Municipales La candidate PS est première adjointe au maire Patrick Rimbert Nantes tourne la page Ayrault

La capitale des Pays de Loire va devoir choisir un successeur au Premier ministre qui a dirigé la ville jusqu’à son arrivée à Matignon. Aboudée par Jean-Marc Ayrault, Johanna Rolland entend imposer sa personnalité.
Jean-Pierre TENOUX - 03 mars 2014 à 05:00 - Temps de lecture :
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Jean-Marc Ayrault, en déplacement officiel avec le ministre des Transports Frédéric Cuvillier dans sa ville de Nantes, s’affiche aux côtés de Johanna Rolland. Photo AFP
Jean-Marc Ayrault, en déplacement officiel avec le ministre des Transports Frédéric Cuvillier dans sa ville de Nantes, s’affiche aux côtés de Johanna Rolland. Photo AFP

Au loin, une poignée d’anti-mariage pour tous s’époumone sous le regard résigné de CRS désormais rompus au rituel. Entre Jean-Marc Ayrault et son ministre des Transports Frédéric Cuvillier, Johanna Rolland, chef de file PS à Nantes pour l’élection municipale, progresse silhouette menue mais décidée entre l’immense station où s’est arrêté le tram-train inaugural et la tente où doivent être prononcés les discours. Ce vendredi 28 février, elle s’efforce de rester naturelle, en dépit des bourrasques qui soufflent sur la Loire-Atlantique et du mur des professionnels de l’image qui ralentit l’avance du trio.

Marionnette et sous-marin

Matignon préfère éviter les malentendus. « Ce n’est pas un déplacement de soutien mais une visite officielle », rappellent des conseillers. Johanna Rolland est certes légitime à la cérémonie puisqu’elle est première adjointe à Nantes. Et qu’y peut Jean-Marc Ayrault, 133e maire de la cité ducale qui régna vingt-trois ans, « si des projets qu’il a portés aboutissent maintenant ? », suggèrent les mêmes, sans rire. Comme cette liaison ferrée mixte qui desservira la périphérie. C’est pourtant là que réside la difficulté pour Johanna Rolland, que certains de ses concurrents feraient volontiers passer pour une « marionnette » : exister par elle-même. Au Parti des Nantais, équipe qui se veut « apolitique » derrière le chef d’entreprise Pierre Gobet, mais en partie animée par des déçus de l’UMP qui a refusé d’investir ici l’ancienne ministre Marie-Anne Montchamp, on tape fort. A écouter Marie-Sixtine Le Calvé et Elisabeth Costagliola, deux colistières, le « patron » caché du prochain mandat serait en réalité le directeur général des services de la ville. Un « sous-marin » de Jean-Marc Ayrault, bien sûr. Cela, et le tout reste, Johanna Rolland, cadre territorial de 34 ans, en a conscience. Comme l’UMP Laurence Garnier , 36 ans, ex-cadre chez PSA, qui tentera de reconquérir cette ville perdue en 1989, et la candidate Europe Ecologie-Les Verts, Pascale Chiron , architecte-urbaniste de 39 ans, elle sait que le scrutin survient à un moment charnière. C’est la fin d’un cycle historique, entamé en 1977 quand la « vague rose » emporta les grandes villes de l’Ouest. Changement de génération, de style, de visions : que trois femmes trentenaires soient aux avant-postes de la bataille ne l’étonne pas. « Ce n’est pas un hasard si cela se passe à Nantes », estime-t-elle. Convaincue que si la ville est aussi un « exemple » de modernité politique et sociétale, c’est à Jean-Marc Ayrault, ombre tutélaire, qu’elle le doit. « Mais je ne suis pas candidate pour gérer les acquis, d’ailleurs je ne l’aurais pas accepté, j’ai de la volonté et de l’imagination », s’empresse-t-elle de corriger.

Catholique revendiquée

La capitale des Pays de Loire parlait quartiers, transports, attractivité, fiscalité, insécurité quand les casseurs greffés à la manifestation hostile à l’aéroport de Notre-Dame des Landes, samedi 22 février, ont tout gâché. Le différend sur le fond du dossier, acté depuis l’origine, n’expliquait pas seul que Pascale Chiron, alliée au PS dès le premier tour autrefois, mène sa liste EELV autonome. Le mode de gouvernance municipal, en particulier, faisait débat. Mais la gauche nantaise avait appris à vivre avec ses bisbilles. Le saccage, la communication floue de certains Verts à chaud, les mots de Jean-Marc Ayrault, la bourde du président PS de Région, Jacques Auxiette, exigeant « l’expulsion immédiate » des occupants du site, ont réactivé la polémique. Après avoir vanté le tram-train, le Premier ministre ne s’y est pas trompé qui a redonné vendredi du temps au temps avant que l’Etat ne fasse appliquer ses décisions. Sous couvert des échéances du droit mais pour pacifier son camp, surtout.

Il en faudrait plus pour dissuader l’accrocheuse Laurence Garnier de surfer sur l’aubaine. « Comment Johanna Rolland et Pascale Chiron peuvent-elles faire croire que tout sera oublié au soir du 23 mars et s’unir ? », s’amuse cette catholique revendiquée qui, parmi d’autres partenaires, a rallié le Parti chrétien-démocrate de Christine Boutin à sa cause. « Nous travaillons au premier tour et ce sont les résultats qui conditionneront la négociation », répliquent les intéressées. Au Parti des Nantais, Pierre Gobet y voit la justification de sa démarche : « Les gens n’en peuvent plus de ces partis politiques qui ont montré leur inefficacité et se complaisent dans les arrangements ».