Chaos
Apparence
En philosophie, le chaos s'apparente à la confusion, au désordre radical que constitue l'état d'indifférenciation où se confondent puissances créatrices et destructrices. La religion le désigne comme correspondant à la confusion et au vide antérieurs à la Création.
Enseignement
[modifier]Cours de littérature européenne
[modifier]Vladimir Nabokov, Littératures, 1941-1958
[modifier]L'art d'écrire est un art très futile s'il n'implique pas avant tout l'art de voir le monde comme un potentiel de fiction. Le matériau de ce monde peut être bien réel (pour autant qu'il y ait une réalité), mais n'existe aucunement en tant qu'intégralité acceptée comme telle : c'est un chaos, et à ce chaos l'auteur dit : « Va ! » et le monde vacille et entre en fusion.
- Littératures (1980), Vladimir Nabokov (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. « Bouquins », 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36
Littérature
[modifier]Écrit intime
[modifier]Au-dedans de moi ondule, certainement, une mer, parce que je suis sensible. L'irrémédiable, c'est de ressentir de telle sorte qu'à toutes les extémités règne la tempête et nulle part un maître qui commande au chaos.
- Journal (1957), Paul Klee, éd. Grasset, coll. « Les Cahiers Rouges », 1959 (ISBN 978-2-246-27913-6), Journal I, p. 52
Philosophie
[modifier]Je vous le dis : il faut encore porter en soi un chaos, pour pouvoir mettre au monde une étoile dansante. Je vous le dis : vous portez encore un chaos en vous.
- Ainsi parlait Zarathoustra, Friedrich Nietzsche (trad. Henri Albert), éd. Société du Mercure de France, 1898, partie I, chap. « Prologue de Zarathoustra », 5, p. 14
- Citation choisie pour le 1 février 2017.
Le chariot [de supermarché] est la chose du désordre et de la confusion. Amoncellement, mélange, chaos. Certains le jouent géométrique, empilé parfait, Tétris impec, d'autres pêle-mêle bordel, chocolat sur jambon sur lessive sur poireaux sur liquide vaisselle. De toutes façon, ça juxtapose et chaotise.
- Dernières nouvelles des choses, Roger-Pol Droit, éd. Odile Jacob, 2003, p. 158
Psychanalyse
[modifier]Carl Gustav Jung, Dialectique du Moi et de l'inconscient, 1933
[modifier]Ce n'est pas chose insignifiante que de voir s'effondrer, chez un être humain, l'attitude et les structures conscientes. C'est en petit une véritable fin du monde, le sujet a l'impression que tous les éléments qui constituaient sa vie retombent dans une manière de chaos originel. Il se sent abandonné, désorienté, vulnérable à l'extrême, tel un navire sans gouvernail et livré aux fureurs des éléments. C'est du moins ce qui semble être et l'impression qu'il en a. L'expérience montre que la réalité est un peu différente : en fait, l'être, abandonné par son conscient, est retombé dans ses plans inconscients collectifs, auxquels il est livré.
- Dialectique du Moi et de l'inconscient (1933), Carl Gustav Jung (trad. Docteur Roland Cahen), éd. Gallimard, coll. « Folio Essais », 1964 (ISBN 2-07-032372-2), partie I. Des effets de l'inconscient sur le conscient, chap. IV. Tentatives pour extraire et libérer l'individualité de la psyché collective, La reconstitution régressive de la persona, p. 92