Éloquence perdue. Insensible au reproche, le chien exécuta le tour du rocking et se retrouva en présence du réticule.
Avec un mouvement de colère, Mable replaça le sac à sa gauche.
Nouveau mouvement tournant du yucatano.
Le réticule sauta à droite. Nieto l’y poursuivit.
Dix fois, ce manège recommença. Enfin, exaspérée, la demoiselle de compagnie se souleva légèrement et glissa le réticule entre son siège et… cette partie sphérique de l’individu que les professeurs d’équitation désignent, on ne sait pourquoi, par le substantif bien mal choisi d’assiette.
Pâté, gâteaux, raisins, soumis ainsi à une pression fort supérieure à leur résistance, s’écrasèrent envoyant aux narines de Nieto d’affolants effluves.
Éperdu, le dogue fonça sous le rocking-chair, avec des abois de convoitise.
Le chien était énorme, l’espace libre exigu.
Le premier, serré dans le second, se débattit désespérément, imprimant au siège à bascule un double mouvement, tangage et roulis combinés, qui eut pour conséquence de terroriser miss Mable, laquelle se leva précipitamment en poussant des cris de paon.
Allégé de sa charge, le fauteuil ne pesa pas lourd pour Nieto.
Le yucatano le renversa et, libre enfin, se rua sur l’Anglaise qui, conservant dans son émoi une présence d’esprit, malencontreuse en l’espèce, s’enfuyait en brandissant le réticule de mistress Elena.
Si elle l’avait abandonné, la catastrophe eût été évitée. Preuve indéniable que les desseins du hasard sont impénétrables, puisque la digne obèse eût pu être sauvée en perdant la tête, tandis qu’elle fut perdue pour l’avoir conservée.
Nieto courait plus vite que la demoiselle de compagnie, ceci dit sans intention offensante pour le sexe gracieux auquel appartient miss Mable, car, en de-