuasion, en s’ajoutant au discours arrive à imprimer jusque dans l’âme tout ce qu’elle désire, il faut en prendre conscience. [...] Il existe une analogie entre la puissance du discours à l’égard de l’ordonnance de l’âme et l’ordonnance des drogues à l’égard de la nature des corps. De même que certaines drogues évacuent certaines humeurs, et d’autres drogues d’autres humeurs, que les unes font cesser la maladie, les autres la vie, de même il y a des discours qui affligent, d’autres qui enhardissent leurs auditeurs, et d’autres qui, avec l’aide maligne de Persuasion, mettent l’âme dans la dépendance de leur drogue et de leur magie » Gorgias, Éloge d’Hélène, 13-14, in Les écoles présocratiques, édition établie par Jean-Paul Dumont, Gallimard.
  53. « Nombreux sont ceux, qui sur nombre de sujets, ont convaincu et convainquent encore nombre de gens par la fiction d’un discours mensonger. Car si tous les hommes avaient en leur mémoire le déroulement de tout ce qui s’est passé, s’ils <connaissaient> tous les évènements présents, et, à l’avance, les évènements futurs, le discours ne serait pas investi d’une telle puissance ; mais lorsque les gens n’ont pas la mémoire du passé, ni la vision du présent, ni la divination de l’avenir, il a toutes la facilités. » Gorgias, Éloge d’Hélène, 11, in Les écoles présocratiques, édition établie par Jean-Paul Dumont, Gallimard.
  54. Jacques Derrida, La Pharmacie de Platon, 1968, “Tel Quel”, n. 32 et 33, La dissémination, Seuil, 1972.
  55. Jacques BRUNSCHWIG, Geoffrey LLOYD, Pierre PELLEGRIN, Le Savoir Grec (dictionnaire critique), Lonrai, Normandie, Flammarion, 1996, réédité en 2021, 1247 p. (ISBN 978-2-0802-0523-0), p. 76

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Sur les autres projets Wikimedia :