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« Chapour Bakhtiar » : différence entre les versions

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| charte = Chef de gouvernement
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| nom = Chapour Bakhtiar<br /><small>شاپور بختیار</small>
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<!-- Paramètres recommandés d'identification ou d'état-civil -->
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<!-- Paramètres d'informations personnelles facultatives -->
<!-- Paramètres d'informations personnelles facultatives -->
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'''Chapour Bakhtiar''' {{persan|شاپور بختیار|aussi transcrit Shapour}} est un homme politique [[iran]]ien né le {{Date|26|juin|1914}} à [[Shahrekord]] ([[Iran]]) et mort assassiné le {{date|6|août|1991}} à [[Suresnes]] ([[France]])<ref name="note">{{Lien web|langue=fr |url=http://www.cf2r.org/fr/notes-historiques/l-assassinat-de-chapour-bakhtiar.php |titre=Note historique {{n°}}39 L'assasinat de Chapour Bakhtiar |site=Centre français de recherche sur le renseignement |auteur=Alain Rodier |année= |consulté le= 12 avril 2015}}.</ref>. Il a été le dernier [[Premier ministre d'Iran]] sous le [[chah]] [[Mohammad Reza Pahlavi]].
'''Chapour Bakhtiar''' {{persan|شاپور بختیار|aussi transcrit Shapour}} est un homme politique [[iran]]ien né le {{Date|26|juin|1914}} à [[Chahr-e Kord]] ([[Iran]]) et mort assassiné le {{date|6|août|1991}} à [[Suresnes]] ([[France]])<ref name="note">{{Lien web|langue=fr |url=http://www.cf2r.org/fr/notes-historiques/l-assassinat-de-chapour-bakhtiar.php |titre=Note historique {{n°}}39 L'assassinat de Chapour Bakhtiar |site=Centre français de recherche sur le renseignement |auteur=Alain Rodier |consulté le= 12 avril 2015}}.</ref>. Il a été le dernier [[Premier ministre d'Iran]] pendant un peu plus d'un mois, en janvier 1979, lors du dernier gouvernement placé sous l'autorité du [[chah]] [[Mohammad Reza Pahlavi]].


== Jeunesse ==
== Jeunesse ==
Chapour Bakhtiar est né en [[1914]] à [[Shahrekord]]<ref>{{Lien web|url=http://www.humanite.presse.fr/journal/1994-11-05/1994-11-05-711491|titre= L’ombre d’un homme pourchassé par le chah et condamné par l’ayatollah|site=[http://www.humanite.presse.fr l'Humanité]|consulté le=11 mars 2007}}.</ref>, un village proche d'[[Isfahan]], en Iran, fils de Mohammad Reza (''Sardar-e-Fateh'') et Naz-Baygom, tous deux [[Bakhtiaris]]. Le grand-père maternel de Bakhtiar, [[Samsam os-Saltaneh|Najaf-Gholi Samsam ol-Saltaneh]], avait été nommé Premier ministre deux fois, en [[1912]] puis en [[1918]]. La mère de Bakhtiar meurt quand il a sept ans. Il va à l'école élémentaire à [[Shahr-e Kord]] puis au lycée, d'abord à [[Isfahan]] puis à [[Beyrouth]] ([[Grand Liban]]) où il reçoit un baccalauréat d'une école [[français]]e.
Chapour Bakhtiar est né en [[1914]] à [[Chahr-e Kord]]<ref>{{Lien web|url=http://www.humanite.presse.fr/journal/1994-11-05/1994-11-05-711491|titre= L’ombre d’un homme pourchassé par le chah et condamné par l’ayatollah|site=l'Humanité|consulté le=11 mars 2007}}.</ref>, un village proche d'[[Ispahan]], en Iran, fils de Mohammad Reza (''Sardar-e-Fateh'') et Naz-Baygom, tous deux membres du clan des [[Bakhtiaris]]. Le grand-père maternel de Bakhtiar, [[Samsam os-Saltaneh|Najaf-Gholi Samsam ol-Saltaneh]], avait été nommé Premier ministre deux fois, en [[1912]] puis en [[1918]]. La mère de Bakhtiar meurt quand il a sept ans. Il va à l'école élémentaire à [[Chahr-e Kord]] puis au lycée, d'abord à Ispahan puis à [[Beyrouth]] ([[Grand Liban|Liban]]) où il obtient son baccalauréat français, après avoir suivi sa scolarité dans une école [[français]]e.

Son père, ministre de la Guerre de [[Reza Chah]], a été exécuté sur ordre de ce dernier en 1934<ref>{{article|nom=Kadivar|prénom=Cyrus|titre=37 days|sous-titre=A cautionary tale that must not be forgotten|lire en ligne=https://iranian.com/2011/02/11/37-days-a-cautionary-tale-that-should-not-be-forgotten/|périodique=The Iranian|jour=4|mois=mars|année=2003|langue=en}}</ref>.


== Sa période en France ==
== Sa période en France ==
En [[1936]], il part pour la [[France]]. Il obtient un doctorat de [[sciences politiques]] de la [[Sorbonne]] en [[1939]] ainsi que des diplômes de droit et de philosophie. Opposé à toute forme de totalitarisme, il se porte volontaire dans les [[brigades internationales]] contre le régime de [[Franco]] en Espagne. Toujours dans la même idéologie, il rejoint l'[[armée française]] et combat l'[[Allemagne nazie|Allemagne]] nationale-socialiste dans le [[30e régiment d'artillerie|{{30e|régiment}} d'artillerie]] d'[[Orléans]] durant la [[bataille de France]]. Il participe ensuite à la [[Résistance française]].
En [[1936]], il part pour la [[France]]. Il obtient un doctorat de [[sciences politiques]] à l'[[Université de Paris (1896-1970)|université de Paris]] en [[1939]] ainsi que des diplômes de droit et de philosophie. Opposé à toute forme de totalitarisme, il se porte volontaire dans les [[brigades internationales]] contre le régime de [[Franco]] en Espagne. Toujours dans la même idéologie, il s'engage dans l'[[armée française]] à compter de septembre 1939 - il est alors officier sur titre en tant que titulaire de doctorat - et combat l'[[Allemagne nazie|Allemagne]] nationale-socialiste au sein du [[30e régiment d'artillerie|{{30e|régiment}} d'artillerie]] dont la garnison était alors à Orléans durant la [[bataille de France]]. Démobilisé en septembre 1940, il vit alors dans la clandestinité et il participe ensuite à la [[Résistance française]].


== Carrière politique en Iran ==
== Carrière politique en Iran ==
[[Fichier:Shapourbakhtiar.gif|gauche|vignette|Chahpour Bakhtiar en 1978.]]
[[Fichier:Shapourbakhtiar.gif|gauche|vignette|Chahpour Bakhtiar en 1978.]]
Chapour Bakhtiar retourne en Iran en [[1946]]. En [[1951]], il est nommé par le ministère du Travail, d'abord en tant que directeur du département du travail de la [[province d'Isfahan]], puis au même poste au [[Khuzestan]], centre de l'industrie pétrolière. En [[1953]], [[Mohammad Mossadegh]] est brièvement au pouvoir en Iran, avant d'être déposé. Sous le mandat de Mossadegh, Bakhtiar est ministre délégué au travail. Puis le [[chah]] est remis au pouvoir par un coup d'État soutenu par les [[États-Unis]] et la [[Grande-Bretagne]] ([[Opération Ajax|opération ''Ajax'']]). Dans les années suivantes, Chapour Bakhtiar est emprisonné à plusieurs reprises, pour un total de 6 ans, pour son opposition au chah. Il est même devenu dirigeant du [[Front national (Iran)|Front national]], alors illégal.
Chapour Bakhtiar retourne en Iran en [[1946]]. En [[1951]], il est nommé par le ministère du Travail, d'abord en tant que directeur du département du travail de la [[province d'Ispahan]], puis au même poste au [[Khuzestan]], centre de l'industrie pétrolière. En [[1953]], [[Mohammad Mossadegh]], homme politique de gauche, nationalisant la compagnie nationale pétrolière iranienne, est brièvement au pouvoir en Iran, avant d'être déposé par le gouvernement impérial, placé sous la direction du shah d'Iran, Reza Palevi. Sous le mandat de Mossadegh, Bakhtiar est ministre délégué au Travail. Puis le [[chah]] est remis au pouvoir par un coup d'État soutenu par les [[États-Unis]] et la [[Grande-Bretagne]] ([[Opération Ajax|opération ''Ajax'']]). Dans les années suivantes, Chapour Bakhtiar est emprisonné à plusieurs reprises, pour un total de 6 ans, et torturé pour son opposition au chah<ref>Ernesto Cardenal, ''La Revolución Peridida''.</ref>. Il devient dirigeant du [[Front national (Iran)|Front national]], alors illégal.


À la fin de [[1978]], alors que le pouvoir du chah s'effondre, et parce que Bakhtiar avait été un dirigeant de la dissidence, il est choisi pour aider à la création d'un gouvernement civil à la place du gouvernement de salut public qui avait existé jusqu'alors. Il est nommé Premier ministre par le chah, faisant ainsi une concession à ses opposants, spécialement les partisans de l'[[ayatollah]] [[Rouhollah Khomeini]]. Bien que ceci ait été la cause de son renvoi du [[Front national (Iran)|Front national]], il accepte le poste car il craint une révolution dans laquelle les [[communisme|communistes]] et les [[mollah]]s prendraient le pouvoir dans le pays, ce qui pour lui est synonyme de la ruine de l'Iran. L'opposition ne souhaitant pas faire de compromis, le chah est forcé de quitter l'Iran en janvier [[1979]]. Bakhtiar quitte clandestinement<ref>Chapour Bakhtiar quitte l'Iran déguisé en steward d'[[Air France]] (''cf.'' [[Yvonnick Denoël]], ''1979. Guerres secrètes au Moyen-Orient'', Nouveau Monde éditions, 2008, p. 71).</ref> l'Iran pour la France en avril de la même année à la suite de la chute de son gouvernement, le {{date|10|février|1979}}, due à la déclaration de neutralité de l'armée dans le conflit opposant ses partisans à ceux de Khomeini.
Fin [[1978]], alors que le pouvoir du chah s'effondre, et parce que Bakhtiar avait été un dirigeant de la dissidence, il est choisi pour aider à la création d'un gouvernement civil à la place du gouvernement de salut public qui avait existé jusqu'alors. Il est nommé Premier ministre par le chah, faisant ainsi une concession à ses opposants, spécialement les partisans de l'[[ayatollah]] [[Rouhollah Khomeini]]. Bien que ceci ait été la cause de son renvoi du [[Front national (Iran)|Front national]], il accepte le poste car il craint une révolution dans laquelle les [[communisme|communistes]] et les [[mollah]]s prendraient le pouvoir dans le pays, ce qui pour lui est synonyme de la ruine de l'Iran. L'opposition ne souhaitant pas faire de compromis, le chah est forcé de quitter l'Iran en janvier [[1979]]. Chapour Bakhtiar quitte clandestinement<ref>Chapour Bakhtiar quitte l'Iran déguisé en steward d'[[Air France]] (''cf.'' [[Yvonnick Denoël]], ''1979. Guerres secrètes au Moyen-Orient'', Nouveau Monde éditions, 2008, {{p.|71}}).</ref> l'Iran pour la France en avril de la même année à la suite de la chute de son gouvernement, le {{date|10|février|1979}}, due à la déclaration de neutralité de l'armée dans le conflit opposant ses partisans à ceux de Khomeini.


== Exil en France et assassinat ==
== Exil en France et assassinat ==

[[Fichier:IRTV Ali Limonadi interviews Shapour Bakhtiar Paris 1984.jpg|vignette|Shapour Bakhtiar interviewé par le journaliste d'IRTV Ali Limonadi, en 1984, à Paris.]]
Depuis [[Paris]], Chapour Bakhtiar mène le [[Mouvement de résistance nationale de l'Iran]], qui combat de manière non violente la [[République islamique]] sur son territoire. Le 18 juillet [[1980]], il échappe à une tentative d'assassinat à son domicile à [[Neuilly-sur-Seine]], qui coûte la vie à une voisine et à un policier (Jean-Michel Jamme) et en blesse gravement un autre (Bernard Vigna)<ref>{{Lien web|langue=fr |url=http://policehommage.blogspot.fr/2012/10/jean-michel-jamme-bernard-vigna-cdi.html |titre= Jean-Michel Jamme & Bernard Vigna| DTSP 92 - NANTERRE|site=Mémorial en ligne des policiers français Victimes du devoir |auteur= |année= Novembre 2012|consulté le= 10 avril 2015}}.</ref>. [[Anis Naccache]], en particulier, est condamné à la perpétuité pour cette tentative, avant d'être libéré et expulsé en juillet 1990. Mais le {{date|6|août|1991}}, Bakhtiar est poignardé à 13 reprises puis égorgé au couteau par trois assassins en même temps que son secrétaire, Soroush Katibeh, à son domicile de [[Suresnes]]<ref>{{Article|titre=Chapour Bakhtiar, l'Iranien égorgé dans sa forteresse|périodique=leparisien.fr|date=2000-07-08CEST00:00:00+02:00|lire en ligne=http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine/chapour-bakhtiar-l-iranien-egorge-dans-sa-forteresse-08-07-2000-2001489646.php|consulté le=2017-09-10}} </ref>, son corps ne sera retrouvé que deux jours après les faits. Neuf hommes sont soupçonnés et jugés le 2 novembre 1994 à la Cour d'assises de Paris : six sont jugés par contumace car en fuite, notamment l'organisateur présumé du crime, [[Hossein Sheikhattar]], conseiller du ministre des Télécommunications iranien. Un des assassins, Ali Vakili Rad (dont il n’est pas prouvé que l'identité soit réelle), arrêté en [[Suisse]] le 21 août et extradé en France, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une [[période de sûreté]] incompressible de 18 ans. Pendant son procès, il admet avoir été envoyé par le gouvernement iranien pour tuer Chapour Bakhtiar<ref name="note" />. Ali Vakili Rad sera libéré le 18 mai 2010 au surlendemain de la libération de la Française [[Clotilde Reiss]] retenue en Iran<ref>{{ouvrage|auteur=[[Pierre Razoux]]|titre=La guerre Iran-Irak|éditeur=Perrin|date=2013|passage=421|isbn=}}.</ref>.
Depuis [[Paris]], Chapour Bakhtiar mène le [[Mouvement de résistance nationale de l'Iran]], qui combat de manière non violente la [[république islamique]] sur son territoire. Le 18 juillet [[1980]], il échappe à une tentative d'assassinat à son domicile à [[Neuilly-sur-Seine]], 101 [[boulevard Bineau]], qui coûte la vie à une voisine et à un policier (Jean-Michel Jamme) et en blesse gravement un autre (Bernard Vigna)<ref>{{Lien web|langue=fr |url=http://policehommage.blogspot.fr/2012/10/jean-michel-jamme-bernard-vigna-cdi.html |titre= Jean-Michel Jamme & Bernard Vigna| DTSP 92 - NANTERRE|site=Mémorial en ligne des policiers français Victimes du devoir |année= Novembre 2012|consulté le= 10 avril 2015}}.</ref>. [[Anis Naccache]], en particulier, est condamné à la perpétuité pour cette tentative, avant d'être libéré et expulsé en juillet 1990. Mais le {{date|6|août|1991}}, après avoir vécu pendant plusieurs années sous surveillance policière rue Madiraa à [[Courbevoie]], Bakhtiar est poignardé à 13 reprises puis égorgé au couteau par trois assassins en même temps que son secrétaire, Soroush Katibeh, à son domicile de [[Suresnes]]<ref>{{Article|titre=Chapour Bakhtiar, l'Iranien égorgé dans sa forteresse|périodique=leparisien.fr|date=2000-07-08CEST00:00:00+02:00|lire en ligne=http://www.leparisien.fr/hauts-de-seine/chapour-bakhtiar-l-iranien-egorge-dans-sa-forteresse-08-07-2000-2001489646.php|consulté le=2017-09-10}} </ref>, [[rue Cluseret]]. Son corps ne sera retrouvé que deux jours après les faits. Neuf hommes sont soupçonnés et jugés le 2 novembre 1994 à la Cour d'assises de Paris : six sont jugés par contumace car en fuite, notamment l'organisateur présumé du crime, [[Hossein Sheikhattar]], conseiller du ministre des Télécommunications iranien. Un des assassins, Ali Vakili Rad (dont il n’est pas prouvé que l'identité soit réelle), arrêté en [[Suisse]] le 21 août et extradé en France, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une [[période de sûreté]] incompressible de 18 ans. Pendant son procès, il admet avoir été envoyé par le gouvernement iranien pour tuer Chapour Bakhtiar<ref name="note" />. Ali Vakili Rad sera libéré le 18 mai 2010 au surlendemain de la libération de la Française [[Clotilde Reiss]] retenue en Iran<ref>{{ouvrage|auteur=[[Pierre Razoux]]|titre=La guerre Iran-Irak|éditeur=Perrin|date=2013|passage=421|isbn=}}.</ref>.
[[Fichier:Bakhtiar D8.jpg|vignette|Tombe de Bakhtiar à Montparnasse.]]
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Chapour Bakhtiar est enterré à Paris, au [[cimetière du Montparnasse]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=gr&GRid=2158 |titre=Shapour Bakhtiar |site=[[Find a Grave]] |auteur= |année= 17 avril 2001|consulté le= 12 avril 2014}}.</ref>.
Chapour Bakhtiar est enterré à Paris, au [[cimetière du Montparnasse]]<ref>{{Lien web|langue=en|url=http://www.findagrave.com/cgi-bin/fg.cgi?page=gr&GRid=2158 |titre=Shapour Bakhtiar |site=[[Find a Grave]] |année= 17 avril 2001|consulté le= 12 avril 2014}}.</ref>, dans la même tombe que son secrétaire, Soroush Katibeh.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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* ''Mémoires de Chapour Bakhtiar'', Harvard University Press, 1996 (édité par Habib Ladjevardi).
* ''Mémoires de Chapour Bakhtiar'', Harvard University Press, 1996 (édité par Habib Ladjevardi).
* Djahanshah Bakhtiar, ''Moi, Iranien, espion de la CIA et du Mossad'', Éditions du Moment, 2014.
* Djahanshah Bakhtiar, ''Moi, Iranien, espion de la CIA et du Mossad'', Éditions du Moment, 2014.
*[[Lina Murr Nehmé]], ''Fatwas et caricatures'', Paris, Salvator, 2015 {{ISBN|978-2706713309}}
* [[Lina Murr Nehmé]], ''Fatwas et caricatures'', Paris, Salvator, 2015 {{ISBN|978-2706713309}}


=== Articles connexes ===
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=== Liens externes ===
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* {{autorité}}
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* [http://www.fas.harvard.edu/~iohp/bakhtiar.html Harvard University, Iranian oral history project: Interview avec le Dr. Chapour Bakhtiar].
* [http://www.fas.harvard.edu/~iohp/bakhtiar.html Harvard University, Iranian oral history project: Interview avec le {{Dr}} Chapour Bakhtiar].
* [http://www.iranchamber.com/history/sbakhtiar/shapour_bakhtiar.php Iran Chamber Society--Personnalités historiques : Chapour Bakhtiar].
* [http://www.iranchamber.com/history/sbakhtiar/shapour_bakhtiar.php Iran Chamber Society--Personnalités historiques : Chapour Bakhtiar].
* [http://persepolis.free.fr/iran/personalities/bakhtiar.html Page à propos de Chapour Bakhtiar].
* [http://persepolis.free.fr/iran/personalities/bakhtiar.html Page à propos de Chapour Bakhtiar].
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Dernière version du 4 août 2024 à 12:10

Chapour Bakhtiar
شاپور بختیار
Fonctions
Premier ministre d'Iran

(1 mois et 7 jours)
Monarque Mohammad Reza Pahlavi
Prédécesseur Gholam Reza Azhari
Successeur Mehdi Bazargan
Ministre de l'Intérieur

(1 mois et 7 jours)
Premier ministre Lui-même
Prédécesseur Abbas Gharabaghi (en)
Successeur Ahmad Sayyed Javadi (en)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Chahr-e Kord (Empire kadjar)
Date de décès (à 77 ans)
Lieu de décès Suresnes (France)
Nature du décès assassinat
Nationalité Iranienne
Parti politique Parti de l'Iran (1949–1979)
Front national (1949–1979)
Mouvement de résistance nationale de l'Iran (1979–1991)
Diplômé de Université de Paris

Chapour Bakhtiar (en persan : شاپور بختیار, aussi transcrit Shapour) est un homme politique iranien né le à Chahr-e Kord (Iran) et mort assassiné le à Suresnes (France)[1]. Il a été le dernier Premier ministre d'Iran pendant un peu plus d'un mois, en janvier 1979, lors du dernier gouvernement placé sous l'autorité du chah Mohammad Reza Pahlavi.

Chapour Bakhtiar est né en 1914 à Chahr-e Kord[2], un village proche d'Ispahan, en Iran, fils de Mohammad Reza (Sardar-e-Fateh) et Naz-Baygom, tous deux membres du clan des Bakhtiaris. Le grand-père maternel de Bakhtiar, Najaf-Gholi Samsam ol-Saltaneh, avait été nommé Premier ministre deux fois, en 1912 puis en 1918. La mère de Bakhtiar meurt quand il a sept ans. Il va à l'école élémentaire à Chahr-e Kord puis au lycée, d'abord à Ispahan puis à Beyrouth (Liban) où il obtient son baccalauréat français, après avoir suivi sa scolarité dans une école française.

Son père, ministre de la Guerre de Reza Chah, a été exécuté sur ordre de ce dernier en 1934[3].

Sa période en France

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En 1936, il part pour la France. Il obtient un doctorat de sciences politiques à l'université de Paris en 1939 ainsi que des diplômes de droit et de philosophie. Opposé à toute forme de totalitarisme, il se porte volontaire dans les brigades internationales contre le régime de Franco en Espagne. Toujours dans la même idéologie, il s'engage dans l'armée française à compter de septembre 1939 - il est alors officier sur titre en tant que titulaire de doctorat - et combat l'Allemagne nationale-socialiste au sein du 30e régiment d'artillerie dont la garnison était alors à Orléans durant la bataille de France. Démobilisé en septembre 1940, il vit alors dans la clandestinité et il participe ensuite à la Résistance française.

Carrière politique en Iran

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Chahpour Bakhtiar en 1978.

Chapour Bakhtiar retourne en Iran en 1946. En 1951, il est nommé par le ministère du Travail, d'abord en tant que directeur du département du travail de la province d'Ispahan, puis au même poste au Khuzestan, centre de l'industrie pétrolière. En 1953, Mohammad Mossadegh, homme politique de gauche, nationalisant la compagnie nationale pétrolière iranienne, est brièvement au pouvoir en Iran, avant d'être déposé par le gouvernement impérial, placé sous la direction du shah d'Iran, Reza Palevi. Sous le mandat de Mossadegh, Bakhtiar est ministre délégué au Travail. Puis le chah est remis au pouvoir par un coup d'État soutenu par les États-Unis et la Grande-Bretagne (opération Ajax). Dans les années suivantes, Chapour Bakhtiar est emprisonné à plusieurs reprises, pour un total de 6 ans, et torturé pour son opposition au chah[4]. Il devient dirigeant du Front national, alors illégal.

Fin 1978, alors que le pouvoir du chah s'effondre, et parce que Bakhtiar avait été un dirigeant de la dissidence, il est choisi pour aider à la création d'un gouvernement civil à la place du gouvernement de salut public qui avait existé jusqu'alors. Il est nommé Premier ministre par le chah, faisant ainsi une concession à ses opposants, spécialement les partisans de l'ayatollah Rouhollah Khomeini. Bien que ceci ait été la cause de son renvoi du Front national, il accepte le poste car il craint une révolution dans laquelle les communistes et les mollahs prendraient le pouvoir dans le pays, ce qui pour lui est synonyme de la ruine de l'Iran. L'opposition ne souhaitant pas faire de compromis, le chah est forcé de quitter l'Iran en janvier 1979. Chapour Bakhtiar quitte clandestinement[5] l'Iran pour la France en avril de la même année à la suite de la chute de son gouvernement, le , due à la déclaration de neutralité de l'armée dans le conflit opposant ses partisans à ceux de Khomeini.

Exil en France et assassinat

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Depuis Paris, Chapour Bakhtiar mène le Mouvement de résistance nationale de l'Iran, qui combat de manière non violente la république islamique sur son territoire. Le 18 juillet 1980, il échappe à une tentative d'assassinat à son domicile à Neuilly-sur-Seine, 101 boulevard Bineau, qui coûte la vie à une voisine et à un policier (Jean-Michel Jamme) et en blesse gravement un autre (Bernard Vigna)[6]. Anis Naccache, en particulier, est condamné à la perpétuité pour cette tentative, avant d'être libéré et expulsé en juillet 1990. Mais le , après avoir vécu pendant plusieurs années sous surveillance policière rue Madiraa à Courbevoie, Bakhtiar est poignardé à 13 reprises puis égorgé au couteau par trois assassins en même temps que son secrétaire, Soroush Katibeh, à son domicile de Suresnes[7], rue Cluseret. Son corps ne sera retrouvé que deux jours après les faits. Neuf hommes sont soupçonnés et jugés le 2 novembre 1994 à la Cour d'assises de Paris : six sont jugés par contumace car en fuite, notamment l'organisateur présumé du crime, Hossein Sheikhattar, conseiller du ministre des Télécommunications iranien. Un des assassins, Ali Vakili Rad (dont il n’est pas prouvé que l'identité soit réelle), arrêté en Suisse le 21 août et extradé en France, est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté incompressible de 18 ans. Pendant son procès, il admet avoir été envoyé par le gouvernement iranien pour tuer Chapour Bakhtiar[1]. Ali Vakili Rad sera libéré le 18 mai 2010 au surlendemain de la libération de la Française Clotilde Reiss retenue en Iran[8].

Tombe de Bakhtiar à Montparnasse.

Chapour Bakhtiar est enterré à Paris, au cimetière du Montparnasse[9], dans la même tombe que son secrétaire, Soroush Katibeh.

Notes et références

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  1. a et b Alain Rodier, « Note historique no 39 L'assassinat de Chapour Bakhtiar », sur Centre français de recherche sur le renseignement (consulté le ).
  2. « L’ombre d’un homme pourchassé par le chah et condamné par l’ayatollah », sur l'Humanité (consulté le ).
  3. (en) Cyrus Kadivar, « 37 days : A cautionary tale that must not be forgotten », The Iranian,‎ (lire en ligne)
  4. Ernesto Cardenal, La Revolución Peridida.
  5. Chapour Bakhtiar quitte l'Iran déguisé en steward d'Air France (cf. Yvonnick Denoël, 1979. Guerres secrètes au Moyen-Orient, Nouveau Monde éditions, 2008, p. 71).
  6. « Jean-Michel Jamme & Bernard Vigna », sur Mémorial en ligne des policiers français Victimes du devoir, (consulté le ).
  7. « Chapour Bakhtiar, l'Iranien égorgé dans sa forteresse », leparisien.fr,‎ 2000-07-08cest00:00:00+02:00 (lire en ligne, consulté le )
  8. Pierre Razoux, La guerre Iran-Irak, Perrin, , p. 421.
  9. (en) « Shapour Bakhtiar », sur Find a Grave, (consulté le ).

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Bibliographie

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  • Mémoires de Chapour Bakhtiar, Harvard University Press, 1996 (édité par Habib Ladjevardi).
  • Djahanshah Bakhtiar, Moi, Iranien, espion de la CIA et du Mossad, Éditions du Moment, 2014.
  • Lina Murr Nehmé, Fatwas et caricatures, Paris, Salvator, 2015 (ISBN 978-2706713309)

Articles connexes

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Liens externes

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