Relations amoureuses : « J’étais un peu dubitative »… Sur les applis de dating, le sport remplace les bars
échecs et match (2/5)•Sur les applications de dating, beaucoup d’adeptes plutôt sportifs s’affichent dans leurs tenues d’athlète. Certains proposent même à leurs futurs « dates » des rencontres assurées 100 % transpiLina Fourneau
L'essentiel
- Ces dernières années, les applications de rencontre se sont confortablement fait une place dans notre société. Facilitant les rencontres, elles se mettent parfois à dos leurs utilisateurs.
- Alors que de nombreux célibataires annoncent délaisser les applications, « 20 Minutes » consacre toute une série pour tenter de répondre aux futures questions qui se posent autour des nouvelles formes de rencontre.
- L’épisode 2 s’intéresse à ces passionnés de sport qui adaptent leurs rencontres à leurs hobbys.
L’été a été chaud à Paris. À l’occasion des Jeux olympiques, les applications de rencontre ont remarqué une hausse de leur fréquentation avec, derrière, l’espoir de matcher un sportif. Happn a par exemple signalé « des changements de comportement et l’augmentation des interactions » entre ses utilisateurs. Rien d’étonnant dans une période si particulière et alors que le sport s’est de plus en plus immiscé dans nos vies et dans nos relations sentimentales. En témoigne le nombre d’utilisateurs d’applications de rencontre qui s’affichent sur leurs photos en plein marathon, ou pratiquant leur sport préféré.
Le sport devient donc « un green flag » en ligne, comme l’avoue Emma, une étudiante de 23 ans. Elle n’est pas la seule. D’après une dernière récente enquête YouGov pour Bumble, près d’un Français sur deux de 18 à 24 ans a hâte de partager des moments sous le signe du sport et de la convivialité dans le cadre d’un rendez-vous amoureux et plus d’un tiers des célibataires interrogés voit la passion commune pour le sport comme une nécessité.
« On s’inquiète moins des jugements »
De là à proposer un date sportif comme première rencontre ? Pourquoi pas, répondent certains. C’est le cas d’Emma qui à son arrivée à Paris s’est inscrite sur Bumble. Première surprise, elle y retrouve très vite un ancien camarade de lycée, originaire du même coin qu’elle, « dans la campagne entre Lyon et Grenoble ». S’ils ne rencontrent pas sur le coup, les blagues fusent dans la conversation, dont Emma garde un bon souvenir.
Elipse narrative après un voyage à l’étranger de longue durée. Cette rentrée, de nouveaux messages sont à nouveau échangés. « Il a vu sur les réseaux sociaux que j’étais rentrée à Paris et a fini par me proposer une rencontre ». Plutôt original, à la salle de sport. « C’est lui qui m’a proposé ». Le choix n’est pourtant pas très étonnant. Tous les deux avaient déjà longuement échangé sur leurs salles de sport et de leur abonnement similaire. « J’étais un peu dubitative. Je me disais que ça pouvait être soit très drôle, soit ça peut être gênant si le mec est trop dans sa séance et s’il ne me calcule pas ».
Plus de peur que de mal. « J’y suis allée et c’était vraiment très drôle. Pour un premier date, c’était hyper sympa parce que tu n’as pas la même impression que dans un bar où tu as l’impression de faire ton CV. Là, on parlait de la séance, on se moquait des gens à côté. On s’inquiète moins des jugements et au moins on sue ensemble ». Reste la question de l’apparence. « La salle de sport, tu es quand même moins vêtu et il voit tout ton physique. Mais après je me suis dit : "Au moins il sait à qui il a affaire" ». Seule règle, selon Emma : Prolonger la rencontre en proposant un repas à la sortie.
Plus de défis, plus d’attractivité
S’il a déjà été prouvé que le sport rapprochait les individus en couple, il pourrait en être de même pour ceux qui ne se connaissent pas. D’après une étude publiée aux débuts des années 2000 par des chercheurs américains, une attirance peut être créée avec quelqu’un d’étranger par l’activité physique. Résultat : plus le défi sportif était élevé, plus l’attraction était élevée.
Depuis, le culte de la performance s’est bien installé dans la société. « A partir du moment où l’idée de performance est valorisée sur le marché des rencontres, le fait d’être engagé dans une activité qui place la performance au cœur de ce qu’elle propose permet certainement de valoriser l’individu. Le fait d’être actif est aussi quelque chose perçu comme positif, associé à la jeunesse, à la santé, à la beauté », note le sociologue du sport Nicolas Penin dans un entretien accordé à l’ADN.
Et ajoute : « Nous sommes dans une société de loisirs. En partageant les mêmes centres d’intérêt et de loisirs, on peut partager ces temps valorisés. Ce serait au contraire étonnant qu’une place importante ne soit pas faite dans ces applications de rencontre à ces activités de loisirs ».
Des sports « red flag » ?
Si ces histoires traduisent notre époque, peu osent assumer « dater » dans une sortie course à pied, ou en s’échangeant quelques balles de tennis. Même anonymement. Pourtant qui n’a jamais entendu une histoire autour du sujet ? Untel a dragué au départ d’un triathlon, unetelle espère que le mec qu’elle apprécie sur Strava va lui envoyer plus que des kudos. Prononcer ne serait que le terme « club de running » fait sourire. « Ah oui, ça draguait pas mal dans ces groupes », avouent quelques adeptes.
Les nouvelles rencontres deviennent même une petite économie. Ces dernières années, plusieurs applications ont été créées dans le but de devenir le « Tinder du sport ». « Altclub est une application pour trouver des partenaires sportifs, c’est un réseau social. Mais comme sur tous réseaux sociaux, il peut y avoir plus si affinités », expliquait sur le plateau de BFM Business Eloi Castarède, le fondateur de l’application qui compte désormais 100.000 utilisateurs.
Toutefois, le club des amoureux du sport est select. D’un « green flag », certains virent au rouge. « Il y a des sports qui au contraire me font fuir si je les vois en photos sur leur profil, comme les gymnastes. Mais il y a des sports qui rendent les gens incroyablement sains. Le surf et le badminton par exemple », avoue Nicolas* qui y voit une manière de « comprendre la mentalité de la personne ».
*le prénom a été modifié
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