La Famille Tenenbaum
Titre original | The Royal Tenenbaums |
---|---|
Réalisation | Wes Anderson |
Scénario |
Wes Anderson Owen Wilson |
Musique | Mark Mothersbaugh |
Acteurs principaux | |
Sociétés de production |
Touchstone Pictures American Empirical Pictures |
Pays de production | États-Unis |
Genre | Comédie dramatique |
Durée | 109 minutes |
Sortie | 2001 |
Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.
La Famille Tenenbaum (The Royal Tenenbaums) est un film américain réalisé par Wes Anderson sorti en 2001. C'est le troisième long-métrage du réalisateur. Le film suit la vie des trois enfants Tenenbaum qui ont tous connu un grand succès dans leur jeunesse avant de subir des déceptions et des échecs à l'âge adulte. Royal, leur père absent depuis vingt-deux ans, revient en prétextant une maladie et toute la famille Tenenbaum se retrouve réunie dans la maison familiale, ce qui va provoquer de nombreuses tensions.
C'est la deuxième collaboration d'Anderson avec l'acteur Bill Murray qui apparaît dans tous les films du réalisateur à l'exception du premier. La musique originale est composée par Mark Mothersbaugh. Le film aborde les thèmes de la famille dysfonctionnelle, la limite floue entre l'enfance et l'âge d'adulte, l'amitié, l'amour, l'échec, la mort et le deuil.
Les résultats au box-office sont bons, le film reste le plus grand succès d'Anderson durant plus de 10 ans avant d'être dépassé par The Grand Budapest Hotel en 2014. Le film est bien noté par les spectateurs et reçoit un accueil positif de la part des critiques de cinéma qui saluent en particulier la performance de Gene Hackman dans le rôle de Royal Tenenbaum.
Synopsis
[modifier | modifier le code]Dans une ville semblable à New York, Royal Tenenbaum et sa femme, Etheline, se séparent à la fin des années 1970. Royal est chassé de la maison par sa femme, lassée de tous ses mensonges et infidélités ; cependant le divorce n'est pas officialisé. Les trois enfants du couple sont élevés par Etheline seule et tous connaissent un grand succès dans leur jeunesse : Chas est un génie de la finance, Margot, leur fille adoptive, écrit des pièces de théâtre à succès, et Richie, le fils préféré de Royal, est un champion de tennis. Leur jeune voisin Eli Cash fait presque partie de la famille.
On retrouve les protagonistes 22 ans plus tard au début des années 2000. Royal apprend qu'il doit quitter bientôt l'hôtel où il habite. Eli est devenu un romancier connu et a des addictions aux drogues. Tous les enfants Tenenbaum traversent une période difficile : Richie a abandonné le tennis et fait le tour du monde sur son bateau de croisière, il est depuis toujours désespérément amoureux de Margot. Margot n'écrit plus de pièces depuis des années et elle déprime dans sa baignoire, incomprise par son mari Raleigh St. Clair, un neurologue plus âgé qu'elle qui étudie le comportement d'un jeune patient autiste nommé Dudley Heinsbergen. Chas ne se remet pas de la mort de son épouse Rachael dans un accident d'avion l'été précédent et il est devenu surprotecteur avec ses deux fils, Ari et Uzi. Etheline est devenue archéologue, elle est soudain demandée en mariage par son ami de longue date et comptable, Henry Sherman. Royal en est rapidement informé par Pagoda, le serviteur indien de la maison Tenenbaum.
Chas, toujours obsédé par les problèmes de sécurité, revient habiter chez sa mère avec ses deux enfants. Déprimée, Margot fait de même et on apprend qu'elle a une liaison amoureuse avec Eli. Royal ne veut absolument pas que sa femme se remarie. Pour se rapprocher d'elle, il lui fait croire qu'il est malade et qu'il ne lui reste plus que six semaines à vivre. Informé de cette nouvelle, Richie revient également chez sa mère. Royal veut se réconcilier avec ses enfants et faire la connaissance de ses deux petits-enfants, mais Chas refuse qu'il les voie. Royal les rencontre secrètement et leur donne des indications pour faire changer d'avis leur père. Le stratagème fonctionne et, peu après, Royal et sa famille se rendent au cimetière pour se recueillir sur les tombes de la mère de Royal et la femme de Chas. Expulsé de son hôtel, Royal vient s'installer dans la chambre de Richie avec tout le matériel médical destiné à soigner son cancer de l'estomac imaginaire.
Raleigh pense que Margot a un amant. Lorsqu'il le dit à Richie, celui-ci est tellement irrité qu'il casse une vitre d'un coup de poing et se blesse à la main. Considérant que Chas protège trop ses enfants, Royal les emmène faire des activités dangereuses pour les distraire et les endurcir. Il tente de chasser Henry de la maison en provoquant une dispute avec lui par des allusions racistes mais celui-ci ne se laisse pas faire et, par une enquête rapide, il obtient la confirmation que la maladie de Royal est simulée. Il révèle la supercherie à la famille et Royal est aussitôt chassé de la maison.
Margot rompt avec Eli. Raleigh, qui a engagé un détective privé pour suivre Margot, apprend que celle-ci fume depuis l'âge de 12 ans, qu'elle a eu de nombreux partenaires sexuels dont une femme et qu'elle l'a trompé avec Eli. Bouleversé, Richie tente de se suicider en s'ouvrant les veines. Il est emmené à l’hôpital et, vite remis, il s'en échappe pour retrouver Margot à qui il avoue enfin son amour. Richie révèle ensuite à son père qu'il est amoureux de Margot puis ils se rendent chez Eli pour l'emmener en cure de désintoxication mais celui-ci s'enfuit. Royal accepte enfin de divorcer d'Etheline. Le jour du mariage d'Henry et Etheline, Eli surgit à grande vitesse au volant de sa voiture et percute la maison, il manque d'écraser Ari et Uzi qui sont sauvés de justesse par Royal mais leur chien est tué. Fou de rage, Chas se bat avec Eli et le jette par-dessus le mur de l'arrière-cour. Une fois calmés, les deux hommes conviennent qu'ils ont besoin d'une aide psychologique.
Henry et Etheline se marient finalement deux jours après l'accident. Plus tard, Eli suit une cure de désintoxication, Richie devient professeur de tennis, Margot sort une nouvelle pièce et Chas arrête de surprotéger ses enfants. Royal parvient à créer une relation avec ses enfants et petits-enfants et quand il meurt d'une crise cardiaque quelques mois plus tard en 2001 à l'âge de 68 ans, il est réconcilié avec toute sa famille.
Fiche technique
[modifier | modifier le code]- Titre original : The Royal Tenenbaums
- Titre français : La Famille Tenenbaum
- Réalisation : Wes Anderson
- Scénario : Wes Anderson, Owen Wilson
- Direction artistique : Carl Sprague
- Photographie : Robert D. Yeoman
- Décors : David Wasco
- Montage : Daniel R. Padgett, Dylan Tichenor (en)
- Musique : Mark Mothersbaugh
- Production : Wes Anderson, Barry Mendel, Scott Rudin
- Sociétés de production : Touchstone Pictures, American Empirical Pictures
- Pays de production : États-Unis
- Langues originale : anglais, et secondairement italien[n 1]
- Budget : 21 000 000 $[1]
- Format : couleurs - 2,39:1
- Durée : 109 minutes
- Dates de sortie :
- États-Unis :
- France :
- Classification :
- France : tous publics[2]
- Royaume-Uni : interdit aux moins de 15 ans[3]
Distribution
[modifier | modifier le code]- Gene Hackman (VF : Jacques Richard) : Royal Tenenbaum
- Anjelica Huston (VF : Monique Thierry) : Etheline Tenenbaum
- Gwyneth Paltrow (VF : Barbara Kelsch) : Margot Tenenbaum
- Irene Gorovaia (en) : Margot Tenenbaum enfant
- Ben Stiller (VF : Maurice Decoster) : Chas Tenenbaum
- Aram Aslanian-Persico : Chas Tenenbaum enfant
- Luke Wilson (VF : Patrick Mancini) : Richie Tenenbaum
- Amedeo Turturro : Richie Tenenbaum enfant
- Owen Wilson (VF : Éric Legrand) : Eli Cash
- James Fitzgerald : Eli Cash enfant
- Danny Glover (VF : Richard Darbois) : Henry Sherman
- Bill Murray (VF : Gabriel Le Doze) : Raleigh St. Clair
- Alec Baldwin (VF : Hervé Jolly) : narrateur
- Seymour Cassel : Dusty / Dr McClure, le faux médecin
- Kumar Pallana : Pagoda
- Grant Rosenmeyer (en) : Ari Tenenbaum, fils de Chas
- Jonah Meyerson (en) : Uzi Tenenbaum, fils de Chas
- Stephen Lea Sheppard (en) : Dudley Heinsbergen
- Al Thompson : Walter Sherman, fils d'Henry
-
Gene Hackman en 2008.
-
Anjelica Huston en 2005.
-
Luke Wilson en 2009.
-
Gwyneth Paltrow en 2000.
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Ben Stiller en 2010.
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Owen Wilson en 2011.
-
Danny Glover en 2008.
-
Bill Murray en 2010.
Personnages
[modifier | modifier le code]- Royal Tenenbaum, joué par Gene Hackman, est le père de la famille Tenenbaum. Généralement dans un film de groupe, le personnage central est un homme équilibré entouré d'un groupe d'excentriques. Ici, c'est un personnage fantasque, un catalyseur, une sorte de force primitive[4]. Il a été chassée de la maison par sa femme Etheline lassée de ses mensonges. Il revient dans la maison familiale 22 ans plus tard non parce qu'il a changé d'attitude ou parce qu'il se sent seul (comme le suggère Richie) mais parce qu'il est expulsé de son hôtel pour des loyers impayés[5] et qu'il souhaite empêcher le mariage de sa femme avec Sherman[6],[7]. Il n'a jamais été un père aimant et attentif : il a détourné de l'argent de Chas, il a dénigré les premiers essais de théâtre de Margot, il a toujours favorisé Richie et il a eu de nombreuses relations extraconjugales[8]. Il est égoïste et ne se sent pas lié par une loyauté familiale comme quand il tire sur Chas (pourtant dans son équipe) avec une carabine à air comprimé en lui criant « Il n'y a pas d'équipe ! »[5],[9]. Il finit par croire à ses propres mensonges comme lorsqu'il affirme à Richie qu'il se sent une personne différente depuis qu'il est passé près de la mort alors que sa maladie était inventée[10]. Il préfère romancer sa vie plutôt que d'accepter la simple réalité, c'est pourquoi il choisit un nouveau mensonge comme épitaphe : « Mort tragiquement en sauvant sa famille du naufrage d'un cuirassé détruit[11]. » Hackman apprécie la complexité du personnage : « Il y a beaucoup de choses chez ce gars – il est compliqué. Il accepte sa mortalité et je pense qu'il admet avoir été si égoïste toute sa vie, et je pense qu'il est sincère quand il dit qu'il veut faire amende honorable et revenir avec sa famille et se sentir aimé[12]. »
- Etheline Tenenbaum, jouée par Anjelica Huston, est la mère de la famille Tenenbaum. Elle participe à la nature dysfonctionnelle de la famille : elle encourage ses enfants à faire des activités enrichissantes mais elle est aussi trop indulgente avec eux comme quand elle donne de l'argent à Chas sans poser de questions ou laisse Richie afficher de nombreux portraits de Margot[13]. Elle a écrit un livre sur les enfants surdoués intitulé Family of Geniuses[n 2] sans qu'on sache si elle est vraiment experte sur le sujet ou si elle relate juste son expérience personnelle avec ses trois enfants[14]. Elle est une présence rassurante au milieu de tous les comportements bizarres de son entourage, en particulier les machinations de Royal[14]. C'est une femme séduisante qui a eu plusieurs prétendants. Cependant, elle avoue à Sherman ne pas avoir eu de relations sexuelles depuis 18 ans, ce qui montre la grande influence négative de Royal qui l'a dégouté des hommes[14].
- Richie Tenenbaum, joué par Luke Wilson, est un des deux fils de Royal et Etheline. Ancien champion de tennis, il est le seul des enfants Tenenbaum à être mondialement connu, il est surnommé « Baumer », cette notoriété est source de jalousie pour son frère Chas[15], d'autant plus que Richie est le fils préféré de leur père. Même des années après avoir arrêté la compétition, il continue de porter une tenue de tennis : polo, bandeau sur le front et serre-poignets[5]. Il possède un faucon nommé Mordecai sur le toit de la maison Tenenbaum[15]. Il est amoureux de sa sœur Margot, la nature incestueuse de ce sentiment rend leur union inacceptable par la société même si Margot n'est que sa sœur adoptive[15]. Le mariage de Margot avec Raleigh a provoqué la fin de sa carrière sportive lors d'un match mémorable où il a perdu complètement ses moyens et depuis il parcourt le monde sans but sur son bateau de croisière[15]. Lorsqu'il apprend les nombreuses liaisons amoureuses de Margot, il tente de se suicider parce que sa sœur lui parait inaccessible et qu'elle est différente de ce qu'il croyait[16].
- Chas Tenenbaum, joué par Ben Stiller, est un des deux fils de Royal et Etheline. Il est un génie de la finance depuis l'enfance, il a aussi créé une race de souris dalmatiennes. Il semble le plus mature des enfants Tenenbaum, il est le seul à avoir fondé sa propre famille : il a deux fils, Ari et Uzi, mais il a perdu sa femme dans un crash aérien[17]. Traumatisé par cet accident, il est devenu surprotecteur avec ses enfants qu'il habille de survêtements rouges identiques au sien, il leur impose notamment des exercices d'évacuation nocturne. Il vit dans un état de panique permanent et il est obsédé par la sécurité ce qui le pousse à revenir habiter la demeure familiale (qui n'est pourtant pas plus sécurisée que sa maison)[17]. Son comportement est le plus extrême des trois enfants Tenenbaum mais il est le seul à avoir subi un véritable traumatisme qui peut excuser son comportement[17].
- Margot Tenenbaum, jouée par Gwyneth Paltrow, est la fille adoptive de Royal et Etheline. Depuis l'enfance, elle est une autrice de théâtre talentueuse. Elle a un perdu un doigt lors d'un accident chez ses parents biologiques et depuis elle porte une prothèse en bois. Elle porte généralement une robe Lacoste et un manteau de fourrure[5]. Elle possède un caractère renfermé en grande partie dû au manque d'amour de son père. Toujours présentée par Royal comme sa fille adoptive, elle se sent rejetée. Royal, au lieu de l'encourager pour sa pièce de théâtre écrite à 11 ans, qualifie la pièce de « groupe de gamins habillés en costumes d'animaux[6] » et, même plus tard, il semble n'avoir jamais cru à son talent[10]. Elle se sent en concurrence avec ses deux frères, lorsque Chas retourne chez sa mère, elle demande à celle-ci pourquoi il a le droit de faire cela et elle finit par revenir habiter chez sa mère également[15]. Lorsque Royal est expulsé de la maison après que sa supercherie a été découverte, Margot reste indifférente à son sort, elle conserve le caractère insensible qu'on a vu jusqu'ici[15].
- Eli Cash, joué par Owen Wilson, est le voisin des Tenenbaum. C'est l'ami d'enfance de Richie et il est considéré comme un membre de la famille sauf par Royal qui semble ne pas le connaître. A l'âge adulte, il porte un chapeau de cow-boy qui suggère un lien avec l'Ouest américain qu'il ne possède pas[18]. Avec son premier roman, il a eu un succès littéraire plus commercial que critique et il a écrit un deuxième roman intitulé Old Custer sur le général Custer. Il cherche la reconnaissance allant jusqu'à envoyer à Etheline ses notes scolaires et des articles de journaux le concernant[18]. Il a une liaison amoureuse avec Margot alors qu'elle est mariée avec Raleigh. Il trahit la confiance de Richie en révélant à Margot que Richie est amoureux d'elle[18]. Il avoue à Royal qu'il a toujours voulu être un Tenenbaum[10],[n 3].
- Raleigh St. Clair, joué par Bill Murray, est le mari de Margot, environ 20 ans plus âgé qu'elle. C'est un neurologue qui étudie le comportement d'un jeune patient autiste nommé Dudley Heinsbergen. On ne sait pas vraiment si les travaux de Raleigh ont un intérêt scientifique réel ou s'il est un charlatan qui utilise Dudley pour atteindre la reconnaissance académique ou un succès commercial[19]. Lorsque sa femme s'éloigne de lui, il se confie à Richie, ignorant que ce dernier est amoureux de Margot. Il est clairement blessé lorsque Margot retourne chez sa mère et encore plus lorsqu'il apprend toutes ses relations extraconjugales, son emploi du mot démodé « cocufier » souligne la différence d'âge du couple[19].
- Henry Sherman, joué par Danny Glover, est l'ami et comptable d'Etheline depuis de nombreuses années. Il est tellement timide que lorsqu'il demande Etheline en mariage, il commence sa proposition par une longue phrase inutile sur les économies d'impôts. Il s'inquiète vraiment des intérêts d'Etheline, il est fiable, présent et responsable ce qui fait dire à Royal : « Il est tout ce que je ne suis pas[19]. » Sa femme est morte d'un cancer de l'estomac, ainsi lorsque Royal affirme être atteint de cette maladie, il met en doute ses propos et parvient rapidement à prouver que cette maladie est une invention de Royal et ce dernier est aussitôt expulsé de la maison familiale[19].
- Pagoda, joué par Kumar Pallana, est le serviteur indien de la maison Tenenbaum et l'espion de Royal. Lorsqu'Etheline et Sherman parlent de mariage, il prévient aussitôt Royal[6]. 30 ans auparavant à Calcutta, Pagoda a sauvé la vie de Royal après un coup de couteau qu'il avait lui-même donné. Ceci montre que Royal est si exaspérant qu'il inspire la colère à ceux qui l'entourent, mais aussi par son charisme, il inspire la loyauté même 30 ans après. Lorsque Pagoda le poignarde de nouveau au cours du film, nous supposons qu'il s'agit plus d'un avertissement pour Royal qu'une tentative sérieuse de le tuer et peut-être aussi que Pagoda est un assassin incompétent[6].
Production
[modifier | modifier le code]Écriture du scénario
[modifier | modifier le code]Wes Anderson avoue avoir emprunté le nom de Tenenbaum à un ami qu'il connaît depuis l'université car ce nom sonnait bien à ses oreilles.
Anderson explique que de nombreux personnages du film, leurs personnalités, leurs tempéraments, leurs habitudes et leurs exploits, auraient facilement pu sortir des pages de vieux numéros du magazine The New Yorker. Des auteurs du magazine comme Joseph Mitchell, A. J. Liebling, Lillian Ross, J. D. Salinger, John O'Hara, E. B. White, James Thurber, ont tous inspiré le film[20].
Anderson s'est aussi inspiré de George S. Kaufman et Moss Hart notamment leur pièce Vous ne l'emporterez pas avec vous. L'autobiographie de Hart Act One, ainsi que Hart et Kaufman eux-mêmes sont également des influences, tout comme les histoires de F. Scott Fitzgerald, les pièces de théâtre et le journalisme de S. N. Behrman et le film Le Feu follet de Louis Malle[20].
Le film est inspiré en partie par le film La Splendeur des Amberson (1942). Les deux films parlent de la gloire passée d'une famille et il y a des similitudes entre les deux maisons[21]. L'histoire de la famille Glass de J. D. Salinger sont aussi une source d'inspiration[21] notamment Franny et Zooey[22].
L'inspiration pour les personnages vient de vraies personnes qu'Owen et Anderson ont connues, des personnes qui les ont influencés dans la vie, non seulement des membres de la famille mais aussi des bons amis. Les membres de la famille Tenenbaum ne sont pas vraiment basés sur leurs familles mais sur beaucoup de personnes différentes[20].
Choix des interprètes
[modifier | modifier le code]Une fois le personnage Royal Tenenbaum créé, « Gene Hackman semblait être le seul choix pour le rôle », dit Anderson. Il lui a toujours semblé naturel de faire jouer Royal par Gene Hackman sans qu'il puisse l'expliquer précisément[4]. Anderson décrit son processus d'écriture : « Environ deux ans avant le début du tournage, mon agent Jim Berkus a organisé un rendez-vous avec lui. J'ai apprécié la rencontre et il était très gentil et encourageant. Il a dit qu'il serait heureux de lire le script, mais que je ne devais pas adapter le rôle spécifiquement pour lui, que c'était généralement mauvais. » « J'ai dit à Wes de ne pas écrire le rôle spécialement pour moi », dit Hackman. « De manière générale, je n’aime pas les choses écrites pour moi – ou plutôt je n’aime pas être limité à l’idée que quelqu’un se fait de moi. Nous avons donc eu cette conversation agréable. Je lui ai dit de ne pas le faire, puis il est parti et il l'a fait quand même ! »[4]. Dans un premier temps, Hackman a refusé le rôle parce que le salaire était insuffisant par rapport à ses salaires habituels[23], puis, avec l'insistance de son agent dont il était proche et celle d'Anderson, il a fini par accepter[12].
Luke Wilson joue Richie, il est apparu dans les deux films précédents d'Anderson et il est le frère d'Owen Wilson. Anderson a voulu écrire un rôle plus complexe pour Luke, il sentait que celui-ci en avait le potentiel. Il a donc écrit ce rôle qui fait ressortir la douceur de Luke mais aussi une part plus sombre de sa personnalité[12].
Anderson a écrit le rôle d'Etheline en pensant dès le départ à Anjelica Huston parce qu'il la trouvait bonne actrice, chaleureuse et sophistiquée et aussi il pensait qu'elle avait connu des gens comme les personnages du film[12]. Anderson avait apprécié l'actrice dans L'Honneur des Prizzi (1985), Gens de Dublin (1987), Crimes et Délits (1989) et Les Arnaqueurs (1990)[24]. Huston a rapidement accepté le rôle car elle apprécie les deux premiers films d'Anderson Bottle Rocket et Rushmore et en lisant le script elle a aimé les interactions entre les personnages, l'aspect fantaisiste et l'humour noir[12]. Dès qu'elle a accepté le rôle, Anderson lui a envoyé des dessins de son personnage et des photos de sa mère qui est aussi archéologue et il est allé jusqu'à lui fournir les anciennes lunettes de sa mère. Elle l'a alors étonné en lui demandant si elle devait jouer sa mère[12].
Anderson voulait tourner avec Gwyneth Paltrow car il la trouvait aimable et toujours attrayante dans ses rôles et son origine d'un milieu new-yorkais sophistiqué ajouterait de la crédibilité à son rôle de Margot Tenenbaum. Paltrow a trouvé le personnage de Margot très intéressant et elle appréciait le ton et le sens de l'humour d'Anderson dans ses deux précédents films, elle a donc accepté le rôle[25].
Ben Stiller semblait être le choix naturel pour jouer Chas Tenenbaum. Il était une des premières personnes à encourager Anderson et Owen Wilson après la sortie de Bottle Rocket et la colère du personnage est quelque chose que Stiller pouvait vraiment bien jouer[25]. Il a notamment joué Monsieur Furieux dans Mystery Men (1999) et aussi un personnage secondaire, Tommy, dans la série Friends (1997), qui est sujet à des accès de rage meurtrière[17].
Danny Glover a été choisi car Anderson a apprécié ses rôles dans les films Witness (1985), La Rage au cœur (To sleep with anger, 1990) et Beloved (1998). Glover est plus connu pour ses rôles dans des films d'action comme la série de films L'Arme fatale, Henry Sherman, le comptable timide et maladroit portant un nœud-papillon, est éloigné de ce type de rôles mais ses bonnes manières reflètent la personnalité de Glover dans la vie[26].
Bill Murray a eu une expérience très positive en travaillant avec Wes Anderson sur Rushmore et il a reçu certaines des meilleures critiques de sa carrière pour sa performance. Lui et Anderson étaient donc tous deux très enthousiastes à l'idée de travailler à nouveau ensemble. Le rôle de Raleigh St. Clair a été l'occasion pour Murray de faire preuve d'humour et de révéler davantage ses capacités d'acteur dramatique. Murray se plaint en plaisantant de ne pas avoir eu un rôle de génie : « Je suis dans un film sur une famille de génies, mais je fais partie de la belle-famille[27]. »
Le casting est complété par Owen Wilson, qui a joué un rôle important dans la carrière d'Anderson depuis le début. Ils sont amis depuis l'université et ont un sens de l'humour similaire basé plus sur les vulnérabilités des gens que sur le burlesque[27].
Tournage
[modifier | modifier le code]Le film a été tourné durant 2 mois de mars à [28]. Bien qu'il ait été tourné à New York, Wes Anderson a insisté sur le fait que la ville dans la fiction n'est pas New York[29]. Le décor est une sorte de New York dans un univers parallèle avec les styles de la fin des années 1970 et du début des années 1980[29]. Environ 250 décors ont été utilisés pendant le tournage, le directeur artistique Carl Sprague a indiqué que l'équipe évitait les sites permettant d'identifier New York et modifiait les panneaux de signalisation[29].
La maison utilisée dans le film est située dans le quartier Hamilton Heights de Harlem à Manhattan au 339 Convent Avenue. Le propriétaire, Willie Woods, prévoyait de la rénover, mais après un arrangement financier, il a accepté de retarder les travaux de six mois pour le tournage du film[30]. La maison avait des avantages comme les trois chambres des enfants superposées et un toit où on pouvait installer la volière du faucon de Richie et où Margot pourrait aller fumer en cachette[31]. Pourtant, il y avait des inconvénients. Le bâtiment était petit et instable, et les étages étaient reliés par un seul escalier branlant, qui n'allait même pas jusqu'au toit, le toit n'était accessible que par une échelle[31]. Il a été question de revenir au projet de tournage en studio. Murray taquine Anderson à ce sujet en faisant référence à leur tournage précédent sur le film Rushmore : « Partout où ce type va, il trouve des endroits horribles où travailler »[31]. Les quelques éléments manquants, une cuisine, le bureau d'Etheline et la salle de bal, ont été trouvés dans des maisons ou des bâtiments voisins[32].
Le toit de l'école Boys Harbor (en) surplombant Central Park a été utilisé comme lieu de tournage[28]. Pour le match de tennis où Richie s'effondre complètement, l'équipe a utilisé un court de Forest Hills qu'elle a rénové en le recouvrant de gazon synthétique[29]. L'hôtel où habite Royal est le Waldorf-Astoria situé à Manhattan[21].
En plus du cadre urbain principal, l'histoire contient également des voyages de certains membres de la famille Tenenbaum dans différentes parties du monde. Anderson et son équipe ont réussi à créer des versions très réelles de la Jamaïque, de l'Antarctique, de l'Amazonie, de la Nouvelle-Guinée, de l'Indiana, du Dakota du Nord, de Paris et de l'Himalaya dans des endroits comme Yonkers (comté de Westchester) et le New Jersey[28]. Le zoo de Central Park a été utilisé comme décor pour la forêt de Nouvelle-Guinée[29]. Le bateau de Richie est le navire d'entraînement Kings Pointer[28].
Le faucon Mordecai a été joué par trois faucons pour les gros plans et par un aigle pour les plans éloignés. À la fin du prologue, un faucon est relâché par Richie enfant puis il y a une coupure et c'est l'aigle qui est filmé en train de s'éloigner. Cet aigle était en convalescence et comme il était guéri, il a été relâché dans la nature et c'est ce moment qu'on voit dans le film[33]. Une rumeur sur internet affirme que Mordecai a les plumes plus blanches à la fin du film parce qu'un des faucons a été perdu et qu'il a été remplacé par un oiseau plus clair. En réalité, ce changement de couleur était prévu dès le début dans le scénario[33]. Un faucon a réellement été perdu pendant le tournage, il a été retrouvé par un homme du New Jersey qui a demandé de l'argent pour le rendre mais comme l'oiseau était bagué, l'équipe du film a pu le récupérer sans payer[33].
Eric Anderson, frère du réalisateur a peint toutes les œuvres de Richie, y compris les dix-sept portraits de Margot, accrochés dans la salle de bal familiale. Luke Wilson observe à propos de son personnage : « Il n'a probablement jamais remarqué qu'il peignait Margot de façon obsessionnelle »[32],[n 4]. Pour les vêtements de style années 1970, la costumière Karen Patch s'est inspirée de célébrités de l'époque comme Kofi Annan ou Bjorn Borg[29]. L'« uniforme » contribue à renforcer l'idée que les enfants Tenenbaum ont atteint leur apogée dans l'enfance. Une grande partie de ce qu'ils sont s'est formée à ce jeune âge, ils ont les mêmes vêtements et la même coiffure à 10 ans et à 30 ans[32].
Anderson et Huston ont eu une relation tendue avec Hackman qui n'était pas toujours aimable sur le plateau[34].
Le premier jour où Hackman et Huston apparaissaient dans une scène ensemble, Huston devait le gifler. Celle-ci a dit plus tard que la gifle était réelle : « Je l'ai vraiment bien giflé. J'ai vu l'empreinte de ma main sur sa joue et j'ai pensé, il va me tuer[34],[n 5]. »
Musique
[modifier | modifier le code]À l'origine, le réalisateur Wes Anderson souhaitait ouvrir le film avec le célèbre Hey Jude des Beatles. La mort du guitariste George Harrison l'empêcha de négocier les droits du morceau. Il songea alors à Elliott Smith pour enregistrer une reprise du morceau. Malheureusement, les problèmes de drogue et la dépression, dont souffrait le chanteur en 2001, contraignirent le réalisateur à confier la reprise à Mutato Muzika Orchestra.
Elliott Smith marque toutefois la bande originale du film par son Needle in the Hay, qui figurait sur son second album solo éponyme. On entend ce titre lorsque Richie Tenenbaum s'ouvre les veines dans la salle de bain.
La musique originale est composée par Mark Mothersbaugh.
Le film utilise aussi des morceaux et compositions préexistantes d'artistes variés : Nick Drake, Van Morrison, Lou Reed, The Rolling Stones, The Beatles, Ramones, The Clash, Elliott Smith, Maurice Ravel, Erik Satie et Antonio Vivaldi.
Une première version CD de la bande originale sort en 2001.
Sortie | 11 décembre 2001 |
---|---|
Durée | 58:51 |
Langue | Anglais |
Format | CD |
Compositeur | Mark Mothersbaugh |
Label | Hollywood Records |
Critique |
- 111 Archer Avenue de Mark Mothersbaugh
- These Days de Nico
- Quatuor à cordes (Second mouvement) de Maurice Ravel, joué par le Quatuor Ysaÿe
- Lindbergh Palace Hotel Suite de Mark Mothersbaugh
- Wigwam (en) de Bob Dylan
- Look at That Old Grizzly Bear de Mark Mothersbaugh
- Lullaby de Emitt Rhodes
- Mothersbaugh's Canon de Mark Mothersbaugh
- Police & Thieves de The Clash
- Scrapping and Yelling de Mark Mothersbaugh
- Judy Is a Punk de Ramones
- Pagoda's Theme de Mark Mothersbaugh
- Needle in the Hay de Elliott Smith
- Fly de Nick Drake
- I Always Wanted to Be a Tenenbaum de Mark Mothersbaugh
- Christmas Time Is Here de Vince Guaraldi Trio
- Stephanie Says de The Velvet Underground
- Rachel Evans Tenenbaum (1965-2000) de Mark Mothersbaugh
- Sparkplug Minuet de Mark Mothersbaugh
- The Fairest of the Seasons de Nico
Une version CD allongée de la bande originale sort en 2002[36].
version longue
Sortie | 2 juillet 2002 |
---|---|
Durée | 1:05:24 |
Langue | Anglais |
Format | CD |
Compositeur | Mark Mothersbaugh |
Label | Hollywood Records |
- 111 Archer Avenue de Mark Mothersbaugh
- These Days de Nico
- Quatuor à cordes (Second mouvement) de Maurice Ravel, joué par le Quatuor Ysaÿe
- Me and Julio Down By the Schoolyard interprété par Paul Simon
- Sonate pour violon et piano no 1 de George Enescu, interprété par Mutato Muzika Orchestra
- Wigwam (en) de Bob Dylan
- Look at That Old Grizzly Bear de Mark Mothersbaugh
- Look at Me par John Lennon
- Lullaby de Emitt Rhodes
- Mothersbaugh's Canon de Mark Mothersbaugh
- Police & Thieves de The Clash
- Scrapping and Yelling de Mark Mothersbaugh
- Judy Is a Punk de Ramones
- Pagoda's Theme de Mark Mothersbaugh
- Needle in the Hay de Elliott Smith
- Fly de Nick Drake
- I Always Wanted to Be a Tenenbaum de Mark Mothersbaugh
- Christmas Time Is Here de Vince Guaraldi Trio
- Stephanie Says de The Velvet Underground
- Rachel Evans Tenenbaum (1965-2000) de Mark Mothersbaugh
- Sparkplug Minuet de Mark Mothersbaugh
- The Fairest of the Seasons de Nico
- Hey Jude de The Beatles, interprété par Mutato Muzika Orchestra
Accueil
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[modifier | modifier le code]Site | Note |
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Metacritic | 76/100[37] |
Rotten Tomatoes | 80/100[38] |
Périodique | Note |
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BBC | [39] |
Chicago Sun-Times | [40] |
Globe and Mail | [41] |
Austin Chronicle | [42] |
Empire | [43] |
SBS | [44] |
Newsweek | [45] |
San Francisco Chronicle | [46] |
Boston Globe | [46] |
La Famille Tenenbaum est apprécié par la critique, obtenant 80 % de commentaires positifs sur Rotten Tomatoes pour une note moyenne de 7,50/10[38] et une note de 76 % sur le site Metacritic[37]. Rotten Tomatoes résume les critiques ainsi : « La Famille Tenenbaum est une charmante comédie pour adultes avec de nombreuses bizarreries et de l'émotion. De nombreux critiques ont particulièrement salué la performance d'Hackman[38],[n 6]. »
Le magazine L'Express est enthousiasmé par le film, il le qualifie de « comédie brillante, intelligente, élégante et mélancolique » et considère Wes Anderson comme « un véritable petit génie, dont l'inventivité et la richesse de l'univers laissent pantois[47]. » Rick Groen du journal canadien The Globe and Mail considère que c'est un très bon film, il en apprécie notamment l'écriture originale et l'humour particulier[41]. Ben Falk de la BBC adore le film : « Drôle, touchant, intelligent, étrange ... eh bien, arrêtons-nous avant de manquer de superlatifs. Autant dire qu'il est peu probable que vous voyiez un film meilleur ou plus original cette année[39],[n 7]. »
Serge Kaganski des Inrockuptibles a un avis mitigé, il trouve le film « un peu trop gentillet et esthétiquement m'as-tu-vu » mais il salue les prestations de Gene Hackman et Kumar Pallana qui joue son serviteur indien[48]. Le journal La Libre Belgique considère que le film est « une comédie humaine incongrue mais bien sentie, au-delà d'un bavardage parfois excessif et de quelques coquetteries[49]. » Andrew Sarris du journal britannique The Observer apprécie peu le film : « M. Anderson ne manque pas d'habileté et d'ingéniosité en tant que réalisateur, mais il en faut plus pour produire un film dramatiquement et émotionnellement satisfaisant[50],[n 8]. » Kenneth Turan du Los Angeles Times n'aime pas le film qu'il trouve trop détaché de la réalité : « il est rare, franchement, de voir un film qui vit dans son propre monde aussi complètement que celui-ci. C’est comme aller à une fête où tout le monde parle une version incompréhensible d’une langue familière[51],[n 9]. »
Didier Péron déteste le film et écrit dans le journal Libération : « Rarement film aura provoqué un tel ennui vaguement distingué, comme si on mettait deux heures à explorer consciencieusement une totale impasse esthétique[52]. »
Box-office et avis des spectateurs
[modifier | modifier le code]Le film est un succès au box-office, il rapporte environ 70 000 000 $ de recettes au niveau mondial et reste le plus grand succès d'Anderson durant plus de 10 ans avant d'être battu par The Grand Budapest Hotel en 2014 avec plus de 170 000 000 $ de recettes[1].
Le film est très apprécié par les spectateurs : sur IMDb, le film obtient une note moyenne de 7,6/10 basée sur les notes de plus de 267 000 utilisateurs[53]. Sur Rotten Tomatoes, le film recueille un avis positif de 89 % des spectateurs avec une note moyenne de 4,2/5 basée sur les notes de plus de 250 000 utilisateurs[38]. Sur AlloCiné, le film obtient une note moyenne de 3,4/5 basée sur les notes de plus de 4 900 utilisateurs[54].
Distinctions
[modifier | modifier le code]Le film a été nommé ou sélectionné pour plus de 50 prix et a obtenu 11 récompenses[55].
Récompenses
[modifier | modifier le code]- Golden Globes 2002 : meilleur acteur dans une comédie ou un film musical pour Gene Hackman
- National Society of Film Critics Awards 2002 : meilleur acteur pour Gene Hackman
- Chicago Film Critics Association Awards 2002 : meilleur acteur pour Gene Hackman
- American Film Institute Awards 2002 : meilleur acteur pour Gene Hackman
- Costume Designers Guild Awards 2002 : meilleurs costumes dans un film contemporain pour Karen Patch
Nominations et sélections
[modifier | modifier le code]- Berlinale 2002 : en compétition pour l'Ours d'or
- British Academy Film Awards 2002 : meilleur scénario original pour Wes Anderson et Owen Wilson
- Oscars 2002 : meilleur scénario original pour Wes Anderson et Owen Wilson
Analyse
[modifier | modifier le code]Le style Anderson
[modifier | modifier le code]Dans Rushmore, Anderson utilisait déjà des annotations à l'écran pour donner des explications, il utilise encore plus ce procédé dans les Tenenbaum notamment au début du film pour expliquer les talents des enfants[56].
Références à la culture populaire
[modifier | modifier le code]La course de karting de Gene Hackman avec ses petits enfants fait référence à la course poursuite de Popeye Doyle, le personnage d'Hackman dans French Connection (1971)[57]. Les costumes de cow-boy d'Eli évoquent le personnage Joe Buck de Macadam Cowboy (1969)[57]. La réplique « Je sais qui tu es, connard ! »[n 10] de Royal à Eli lorsqu'il sort par une fenêtre est tirée du film Witness (1985) avec Danny Glover[26]. La longue table qui sépare Royal de ses enfants dans le prologue fait référence au film Citizen Kane (1941) où l'éloignement sentimental du couple Kane est représenté par leurs places à table de plus en plus éloignées au fil des années[58].
Autres analyses
[modifier | modifier le code]Les relations familiales dans ce film sont très difficiles ; de nombreux indices démontrent que la famille est dysfonctionnelle. D’abord, le père de Margot doit toujours dire que sa fille est adoptée lorsqu’il la présente à des gens. D’ailleurs, Royal Tenenbaum porte très souvent, voir tout le temps, des lunettes de soleil, même à l’intérieur. Ce faisant, il s’éloigne de ses enfants puisque les lunettes forment une sorte de mur entre lui et les autres personnages. Cependant, les relations difficiles ne sont pas uniquement entre les parents et les enfants. Lorsque Chas retourne à la maison familiale, il cache une affiche de Richie dans la chambre de ses enfants car il ne veut pas voir la face de son frère. Chas entretient aussi une relation tendue avec son père. Il le nargue quant aux jours qu’il lui reste à vivre lorsque Royal lui annonce sa mort. De plus, Chas ne veut pas présenter ses enfants à son père, et lorsque ce dernier les rencontre finalement, ils sont séparés par une clôture. Aussi, dans la scène où Royal tombe de son lit d’hôpital, Chas lui demande « are you ok?», et son père lui demande « the fuck you care?[59]». Quant à Margot, elle répète sans cesse que Royal n’est pas son père, ni à elle ni à Richie ni à Chas. Elle ne veut pas avoir de lien avec lui.
Wes Anderson base sa direction photographique et sa mise en scène sur la chaleur et sur la tension ainsi que le découpage des plans pour distancier les jeunes des adultes. C’est dans cette caractéristique propre au réalisateur que ce dernier réussit à peindre un décor où les adultes et les enfants sont souvent séparés. Il est aussi très important de mentionner que Wes Anderson n’utilise pas le champ contre-champ lors des dialogues entre les personnages. Se faisant, une certaine barrière se forme, qui parfois sert à distancer les personnages. Dans La Famille Tenenbaum, le cinéaste se base sur des couleurs chaudes où la lumière vient souvent jouer un rôle important dans l’histoire et dans le décor. Dans le décor, plusieurs éléments aident à surcharger le réel et à distancier les enfants des adultes. D’abord, la rue en face de la maison familiale est représentée comme un lieu sombre, un lieu de recul. Ensuite, la maison figure l’enfermement où tous sont divisés dans des petits environnements serrés. Finalement, le cinéaste a choisi de filmer les enfants de proches en plan rapproché tandis qu’il filme les adultes de plus loin. D’ailleurs, lorsque le père Tenenbaum discute pour la première fois avec ses petits-enfants, il est séparé d’eux par une clôture qui est vraisemblablement là pour une raison : pour séparer le monde adulte des enfants
Aussi, Wes Anderson joue très souvent la disposition de ses décors pour que des messages non-verbaux (décors, couleurs, mise en scène, disposition des acteurs, cadrage des plans) expliquent quelques situations. Les personnages sont esclaves des décors qui parfois les séparent et qui parfois les réunis. Dans La Famille Tenenbaum, le cinéaste travaille majoritairement sa mise en scène sur les effets d’enfermement et d’étouffement, ainsi que sur la tension entre les membres de la famille. Cependant, le collectif gagne son emprise vers la deuxième moitié du film alors que la famille commence à se réunir. Une scène très marquante de ce début de libération et de réunion est la scène des retrouvailles où Margot et Richie se retrouvent à l’aéroport. Le ralenti dans cette scène sert à suspendre le temps, donc de fuir cet enfermement, cette emprise du cadre. Aussi, dans plusieurs des films de Wes Anderson, les maisons rappellent souvent des maquettes peuplées d’enfants-adultes et d’adultes-enfants obsessionnels. Dans le film, Richie, qui retrouve son ancienne chambre, se retrouve face à son enfance lorsqu’il installe sa tente et qu’il revit ses souvenirs de jeunesse. La maison signifie alors pour lui, et pour d’ailleurs les autres personnages, un endroit de nostalgie à travers la collectivité. La scène la plus symbolique du collectif dans La Famille Tenenbaum est la dernière : « le long plan-séquence qui conclut le mariage d’Etheline et Henry, au cours duquel un travelling latéral rassemble tous les personnages jusqu’à ce que Chas, le plus retors des membres de la famille, accorde enfin son pardon à Royal sous les yeux d’Etheline[60]».
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Quelques mots en italien au début du film quand Etheline au téléphone prend un rendez-vous pour un cours d'italien.
- Famille de génies en français.
- « I always wanted to be a Tenenbaum. »
- « He probably never even thought about the fact that he was obsessed with painting Margot. »
- « I hit him a really good one. I saw the imprint of my hand on his cheek and I thought, he's going to kill me. ».
- « The Royal Tenenbaums is a delightful adult comedy with many quirks and a sense of poignancy. Many critics especially praised Hackman's performance. ».
- « Funny, touching, intelligent, strange... well, let's just stop before we run out of superlatives. Suffice to say that it's unlikely you'll see a better or more unique movie this year. ».
- « Mr. Anderson is not lacking in cleverness and ingenuity as a filmmaker, but it takes something more to produce a dramatically and emotionally satisfying movie. ».
- « It’s rare, frankly, to see a movie that lives inside its own head as completely as this one does. It’s like going to a party where everyone speaks a version of a familiar language that can’t quite be understood. ».
- « I know you, asshole! »
Références
[modifier | modifier le code]- (en) « The Royal Tenenbaums », sur boxofficemojo.com (consulté le )
- Visa d'exploitation no 104947 sur Centre National du Cinéma.
- The Royal Tenenbaums sur BBFC
- Dossier de presse, p. 12
- Mark Browning, p. 41
- Mark Browning, p. 42
- Donna Kornhaber, p. 50
- Donna Kornhaber, p. 46
- Donna Kornhaber, p. 51
- Mark Browning, p. 48
- Mark Browning, p. 50
- Dossier de presse, p. 13
- Mark Browning, p. 38
- Mark Browning, p. 39
- Mark Browning, p. 43
- Mark Browning, p. 44
- Mark Browning, p. 40
- Mark Browning, p. 45
- Mark Browning, p. 46
- Dossier de presse, p. 11
- Matt Zoller Seitz, p. 120
- Matt Zoller Seitz, p. 123
- Matt Zoller Seitz, p. 125.
- Matt Zoller Seitz, p. 141.
- Dossier de presse, p. 14
- Matt Zoller Seitz, p. 138-139
- Dossier de presse, p. 15
- Dossier de presse, p. 18
- (en) « For ‘Tenenbaums’ design team, it’s all in details » [« Pour l'équipe des décors des Tenenbaum, tout est dans les détails »], sur variety.com, (consulté le ).
- (en) Tom McGeveran, « Wes Anderson’s Dream House » [« La maison de rêve de Wes Anderson »], sur observer.com, (consulté le ).
- Dossier de presse, p. 16
- Dossier de presse, p. 17
- Matt Zoller Seitz, p. 142
- (en) David Rooney, « Wes Anderson and 'Royal Tenenbaums' Cast Reunite At New York Film Festival » [« Wes Anderson et le casting de la Famille Tenenbaum réunis au festival du film de New York »], sur hollywoodreporter.com, (consulté le ).
- (en) « The Royal Tenenbaums [Original Motion Picture Soundtrack] », sur allmusic.com (consulté le ).
- (en) « The Royal Tenenbaums [Original Motion Picture Soundtrack] [Expanded] », sur allmusic.com (consulté le ).
- (en) « The Royal Tenenbaums », sur metacritic.com (consulté le )
- « The Royal Tenenbaums », sur rottentomatoes.com (consulté le ).
- (en) Ben Falk, « The Royal Tenenbaums », sur bbc.co.uk, (consulté le ).
- (en) Roger Ebert, « The Royal Tenenbaums », sur rogerebert.com, (consulté le ).
- (en) Rick Groen, « The Royal Tenenbaums: All in the fractured family », sur theglobeandmail.com, (consulté le ).
- (en) Marjorie Baumgarten, « The Royal Tenenbaums », sur austinchronicle.com, (consulté le ).
- (en) Caroline Westbrook, « The Royal Tenenbaums Review », sur empireonline.com (consulté le ).
- (en) David Stratton, « The Royal Tenenbaums Review », sur sbs.com.au, (consulté le ).
- (en) David Ansen, « The Royal Tenenbaums », sur newsweek.com, (consulté le ).
- (en) « The Royal Tenenbaums Reviews », sur rottentomatoes.com (consulté le ).
- « La Famille Tenenbaum », sur lexpress.fr, (consulté le ).
- Serge Kaganski, « La Famille Tenenbaum », sur lesinrocks.com, (consulté le ).
- « La Famille Tenenbaum », sur lalibre.be, (consulté le ).
- (en) « Meet the Tenenbaums, Princes of the City », sur observer.com, (consulté le ).
- (en) « Their Particular Brand of Dysfunction » [« Leur marque particulière de dysfonctionnement »], sur latimes.com, (consulté le ).
- Didier Péron, « Barbant conte d'Anderson », sur liberation.fr, (consulté le ).
- « La famille Tenenbaum », sur imdb.com (consulté le ).
- « La famille Tenenbaum », sur allocine.fr (consulté le ).
- (en) « Awards », sur imdb.com (consulté le )
- Mark Browning, p. 17
- Matt Zoller Seitz, p. 109
- Matt Zoller Seitz, p. 127
- ANDERSON, Wes. La Famille Tenenbaum, Canada, 2002, 108 minutes.
- Vincent Malausa, Wes Anderson : La Famille Tenenbaum, Paris, CNC, , p. 24.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
- (en) Dossier de presse de La Famille Tenenbaum, (lire en ligne [PDF]).
- (en) Mark Browning, Wes Anderson : Why his movies matter, Praeger, , 190 p. (ISBN 978-1598843521).
- (en) Matt Zoller Seitz (préf. Michael Chabon, ill. Max Dalton), The Wes Anderson Collection, New York, Éditions Abrams Books, , 336 p. (ISBN 978-0-8109-9741-7).
- (en) Peter C. Kunze, The Films of Wes Anderson : Critical Essays on an Indiewood Icon, Palgrave Macmillan, , 236 p. (ISBN 978-1349486922).
- (en) Donna Kornhaber, Wes Anderson, University of Illinois Press, , 194 p. (ISBN 978-0252082726).
- Ian Nathan, Wes Anderson : La filmographie intégrale d'un réalisateur de génie, Gallimard, , 176 p. (ISBN 978-2-7424-6236-0)
Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
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- Site officiel
- Ressources relatives à l'audiovisuel :
- Ressource relative à plusieurs domaines :
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- Film américain sorti en 2001
- Comédie dramatique américaine
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