Aller au contenu

Énéide

Une page de Wikiquote, le recueil des citations libres.

Énée fuyant Troie, tableau de Federico Barocci (1598) inspiré du chant II de l'épopée.

L’Énéide (en latin : æneis, mot de forme grecque, génitif : æneidos) est une épopée de Virgile, le plus prestigieux exemple de ce genre littéraire en langue latine, composée en hexamètres dactyliques. De même que l’Iliade et l’Odyssée — dont l’Énéide s'inspire largement —, l’ouvrage a suscité l’admiration de générations de lettrés de l’Antiquité jusqu’à nos jours, et fut une source d’inspiration récurrente pour les artistes et les poètes. L’Énéide est le récit des épreuves du Troyen Énée, ancêtre mythique du peuple romain, fils d’Anchise et de la déesse Vénus, depuis la prise de Troie jusqu’à son installation dans le Latium, en Hespérie (Italie). Écrit entre 29 et 19 av. J.-C., le poème se divise en douze chants et contient à la mort de Virgile environ 10 000 vers.

Citations

[modifier]

Chant I

[modifier]
Je vais chanter la guerre et celui qui, exilé prédestiné (tout a commencé par lui), vint, des parages de Troie, en Italie, à Lavinium, sur le rivage. Lui qui, sur terre et sur mer, fut longtemps le jouet des puissances célestes, à cause de la rancune tenace de la cruelle Junon ; qui eut tant à souffrir de la guerre, pour fonder à ce prix une ville et installer ses Pénates dans le Latium. D'où la nation latine, Albe et ses Anciens, et les murailles de la noble Rome. Muse, dis-m'en les raisons : quelque divinité offensée ? Quelque grief de la reine des dieux, qui aura amené un homme à parcourir un pareil cycle de malheurs, à affronter autant d'épreuves ? De pareilles rancunes en des âmes célestes ?
  • (la)

    Arma virumque cano, Trojae qui primus ab oris
    Italiam fato profugus Lavinjaque venit
    Litora, multum ille et terris jactatus et alto
    Vi Superum, saevae memorem Junonis ob iram,
    Multa quoque et bello passus, dum conderet urbem
    Inferretque deos Latio, genus unde Latinum
    Albanique patres atque altae moenia Romae.
    Musa, mihi causas memora, quo numine laeso,
    Quidve dolens regina deum tot volvere casus
    Insignem pietate virum, tot adire labores
    Impulerit : tantaene animis caelestibus irae ?

  • Prélude et invocation à la Muse aux premiers vers de l'épopée.
  • (la) L'Énéide, Virgile (trad. Paul Veyne), éd. Albin Michel/Les Belles Lettres, 2012, I, p. 23-24, vers 1-11


Dans la fleur de mes ans, à l’ombrage des Hêtres,
Je faisais résonner mes Airs doux et champêtres ;
Depuis abandonnant les Monts et les Forêts,
J’enseignai l’art fécond de la blonde Cérès :
Au Laboureur avare œuvre utile et plaisante ;
Mais j’entonne aujourd’hui la Trompette éclatante.

  • (la)

    Ille ego, qui quondam gracili modulatus avena
    carmen, et egressus silvis vicina coëgi
    ut quamvis avido parerent arva colono,
    gratum opus agricolis, at nunc horrentia Martis

  • Vers parfois ajoutés avant le prélude, mais d'authenticité contestée.


Chant II

[modifier]
Quoi qu'il en soit, je crains les Danaens même quand ils portent des offrandes.
  • (la) Quicquid est, timeo Danaos et dona ferentes.
  • Laocoon avertissant les Troyens de se méfier du cheval de bois laissé par les Achéens. « Timeo Danaos et dona ferentes » est devenu un proverbe. Voyez sur Wikipédia Timeo Danaos et dona ferentes.
  • (la) L'Énéide, Virgile (trad. Jacques Perret), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1991, II, p. 79, vers 49


Chant III

[modifier]

Chant IV

[modifier]
Anna ma sœur, quelles visions nocturnes m'inquiètent et m'effraient ! Quel est ce nouvel hôte entré dans nos demeures !
  • (la)

    Anna soror, quae me suspensam insomnia terrent ! Quis novus hic nostris successit sedibus hospes !

  • Didon, reine de Carthage, avoue à sa sœur son amour naissant pour le prince troyen Énée.
  • (la) L'Énéide, Virgile (trad. Jacques Perret), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1991, IV, p. 131, vers 9-10


Chant V

[modifier]

Chant VI

[modifier]
Ils allaient obscurs sous la nuit solitaire parmi l'ombre, à travers les palais vides de Dis et son royaume d'apparences ; ainsi par une lune incertaine, sous une clarté douteuse, on chemine dans les bois quand Jupiter a enfoui le ciel dans l'ombre et que la nuit noire a décoloré les choses.
  • (la)

    Ibant obscuri sola sub nocte per umbram
    Perque domos Ditis vacuas et inania regna :
    Quale per incertam lunam sub luce maligna
    Est iter in silvis, ubi caelum condidit umbra
    Juppiter et rebus nox abstulit atra colorem.

  • Passage fameux du chant VI au cours duquel Énée descend vivant aux Enfers, guidé par la Sibylle de Cumes. Ibant obscuri sola sub nocte est un très fameux exemple d'hypallage.
  • (la) L'Énéide, Virgile (trad. Jacques Perret), éd. Gallimard, coll. « Folio », 1991, VI, p. 79, vers 268-272


En outre sont parquées là à une porte une foule de bêtes monstrueuses de toutes formes, Centaures, Scylles biformes, centuple Briarée, hydre de Lerne à l'horrible sifflement, Chimère armée d'une flamme, Gorgones, Harpyes et l'ombre d'une forme à trois corps.
  • (la)

    Multaque praeterea variarum monstra ferarum:
    Centauri in foribus stabulant, Scyllaeque biformes,
    et centumgeminus Briareus, ac belua Lernae
    horrendum stridens, flammisque armata Chimaera,
    Gorgones Harpyiaeque et forma tricorporis umbrae.

  • Fantômes de plusieurs monstres de la mythologie errant dans les Enfers.
  • (la) Énéide (Ier siècle avant J.-C.), Virgile (trad. Paul Veyne), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2013, partie VI, p. 285-289, vers 285-289


Chant VII

[modifier]
Tels deux centaures, fils de la Nuée, quand ils descendent du haut sommet de la montagne en laissant derrière eux, dans leur course rapide, l'Homole et l'Othrys blancs de neige ; la vaste forêt leur ouvre le passage et les halliers cèdent à grand fracas.
  • (la)

    ceu duo nubigenae cum vertice montis ab alto
    descendunt centauri, Homolen Othrymque nivalem
    linquentes cursu rapido; dat euntibus ingens
    silva locum et magno cedunt virgulta fragore.

  • Comparaison homérique au sujet des frères Catillus et Coras, deux guerriers de l'armée de Turnus.
  • (la) Énéide (Ier siècle avant J.-C.), Virgile (trad. Paul Veyne), éd. Les Belles Lettres, coll. « Classiques en poche », 2013, partie VII, p. 298-300, vers 674-677


Chant X

[modifier]
La Fortune favorise les audacieux.
  • (la) Audentes fortuna juvat.
  • Turnus s'adressant à ses guerriers avant une bataille contre Énée. Le vers a été repris et cité sous différentes variantes (audaces, audaci, etc.).
  • (la) L'Énéide, Virgile (trad. Paul Veyne), éd. Albin Michel/Les Belles Lettres, 2012, X, p. 23-24, vers 320


Citations rapportées

[modifier]

Salomon Reinach, Cornélie ou le latin sans pleurs, 1912

[modifier]
Virgile montre Dédale essayant de ciseler en or la chute de son fils Icare, mais la douleur paralyse son génie : Ter patriae cecidere manus, mot à mot : "Trois fois les mains paternelles tombèrent," c'est-à-dire: "Trois fois ses mains de père retombèrent impuissantes."
  • Traduction commentée d'un vers de Virgile, Énéide, chant VI, vers 33.
  • (fr) Cornélie ou le latin sans pleurs, Salomon Reinach, éd. Hachette, 1912, Lettre 2, p. 23


Citations au sujet de l’Énéide

[modifier]
Immanis pecoris custos, immanior ipse ! Oui ! immanior ipse ! Ce n’était plus l’être fossile dont nous avions relevé le cadavre dans l’ossuaire, c’était un géant capable de commander à ces monstres. Sa taille dépassait douze pieds. Sa tête grosse comme la tête d’un buffle, disparaissait dans les broussailles d’une chevelure inculte. On eût dit une véritable crinière, semblable à celle de l’éléphant des premiers âges. Il brandissait de la main une branche énorme, digne houlette de ce berger antédiluvien.
  • Citation latine de l’Énéide de Virgile signifiant : "D'un troupeau immense, le gardien lui-même encore plus immense". Le vers de Virgile décrit un Cyclope.


Liens externes

[modifier]

Vous pouvez également consulter les articles suivants sur les autres projets Wikimédia :