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La vie est à nous (film)

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La vie est à nous

Réalisation Jean Renoir
Jean-Paul Le Chanois
Scénario Jean Renoir
Paul Vaillant-Couturier
Jean-Paul Le Chanois
André Zwobada
Jacques Becker
(entre autres)
Sociétés de production Coopérative « Ciné-Liberté  » (pour le P.C.F.)
Pays de production Drapeau de la France France
Genre Film de propagande
Durée 62 minutes
Sortie 1969

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

La vie est à nous est un film français réalisé par Jean Renoir et Jean-Paul Le Chanois en 1936 et sorti en 1969. Le film a été tourné à l'initiative du Parti communiste français pour la campagne électorale du Front populaire avec des fonds recueillis à la suite de collectes effectuées au cours de meetings, et avec la participation bénévole des techniciens et artistes.

Lors de sa sortie, il s'est vu refuser le visa permettant sa projection publique[1] et n'a alors été diffusé que dans les cellules et meetings communistes, comme le à La Bellevilloise[2]. Il ne reçoit son visa d'exploitation des autorités françaises qu'en 1969[3].

Le film est constitué de documents filmés, et de scènes de fiction relatant des événements pris dans la réalité quotidienne de la classe ouvrière, de la paysannerie et de la bourgeoisie : un conseil d'administration organise un licenciement massif ; dans une usine, une grève permet d'éviter le licenciement de travailleurs âgés ; des paysans, soutenus par des militants, empêchent la saisie des biens d'un paysan pauvre ; un jeune chômeur qui n'a pas de quoi se nourrir est accueilli par des jeunes communistes.

Fiche technique

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Distribution

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Contexte et accueil

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Le film est une commande du Parti communiste, en vue de sa campagne pour les élections législatives de 1936. Il est tourné entre mars et avril 1936, dans l'effervescence qui débouchera sur le Front populaire et les grèves de 1936[7]. La commission de censure, qui semble considérer le film comme subversif, lui refuse son visa d'exploitation.

Selon L´humanité du 17 mai 1936[8], « M. Picard, directeur du cabinet du ministre de l’éducation nationale, [a fait] savoir [au] camarade Bonté, député de Paris, que son ministère ne pouvait intervenir "étant donné que M. Sarraut avait personnellement donné des ordres à la commission de censure pour que La Vie est à nous soit interdite". » Albert Sarraut est alors - pour quinze jours encore - président du Conseil et ministre de l'Intérieur.

Le film ne sera donc projeté que dans des réunions privées organisées par Ciné-Liberté, la coopérative créée par Jean Renoir, Henri Jeanson, Francoise Rosay, etc., et par le Parti communiste, non sans difficultés car des tentatives sont faites pour empêcher sa projection par la police, comme à la Bellevilloise, ou par les patrons d'usine. Plus étonnante est la tentative de septembre 1936 d'interdire les projections privées dans la région parisienne, alors que le Front populaire est déjà au pouvoir. Il faudra attendre 1969 pour qu'un visa d'exploitation soit accordé au film[3],[6].

Film plus qu'engagé : partisan, La vie est à nous est sans surprise accueilli très différemment par les différentes sensibilités politiques. Pour L'humanité, ce film est « réalisé pour le peuple dont il symbolise les aspirations et ses qualités techniques et artistiques en font un des meilleurs films français de ces derniers mois. »[8] André Bazin remarque que La Vie est à nous présente des performances d’acteurs extraordinaires, mais que son scénario est par trop démonstrativement politique[7]. Le site La Belle équipe, nuancé, relève qu'il a « tous les défauts [d'un film de propagande], principalement à cause de son manichéisme. Le film est ainsi une succession maladroite de diverses scènes opposant les travailleurs et le patronat... », tout en notant qu'il « a pris avec les années une indéniable valeur historique et sociale. »[8]

Autour du film

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Notes et références

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  1. « Un film qui entraîne à l'action », L'Humanité,‎ (lire en ligne)
  2. Jean-Jacques Meusy (dir.), La Bellevilloise (1877-1939) : Une page de l'histoire de la coopération et du mouvement ouvrier français, Créaphis, , 238 p., p. 196
  3. a et b Georges Didi-Huberman, Désirer, désobéir : Ce qui nous soulève, t. 1, Les Editions de Minuit, coll. « Paradoxe », , 685 p. (ISBN 978-2707345226, lire en ligne)
  4. Base de données, Fondation pour la mémoire de la déportation
  5. Suzanne Cointe, notice de Claude Pennetier sur maitron-fusilles-40-44.univ-paris1.fr
  6. a et b Béatrice Gurrey, « Martha Desrumaux, figure du Front populaire, syndicaliste, résistante et féministe », Le Monde, 28 août 2021, p. 18-19 [lire en ligne].
  7. a et b « Vie est à nous (la) », sur www.autourdu1ermai.fr (consulté le )
  8. a b et c « "La Vie est à Nous" de Jean Renoir (revues diverses 1936) », sur La Belle Equipe, (consulté le )

Bibliographie

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  • Jean Wagner, « la vie est à nous », Téléciné no 158, Paris, Fédération des Loisirs et Culture Cinématographique (FLECC), , p. 22, (ISSN 0049-3287).
  • Pascal Laborderie, « Voix-off et film-fable : le cinéma d’éducation populaire à l’épreuve du parlant », Cahiers de Narratologie, no 20 « Voix off et narration cinématographique »,‎ (lire en ligne).
  • « La Vie est à nous, Le Temps des cerises et autres films du Front populaire », Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, no 132,‎ , p. 199-203 (ISSN 2102-5916, lire en ligne)
  • Aurélian Michon, « La vie est à nous : penser l’auteur d’une œuvre collective », 1895. Mille huit cent quatre-vingt-quinze, no 84,‎ , p. 68-87 (ISSN 1960-6176, lire en ligne)
  • Jean-Pierre Pagliano, Brunius, éd. L'Age d'homme, 1987.

Liens externes

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