102e régiment d'infanterie (France)

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Le 102e régiment d'infanterie (102e RI) est un régiment d'infanterie de l'Armée de terre française créé sous la Révolution à partir d'une grande partie de la garde nationale soldée de Paris qui avait été elle-même presque entièrement composée d'hommes venant du régiment licencié des Gardes françaises.
De cette dislocation sont également créés les 103e et 104e régiments d'infanterie[1].

102e régiment d'infanterie
Image illustrative de l’article 102e régiment d'infanterie (France)
Le drapeau du 102e RI salué par Woodrow Wilson à Suresnes le .

Création 1791
Dissolution 1940
Pays Drapeau de la France France
Branche Armée de terre
Type Régiment d’infanterie
Rôle Infanterie
Devise Ex serviture libertas
Inscriptions
sur l’emblème
Valmy 1792
Zurich 1799
Wagram 1809
Fort du Pei-ho 1860
L'Ourcq 1914
Reims 1918
Somme-Py 1918
Anniversaire Saint-Maurice
Guerres Guerres de la Révolution
Guerres napoléoniennes
Seconde guerre de l'opium
Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Fourragères Aux couleurs de ruban de la croix de guerre 1914-1918
Décorations Croix de guerre 1914-1918
deux palmes

Création et différentes dénominations

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Colonels/Chef de brigade

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(**) officier devenu par la suite général de brigade
(***) officier devenu par la suite général de division

Historique des garnisons, combats et batailles du 102e RI

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102e régiment d'infanterie de ligne (1791-1792)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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Le 102e régiment est créé par décrets des et à partir d'une grande partie de la garde nationale soldée de Paris qui avait été elle-même presque entièrement composée d'hommes venant du 1er et 2e bataillons du régiment licencié des Gardes françaises[Note 1],[16],[17].

Le 20 septembre 1792, pour son baptême du feu, le 1er bataillon du 102e régiment d'infanterie, rattaché à l'Armée du Centre[17], prend part à la bataille de Valmy. Il défend le Moulin de Valmy, au centre de l'attaque prussienne repoussée par l'artillerie française[18]. Le bataillon rejoint ensuite l'armée de la Moselle[19]. Le 2d bataillon qui était resté en garnison à Nancy rejoint le 1er en décembre 1792 puis le régiment est à nouveau séparé en juillet 1793[20].

Le 1er bataillon du 102e rejoint en juillet 1793 l'Armée du Nord et stationne près de Lille. Il ne participe pas à la bataille de Hondschoote le 8 septembre[21], mais il combat à la bataille de Menin le 13[22] et est anéanti à la bataille de Marchiennes le 31 octobre 1793[23].
En août 1793, le 2e bataillon, combat près de Saint-Ingbert dans la Sarre et reflue face à l'attaque allemande le 17[20]. Le 20 août, après avoir pris le village de Röderich à une petite force prussienne, une colonne de 4 000 soldats, dont le 2e bataillon, est contre-attaquée par 22 000 Prussiens. Les Français échappent de peu à l'anéantissement total pendant leur repli sur Schorbach[24]. Envoyé à Main du Prince en octobre, le régiment en est chassé par une importante force ennemie, et se replie vers Dambach. Affecté à l'Armée du Rhin en retraite depuis Wissembourg, il est engagé à Saverne, où les Prussiens sont stoppés le 23 octobre[25]. Il combat ensuite à Mittersheim le [26], sur le Geisberg le 26, sur la Lauter le 28 décembre.

Début janvier 1794 il participe au siège de Fort-Louis[27], puis avec l'armée de la Moselle il se trouve aux combats d'Arlon en avril 1794. Il part ensuite à Longwy[28], où il défend les arrières de l'armée française jusqu'en septembre. Fin octobre, il participe au siège du château de Rheinfels, évacué par les Hessois le 2 novembre[29].

Conformément aux lois du , du et au décret de la Convention du 17 nivôse an II (), on s'occupait de l'embrigadement des troupes de ligne avec les bataillons de volontaires.

102e demi-brigade de première formation (1793-1796)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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Conformément aux lois du , du et au décret de la Convention du 17 nivôse an II (), on s'occupait de l'embrigadement des troupes de ligne avec les bataillons de volontaires.
La 102e demi-brigade de bataille est formée en 1794, de l'amalgame

Affectée à l'armée d'Italie[30], il participe à la bataille de Saorge face aux Piémontais le 29 avril 1794, puis à la prise et à la défense du col de Tende, les 7 et 8 mai[31]. Les opérations offensives sont stoppés après la chute de Robespierre le 27 juillet[32].

Après la reprise des combats, les trois bataillons de la 102e combattent à la bataille de Loano le 23 et 24 novembre 1795[33].

Le 21 germinal an IV () la 102e demi-brigade amalgamé dans la 69e demi-brigade de de deuxième formation[34].

102e demi-brigade de deuxième formation (1799-1803)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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La nouvelle 102e demi-brigade est formée le 11 ventôse de l'an IV (), par l'amalgame des anciennes

En 1796, affectée à l'armée de Sambre-et-Meuse[36], elle prend part à la campagne d'Allemagne. Elle couvre l'armée française face à Mayence en juin[37], puis passe le Rhin à Neuwied (2 juillet). Les 2e et 3e bataillons, participent aux sièges d'Ehrenbreitstein et le 1er bataillon à celui de Cassel[38]. Les sièges sont levés le 18 août (Ehrenbreitstein) et le 12 septembre (Cassel), face à l'avancée des Autrichiens[39]. Réunie, la demi-brigade participe à la bataille de Limbourg (16 septembre), aux combats retardeurs de Molsberg et Freilingen (18 septembre), puis à la bataille d'Altenkirchen (19 septembre)[40], où Marceau est tué. L'armée reste ensuite inactive[41], se contenant de bloquer une tentative d'infiltration sur la Nahe en octobre 1796[42].

La demi-brigade est à Coblence depuis mars 1797 dans la division Championnet lorsque l'offensive reprend le 17 avril 1797[42]. Elle combat à Herborn et Steinberg (près d'Ehringshausen) le 21 avril, puis l'avancée française s'arrête après la paix de Leoben[43].

En 1799, affectée à l'armée du Danube, elle prend part à la campagne de Suisse, et participe à la première bataille de Zurich. Après avoir pris position à Dietikon, où elle franchit la Limmat, elle se dirige sur Regensdorf, et s'établit sur les hauteur dominant Zurich. Le , bloquant la route de Winterthour, elle soutient, avec la 10e demi-brigade légère et la 37e demi-brigade de deuxième formation, un combat opiniâtre contre les forces Russes, de 10 heures du matin jusqu'à la nuit.

En 1800, affectée à l'armée du Rhin puis à l'armée d'Italie, la 102e demi-brigade prend part à la campagne d'Italie, et se distingue à Solférino, Cavriana et Monzambano.

102e régiment d'infanterie de ligne (1803-1815)

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Guerres de la Révolution et de l'Empire

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Le 1er vendémiaire an XII (), la 102e demi-brigade est renommée 102e régiment d'infanterie de ligne.

De 1807 à 1814 le 102e de ligne fait les campagnes en Italie, en Allemagne, en Catalogne...

Parmi les faits d'armes on peut citer :
En octobre 1808, la prise de Capri sous les ordres du général Lamarque.
Le , lors de l'assaut du fort de Malborghetto.
Le , à la bataille de Raab.
Le 7 octobre de la même année lors du combat de Saffnitz.

armées d'Italie et de Naples. colonel Espert.

  •  : Le 102e régiment d'infanterie de ligne prend le no 83. Le no 102 devient vacant[44].
  • Un décret du rendit aux anciens régiments d'infanterie de ligne les numéros qu'ils avaient perdus sous la première restauration; le 102e régiment d'infanterie de ligne reprend son nom[44].

Il est licencié à la Seconde Restauration. Ses cadres sont versés à Mont-de-Marsan dans la 38e légion départementale qui prend le nom de légion des Landes, les 1er et 2e bataillons sont dissous à Belfort le 15 septembre et les 3e, 4e, 5e et 6e bataillons à Niort le 12 septembre[45].

Lors de la réorganisation des corps d'infanterie français en 1820, le 102e régiment d'infanterie de ligne n'est pas recréé, son numéro reste vacant jusqu'en 1855.

102e régiment d'infanterie de ligne (1855-1856)

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Second Empire

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Un décret du crée le 102e régiment de ligne, composé de 4 bataillons à 6 compagnies[46].

Le 102e ne fait participe pas à la guerre de Crimée et demeure à Lyon où il est licencié, le 15 mai 1856, après la paix[47].

102e régiment d'infanterie de ligne (1859-1862)

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Second Empire

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Un décret du crée de nouveau le 102e régiment d'infanterie de ligne, formé comme les autres régiments à 4 bataillons dont 3 bataillons de guerre à 6 compagnies, dont 2 d'élite et un dépôt à 6 compagnies de fusiliers. Les 24 compagnies du 102e furent fournies par les 5e, 7e, 10e, 13e, 16e, 17e, 31e, 32e, 35e, 36e, 39e, 42e, 47e, 57e, 62e, 63e, 66e, 67e, 79e, 83e, 94e, 95e, 96e et 97e régiments d'infanterie.

En 1860, le 102e participe à la campagne de Chine[48] et prend part aux différents combats. Il participe à la prise des forts du Peï-Ho le 21 août[49], à la bataille de Zhangjiawan le 18 septembre[50] et au sac du Palais d'Été, à Pékin en octobre 1860[51]. Le régiment rejoint Tianjin le 6 novembre puis le 1er bataillon est envoyé à Shanghai en mai 1861[52]. Débarqué à Toulon le [53], le régiment est licencié le 1er avril suivant[2].

102e régiment d'infanterie de ligne (1872-1882)

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De 1872 à 1914

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Un décret du président de la République en date du 10 avril 1872 ayant prescrit que les régiments provisoires devenaient définitifs et prendraient la dénomination de régiment de ligne avec un numéro de série, le 2e régiment d'infanterie provisoire prend la dénomination de « 102e régiment d'infanterie de ligne »[54] et reste à la caserne Charras à Courbevoie qu'il occupe depuis le 28 mars 1872.
Le 1er mai 1872 il forme les deux premières compagnies d'un 4e bataillon et le 26 Septembre, de la même année, les quatre dernières compagnies de ce bataillon sont constituées.

En 1873, 3 compagnies du 102e passe au 130e régiment d'infanterie

Conformément à la loi du 13 mars 1875, le régiment est constitué à 4 bataillons de 4 compagnies, plus 2 compagnies de dépôt. Pour ce faire, 3 compagnies sont supprimées en avril 1875, et les hommes sont versés dans les autres compagnies, les officiers mis à la suite.

Le 102e régiment demeure dans le gouvernement militaire de Paris, avec un détachement à Laval jusqu'en 1878, ou le régiment est envoyé en entier dans la ville préfecture de la Mayenne et rattaché au 4e corps d'armée[55].

Il ne participe à aucune opérations actives avant la Première Guerre mondiale.

102e régiment d'infanterie

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Casernement en 1914 : Paris, Chartres.

À la mobilisation, il se dédouble en donnant naissance au 302e régiment d'infanterie.

Le régiment est affecté à la 13e brigade d'infanterie, 7e division d'infanterie, 4e Corps d'Armée. Le régiment reste à la 7e DI d’ à .

« Du 16 au 30 juillet 1918, sous le commandement du lieutenant-colonel Lepetit, a contre-attaqué l’ennemi pour arrêter son avance, l’a fixé, l’a attaqué énergiquement pour le forcer à la retraite et, le poursuivant pendant 12 kilomètres, a achevé glorieusement sa tâche en enlevant par une brillante manœuvre un village et une position fortement occupés. A fait plus de 150 prisonniers dont 4 officiers, et a capturé un matériel de guerre considérable. »

« Très beau régiment qui, sous le commandement énergique et l’habileté manœuvrière du lieutenant-colonel Lepetit, a montré pendant les combats qu’il a livrés du 25 septembre au 20 octobre 1918, dans deux secteurs différents, ses brillantes qualités offensives et son endurance. Le 8 octobre, a réussi à faire un bond de 800 mètres sur un glacis battu par les mitrailleuses ennemies et soumis à de violents tirs d’artillerie. Du 9 au 20 octobre, après avoir travaillé sans relâche dans un terrain très difficile à réduire l’ennemi par la manœuvre, a rompu sa ligne, l’a poursuivi sans trêve pendant 20 kilomètres et, grâce à son initiative, l’a empêché de s’établir entre le canal des Ardennes et l’Aisne, permettant ainsi les opérations de nettoyage de cette région. A fait plus de 100 prisonniers et a capturé un matériel de guerre considérable. »

  • remise par le général Debeney, commandant la 1re Armée, de la fourragère aux couleurs de ruban de la croix de guerre 1914-1918.

Le régiment est dissout le [56].

Formé le le 102e RI sous les ordres du lieutenant colonel Flouriot, il appartient à la 7e division d'infanterie de la 3e armée. À la division appartiennent également le 93e RI ; le 130e RI ; le 31e régiment d'artillerie divisionnaire ; le 231e régiment d'artillerie lourd divisionnaire ; le 40e groupe de reconnaissance divisionnaire, le 6e régiment du génie 1re et 2e compagnie ; 81e compagnie télégraphique ; 82e compagnie radio ; 4e compagnie hippomobile ; 4e compagnie auto ; 4e groupe d'exploitation divisionnaire ; 7e groupe sanitaire divisionnaire ; parc d'artillerie no 7.

Drapeau

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Il porte, cousues en lettres d'or dans ses plis, les inscriptions suivantes[57] :

 
Fourragère aux couleurs de la Croix de guerre 1914-1918

 

Décorations

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Sa cravate est décorée de la Croix de guerre 1914-1918 avec deux citations à l'ordre de l'armée  .

Il a le droit au port de la fourragère aux couleurs de ruban de la croix de guerre 1914-1918.

Ex servitute libertas (La liberté tirée de la servitude)

Personnalités ayant servi au régiment

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Culture

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Dans son roman "L'officier sans nom", Guy des Cars raconte l'épopée du 102e régiment durant la campagne de 1939-40.

Notes et références

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  1. De cette dislocation sont également nés les 103e et 104e régiments d’infanterie

Références

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  1. Histoire de l'armée française, Pierre Montagnon, Éditions Pygmalion 1997
  2. a et b Émile Simond : Historique des nouveaux régiments créés par la loi du
  3. a et b Lacolle 1896, p. 189.
  4. a et b Lacolle 1896, p. 190.
  5. a et b Lacolle 1896, p. 191.
  6. a et b Lacolle 1896, p. 192.
  7. a et b Lacolle 1896, p. 193.
  8. Lacolle 1896, p. 194.
  9. a et b Lacolle 1896, p. 195.
  10. Lacolle 1896, p. 196.
  11. a et b Lacolle 1896, p. 197.
  12. Lacolle 1896, p. 198.
  13. a et b Lacolle 1896, p. 199.
  14. Lacolle 1896, p. 200.
  15. « Les nouveaux généraux », Le Radical,‎ , p. 2 (lire en ligne)
  16. Pierre Montagnon, Histoire de l'armée française des milices royales à l'armée de métier, Paris, Pygmalion, coll. « rouge et blanche », , 355 p. (ISBN 978-2-7564-0935-1 et 978-2-857-04520-5, OCLC 938236252, lire en ligne)
  17. a et b Lacolle 1896, p. 5.
  18. Lacolle 1896, p. 8.
  19. Lacolle 1896, p. 11.
  20. a et b Lacolle 1896, p. 12.
  21. Lacolle 1896, p. 21.
  22. Lacolle 1896, p. 22.
  23. Lacolle 1896, p. 23.
  24. Lacolle 1896, p. 13.
  25. Lacolle 1896, p. 14.
  26. Lacolle 1896, p. 15.
  27. Lacolle 1896, p. 16.
  28. Lacolle 1896, p. 17.
  29. Lacolle 1896, p. 18.
  30. a et b Lacolle 1896, p. 27.
  31. Lacolle 1896, p. 30.
  32. Lacolle 1896, p. 31.
  33. Lacolle 1896, p. 36-37.
  34. Lacolle 1896, p. 38.
  35. Lacolle 1896, p. 41.
  36. Lacolle 1896, p. 44.
  37. Lacolle 1896, p. 45.
  38. Lacolle 1896, p. 46.
  39. Lacolle 1896, p. 47.
  40. Lacolle 1896, p. 48.
  41. Lacolle 1896, p. 49.
  42. a et b Lacolle 1896, p. 50.
  43. Lacolle 1896, p. 51.
  44. a et b Lacolle 1896, p. 129.
  45. Lacolle 1896, p. 132.
  46. Nos 144 Régiments de ligne par Émile Ferdinand Mugnot de Lyden
  47. Histoire de l'infanterie en France de Victor Louis Jean François Belhomme Vol 5 page 371
  48. Lacolle 1896, p. 136.
  49. Lacolle 1896, p. 139.
  50. Lacolle 1896, p. 141.
  51. Lacolle 1896, p. 143.
  52. Lacolle 1896, p. 144.
  53. Lacolle 1896, p. 145.
  54. Lacolle 1896, p. 153.
  55. Lacolle 1896, p. 154.
  56. « Suppression de régiments d'infanterie », La Charente,‎ , p. 1 (lire en ligne)
  57. Décision no 12350/SGA/DPMA/SHD/DAT du 14 septembre 2007 relative aux inscriptions de noms de batailles sur les drapeaux et étendards des corps de troupe de l'armée de terre, du service de santé des armées et du service des essences des armées, Bulletin officiel des armées, no 27, 9 novembre 2007

Annexes

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Sources et bibliographies

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Articles connexes

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Liens externes

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