Réciprocité (grammaire)
En syntaxe, la réciprocité est une propriété des constructions où deux actants d'un verbe d'action jouent chacun le même rôle sémantique l'un vis-à-vis de l'autre : l'action de X envers Y est la même que celle de Y envers X. Une construction de cet ordre est dite réciproque.
Exemples en français :
- Louise et Marie se sont offert des cadeaux.
- Les duellistes se sont entre-tués.
- Ils se prêteront mutuellement assistance.
- Aimez-vous les uns les autres.
En français, la réciprocité s'exprime par l'emploi d'un verbe pronominal. Comme celui-ci exprime également la réflexivité, il peut en résulter une certaine ambiguïté, laquelle peut être levée :
- implicitement, par le contexte ou la pragmatique : Pierre et Paul se sont giflés signifie plus vraisemblablement que Pierre a donné une gifle à Paul et Paul une à Pierre (réciprocité), que chacun de deux ne se soit donné une gifle à soi-même (réflexivité) ;
- explicitement, par une locution (l'un l'autre, et vice versa), un adverbe (mutuellement, réciproquement) ou l'ajout au verbe du préfixe entre-[1] (s'entre-regarder, s'entre-dévorer) ;
- enfin, la sémantique de certains mots est fondamentalement réciproque : tels sont par exemple les verbes correspondre, échanger, croiser.
De très nombreuses langues font de même et ne différencient pas le réciproque du réfléchi, ou seulement à l'occasion. C'est généralement le cas dans les langues indo-européennes. Mais certaines langues possèdent des formes spécifiquement dévolues à l'expression de la réciprocité. C'est par exemple de l'arabe littéral, qui possède deux schèmes régulier de formation de verbes, appelés fāʻala et tafāʻala en grammaire arabe[2], dont le second est le réciproque du premier : ex. kātaba « il a écrit (à quelqu'un) » → takātaba « il a correspondu (avec quelqu'un) », qātala « il a combattu (quelqu'un) » → taqātala « il s'est battu (avec quelqu'un) ».
Notes et références
[modifier | modifier le code]- L'orthographe traditionnelle emploie le trait d'union, tandis que les rectifications orthographiques du français en 1990 préconisent la soudure.
- Ou schème III et schème VI.