Pour devenir milliardaire, il faut bien sûr avoir des talents de bâtisseur. Il faut aussi maîtriser la grammaire de la finance. Bernard Arnault vient de le démontrer récemment. Le patron de LVMH a en effet profité d’un alignement exceptionnel des planètes pour lancer une opération magistrale.

Première opportunité, le roi du luxe a profité de la sous-valorisation en Bourse de Christian Dior (la holding qui détient l’essentiel de ses titres LVMH) pour lancer une OPA et en récupérer 100% du capital. Dior était décoté d’environ 20%. Or Bernard Arnault propose de racheter les parts qui lui manquaient avec une prime de 18,4% par rapport au cours de l’action. Bref, il paie le juste prix, sans plus.

Pour financer cette opération à 12 milliards d’euros, Bernard Arnault apporte, c’est à nouveau bien joué, les actions Hermès qu’il détient encore et qui valent une fortune en Bourse, 459 euros, contre 102 euros quand il y est entré en 2007. Il complète le financement en empruntant à des taux encore historiquement bas. Voilà pour la première étape.

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La seconde étape est aussi savoureuse. Un fois l’OPA réalisée (elle devait débuter en juin), Dior, c’est-à-dire la famille Arnault, cédera sa filiale Dior Couture à LVMH. A quel prix ? Le P-DG de LVMH a proposé de payer au propriétaire – à lui-même donc – 6,5 milliards d’euros. Un montant très généreux, de l’avis des analystes et du patron lui-même. "Nous payons sans doute un peu cher, mais, dans trente ans, nous serons contents de l’avoir fait", a-t-il déclaré, sans doute pour prévenir les critiques éventuelles des actionnaires minoritaires de LVMH (qui réunissent 52% du capital). Nous estimons à 1,9 milliard le surcoût à leur charge. De la haute couture.

Avec Vincent Bolloré, président de Vivendi, on retrouve un schéma plus classique. Le milliardaire breton utilise les capacités financières des entreprises dont il prend le contrôle, avec une part minoritaire, pour faire remonter l’argent dans le groupe Bolloré. L’opération du moment, c’est l’OPA que Vivendi (contrôlé à 20,7% par Bolloré) lance sur Havas (contrôlé à 59% par le même). L’intérêt de l’opération pour Vivendi ne saute pas aux yeux.

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L’avantage qu’en tire le groupe Bolloré est en revanche évident : il récupère 2,3 milliards de cash sans réduire sa participation dans Vivendi. La maison mère de Canal+ va en effet financer le rachat d’Havas en s’endettant. Bien sûr, si cette absorption pèse à moyen terme sur le cours de Bourse de Vivendi, Vincent Bolloré reperdra ce qu’il a gagné.

Le dernier maestro est Marc Ladreit de Lacharrière, qui a défrayé la chronique pour l’emploi fictif qu’il est soupçonné d’avoir fourni à Penelope Fillon à la "Revue des deux mondes". Cet entrepreneur multicarte (il possède 40% des hôtels Barrière, Allo Ciné, les salles Zénith…) a annoncé une OPA sur les 6% du capital de son groupe Fimalac qu’il ne contrôle pas encore.

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Cette fois, c’est la prime par rapport au cours en Bourse, d’environ 20%, qui fait débat. Certains observateurs trouvent qu’elle ne tient pas suffisamment compte de la valeur de l’agence de notation Fitch, dont Fimalac possède toujours 20%. Céder cette pépite pourrait en effet rapporter plus d’un milliard de plus-value à Fimalac, et donc à son heureux propriétaire.

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