torise à me faire sa cour, et que nous nous marierons dans cinq semaines, à ton retour.
— C’est entendu.
Miss Aurett et son père n’avaient pas perdu un mot de cette conversation, tenue, du reste, à voix haute.
Un coup de sifflet, un signal. Le train s’ébranle. Bouvreuil, toujours penché à la portière, fait un geste d’adieu. Et voilà tout notre monde parti pour Bordeaux-Pauillac : Lavarède dans sa caisse ; Murlyton, Aurett et Bouvreuil dans leur compartiment.
On sait la discrétion des Anglais, qui ne parlent jamais les premiers aux gens qu’ils ne connaissent point. Ce fut donc Bouvreuil qui commença.
— Je vous demande pardon, fit-il à ses voisins, mais tout à l’heure vous avez paru connaître ce M. Lavarède, dont ma fille me parlait.
— Nous le connaissons en effet, dit sir Murlyton. Mais à qui ai-je l’honneur ?…
— Bouvreuil, propriétaire, financier, président du syndicat des porteurs d’actions du Panama, répondit-il en présentant sa carte.
— Parfaitement, honorable gentleman. Moi je suis sir Murlyton, et voici ma fille Aurett.
— Ah bah !… Est-ce que c’est vous l’Anglais désigné dans l’article des Échos sous le nom de Mirliton Esquire.
— Je ne connais pas cet article.
— Tenez, lisez-le.
Après un rapide examen, l’Anglais reprit :
— Oui, ce doit être moi. Et vous, c’est l’oiseau de l’espèce « vautour ? »
— Juste… Ah ! le gredin !…
— Vous n’êtes pas de ses amis, à ce que je vois…
— Oh ! non.
Miss Aurett interrompit avec son gentil sourire :