Sermon
Un sermon, du latin sermo (« conversation, conférence »), est un discours prononcé lors d'une célébration religieuse. Dans les religions abrahamiques, le prédicateur, ou prêcheur, adresse à l'assemblée un message d'ordre éthique ou théologique, fondé sur les Écritures, Bible ou Coran, tout en expliquant les applications pratiques que les fidèles peuvent mettre en œuvre.
Judaïsme
[modifier | modifier le code]Les premiers sermons ou en hébreu derashot (singulier derashah, דרשה), les homélies synagogales voire les divréi Torah, datent d'Esdras (Bible) qui faisait suivre la lecture de la Torah par quelques explications destinées aux fidèles[1]. Ces homélies étaient partie intégrante de la liturgie juive[1].
Le chercheur Maurice Sachot souligne le « déplacement » de l'homélie vers la fin de l'office dans les synagogues de Galilée, à l'époque de Jésus, alors qu'auparavant elle se situait vers le milieu : ce changement permettait de plus longs développements[2].
Au fil des siècles, l'homélie synagogale a varié tant dans le fond que dans la forme, privilégiant l'explication didactique ou la métaphore, l'anecdote ou l'allégorie[1].
Les derachot prononcées à la synagogue ou dans une salle des fêtes par les jeunes garçons devant l'assemblée, lors de leur cérémonie de Bar-mitsva, et portant en général sur la section hebdomadaire de la Torah qu'ils ont étudiée et lue, en sont un exemple particulier.
Christianisme
[modifier | modifier le code]Le sermon des différentes Églises chrétiennes prend son origine dans l'homélie synagogale qui existait dans le monde juif à l'époque de Jésus [3]. Comme tous les rabbins, Jésus avait pour habitude de donner des sermons pour enseigner ses disciples, notamment le sermon sur la montagne, prononcé en plein air et cité dans l'Évangile selon Matthieu aux chapitres 5, 6 et 7[4]. Il a aussi donné des sermons dans des synagogues, notamment celle de Nazareth, épisode relaté dans l’Évangile selon Luc au chapitre 4[5].
Le sermon explique les mystères de la foi et les préceptes de la vie chrétienne à partir des textes scripturaires de la liturgie du moment[6].
Dans l'Espagne du bas Moyen Âge, les prédicateurs utilisaient « différentes techniques de persuasion visant à combiner la propagande doctrinale et les préoccupations quotidiennes des masses. Certains des plus ardents […] provoquèrent des défis publics et des disputations qui obligeaient les Juifs à assister aux sermons prononcés dans les églises, les synagogues et autres lieux publics et furent à l’origine d’émeutes, de nombreuses pertes en vies humaines et de dommages matériels[7]. »
Catholicisme
[modifier | modifier le code]Dans le catholicisme, le sermon prend place après la lecture de l'Évangile pendant la messe[8]. Il est aussi appelé homélie — surtout depuis la réforme liturgique de Vatican II — dans le cadre d'une célébration eucharistique. Pour des raisons d'acoustique, avant la sonorisation des églises dans les années 1960, les sermons étaient prononcés du haut d'une chaire et plus rarement depuis un ambon.
Protestantisme
[modifier | modifier le code]Dans le protestantisme, le culte est centré sur la lecture de la Bible et sur le sermon[9].
Christianisme évangélique
[modifier | modifier le code]Dans le christianisme évangélique, le sermon est souvent appelé message. Il occupe une place importante dans le services, soit la moitié du temps, environ 45 à 60 minutes[10],[11] , [12],[13]. Ce message peut être supporté par un powerpoint, des images et des vidéos[14],[15]. Dans certaines églises, les messages sont regroupés dans des séries thématiques[16]. Celui qui apporte le message, est en général un pasteur formé dans un institut de théologie[17]. Les sermons évangéliques sont diffusées à la radio, sur des chaines de télé (télévangélisme), dans Internet, sur des portails web, sur le site web des églises[18],[19],[20] et via des médias sociaux comme YouTube et Facebook[21].
Islam
[modifier | modifier le code]Dans l’islam, la khutba est le nom arabe du sermon délivré par l'imam lors de la prière du vendredi et lors des deux Eid/ʿīd[22]. Dans le sunnisme, la khutba est impérative : sans elle, la prière du vendredi ne serait pas valide.
Bouddhisme
[modifier | modifier le code]Le bouddha Siddhartha Gautama a donné un certain nombre de sermons qui sont regroupés sous forme de sutra[23],[24]. Le premier d'entre eux est le « sermon de Bénarès[25] », prononcé 49 jours après qu'il a atteint l'éveil[26].
Les religieux bouddhistes peuvent donner des sermons en s'appuyant sur des textes du canon bouddhique comme le Dhammapada[27]. Au Japon, le sekkyō est une forme particulière de sermon[28].
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- David L. d'Avray, The Preaching of the Friars, Oxford University Press, 1985
- Mary Cunningham Corran and Pauline Allen, eds, A New History of the Sermon Brill, 1998
- Sabine Holtz, Predigt: Religiöser Transfer über Postillen, European History Online, Institute of European History, Mayence 2011, consulté le
- Lecoy de La Marche, La Chaire française au Moyen Âge (en ligne : Ressources en ligne des Exempla du GAHOM - Groupe d'anthropologie historique de l'Occident médiéval)
- Gerd Theissen et al., Le Défi homilétique, l'Exégèse au service de la prédication, Labor et Fides, 1993, 320 p.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Liens externes
[modifier | modifier le code]Notes et références
[modifier | modifier le code]- « Derasha », Encyclopaedia Britannica.
- Maurice Sachot, L'Invention du Christ. Genèse d'une religion, Éditions Odile Jacob, « Le champ médiologique », 1998, rééd. poche Odile Jacob, 2011.
- Hughes Oliphant Old, The Reading and Preaching of the Scriptures in the Worship of the Christian Church: The biblical period, Wm. B. Eerdmans Publishing, USA, 1998, p. 94
- George Thomas Kurian, James D. Smith III, The Encyclopedia of Christian Literature, Volume 2, Scarecrow Press, USA, 2010, p. 143
- Everett Ferguson, Encyclopedia of Early Christianity, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2013, p. 539
- Richard A. Lischer, A Theology of Preaching: The Dynamics of the Gospel, Wipf and Stock Publishers, USA, 2001, p. 60
- Moisés Orfali, « La prédication chrétienne sur les Juifs dans l’Espagne du bas Moyen Âge », Revue de l’histoire des religions, no 1, , p. 31–52 (ISSN 0035-1423, DOI 10.4000/rhr.7832, lire en ligne, consulté le )
- Frank K. Flinn, Encyclopedia of Catholicism, Infobase Publishing, USA, 2007, p. 527.
- Hans J. Hillerbrand, Encyclopedia of Protestantism: 4-volume Set, Routledge, Abingdon-on-Thames, 2016, p. 1843
- Bruce E. Shields, David Alan Butzu, Generations of Praise: The History of Worship, College Press, USA, 2006, p. 307-308
- Robert Dusek, Facing the Music, Xulon Press, USA, 2008, p. 65
- Pew Research Center, The Digital Pulpit: A Nationwide Analysis of Online Sermons, pewforum.org, USA, 16 décembre 2019
- Franklin M. Segler, Randall Bradley, Christian Worship: Its Theology and Practice, B&H Publishing Group, USA, 2006, p. 145
- Gaspard Dhellemmes, Spectaculaire poussée des évangéliques en Île-de-France, lejdd.fr, France, 7 juin 2015
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- Michel Deneken, Francis Messner, Frank Alvarez-Pereyre, La théologie à l'Université: statut, programmes et évolutions, Editions Labor et Fides, France, 2009, p. 61
- Frédéric Dejean, L’évangélisme et le Pentecôtisme: des mouvements religieux au cœur de la mondialisation, Magazine Géographie et cultures, 68, France, 2009, paragraphe 26
- Sébastien Fath, Dieu XXL, la révolution des mégachurches, Éditions Autrement, France, 2008, p. 151-153
- Christine Gudorf, Zainal Abidin, Mathen Tahun, "Aspirations for Modernity and Prosperity", Casemate Publishers, USA, 2015, p. 82
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- Philippe Cornu, Dictionnaire encyclopédique du bouddhisme [détail des éditions], notice : Sermon de Bénarès
- Quentin Ludwig, Le grand livre du bouddhisme, p. 234
- (en) John Clifford Holt, Jacob N. Kinnard et Jonathan S. Walters, Constituting Communities: Theravada Buddhism and the Religious Cultures of South and Southeast Asia, SUNY Press, (ISBN 978-0-7914-8705-1, lire en ligne), p. 158
- (en) Haruo Shirane, Traditional Japanese Literature: An Anthology, Beginnings to 1600, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-15730-8, lire en ligne), p. 283