Élections régionales italiennes de 2010
Les élections régionales italiennes de 2010 se sont déroulées les 28 et 29 mars et ont permis le renouvellement des conseils régionaux et de leurs présidents dans 13 régions à statut ordinaire. À l'issue du scrutin, Le Peuple de la liberté, parti de centre-droit présidé par Silvio Berlusconi, et le parti fédéraliste de la Ligue du Nord conquièrent quatre régions aux dépens de la gauche italienne, qui avait obtenu 12 régions sur les 14 à pourvoir lors du scrutin de 2005.
Mode de scrutin
[modifier | modifier le code]La loi Tatarella[1] réglemente, dans de nombreuses régions, le mode de scrutin. Elle se base sur un système mixte, au 4/5e proportionnel, et pour 1/5e majoritaire plurinominal. Toutefois, en Toscane, dans les Marches, dans les Pouilles et en Calabre, le mode de scrutin est régi par des lois spécifiques et ces régions n'appliquent donc plus la loi nationale.
Contexte politique
[modifier | modifier le code]- Au niveau régional
Lors des précédentes élections régionales, en , la coalition de gauche L'Union avait remporté 12 régions sur les 14 à pourvoir. La Maison des libertés, alliance électorale de droite conduite par le président du Conseil Silvio Berlusconi, avait alors essuyé une importante défaite, en ne s'imposant que dans deux régions (la Lombardie et la Vénétie).
Deux changements importants interviennent avant le renouvellement de 2010 :
- le , Ottaviano Del Turco, président (Parti démocrate) de la région des Abruzzes depuis 2005, doit quitter ses fonctions après son arrestation pour corruption et association de malfaiteurs. Des élections anticipées se tiennent à la fin de l'année et voient la victoire de Giovanni Chiodi, candidat présenté par Le Peuple de la liberté ;
- le , le président (Parti démocrate) de la région du Latium, Piero Marrazzo, démissionne après la révélation de l'existence d'une vidéo compromettante. Cet événement ne donne néanmoins pas lieu à un nouveau scrutin, en raison de la proximité avec les élections régionales de .
En outre, des élections ont eu lieu dans les régions autonomes à statut spécial du pays. En Sicile (2008), en Frioul-Vénétie Julienne (2008) et en Sardaigne (2009), le centre-droit l'a emporté, tandis qu'en Vallée d'Aoste (2008) et dans le Trentin-Haut-Adige (2009), la victoire revient respectivement au Südtiroler Volkspartei (parti autonomiste germanophone de centre-gauche) et à l'Union valdôtaine (parti politique centriste traditionnellement allié au centre-gauche mais qui a conclu un accord électoral avec le PdL en 2009).
Au niveau national
Le président du Conseil Romano Prodi, qui avait gagné de justesse les élections générales de 2006 face au sortant Silvio Berlusconi, donne la démission de son gouvernement le , après le rejet d'un vote de confiance par le Sénat. Les élections anticipées qui s'ensuivent donnent une large majorité à la nouvelle coalition de droite, Le Peuple de la liberté, et Silvio Berlusconi redevient président du Conseil des ministres deux ans après sa défaite. Le principal parti d'opposition, le Parti démocrate (centre-gauche), peine dès lors à se trouver un leader.
Alliances
[modifier | modifier le code]- Le Peuple de la liberté et la Ligue du Nord s'allient dans tout le Nord et le centre du pays, le PdL étant parfois également allié à des partis mineurs.
- L'Union de centre s'allie avec le Parti démocrate dans le Piémont, en Ligurie, dans les Marches et en Basilicate, avec le PdL dans le Latium, en Campanie et en Calabre ; elle se présente seule ou avec des partis mineurs dans les autres régions.
- L'Italie des valeurs d'Antonio Di Pietro se présente avec le PD, sauf en Calabre.
- Les Radicaux italiens forment une liste autonome en Toscane, s'allient avec le PD dans le Piémont, le Latium, en Campanie et dans les Pouilles, avec l'IdV en Calabre.
- Le Parti socialiste italien s'allie avec le centre-gauche, mais se présente seul dans le Latium, en Lombardie, dans le Piémont, en Ombrie et en Basilicate, et allié avec Gauche et liberté dans les Pouilles, en Calabre, en Campanie et en Vénétie ; il fait partie d'une alliance de réformateurs dans les Marches et appuie la candidature de Claudio Burlando à Gênes.
- La Fédération de la gauche se présente seule en Lombardie et en Campanie, avec Gauche et liberté dans les Marches, et fait l'objet d'un accord technique avec le PD dans le Latium, le Piémont et en Basilicate, tandis que dans les autres régions, elle est coalisée avec le PD.
- Gauche et liberté est l'alliée du PD dans toute l'Italie, sauf dans les Marches, où elle fait listes communes avec la Fédération de la gauche ; dans les Pouilles, l'ensemble du centre-gauche soutient son candidat Nichi Vendola.
- L'Alliance pour l'Italie se présente où elle peut avec le PD ou avec l'UdC.
- Le Mouvement pour les autonomies appuie Stefano Caldoro en Campanie, Agazio Loiero en Calabre et Adriana Poli Bortone dans les Pouilles.
- Force nouvelle présente des candidats à la présidence régionale en Lombardie, en Vénétie, en Toscane et dans la Campanie.
- Le Parti communiste des travailleurs est autonome en Basilicate[précision nécessaire].
- Parti de Alternative Communiste est autonome dans les Pouilles[précision nécessaire].
Résultats globaux
[modifier | modifier le code]Liste des élus
[modifier | modifier le code]Résultats des listes par coalition
[modifier | modifier le code]Parti | Votes | % | Sièges | Diff. | |
---|---|---|---|---|---|
Peuple de la Liberté et alliés | 11.273.721 | 50,22 | 281 | +4 | |
Parti démocrate et alliés | 10.016.485 | 44,62 | 324 | -33 | |
Centristes | 665.499 | 2,96 | 14 | - | |
Mouvement 5 étoiles | 390.097 | 1,74 | 4 | - | |
Autres | 101.974 | 0,45 | 1 | -1 | |
Total | 22.447.776 | 100 | 624 | -12 | |
Nuls | 1.080.690 | ||||
Blancs | 345.834 | ||||
Contestés | 12.027 | ||||
Votants : | 26.221.361 | 64.22 | |||
Inscrits : | 40.830.521 |
Polémiques
[modifier | modifier le code]- sur la limitation du nombre de mandats des présidents de conseils régionaux : il existe une controverse sur la candidature à un nombre de mandats supérieurs à deux des présidents de région élus au suffrage universel direct avant l'entrée en vigueur de la loi n°165 de 2004 (cette loi voulait éviter la formation de rentes politiques[Quoi ?] et l'accumulation de pouvoir personnel[Quoi ?]). Lors des élections de 2010, se trouvent dans cette situation Roberto Formigoni et Vasco Errani. Tous deux ont finalement pu briguer un quatrième mandat.
- concernant la présentation des listes du PdL :
- dans le Latium, les listes de la majorité ont été présentées après le terme prévu par la loi dans la province de Rome ;
- en Lombardie, la liste de soutien au président sortant Roberto Formigoni ne comportait pas le nombre nécessaire de signatures (514 signatures ont été considérées comme irrégulières).
- relatives à la parution d'un décret-loi interprétatif du , visant à contrer les décisions judiciaires en cours et garantir la réadmission des listes exclues. Ce décret, rétroactif, a été considéré comme inconstitutionnel par de nombreux commentateurs. Malgré ce décret-loi, les listes exclues n'ont pas été réadmises au scrutin.
Résultats
[modifier | modifier le code]Basilicate
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Vito De Filippo (sortant) |
Parti démocrate, Union de centre | 202 980 voix (60,82 %) | ||
Nicola Pagliuca | Le Peuple de la liberté | 93 204 voix (27,93 %) | ||
Autres candidats | 37 555 voix (11,25 %) |
Calabre
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Giuseppe Scopelliti | Le Peuple de la liberté, Union de centre | 614 584 voix (57,76 %) | ||
Agazio Loiero (sortant) |
Parti démocrate | 342 773 voix (32,22 %) | ||
Autre candidat | 106 646 voix (10,02 %) |
Campanie
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Stefano Caldoro | Le Peuple de la liberté, Union de centre | 1 586 490 voix (54,25 %) | ||
Vincenzo De Luca | Parti démocrate | 1 258 787 voix (43,04 %) | ||
Autres candidats | 79 083 voix (2,70 %) |
Émilie-Romagne
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Vasco Errani (sortant) |
Parti démocrate | 1 197 789 voix (52,07 %) | ||
Anna Maria Bernini | Le Peuple de la liberté | 844 915 voix (36,73 %) | ||
Gianluca Galletti | Union de centre | 96 625 voix (4,20 %) | ||
Autre candidat | 161 056 voix (7,00 %) |
Latium
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Renata Polverini | Le Peuple de la liberté, Union de centre | 1 409 025 voix (51,14 %) | ||
Emma Bonino | Parti démocrate | 1 331 375 voix (48,32 %) | ||
Autre candidat | 14 685 voix (0,53 %) |
Ligurie
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | |
---|---|---|---|
Claudio Burlando (sortant) |
Parti démocrate, Union de centre | 424 044 voix (52,15 %) | |
Sandro Biasotti | Le Peuple de la liberté | 389 132 voix (47,85 %) |
Lombardie
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Roberto Formigoni (sortant) |
Le Peuple de la liberté | 2 704 364 voix (56,11 %) | ||
Filippo Penati | Parti démocrate | 1 603 666 voix (33,27 %) | ||
Savino Pezzotta | Union de centre | 225 849 voix (4,69 %) | ||
Autres candidats | 285 697 voix (5,93 %) |
Marches
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Gian Mario Spacca (sortant) |
Parti démocrate, Union de centre | 409 823 voix (53,17 %) | ||
Erminio Marinelli | Le Peuple de la liberté | 306 076 voix (39,71 %) | ||
Autre candidat | 54 851 voix (7,12 %) |
Ombrie
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Catiuscia Marini | Parti démocrate | 257 458 voix (57,24 %) | ||
Fiammetta Modena | Le Peuple de la liberté | 169 568 voix (37,70 %) | ||
Paola Binetti | Union de centre | 22 756 voix (5,06 %) |
Piémont
[modifier | modifier le code]Cette élection obtenue de justesse est invalidée par le Conseil d'État italien en 2014 : elle donnera donc lieu à des élections régionales anticipées en 2014.
Candidat | Parti | Score | |
---|---|---|---|
Roberto Cota | Ligue du Nord | 1 043 275 voix (47,33 %) | |
Mercedes Bresso (sortant) |
Parti démocrate, Union de centre | 1 033 989 voix (46,91 %) | |
Autres candidats | 127 085 voix (5,77 %) |
Pouilles
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Nichi Vendola (sortant) |
Gauche, écologie et liberté | 1 036 638 voix (48,69 %) | ||
Rocco Palese | Le Peuple de la liberté | 899 590 voix (42,25 %) | ||
Adriana Poli Bortone | Union de centre | 185 370 voix (8,71 %) | ||
Autre candidat | 7 376 voix (0,35 %) |
Toscane
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Enrico Rossi | Parti démocrate | 1 055 751 voix (59,73 %) | ||
Monica Faenzi | Le Peuple de la liberté | 608 680 voix (34,44 %) | ||
Francesco Bosi | Union de centre | 81 106 voix (4,59 %) | ||
Autres candidats | 21 872 voix (1,24 %) |
Vénétie
[modifier | modifier le code]Candidat | Parti | Score | ||
---|---|---|---|---|
Luca Zaia | Ligue du Nord | 1 528 382 voix (60,16 %) | ||
Giuseppe Bortolussi | Parti démocrate | 738 763 voix (29,08 %) | ||
Antonio De Poli | Union de centre | 162 236 voix (6,39 %) | ||
Autres candidats | 111 354 voix (4,38 %) |
Litige
[modifier | modifier le code]Le tribunal administratif régional du Piémont ordonne en le recompte des voix dans la région Piémont après le recours des listes de gauche contre deux listes alliées au nouveau président Roberto Cota qu'elles considèrent comme irrégulières[2]. Finalement le , le conseil d'État confirme provisoirement l'élection de Roberto Cota, suspendant le recompte des votes[3]. Le même Conseil d'État, en , finit par invalider définitivement cette élection au motif que la liste Pensionati per Cota n'avait pu se présenter qu'en raison de signatures falsifiées. Cota est démis de ses fonctions et des élections régionales anticipées sont, malgré sa réticence, convoquées pour le .
Sources
[modifier | modifier le code]- Résultats des élections régionales sur le site du ministère de l'Intérieur italien (Basilicate, Campanie, Émilie-Romagne, Latium, Ligurie, Lombardie, Ombrie, Piémont, Vénétie)
- (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Elezioni regionali italiane del 2010 » (voir la liste des auteurs).
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Cette loi, également appelée Tatarellum, est la loi n°43 du 23 février 1995, qui a été conçue pour réglementer le mode de scrutin des régions italiennes à statut ordinaire et qui a été étendue à trois régions autonomes à statut spécial. Prenant son nom du député d'Alliance nationale qui l'a signée, elle a pour objectif d'instaurer un régime présidentiel au niveau régional, en instaurant une dose de majoritaire.
- Revues de la presse italienne - Vendredi 16 juillet 2010, site officiel de l'ambassade de France à Rome, .
- (it) « Il Consiglio di Stato dà ragione al ricorso di Cota "In Piemonte fermare il riconteggio delle schede" », Il Giornale, .