Vosges | Politique Jean Richard, maire sortant au Val-d’Ajol, met sa défaite sur le dos de l’exécutif
Quitter la mairie du Val-d’Ajol dans des conditions aussi dramatiques, Jean Richard, maire sortant battu en mars dernier, en a gros sur le cœur.
Il vient de déposer un recours auprès du tribunal administratif pour s’en prendre au gouvernement, « irresponsable », qui a maintenu le premier tour des municipales malgré le contexte épidémique. « Des dommages collatéraux ont complètement changé le cours du vote. » Il pense aux Ajolais touchés par le Covid-19, jusque dans son équipe, « une dizaine de personnes, pas toutes hospitalisées » ; le remplacement à la dernière minute d’assesseurs, transits de peur ; et la mort de l’industriel Hervé De Buyer. Le discours inquiétant de l’exécutif aurait éloigné les électeurs des urnes, avec une abstention à 44,70 % des inscrits (39,16 % en 2014). « Les plus fragiles sont restés chez eux. » Une bonne partie de ses électeurs, d’après lui. « Vu mon âge, c’est mon électorat qui n’est pas venu. En face, ils ont fait le plein. »
« Mon recours n’a rien à voir avec le vote local »
Il comprend le choix d’un dimanche sous cloche et tient responsables les cadors de la majorité présidentielle. « Mon recours est un discours de protestation ; il n’a rien à voir avec le vote local Ils auraient pu attendre un an de plus, ça n’aurait pas été la première fois », insiste l’ancien maire. L’homme aux 30 ans de vie publique portait l’écharpe tricolore depuis 2008. « J’ai fait deux mois et demi de plus et on me dit gentiment de prendre la porte. » Jean Richard accuse un double uppercut. Il s’est représenté pour gagner. « Quand on se bat, c’est pour ça. » Il comptait sur son bilan pour engranger un troisième mandat de maire, « mais ça ne suffit pas ». Sa liste « Passion commune, Le Val-d’Ajol » est créditée de 46,05 % des voix, contre 53,95 % pour la liste opposante « Val-d’Ajol, Val d’avenir » menée par Anne Girardin , élue maire. Soit 141 voix d’écart.
Plus de 700 voix perdues
En six ans, Jean Richard , même seul en compétition en 2014, a perdu 707 voix. « La défaite, je l’accepte ; je ne critique pas, je ne torpille pas les gens aux responsabilités mais je suis en droit de me poser des questions. » D’autant qu’en 2008, malgré une liste adverse, il avait remporté la mise avec 400 voix de plus. Il dit n’avoir jamais sous-estimé ses adversaires. Sa botte secrète : le travail. « Toute ma vie, je l’ai passée au boulot. J’ai passé 40 ans sans vacances. J’ai marqué la commune. Je laisse une collectivité en bon état financier avec des projets dans les tuyaux », se félicite Jean Richard. Il ne siège pas au conseil municipal, il a démissionné, mais reste maire honoraire. Une petite consolation.