mammifèrePourquoi ne peut-on pas tuer et manger des hérissons ?

Mais pourquoi ne peut-on pas tuer et manger des hérissons ?

mammifèreAlors qu’un braconnier vient d’être condamné à de la prison pour avoir chassé des hérissons afin de les cuisiner et les manger, « 20 Minutes » fait le point sur ce petit mammifère fragile et sous pression
Parfois manger par les hommes, le hérisson est souvent écrasé par les voitures. (Illustration)
Parfois manger par les hommes, le hérisson est souvent écrasé par les voitures. (Illustration)  - M.Allili/Sipa
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Bien qu’il soit parfois consommé par les humains, il n’est pas bon de braconner et de manger les hérissons. Risque sanitaire, peine de prison, forte amende, le hérisson d’Europe est vulnérable et doit être protégé.
  • En France, les hérissons sont des animaux protégés par la loi depuis 1981, leur chasse étant strictement interdite, notamment pour assurer la survie de cette espèce sous pression et au faible taux de reproduction.
  • Le hérisson a un rôle important dans l’écosystème, comme régulateur d’insectes et de petits invertébrés nuisibles pour les cultures agricoles et l’environnement. Prédateur d’insectes et de petits invertébrés, il contribue à réduire l’utilisation de pesticides chimiques.

Il n’y a pas que les blaireaux qui arrivent à ouvrir un hérisson qui s’est mis en boule afin de le manger, les braconniers aussi. Dernièrement encore, un homme dans les Hautes-Pyrénées qui se targuait sur les réseaux sociaux de savoir comment les cuisiner, s’est fait griller. Il a été jugé mardi et a écopé de six mois de prison ferme et d’une amende de 6.900 euros qu’il devra payer à cinq associations pour la capture de près de 400 hérissons d’Europe. Au-delà du goût (on n’a pas testé), ses éventuelles valeurs nutritives, et même si la question peut paraître surprenante mais se pose au vu de l’actualité de ces petits mammifères : Peut-on tuer et manger les hérissons, et pourquoi ? 20 Minutes fait le point.

La réponse est évidemment non, et pour de nombreuses raisons. Non parce qu’ils ont une belle petite frimousse qui attire la sympathie. Ni pour être pris comme animal de compagnie, (ce qui arrive de plus en plus souvent et qui est interdit). Et encore moins parce que ses épines pourraient être mal digérées. Mais plus sérieusement parce qu’ils ont un rôle important dans l’écosystème et que c’est une espèce protégée.

Car la sauvegarde de ce singulier mammifère épineux, est d’une importance presque vitale pour les écosystèmes. Prédateurs d’insectes et de petits invertébrés, ils contribuent en effet à la régulation des populations de nuisibles tels que les limaces, les vers et les insectes ravageurs. Leur disparition, ou même tout simplement la diminution de leur nombre, pourrait avoir de graves conséquences pour les cultures agricoles et augmenterait la nécessité d’utiliser des pesticides chimiques, et donc nocifs pour l’environnement.

Des animaux protégés

Dans de nombreux pays européens, comme en France depuis 1981, les hérissons d’Europe sont protégés par la loi. Il est illégal de les capturer, de les détenir ou de les tuer et sa chasse est strictement interdite, souligne la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO). Inoffensif, vulnérable, avec un taux de reproduction faible, une protection est nécessaire pour assurer la survie de l’espèce, principalement menacée par la perte d’habitat, les tondeuses à gazon, les rencontres avec les pneus de voiture, les pesticides et la disparition des insectes, le réchauffement climatique qui perturbe l’hibernation.

« Une baisse générale du système immunitaire », révélée récemment par l’étude scientifique du Centre de sauvegarde de la faune sauvage (Chene), « explique aussi le déclin de la population des hérissons », relève Sara Stahl, présidente du centre de soins spécialisé Les P’tits Kipik qui travaille à la sauvegarde du hérisson d’Europe. « Ils ne sont pas encore classés sur une liste rouge. Nous n’avons pas de chiffre de sa population, mais ceux d’autres pays européens sont alarmants. La disparition s’accélère », souligne la spécialiste. « Il y a des régions en France où il n’y en a déjà quasiment plus. Les associations se sont rendu compte qu’il y avait un problème. Alarmées par la chute des populations de hérissons et la surmortalité dans certaines régions comme en Normandie, certaines ont lancé des études. »

Le manger n’est pas forcément une bonne idée

Selon France Nature Environnement, qui tente aussi de les recenser, sur 6.700 observations en 2023 faites partout en France, le nombre de signalements de hérissons vivants l’emporte toutefois (82 %) mais souligne que parmi les observations de hérissons morts, les collisions routières sont la principale cause de mortalité (83 %).

Bien qu’il soit parfois consommé par les humains, souvent par nécessité autrefois et par tradition à présent, notamment par les communautés du voyage, il est dit que sa saveur n’est pas à la hauteur des risques pris et qu’il est difficile à cuisiner. Mais une bonne raison de ne pas manger un mammifère dont l’espèce est sous pression, est également d’ordre sanitaire. Les hérissons sont en effet porteurs de nombreuses maladies transmissibles à l’homme. Parmi elles, la salmonellose, ainsi que des infections bactériennes en tout genre, parfois dangereuses. On ne vous souhaite pas un bon appétit….