Found in TranslationLes sous-titres anglais donnent « a little thing en plus » au ciné français

JO de Paris 2024: Pourquoi des sous-titres anglais apparaissent cet été dans les films français ?

Found in Translation« Un p’tit truc en plus » et « Le Comte de Monte-Cristo » font partie des œuvres qui sont rendues accessibles aux visiteurs étrangers
« Un p'tiit truc en plus » d'Artus
« Un p'tiit truc en plus » d'Artus - David Koskas/Pan distribution / 20 Minutes
Caroline Vié

Caroline Vié

L'essentiel

  • Des grands succès français seront disponibles en version originale française sous-titrée en anglais dans les salles de cinéma cet été.
  • L’association Lost In Frenchlation, qui propose ce type de programmation toute l’année, participe aussi activement à l’événement.
  • Reste à savoir si les touristes seront intéressés par cette initiative au point de déclencher une nouvelle mode.

JO obligent : les distributeurs de films s’adaptent au marché des spectateurs étrangers potentiels en sortant des versions sous-titrées en anglais de grands succès français récents ou plus anciens. Parmi eux, Un p’tit truc en plus d’Artus, Le Comte de Monte-Cristo de Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière, Intouchables d’Eric Toledano et Olivier Nakache et l’incontournable Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet sont mis à la portée du public international.

« La version sous-titrée en anglais était déjà disponible pour les ventes à l’étranger, expliquent Pierre Forette et Thierry Wong, producteurs d’Un p’tit truc en plus. Le distributeur a eu l’idée d’exploiter cette version pendant les JO pour rendre le film accessible aux visiteurs étrangers et des exploitants de salle ont trouvé que l’idée était bonne. » La version sous-titrée est présente sur DCP (support du film en salle). Il suffit donc de l’enclencher pour que l’œuvre soit accessible aux étrangers sans bourse délier.

Une question d’adaptation

Traduire le langage fleuri d’Artus et de ses héros n’était pas une mince affaire. Les producteurs ont bien évidemment fait appel à des professionnels, mais ils ont eux-même surveillé de près la traduction, notamment des insultes des héros du P’tit truc en plus. « Un sous-titrage ne peut être du mot à mot, précisent-ils. Il doit s’agir d’une adaptation. Nous avons fait appel à des anglophones pour trouver des gros mots qui correspondent à une version anglaise ». Le « fils de pute » a été notamment remplacé par « motherfucker » plus juste dans la langue de Martin Scorsese.

C’est pour cette raison que Marie-Françoise Dréano, professeure d’anglais et cinéphile émérite, n’encourage pas ses jeunes élèves français à voir les films sous-titrés en anglais. « Si cela m’amuse de traquer les différences entre les deux langues, je crois que c’est plus perturbant qu’autre chose quand on apprend l’anglais. Dans ce cas, il vaut mieux aller voir des films anglophones en VOST car cela permet d’entendre la version originale et de se familiariser à elle ».

Pas perdu pour tout le monde

Depuis 2015, Manon Kerjean a créé l’association Lost in Frenchlation, qui propose des versions sous-titrées en anglais à Paris et dans de nombreuses villes de province. Elle en est aussi la programmatrice. « Nous ne proposons pas que les films mais une expérience complète pour se familiariser avec la culture française et faire des rencontres », explique-t-elle à 20 Minutes. Apéro, spectacles en rapport avec le film ou débats avec les équipes sont proposés en marge des projections. « L’idée est aussi de permettre à des étrangers qui ne connaissent personne en France de se parler tout en découvrant un pan important de la culture française : le cinéma », déclare Manon Kerjean.

Et ça fonctionne bien. « En neuf ans, nous avons attiré 50.000 spectateurs pour 500 séances, constate Manon Kerjean. Mais cela a demandé un travail de fourmi d’arriver à toucher ce public très ciblé. Il faut aller le chercher ». Etudiants, retraités et couples binationaux fréquentent ses événements. On y retrouve beaucoup d’Américains mais aussi d’autres nationalités de spectateurs capables de comprendre les sous-titres de grands succès français, de classiques du cinéma ou d’œuvres (documentaires comme fictions) abordant des sujets de société.

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Des JO cinéphiles

Manon Kerjean propose une programmation spéciale JO cet été mais les grandes firmes comme Gaumont (Intouchables) et Pathé (Le Comte de Monte-Cristo) ont aussi répondu présents pour rendre leurs films accessibles aux visiteurs venus du monde entiers. « La présence des touristes est vraiment marginale à nos projections, insiste Manon Kerjean. Nous y voyons plus d’expatriés ou d’étudiants. On verra si les JO changent la donne ». Elle a choisi de tenter l’expérience alors qu’elle ferme d’habitude boutique pendant la trêve estivale.

Même son de cloche du côté de Pierre Forette et Thierry Wong. « Nous ne pensons pas que cette sortie sous-titrée changera la carrière d’Un p’tit truc en plus de façon radicale mais nous aimons l’idée que le film soit accessible pour un public encore plus large. C’est un peu dans son ADN. »

Vers un nouveau phénomène ?

Les résultats au box-office de ces belles initiatives donneront peut-être de nouvelles idées aux distributeurs après les JO. « Au cinéma au moins, il fera frais, confie Frank, américain et amateur de sport en visite à Paris. Alors, j’essaierai peut-être d’aller voir un film français au hasard entre deux épreuves, histoire de me dépayser totalement ». Un argument comme un autre pour s’initier au « french 7e art ».