Aller au contenu

Paul Nougé

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Paul Nougé
Naissance
Bruxelles, Belgique
Décès (à 72 ans)
Bruxelles, Belgique
Activité principale
Écrivain
Poète
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Surréalisme
Genres
Poésie, essai

Œuvres principales

  • L'Expérience continue
  • Histoire de ne pas rire
  • La musique est dangereuse

Paul Nougé, né à Bruxelles le et mort à Bruxelles le , est un poète belge, instigateur et théoricien du surréalisme en Belgique.

Né de père français d'origine charentaise et de mère belge, Paul Nougé suit l'enseignement du lycée français de Bruxelles où son père est professeur puis s'engage en 1909 dans des études de chimie biologique à l'Institut Meurice (Anderlecht) et travaille de 1919 à 1953 comme biochimiste dans un laboratoire médical, rue Belliard, 194.

Nougé figure parmi les fondateurs du Parti communiste belge en 1921.

En il crée la revue Correspondance qui publie 26 tracts jusqu'en , avec la collaboration de Camille Goemans et de Marcel Lecomte, exclu du mouvement en . Nougé rencontre la même année les surréalistes français, Louis Aragon, André Breton et Paul Éluard, signe ainsi le tract La Révolution d'abord et toujours, et fait en 1926 la connaissance de Louis Scutenaire. Nougé et Goemans, René Magritte et E. L. T. Mesens se rapprochant, marque l'ébauche de la constitution du groupe surréaliste de Bruxelles à travers la confection de tracts communs, auxquels André Souris s'associe.

Nougé compose en 1927 des détournements des exemples du manuel de grammaire de Clarisse Juranville, illustrés de cinq dessins de Magritte, et préface l'exposition de Magritte à la galerie Le Centaure, à Bruxelles. En 1928 il fonde la revue Distances, rédige les textes poétiques du catalogue d'un marchand de fourrures, illustré par Magritte (Le catalogue Samuel, réédité par Didier Devillez éditeur, Bruxelles, 1996) et la préface d'une exposition de Magritte à la galerie L'Époque (signée par les « complices » Goemans, Mesens, Lecomte, Scutenaire et Souris) puis prononce en à Charleroi une conférence sur la musique qui accompagne un concert dirigé par André Souris et une exposition de Magritte (La conférence de Charleroi, publiée en 1946). Il donner des titres décalés à plusieurs toiles de Magritte.

Entre et Nougé réalise dix-neuf photographies qui seront publiées en 1968 sous le titre Subversion des images. En 1931 il préface l'exposition qui suit le retour de Magritte à Bruxelles. Des extraits des Images défendues sont publiés en 1933 dans le cinquième numéro du Surréalisme Au Service de la Révolution. En 1934 Nougé cosigne L'action immédiate dans Documents 34 dont Mesens est le rédacteur, en 1935 Le Couteau dans la plaie et publie en 1936, dans Les Beaux-Arts de Bruxelles, René Magritte ou la révélation objective. Il est alors avec E.-T. Mesens à l'origine de l'exclusion du groupe d'André Souris.

Mobilisé en 1939 à Mérignac puis à Biarritz, comme infirmier militaire, Nougé préface en 1941 une exposition, rapidement fermée par les occupants, de photographies de Raoul Ubac à Bruxelles (L'expérience souveraine) et publie en 1943 le texte complet de René Magritte ou Les images défendues. Sous le pseudonyme de Paul Lecharantais il préface en une nouvelle exposition de Magritte critiquée par les collaborateurs du nazisme. En 1945, Nougé participe à l'exposition Surréalisme organisée par la galerie des Éditions La Boétie de Bruxelles puis, en 1946, fait paraître La Conférence de Charleroi et, sous le titre Élémentaires une préface pour l'exposition de Magritte (Le Surréalisme en plein soleil) à la galerie Dietrich.

En 1952, Nougé écrit Les Cartes transparentes et en 1953 un de ses plus beaux textes poétiques, Esquisse d'un hymne à Marthe Beauvoisin qui est son égérie mais qui par son alcoolisme fera peu à peu tomber Nougé dans la précarité jusqu'à son décès. En 1955, il publie Un portrait d'après nature ou l'histoire telle qu'on la crée. Nougé commence une nouvelle vie avec Reine Leysen, mariée au peintre Marcel Broodthaers, qui devient sa troisième épouse.

Marcel Mariën publie en 1956 l’œuvre théorique de Paul Nougé, sous le titre Histoire de ne pas rire. En 1957, Paul Nougé, ayant été licencié par son laboratoire, travaille sous statut d'ouvrier à l'imprimerie l'Asar. En 1966, Marcel Mariën publie l’œuvre poétique de Nougé sous le titre L'expérience continue.

En , il croise la chanteuse Barbara pour qui il écrira deux chansons[1]. En 1954, il fonde avec Jane Graverol et Marcel Mariën, la revue Les Lèvres nues. En 1956 il publie dans cette revue des textes, dont "Hurlements en faveur de Sade" et "Théorie de la dérive", du jeune Guy Debord (24 ans ) qui fonda l'année suivante l' " Internationale situationniste ".

Paul Nougé meurt à Bruxelles à l'hôpital d'Ixelles le , Marcel Mariën étant resté à son chevet.

  • « J'aimerais assez que ceux d'entre nous, dont le nom commence à marquer un peu, l'effacent. »[2]
  • « AUX ÉCRIVAINS PUBLICS / ET AUX / POÈTES POÈTES / À / L'EXPANSION / À / LA MANIE / À / LA CONFIDENCE / À / LA VANITÉ / À / LA CANDEUR / AUX PROPHÈTES / COMME AUX VIRTUOSES / RAPPELONS SANS NOUS LASSER / QUE / L'EXPÉRIENCE CONTINUE. »[3]
  • « EXÉGÈTES, / POUR Y VOIR CLAIR, / RAYEZ / LE MOT / SURRÉALISME. »[4]

Bibliographie sélective

[modifier | modifier le code]
  • La Conférence de Charleroi, Paris, Allia, , 80 p. (ISBN 979-10-304-2263-4)
  • Au palais des images, les spectres sont rois, œuvres complètes, édition établie et annotée par Geneviève Michel, sous la direction de Gérard Berréby et réalisée par Marjorie Ribant, Paris, Allia, 2017 (ISBN 9791030400564).
  • Histoire de ne pas rire, Bruxelles, Les Lèvres nues, 1956 ; Lausanne, L'Âge d'homme, 1980.
  • L'Expérience continue, Bruxelles, Les Lèvres nues, 1966 ; Lausanne, L'Âge d'homme, Lausanne, 1981.
  • Journal (1941-1950), Bruxelles, Les Lèvres nues, 1968 ; Bruxelles, Didier Devillez Éditeur, 1995.
  • À partir de 1973 de nombreux textes inédits de Nougé sont publiés par Tom Gutt dans "Le Vocatif".
  • Des mots à la rumeur publique, Lausanne, L'Âge d'homme, 1983.
  • Érotiques, Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 1994.
  • Journal 1941-1950, Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 1995.
  • Quelques lettres, Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 1995.
  • Paul Nougé, René Magritte, Le catalogue Samuel, préface de Tom Gutt, Bruxelles, Didier Devillez, 1996.
  • René Magritte (in extenso), Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 1997.
  • Fragments, Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 1997.
  • La Musique est dangereuse, écrits autour de la musique, rassemblés et présentés par Robert Wangermée, Bruxelles, Didier Devillez éditeur, 2001.

Réédition de revues

[modifier | modifier le code]
  • Correspondance (1924-1925), Bruxelles, Didier Devillez, fac-similé, 1993
  • Marie, Journal bimensuel pour la belle jeunesse (1926-1927, Bruxelles, Didier Devillez, fac-Similé, 1993.
  • Les Lèvres nues, réédition en fac-similé des douze numéros de la première série (1954-1958), augmentée par Marcel Mariën et Roger Langlais de nombreux documents et d'un index. Plasma, coll. "Table Rase" (dir. R. Langlais), 1978. Rééd. Allia, 1995, 10 fascicules brochés sous emboîtage.

Document utilisé pour la rédaction de l’article : Source utilisée pour la rédaction de l’article

  • André Souris, Paul Nougé et ses complices dans Entretiens sur le surréalisme, sous la direction de Ferdinand Alquié, Mouton, Paris-La Haye, 1968.
  • Christian Bussy, Anthologie du surréalisme en Belgique, Paris, Gallimard, 1972.
  • Marcel Mariën, L'activité surréaliste en Belgique (1924-1950), Bruxelles, Lebeer-Hossmann, 1979.
  • René Magritte et le surréalisme en Belgique, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, Bruxelles, 1982.
  • Le mouvement surréaliste à Bruxelles et en Wallonie (1924-1947), Paris, Centre culturel Wallonie Bruxelles, 1988. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Olivier Smolders, Paul Nougé, Écriture et caractère. À l'école de la ruse, Labor, Bruxelles, 1995.
  • Christine de Naeyer, Paul Nougé et la photographie, Bruxelles, Didier Devillez, 1995.
  • Irène, Scut, Magritte & C°, Bruxelles, Musées royaux des beaux-arts de Belgique, 1996, 558 p. Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Dominique Combe, Rhétorique de Paul Nougé, dans Europe, Les Surréalistes belges, no 912, Paris, , p. 51-62
  • Jean-Pierre Verheggen, Nougé au quotidien, dans Europe, Les Surréalistes belges, no 912, Paris, , p. 91-93
  • Xavier Canonne, Le surréalisme en Belgique, 1924-2000, Fonds Mercator, Bruxelles, 2006 (ISBN 90-6153-659-6); Actes Sud, Paris, 2007, 352 p (ISBN 9782742772094) Document utilisé pour la rédaction de l’article]
  • Christian Bussy, Les surréalistes au quotidien : petits faits vrais, préface d'Olivier Smolders, Bruxelles, Les impressions nouvelles, 2007 (ISBN 978-2-87449-028-6)
  • L'eterno clandestino, CITYLIGHTS (Giunti Editore), Paul Nougé, Antonio Bertoli, (ISBN 8809037308 et 9788809037304), 512 pp, Firenze, 2011

Article connexe

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Valérie Lehoux, Barbara : portrait en clair-obscur, Paris, Fayard-Chorus, 2008, p. 78-79, 82-84.
  2. Lettre du 2 mars 1929 à André Breton, in:Christian Bussy, Le Surréalisme en Belgique, p. 293
  3. Message publié dans le numéro surréaliste de la revue « Le Salut public » en 1945, in:Christian Bussy, Le Surréalisme en Belgique, p. 429
  4. Phrase conçue à l'occasion d'une exposition surréaliste, Bruxelles, 1945, in:Christian Bussy, Le Surréalisme en Belgique, p. 432.