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Amintore Fanfani

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Amintore Fanfani
Illustration.
Amintore Fanfani en 1983.
Fonctions
Sénateur à vie italien

(27 ans, 8 mois et 10 jours)
Législature Ve, VIe, VIIe, VIIIe, IXe,
Xe, XIe, XIIe et XIIIe
Groupe politique DC (jusqu'en 1994)
PPI (à partir de 1994)
Président du Conseil des ministres italien

(3 mois et 12 jours)
Président Francesco Cossiga
Gouvernement Fanfani VI
Législature IXe
Coalition DC
Prédécesseur Bettino Craxi
Successeur Giovanni Goria

(8 mois et 3 jours)
Président Sandro Pertini
Gouvernement Fanfani V
Législature VIIIe
Coalition DC-PSI-PSDI-PLI
Prédécesseur Giovanni Spadolini
Successeur Bettino Craxi

(2 ans, 10 mois et 26 jours)
Président Giovanni Gronchi
Antonio Segni
Gouvernement Fanfani III et IV
Législature IIIe
Coalition DC (1960-1962)
DC-PSDI-PRI (1962-1963)
Prédécesseur Fernando Tambroni
Successeur Giovanni Leone

(7 mois et 4 jours)
Président Giovanni Gronchi
Gouvernement Fanfani II
Législature IIIe
Coalition DC-PSDI
Prédécesseur Adone Zoli
Successeur Antonio Segni

(1 mois)
Président Luigi Einaudi
Gouvernement Fanfani I
Législature IIe
Coalition DC
Prédécesseur Giuseppe Pella
Successeur Mario Scelba
Président de la République italienne
(intérim)

(24 jours)
Président du Conseil Giulio Andreotti
Prédécesseur Giovanni Leone
Successeur Sandro Pertini
Président du Sénat de la République

(1 an, 9 mois et 8 jours)
Législature IXe
Prédécesseur Francesco Cossiga
Successeur Giovanni Malagodi

(6 ans, 4 mois et 26 jours)
Législature VIIe et VIIIe
Prédécesseur Giovanni Spagnolli
Successeur Tommaso Morlino

(5 ans et 21 jours)
Législature Ve et VIe
Prédécesseur Ennio Zelioli-Lanzini
Successeur Giovanni Spagnolli
Président de l'Assemblée générale
des Nations unies

(1 an)
Prédécesseur Ennio Zelioli-Lanzini
Successeur Giovanni Spagnolli
Biographie
Nom de naissance Amintore Fanfani
Date de naissance
Lieu de naissance Pieve Santo Stefano
(Royaume d'Italie)
Date de décès (à 91 ans)
Lieu de décès Rome (Italie)
Nationalité Italien
Parti politique Démocratie chrétienne
Religion Catholicisme

Amintore Fanfani
Présidents de la République italienne
Présidents du Conseil des ministres d'Italue
Présidents du Sénat d'Italie
Ministres du Budget d'Italie
Ministres de l'Intérieur d'Italie
Ministres des Affaires étrangères d'Italie
Ministres de l'Agriculture d'Italie
Ministres du Travail d'Italie

Amintore Fanfani Écouter, né à Pieve Santo Stefano le et mort à Rome le , est un homme d'État italien, dirigeant historique de la Démocratie chrétienne (DC). Il est l'une des figures les plus emblématiques de l'histoire politique italienne de l'après-guerre.

Entamant une longue carrière politique après la Seconde Guerre mondiale, il anime l'aile gauche de la DC, qu'il représente à plusieurs reprises au sein du gouvernement. Son poids politique à l'intérieur du parti dont il est le secrétaire de 1954 à 1959 l'amène à détenir des portefeuilles régaliens, comme le ministère de l'Intérieur ou celui des Affaires étrangères.

Il est surtout entré dans la postérité pour avoir été président du Conseil des ministres à cinq reprises, de façon non consécutive, entre 1954 et 1987. Son prestige lui vaut par ailleurs de se voir confier, par trois fois, la présidence du Sénat de la République, de 1968 à 1973, de 1976 à 1982 puis de 1985 à 1987. Entre-temps, il est désigné sénateur à vie par le président Giovanni Leone en 1972.

Plusieurs années après sa mort, Amintore Fanfani est encore considéré comme l'une des personnalités politiques les plus influentes de son temps, tant pour les fonctions qui ont été les siennes que pour son rôle (avec Aldo Moro) dans l'émergence du centre gauche en Italie.

Biographie

Une jeunesse marquée par le régime fasciste

Fanfani naquit à Pieve Santo Stefano, dans la province d'Arezzo, en Toscane, dans une famille nombreuse et modeste. Il obtint une licence en économie et commerce en 1932, à l’université catholique du Sacré-Cœur à Milan.

Professeur ordinaire depuis 1936, il fut l’auteur d’un nombre important de travaux sur l’histoire économique, traitant des rapports entre la religion et le développement du capitalisme durant la Renaissance et la Réforme, en Europe. Cette thèse fut publiée en italien, puis traduite en anglais, sous le titre Catholicism, Capitalism and Protestantism, en 1935. Il collabore avec la Scuola di mistica fascista (it). En 1940, il publie Histoire économique de l'Italie entre la fin de l'empire romain et le début du dix-huitième siècle[1]. Il exerce à l'université de Milan puis de Rome[2].

Il rejoignit le Parti fasciste[3], soutenant les idées corporatistes du régime, favorable à une collaboration entre les classes, qu’il défendit depuis longtemps dans de nombreux articles. « Un jour », a-t-il écrit, « le continent européen sera organisé en une vaste région supranationale guidée par l’Italie et l’Allemagne. Les pays de cette région prendront des gouvernements autoritaires et synchroniseront leurs constitutions avec les principes fascistes. »[4].

En 1938, il fut l’un des 330 signataires d'une pétition journalistique en appui du Manifeste de la race aboutissant à des lois raciales qui ont déchu les Juifs italiens de leur nationalité et leur ont interdit de nombreuses professions.

Il se lie à Giuseppe Dossetti lors de son passage à l'université catholique de Milan et à Giorgio La Pira qui professe l'économie politique à Florence. Ces trois compères formèrent un groupe baptisé « Les petits professeurs », vivant en ascèses dans des cellules monacales et pieds nus. Ils furent le noyau fondateur d’Initiative Démocratique, l’aile catholique et réformatrice de la Democrazia Cristiana, au lendemain de la guerre, organisant des réunions pour débattre du catholicisme et de la société[5]. Après la reddition de l’Italie face aux forces alliées, le , ce groupe s’éparpilla.

Ayant prêté service militaire en 1932 et 1933 en tant que sous-lieutenant de complément, en 1943 il est promu capitaine et rappelé aux armes. Jusqu’à la Libération, en , Fanfani, évitant ainsi d’être obligé de combattre avec l'armée de la République de Salò, s’exila en Suisse, où il organisa des cours universitaires pour les réfugiés italiens.

Une imposante carrière politique

À son retour en Italie, il fut élu vice-secrétaire de la Démocratie Chrétienne, une formation fondée clandestinement en 1942 par des anciens ténors du Parti populaire dissout par le régime fasciste en 1926. Il fut l’un des plus jeunes dirigeants de la DC, et un protégé d’Alcide De Gasperi, chef incontesté du parti durant une décennie. Fanfani représentait une position idéologique particulière, celle d’un conservateur catholique défendant l’interventionnisme socio-économique ; une position idéologique très influente dans les années 1950 et 1960, mais qui, par la suite, se trouvera fragilisée par son isolement. « Le capitalisme nécessite une telle crainte de la ruine », a-t-il écrit ; « une telle négligence de la fraternité humaine, une telle certitude que son voisin est avant tout un client à gagner ou un rival à battre, et tout ceci est inconcevable dans la conception catholique… Il y a un gouffre infranchissable entre les conceptions catholique et capitaliste de la vie. »[4]. Les initiatives économiques privées étaient, de son point de vue, justifiables seulement si elles allaient dans le sens de l’intérêt commun[6].

Élu à l'Assemblée constituante en 1946, Fanfani fut l’un des membres de la Commission qui a rédigé le texte de la Constitution de la nouvelle République italienne. Le premier article de la Constitution reflète bien la philosophie de Fanfani : « L’Italie est une République démocratique fondée sur le travail. » En 1948, il fut élu à la Chambre des députés italienne, représentant la circonscription de Sienne, jusqu’en 1968.

Fanfani occupa les fonctions de ministre du Travail entre 1947 et 1950 (De Gasperi IV et V). Il développa un programme baptisé « INA-Casa », ou « Maison de Fanfani », un programme gouvernemental de construction de 355 000 logements de propriété pour 2 millions d'habitants, destinés aux travailleurs au revenu modeste, sous la gestion de l'INA, une société d'assurance dont l'actionnariat appartient à l’État. Il permit également à 200 000 chômeurs italiens de retrouver du travail en lançant un programme de reforestation.

Lorsque les socialistes saragatiens quittèrent le gouvernement, après le renforcement de sa position et celle de ses proches au sein de la DC lors du congrès de Venise en 1949, Fanfani exhorta De Gasperi d'adopter une nouvelle politique budgétaire en faveur de la lutte contre le chômage inspirée du rapport Beveridge, face à l'orthodoxie budgétaire déflationniste appliquée au Trésor par Giuseppe Pella et prôna la création d'un ministère des investissements ou d'un comité de coordination économique qu'il souhaite voir confié à son ami Dossetti. Le refus de De Gasperi provoqua l'absence de Fanfani et des dossettiens du sixième gouvernement De Gasperi, dans lequel le centre droit démocrate chrétien était fort, avec Piccioni, Pella, Aldisio, Scelba, Gonella, Togni[1].

Ministre de l’Agriculture de juillet 1951 à 1953 (De Gasperi VII), il mobilisa la plupart des démocrate-chrétiens derrière un programme de réforme agraire accentuant celle de son prédécesseur Antonio Segni qui avait ciblé les terres pauvres de la Sila en Calabre (loi Sila du 12 mai 1950), la loi-réglement ou «stralcio» (21 octobre 1950, et avait fait voté la loi stralcio permettant l'expropriation partielle des grands et moyens domaines au profit des paysans pauvres dans certaines zones. Fanfani rattacha a l'administration centrale les directions autonomes locales (enti) Il avait pour sous-secrétaires Luigi Gui et Mariano Rumor, tous deux de son courant[1].

Il fut ensuite ministre de l'Intérieur dans le dernier et éphémère gouvernement de De Gasperi dont il fit figure de dauphin, puis dans le Gouvernement Pella qui tomba lorsque Fanfani s'opposa à ce que Salvatore Aldisio, critique de certaines disposition de la réforme agraire, obtienne ministère de l'Agriculture[1].

Avec le soutien de l'influent président de la Confédération des agriculteurs exploitants (Coldiretti), Paolo Bonomi, Fanfani voulait développer la petite propriété agricole pour favoriser l'emploi et assurer la stabilité sociale, contre une partie des démocrates chrétiens qui préfèreraient transformer les anciens latifundia en exploitations industrielles[1].

Il est ensuite ministre de l’Intérieur en 1953 dans le gouvernement de Giuseppe Pella.

« Il peut passer 36 heures en faisant juste un petit somme, en mangeant quelques pommes et en buvant quelques gorgées d’eau », écrivit un reporter du Time Magazine. Une fois, lorsque l'un des conseillers de De Gasperi lui conseilla de nommer Fanfani dans un autre ministère, celui-ci refusa : « Si je continue à nommer Fanfani dans différents ministères, je suis sûr qu’un de ces jours, j’ouvrirai la porte de mon bureau et je trouverai Fanfani assis à ma place », a-t-il répondu[5].

Une grande figure de la Démocratie chrétienne

Après le retrait de De Gasperi en 1953, Fanfani fut considéré comme son héritier naturel, ce qui a été confirmé par sa nomination au secrétariat de la, DC en 1954, un poste stratégique qu’il conserva jusqu’en 1959. Il renouvela la ligne du parti, réduisant ainsi la dépendance vis-à-vis de l’Église et du gouvernement qui caractérisa le parti du temps de De Gasperi[7].

Cependant, son activisme et son style, parfois autoritaire, ainsi que sa réputation de réformateur économique, lui valurent d’être perçu avec méfiance par les modérés de la DC, qui s’opposaient à l’intervention de l’État dans la vie économique du pays. Son énergie inépuisable et sa passion pour l’efficacité lui permirent d’aller loin en politique, et de tenter toute réforme possible. « Fanfani a des collègues, des associés, des connaissances et des subordonnés », remarqua un jour un politicien, « mais je n’ai jamais entendu parler de ses amis. »[4].

Il subit un important revers lorsque le 29 avril 1955, le président de la Chambre des députés Giovanni Gronchi est élu président de la République sans être officiellement candidat alors que Fanfani soutenait la candidature de Cesare Merzagora, président du Sénat. Face au candidat de la gauche Ferruccio Parri, et au sortant Einaudi soutenu par les partis laïques, Merzagora doit se désister au profit de Gronchi qui réunit sur lui les voix d'anciens fidèles de De Gasperi formant l'aile droite du part (Andreotti, Gonella, Pella), reprochant leur mise à l'écart de la direction du parti par le puissant courant fanfanien, et celles de la gauche[8].

En 1958, le président du gouvernement sicilien, Giuseppe La Loggia, fidèle fanfanien, est contraint à la démission face à la dissidence de son assesseur à l'Agriculture, Silvio Milazzo, qui reproche un centralisme trop autoritaire voulu par Fanfani, dont ses affiliés siciliens (Giovanni Gioia, Salvo Lima, Vito Ciancimino…) sont accusés d'avoir privilégié leur parti à la Sicile et d'être tombé dans le clientélisme et la collusion mafieuse. Réunissant toutes les forces, de l'extrême gauche à l'extrême droite à l'exception de la DC officielle, le gouvernement Milazzo tient tête à Rome jusqu'en 1960[9].

La présidence du Conseil

À la suite de la disparition de De Gasperi, en 1954, le poids politique de Fanfani, à la fois dans le parti et dans le gouvernement, fut à son apogée. Il assuma le titre de président du Conseil dans plusieurs cabinets, parfois éphémères. La première fois, en 1954, il dura 21 jours, ayant échoué à être confirmé par le Parlement[10], faute d'avoir pu s'accorder avec Giuseppe Saragat qui réclamait le retour au scrutin proportionnel[1]. Il avait alors nommé Giulio Andreotti, 35 ans, un protégé de De Gasperi, au ministère de l’Intérieur, qui avait pour mission de prendre des mesures contre la subversion communiste[5]. Il plaça également ses proches : Pietro Campilli, ministre sans portefeuille, Giuseppe Medici à l'agriculture et Luigi Gui au travail[1].

Il accepta de nouveau la présidence du Conseil, et dirigea le gouvernement jusqu’en , quand ses tactiques de rouleau compresseur lui coûta le soutien de ses propres alliés démocrates-chrétiens. Il apprit de cette expérience et devint alors un homme de la coopération et du compromis[11].

Du au , il fut président du Conseil, et dirigea deux gouvernement successifs, dont le deuxième avec l'abstention d'abord du Parti socialiste italien (PSI), permettant ainsi aux socialistes d’être aux portes du pouvoir pour la première fois en Italie depuis leur sortie du gouvernement le . Il fut longtemps l’un des principaux promoteurs d’une telle ouverture à gauche. L’opportunité s’est présentée quand le pape libéral Jean XXIII fut élu en 1958, et que les socialistes ont rompu leurs liens avec les communistes. En , il remania son gouvernement, s’arrangeant pour obtenir le soutien explicite du secrétaire du PSI, Pietro Nenni[12].

En 1961, Fanfani nomma à la direction générale de la RAI son homme de confiance Ettore Bernabei (en), qui demeura en poste jusqu'à 1975. Le , à la demande des socialistes et des républicains, son gouvernement nationalise la production et la distribution de l’énergie électrique et créé l'ENEL. Toutefois, la réforme de la loi générale d'urbanisme entamée en 1962 par le ministre des Travaux publics Fiorentino Sullo, issu de la gauche démocrate-chrétienne, échoue à la suite de l’obstructionnisme de l'aile modérée de son parti et même à la suite d'une campagne de presse virulente et parfois diffamatoire. Quant à la création des quinze régions ordinaires, à la demande des ministres issus de l'aile modérée du parti elle sera reportée sine die, pour n'aboutir qu'en 1970.

Mais son influence et le pouvoir incontestable qu'il exerça sur la plupart de ses ministres le rendirent soudainement isolé. Il passa, en conséquence, le relais à un gouvernement transitoire dirigé par l'ancien président de la Chambre des députés Giovanni Leone, qui sera remplacé le par le Cabinet de coalition dirigé par Aldo Moro, le premier avec des ministres socialistes depuis 1947.

La perte d’influence

Les dirigeants des États membres du G7 de 1983 devant le capitole de Williamsburg. De gauche à droite : Pierre Trudeau, Gaston Thorn, Helmut Kohl, François Mitterrand, Ronald Reagan, Yasuhiro Nakasone, Margaret Thatcher et Amintore Fanfani.

Fanfani échoua dans sa tentative d’être élu président de la République par le Parlement italien en 1964, et resta à l’arrière-plan dans la vie politique du pays durant la majeure partie des années 1960. Fervent partisan de la Communauté économique européenne (CEE), Fanfani occupa la fonction de ministre des Affaires étrangères en 1964, puis entre 1966 et 1968. Il fut, par ailleurs, de 1965 à 1966, président de l’Assemblée générale des Nations unies ; il reste, à ce jour, le seul Italien à avoir exercé cette fonction.

L'année 1968 fut marquée par un drame personnel : la mort, des conséquences d'un accident de voiture sur l'autoroute A1, de sa première femme, Bianca Rosa Provasoli, licenciée en littérature française. Il se remariera en 1975 avec la veuve d'un industriel, Maria Pia Tavazzani.

En décembre 1971, de nouveau candidat à la présidence de la République, il échoua à la suite du désistement de bon nombre de ses amis politiques. En guise de consolation, le il fut nommé sénateur à vie par le tout nouveau président de la République Giovanni Leone, alors que cela faisait déjà quatre ans qu'il siégeait au palais Madame en tant que sénateur[6].

Président du Sénat italien de 1968 à 1973, il devint de nouveau le secrétaire de la DC le à la suite des accords du palais Giustiniani (résidence officielle du président du Sénat) entre l'aile modérée du parti et le très influent chef de file de la gauche démocrate-chrétienne Aldo Moro. À ce titre, au printemps 1974, Fanfani, catholique fervent, mena la campagne combative en faveur du « oui » à l’abrogation dans le référendum sur la loi qui en 1970 avait introduit le divorce en Italie[2], s’aliénant les groupes pro-divorce, sans obtenir pour autant la victoire qui aurait pu lui permettre de gagner une position dominante à l’intérieur de son parti.

Très affaibli par l'affirmation écrasante du « non » (59,3 %) à l'abrogation de la loi sur le divorce, à la suite de la défaite de son parti aux élections régionales du , il démissionna de ses fonctions de secrétaire de la DC, le . Le il accepta la fonction purement honorifique de président du parti, qu'il quitta deux mois et demi après avoir été élu président du Sénat , donc le second personnage de l’État. Vers la fin de sa carrière, il ne cache plus son éternelle ambition de devenir président de la République ; cependant, malgré l’investiture formelle de son parti en décembre 1971, il n’est jamais parvenu à obtenir un nombre de voix suffisant devant le collège électoral du Parlement pour se faire élire chef de l'État.

Du au , Fanfani retrouva la présidence du Conseil pour la cinquième fois. Le , il est à nouveau élu à la présidence du Sénat, qu'il quitte en avril 1987 pour diriger le gouvernement une sixième et ultime fois. Mais n'ayant pas été investi par la Chambre des députés, il dût se contenter de gérer les affaires courantes durant la campagne pour l'élection du nouveau parlement et jusqu'à la constitution d'un nouveau gouvernement le . Nonobstant son grand âge, il fut ministre de l’Intérieur du au et ministre du Budget et de la Programmation économique du au . Enfin, entre 1992 et 1994, il présida la prestigieuse commission des Affaires étrangères du Sénat.

Fanfani décéda à Rome le . Il fut enterré au cimetière Flaminio.

Il avait considéré l’État corporatiste comme un idéal, et s’était tourné vers le fascisme, ce qu’il avait qualifié d’« aberration temporaire ». Il n’a jamais essayé de cacher son passé fasciste, mais contrairement à nombre de ses compatriotes, il avait publiquement admis que cela avait été une erreur[4]. Il a occupé quasiment toutes les fonctions auxquelles un homme politique peut aspirer, sauf celle qui lui tenait le plus à cœur : président de la République. Le système de factions de la DC a été le plus gros obstacle à ses ambitions et à l’émergence d’un courant véritablement puissant fondé sur sa personne, qui aurait pu être la version italienne et atténuée de ce que fut le gaullisme en France[6].

Pour Robert Poujade, Amintore Fanfani a été « le plus gaulliste des hommes d’État italiens »[13].

Références

  1. a b c d e f et g Maurice Vaussard, « LE NOUVEAU PREMIER ITALIEN AMINTORE FANFANI », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  2. a et b « Amintore Fanfani », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  3. Il faut préciser qu'à partir de 1932 les fonctionnaires de l’État, à quelques exceptions près, étaient obligés à prendre la carte du parti : Giuseppe Volpe, Storia costituzionale degli italiani, II - Il popolo delle scimmie (1915-1945), Giappichelli 2015, page 183.
  4. a b c et d (en) « Italy : Moving to the Left », Time,‎ (lire en ligne)
  5. a b et c (en) « Italy : The Little Professor », Time,‎ (lire en ligne)
  6. a b et c (en) « Obituary : Amintore Fanfani », The Guardian,‎ (lire en ligne)
  7. (en) « Italy : Out for the big win », Time,‎ (lire en ligne)
  8. Frédéric Attal, « Chapitre III - La crise du centrisme (1954-1960) », dans Histoire de l'Italie depuis 1943 à nos jours, Paris, Armand Colin, (lire en ligne), p. 88-112
  9. Ciro Dovizio, « Verità o falsificazione? Gli Alleati e la mafia sulle pagine dell’Ora (1958-1963) », Biblos, no 5,‎ , p. 105–123 (ISSN 2183-7139 et 0870-4112, DOI 10.14195/0870-4112_3-5_5, lire en ligne, consulté le )
  10. (en) « Italy : Roman circus », Time,‎ (lire en ligne)
  11. (en) « Italy's Fanfan », Time,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « Italy : A sinistra ? », Time,‎ (lire en ligne)
  13. Avec De Gaulle et Pompidou - Mémoires, l'Archipel 2011, page 247

Bibliographie

Liens externes