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Il y a 40 000 ans, l’art pariétal en Indonésie aussi !
Il y a 40 000 ans, l’art pariétal en Indonésie aussi !
Les peintures pariétales retrouvées sur l’île indonésienne de Sulawesi ont été scientifiquement datées de – 40 000 ans.
La découverte
En 1906, les naturalistes suisses Fritz et Paul Sarasin, de retour d’une expédition scientifique en Indonésie, avaient évoqué l’existence d’abris sous roche, de grottes, de peintures rupestres, mais sans rentrer dans les détails. En 1950, c’est l’archéologue néerlandais HR van Heereken qui décrit le premier les peintures rupestres autour de Maros. Les publications, depuis cette époque, sont peu nombreuses, même si les chercheurs indonésiens ont réalisé d’importants travaux dans les grottes. Les études, à l’époque, laissaient penser qu’elles avaient été peintes il y a 4 à 10 000 ans suivant les estimations.
Les différentes représentations des grottes de Maros-Pangkep ont été réalisées avec de l’oxyde de fer mélangé à de l’eau. En dehors des mains négatives, les artistes ont peint des animaux : des babiroussas, sortes de suidés (cochons sauvages) et des bovidés nains endémiques…
L’étude
L’étude, publiée dans la revue Nature, a été dirigée par l’archéologue Maxime Aubert (Université de Griffith en Australie). Les scientifiques ne pouvant pas dater les peintures en elles-mêmes, ce sont les coulées de calcite qui ont fait l’objet d’analyses. Aubert et ses collègues ont ainsi recueilli 19 échantillons prélevés sur les bords de 14 œuvres d’art, à travers sept sites rupestres. Ils ont pu comparer les taux d’uranium et de thorium contenus dans les échantillons et déterminer des datations.
« Si nous ne pouvons pas dater la peinture elles-mêmes, nous pouvons dater le carbonate de calcium qui s’est formée sur le dessus de la peinture», explique l’archéologue. Et il rajoute
« Si j’ai un échantillon au-dessus de la représentation, c’est un âge minimum, et si c’est sous la peinture, alors c’est un âge maximum».
Les résultats
Les datations obtenues s’échelonnent entre – 39 900 ans (contour d’une main négative) , -35 400 (babiroussa) et – 27 000 ans. Cela signifie que plusieurs générations d’artistes se sont succédé pendant au moins 13 000 ans…
Cette ancienneté est également comparable à celle des peintures pariétales en Europe, comme la grotte Chauvet en France (-39 000 ans) ou à El Castillo en Espagne, dont la dernière étude fait remonter les peintures rupestres à – 41 000 ans.
Discussion et réactions
Jusqu’à ces dernières années, fautes d’autres éléments, les scientifiques ne pouvaient que constater que les plus anciennes peinture pariétales étaient toutes en Europe et majoritairement en France. Il semblait s’être passé une révolution culturelle il y a 40 000 ans chez nos ancêtres avec une « explosion » de l’art pariétal.
Avec cette nouvelle découverte l’histoire des origines de l’art n’est donc plus clairement l’apanage de l’Europe et il faut partager cette évolution de l’humanité avec des contrées lointaines ! Il faut également se souvenir qu’un dehors de l’art pariétal il existe quelques éléments dans le monde montrant des velléités artistiques des hominidés comme le bloc d’ocre strié de Blombos (Afrique du Sud) daté de – 70 000 ans !
« Cette étude offre un nouveau point de vue sur les origines de l’homme, et sur le moment où nous sommes devenus cognitivement modernes», explique Maxime Aubert, «Cela change le « où et le quand » notre espèce est devenue consciente d’elle-même et a commencé à penser de façon abstraite, à peindre et à sculpter des figurines.«
Le professeur Christ Stringer déclare : « cette découverte nous permet de sortir du point de vue eurocentrique d’une explosion créative qui aurait été spécifique à l’Europe »
C.R.
Sources :
Nature
BBC
Smithsonian.com
ABC Sciences
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Bornéo, la mémoire des grottes Luc-Henri Fage et Jean-Michel Chazine Fage Editions Bornéo, la mémoire des grottes est le témoignage d’une aventure hors du commun, racontée par les protagonistes eux-mêmes: la découverte exceptionnelle d’un art pariétal vieux de plus de 10000 ans qui éclaire les processus de peuplement entre Asie et Australie. Depuis 1988, mission après mission, se dessine le profil des populations anciennes de Bornéo, probablement apparentées aux Aborigènes d’Australie, et les relations particulières qu’elles ont tissées avec les cavernes en créant un art rupestre caractérisé par l’abondance de mains négatives: on en a dénombré près de 2000, qui permettent de proposer de nouvelles interprétations de ce motif universel. Cet ouvrage magnifiquement illustré nous fait découvrir la richesse, la complexité et l’ancienneté de cette région du monde aujourd’hui menacée. | |
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