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Ce que l’art préhistorique dit de nos origines
Emmanuel Guy Flammarion
Une nouvelle hypothèse pour expliquer l’Art préhistorique pariétal. Analyse de l’art pariétal comme le signe de l’existence d’une société hiérarchisée au paléolithique, ainsi que comme expression par des lignages dominants de leur suprématie et de leurs origines mythiques.
Présentation par l’éditeur :
Que nous dit l’art préhistorique des sociétés qui l’ont produit ? À distance des interprétations religieuses communément admises, ce livre suggère d’en repenser la valeur sociale. Ce n’est pas sans raison, en effet, que l’art des grottes se signale, dès ses origines, par un goût marqué pour l’imitation. L’histoire de l’art nous rappelle à juste titre que le prestige suscité par l’imitation sert toujours les intérêts politiques d’une élite (voir la Grèce athénienne ou la Renaissance florentine). Mais plus encore, le savoir-faire exceptionnel qui est mis en œuvre dans les grottes révèlerait déjà des statuts différenciés entre les individus ; il nécessite à l’évidence un apprentissage et repose de surcroît sur des prédispositions naturelles que tous ne possèdent pas.La conséquence est majeure : les inégalités ne seraient pas nées, comme on le croit ordinairement, au Néolithique avec l’apparition de l’agriculture, mais dès le Paléolithique récent, en lien avec l’émergence d’un système économique fondé sur le stockage des ressources sauvages. La captation de ces surplus par une minorité aurait ainsi permis l’apparition de lignages dominants, et l’art des grottes aurait, dans cette optique, le rôle clé d’affirmer cette hiérarchie : équivalent d’un code héraldique, il permettrait à une caste de se différencier en se prévalant de ses origines mythiques. D’établir, en somme, les bases d’un « paléocapitalisme » préhistorique.
352 pages,
10 pages présentant 25 images
15,2 x 24 cm
Broché
Hominides.com
Une nouvelle hypothèse pour expliquer l’art préhistorique ce n’est pas fréquent… D’autant plus que les théories sur le sujet se sont multipliées avec parfois un goût prononcé pour le fantastique, l’irrationnel et surtout l’invérifiable*…
Ici l’auteur commence par essayer de répondre à des questions concrètes comme… Qui a réalisé les représentations… Pourquoi on retrouve des œuvres très abouties à des périodes très espacées et des dessins à peine esquissés… Pourquoi les animaux sont si bien représentés alors que les hommes sont le plus souvent ébauchés… Pourquoi l’art pariétal et mobilier s’est brusquement stoppé il y a 10 000 ans…
C’est en apportant desréponses à toutes ces questions que la théorie se construit peu à peu devant le lecteur.Pour Emmanuel Guy les artistes paléolithiques avaient un tel savoir-faire naturaliste qu’il est impossible de les imaginer cueillant des baies le matin, chassant le renne l’après-midi et passant la soirée au fond d’une caverne à dessiner un ou deux aurochs. Il apparait donc que ces « artistes » appartenaient à une sorte de caste qui était formée depuis son plus jeune âge afin d’observer, représenter, dessiner, imiter la nature.
Ces spécialistes étaient sous la protection d’une autorité qui leur permettait ainsi un apprentissage constant, libéré de toute contingence matérielle. Cette autorité protectrice (famille ou clan) utilisait les talents des artistes ainsi formée pour marquer son territoire et en particulier les ressources naturelles comme la pèche, la chasse, la cueillette… Cette autorité qui régnait sur un territoire, faisait des stocks de nourritures, devait former une sorte de noblesse au-dessus des autres hommes. Emmanuel Guy indique par-là que les inégalités dans les populations de chasseurs cueilleurs ne seraient pas seulement apparues au néolithique mais qu’elles trouveraient leurs origines dans les temps paléolithiques. Ce donne donc aux hommes préhistoriques des statuts différents avec probablement des privilèges, des devoirs, des interdits…
L’hypothèse d’Emmanuel Guy est bien entendu beaucoup plus riche et détaillée que ce compte rendu. Elle apporte surtout beaucoup de réponses aux questionnements habituels sur l’art pariétal et rupestre et donne des explications cohérentes sur l’ensemble de ces manifestations artistiques préhistoriques. Une nouvelle hypothèse sur les origines de l’art préhistorique à prendre en compte…
C.R.
L’auteur, Emmanuel Guy
Historien de l’art paléolithique, docteur en préhistoire, Emmanuel Guy est l’auteur de Préhistoire du sentiment artistique (Les Presses du réel, 2011).
Sommaire de Ce que l’art préhistorique dit…
Avant propos
Introduction
Cahpitre premier. Des chasseurs-cueilleurs inégalitaires
Chapitre 2. Ressources naturelles et stockage alimentaire
Chapitre 3. D’autres signes de division sociale du travail
Chapitre 4. Une noblesse héréditaire
Chapitre 5. Des lieux de pouvoir
Chapitre 6. Une héraldique paléolithique
Chapitre 7. L’origine du naturalisme
Chapitre 8. Le cas Qurta
Chapitre 9. La disparition brutale de l’art paléolithique
Chapitre 10. Discussion et prolongements
Conclusion
Bibliographie
Table des crédits photographiques
Remerciements
Un extrait de Ce que l’art préhistorique dit de nos origines
« Le choc que provoquent les peintures paléolithiques de grotte Chauvet (Ardèche), rendues mondialement célèbres par un documentaire de Werner Herzog, réside dans la contradiction apparente entre leurs ancienneté (elles datent d’environ 35 000 BP) et leur très haut niveau d’aboutissement : justesse du train, finesse d’observation, effets de modelé par estompe, profondeur. Maitriser le dessin à ce point ne va pas de soi et demande à l’évidence un apprentissage… «