En Suisse, la prostitution est une activité légale considérée comme un service à la personne.20.000 femmes la pratiquent, le plus souvent dans des maisons closes.Regardez le reportage de "Sept à Huit" qui a suivi des travailleuses du sexe.
La police de Genève les appelle les "occasionnelles". Mais a 32 ans. Après s'être prostituée à Barcelone, cette styliste de formation vient d'arriver en Suisse. Elle a aussitôt obtenu un rendez-vous à la BTPI, la Brigade de lutte contre la traite d’êtres humains et la prostitution illicite, soit des policiers chargés de surveiller les lieux où s’exercent les relations tarifées et amenés à s’immerger dans ce milieu interlope.
Mais, que nous suivons dans le reportage "Sept à Huit" à retrouver en tête de cet article, et qui se fait surnommer "Patricia" pour le travail, est originaire du Brésil. Elle possède aussi la nationalité espagnole, un passeport européen qui lui permet d'exercer illégalement la prostitution pendant 90 jours. Son activité est considérée comme une profession libérale en Suisse, dans la catégorie "service à la personne". "Je ne me sens plus toute seule comme je me sentais dans certains endroits par le passé", dit-elle. "En Espagne, on est désemparés parce qu'on s'est fait vraiment exploiter par les maisons closes, les appartements, les clubs. Quoi qu'il arrive, si j'ai un problème, la police va vraiment venir, elle va me croire. Dans d'autres pays, ce n'est pas le cas." Ce rendez-vous à la BTPI lui permet alors de repartir avec une autorisation de travail officielle.
4 travailleuses du sexe se font enregistrer chaque jour à Genève
En Suisse, on dénombre pas moins de 150 salons érotiques, 40 agences d'escortes, une trentaine de bars à hôtesses au bord du lac Léman. Soit plus que le nombre de pharmacies. Et en moyenne, quatre travailleuses du sexe se font enregistrer chaque jour à Genève. Contrairement à la France qui pénalise les clients et interdit les maisons closes, elles ont pignon sur rue dans le pays depuis 1992.
Mais vient travailler dans la toute dernière maison close ouverte à Genève par un homme d'affaires français qui possède déjà plusieurs établissements en Espagne. D'apparence, la façade est discrète. Mais la maison close est en réalité ouverte 24h sur 24h, possédant six chambres flambant neuves, comme on peut le voir dans la vidéo en tête d'article : décoration feutrée, douche XXL, éclairage tamisé, rideaux de velours et miroirs au plafond. On se croirait dans un "hôtel-boutique", alors que la salle aveugle où les professionnels du sexe se préparent, elle, est moins chic.
Un business lucratif
Pour les apparences, seuls les talons sont imposés par la direction. Les filles s'habillent comme elles le souhaitent à condition d'être sexy. Les tarifs sont de 200 francs suisses les 30 minutes. 300 francs pour 45 minutes et 400 francs l'heure, soit 400 euros. Lorsque, dans le sas d'entrée, un client fait retentir la sonnette, les prostituées le voient sur la vidéosurveillance. Elles ont le droit de ne pas se présenter si ledit client ne leur plaît pas. L'hôtesse emmène alors le client dans une chambre. Les filles vont défiler l'une après l'autre devant lui. Quelques secondes seulement pour espérer séduire.
Les travailleuses du sexe sont indépendantes. La maison close prélève une commission, généralement 40%, comprenant la location de la chambre, la publicité sur Internet ou encore le wifi. Retrouvez plus d'informations, d'images, de portraits et de révélations dans le sujet de "Sept à Huit Life" en tête de cet article, consacré à ces professionnels du sexe qui rêvent de s'offrir un jour une vie plus douce et assument ce qu'elles disent être un choix.