Opération Frühlingserwachen
Date | 6-16 mars 1945 |
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Lieu | Royaume de Hongrie |
Issue | Victoire soviétique |
Changements territoriaux | Hongrie centrale |
Troisième Reich | Union soviétique |
Josef Dietrich Maximilian von Weichs Otto Wöhler |
Fiodor Tolboukhine |
431 000 soldats 5630 batteries 877 chars 900 véhicules blindés 850 avions |
407 000 soldats 6890 batteries 407 chars 900 avions |
45 000 soldats la moitié des moyens matériels engagés |
Batailles
Front de l’Est
Prémices :
Guerre germano-soviétique :
- 1941 : L'invasion de l'URSS
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1941-1942 : La contre-offensive soviétique
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1942-1943 : De Fall Blau à 3e Kharkov
Front nord :
Front central :
Front sud :
- 1943-1944 : Libération de l'Ukraine et de la Biélorussie
Front central :
Front sud :
- 1944-1945 : Campagnes d'Europe centrale et d'Allemagne
Allemagne :
Front nord et Finlande :
Europe orientale :
Campagnes d'Afrique, du Moyen-Orient et de Méditerranée
Coordonnées | 46° 59′ nord, 18° 21′ est | |
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L'opération Frühlingserwachen (opération Réveil du printemps) du 6 au 16 mars 1945 constitue la dernière grande offensive allemande de la Seconde Guerre mondiale. L'offensive est lancée en Hongrie dans la région du lac Balaton, d'où le nom aussi donné d'offensive du lac Balaton qui inclut également les opérations simultanées Eisbrecher et Waldteufel.
Préparation
[modifier | modifier le code]Première offensive allemande
[modifier | modifier le code]Face aux têtes de pont soviétiques sur la rive gauche du Danube, dans la plaine hongroise, Hitler, soucieux de la perte des derniers champs pétrolifères dont dispose encore le Reich à cette date, décide de lancer les seules unités blindées encore à sa disposition ; ce déploiement a également pour objectif de dégager Budapest, qui résiste encore au début du mois de [1].
La première percée, victorieuse, se solde par la perte de nombreux blindés, irremplaçables à cette date du conflit, et renseigne les Soviétiques sur la présence de la 6e armée blindée SS en Hongrie. Face à cette menace, Rodion Malinovski, commandant le 2e front ukrainien, engagé en Hongrie, met ses unités en défense et ordonne l'édification de lignes adaptées à ce choix tactique[1].
Planification allemande
[modifier | modifier le code]Cette opération est au départ conçue comme une répétition de la tenaille de Koursk, appelée à encercler les unités soviétiques engagées en Hongrie ; elle est destinée à fixer des effectifs soviétiques, ainsi distraits du front de l'Oder[2].
Unités engagées
[modifier | modifier le code]Pour cette offensive, la Wehrmacht déploie ses derniers matériels maintenus en réserve, alignant 595 chars et canons d'assaut ; 465 000 combattants de la 6. Panzerarmee auparavant engagée dans les Ardennes sont ainsi déployés en Hongrie. Ces moyens sont appuyés par 850 avions de combat[N 1],[2],[3].
Dotées d'une certaine force de frappe, les unités déployées sur place pour cette opérations souffrent d'une forte hétérogénéité, limitant leur efficacité. De plus, les pénuries de carburant affaiblissent davantage encore l'efficacité des moyens mobiles allemands déployés sur place[2].
Opérations
[modifier | modifier le code]Lancée en grand secret du 6 au 16 mars 1945, l'attaque allemande est centrée sur la région du lac Balaton, cette région concentrant la plupart des derniers puits de pétrole encore accessibles. Les champs de pétrole et raffineries, détruites par les bombardements, ne constituent pas un objectif pour le commandement de la Wehrmacht au contraire des importantes réserves de pétrole raffiné stockées à proximité[4].
Premiers succès
[modifier | modifier le code]L'offensive allemande est un succès tactique, les unités parvenant à percer les lignes soviétiques, mais cette percée est inégale selon les secteurs, tous puissamment défendus par de nombreuses défenses antichars, renforcés de champs de mines[2].
Les Allemands parviennent ainsi dans certains secteurs à repousser les Soviétiques d'une cinquantaine de kilomètres de leurs positions : le , les unités allemandes, épuisées et à court de carburant, sont parvenues à Simontornya, créant un saillant dans le dispositif soviétique[5].
Ces succès marquent cependant un affaiblissement des unités allemandes déployées dans le secteur. En effet, ces unités sont saignées par la défense de ce saillant[5].
Résistance soviétique
[modifier | modifier le code]Appuyées sur un solide réseau défensif, les unités soviétiques battent en retraite en ordre, mais perdent 35 000 soldats et déplorent la destruction de plus de 450 blindés[6].
Rapidement, dès le , une contre-offensive soviétique est lancée, réduisant le saillant que les troupes allemandes étaient parvenues à créer ; les unités allemandes parviennent cependant à s'échapper, mais abandonnent leur matériel[7].
Issue
[modifier | modifier le code]Malgré quelques gains initiaux, cette offensive se révèle un échec.
En effet, alors que le redoux se fait sentir, transformant les routes en fondrières, les assaillants doivent rapidement affronter les moyens importants engagés en Hongrie par les Soviétiques. Si elle démontre les capacités opérationnelles certaines de la Wehrmacht dans les derniers mois de la guerre, elle illustre surtout aussi le manque de jugement militaire de Hitler au début de l'année 1945. En effet, le dictateur a décidé seul de cette opération, trop ambitieuse (Hitler espérait alors repousser les Soviétiques au-delà du Danube), avec des réserves de carburant limitées[4].
Désintégration du front allemand
[modifier | modifier le code]Une semaine après le lancement de la contre-offensive soviétique, les unités allemandes décrochent les unes à la suite des autres et se désintègrent, acculées par la poussée soviétique, frappées par les pénuries d'essence et de matériel et minées par les désertions qui se multiplient, même parmi les SS[5],[7].
Enfin, les unités SS engagées dans cette opération doivent affronter une grave crise de moral dans leurs rangs. Hitler, informé de cette baisse du moral, ordonne aux soldats des divisions SS de retirer leurs brassards, légalisant une pratique déjà adoptée par les SS, soucieux de dissimuler leur statut aux soldats soviétiques[4],[6].
Conséquences tactiques et stratégiques
[modifier | modifier le code]Stratégiquement, l'opération n'a pas d'impact sur le déroulement de la fin du conflit. Elle a certes prouvé que l'armée allemande conservait des capacités offensives, mais la contre-offensive soviétique menée par Fiodor Tolboukhine à la tête du troisième front ukrainien suffit à rétablir le front tel qu'il était avant le lancement de l'opération allemande, en une journée[5].
L'échec de cette offensive entraîne la perte de 45 000 soldats, allemands et hongrois, qu'il n'est plus possible de remplacer à ce stade du conflit[5]. Côté soviétique, elle entraîne la perte de 68 661 soldats, 125 000 prisonniers et 129 000 blessés ou malades.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Cette force aérienne représente le tiers des avions de la Luftwaffe à ce stade du conflit.
Références
[modifier | modifier le code]- Bernard 2013, p. 520.
- Bernard 2013, p. 521.
- Kindersley 2009, p. 476.
- Masson 1994, p. 459.
- Rapp 2006, p. 15.
- Bernard 2013, p. 522.
- Bernard 2013, p. 523.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Nicolas Bernard, La guerre germano-soviétique 1941-1945, Paris, Tallandier, coll. « Texto », , 800 p. (ISBN 979-10-210-0274-6).
- Ian Kershaw (trad. de l'anglais), La Fin : Allemagne, 1944-1945, Paris, Seuil, , 665 p. (ISBN 978-2-02-080301-4).
- (en) Dorling Kindersley, War, DK, , 512 p. (lire en ligne)
- Jean Lopez, Berlin : les offensives géantes de l'Armée rouge. Vistule - Oder - Elbe (12 janvier-9 mai 1945), Paris, Economica, , 644 p. (ISBN 978-2-7178-5783-2).
- Philippe Masson, Histoire de l'Armée allemande. 1939-1945, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-00844-4).
- Philippe Masson, Hitler, Chef de Guerre, Paris, Perrin, (ISBN 978-2-262-01561-9).
- Julien Rapp, La Hongrie libérée : État, pouvoirs et société civile après la défaite du nazisme (septembre 1944-septembre 1947), Rennes, Presses universitaires de Rennes, , 368 p. (ISBN 978-2-7535-0232-1, lire en ligne).
- Jean Lopez, « Lac Balaton, 1945 : l'ultime coup de corne des panzers », Guerres et Histoire, no 17 HS, , p. 118-125.