Émile Guigou
Président Société d'histoire de Vauvert-Posquières (d) | |
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Alain Teulade (d) | |
Premier adjoint au maire (d) Vauvert | |
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Maire de Vauvert | |
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Naissance | |
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Décès | |
Nationalité | |
Formation |
Faculté de médecine de Montpellier (jusqu'en ) |
Activités | |
Conjoint |
Jeanne Guigou (d) |
Enfant | |
Parentèle |
Émile Guigou (d) (grand-père) |
Partis politiques | |
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Mouvement | |
Maître |
Marcel Carrieu (d) |
Distinctions |
Prix Fontaine () Médaille de la Résistance () Prix de littérature régionaliste (d) () |
Émile Guigou, né le à Nîmes et mort le à Vauvert (Gard), est un homme politique, résistant, médecin et historien local français.
Biographie
[modifier | modifier le code]Petit-fils d'Émile Guigou, président de la commission municipale de Vauvert en 1870 et conseiller général du Gard pour le canton de Vauvert de 1871 à 1877, fils de Charles Guigou et d'Anna Dupont, tous deux viticulteurs, il a deux aînés, un frère (André) et une sœur (Jane)[1]. Il naît le dans une « famille de la bourgeoisie protestante, marquée par le radicalisme »[2].
Sa famille s'installe à Nîmes lorsqu'il a deux ans[1]. Il est dans sa jeunesse chef scout aux Éclaireurs unionistes de France, où il noue une amitié avec Georges Daumezon[1]. Après avoir fait ses classes au lycée de garçons de Nîmes, jusqu'à l'obtention du baccalauréat en 1927[1], il choisit de poursuivre des études de médecine, sur les brisées de son grand-père[2]. Il conservera également la propriété des vignes de son père[3] au mas Pierrefeu[4].
Dans les années 1930, alors étudiant à Montpellier, il découvre des ouvrages consacrés au christianisme social, qui le font évoluer vers des positions socialistes et pacifistes, et l'amènent à adhérer à la Section française de l'Internationale ouvrière[2]. De 1934 à 1936, il met ses études en pause pour soigner un début de tuberculose au Chambon-sur-Lignon, et sympathise avec le Mouvement international de la réconciliation[5]. Dès 1936, il fonde à la section SFIO de Vauvert une antenne des Jeunesses socialistes, puis, poussé par le secrétaire, Prosper Colognac, devient secrétaire du comité local du Front populaire[2], poste auquel il prend une part active aux vastes manifestations de juin[5]. L'année suivante, tête d'une liste critique de la municipalité radicale en place[5], il est élu conseiller municipal à la faveur d'une élection partielle[2].
En 1939, il épouse Jeanne Fauché, nièce de Gaston Bazile, sénateur du Gard[6], qui deviendra notamment cheffe de chœur au temple de Vauvert[7]. La même année, il soutient sa thèse d'exercice[8] sous la direction de Marcel Carrieu, qui lui vaut le prix Fontaine[6]. Ayant opté pour une carrière de médecin hygiéniste, il est nommé directeur départemental de la santé publique de la Creuse, à Guéret, mais est révoqué en [9] par le préfet pétainiste Jacques Henry[2]. Il rentre alors à Vauvert, où, après avoir envisagé une carrière hospitalière[10], il s'établit comme généraliste[2]. À la fin de 1941, il diffuse quelques tracs clandestins[11] puis forme avec des amis un groupe de résistance, qui s'affilie en 1942 à Combat et a des contacts avec les maquis Chambon-sur-Lignon et Aigoual-Cévennes[12] ; il est surtout actif à compter de 1944[2]. Chef de la zone de Nîmes-Sud pour Combat, il organise notamment l'aide aux maquis cévenols et le sabotage de voies ferrées[3].
Courant 1944, il reçoit un appel du docteur Carrière, un ancien condisciple du lycée de Nîmes, qui tente de l'avertir par un message codé[a] des risques qu'il encourt[11]. Le [9], il est arrêté avec Jean Bord (fils de l'ancien juge de paix Philippe Bord) par des agents du deuxième bureau de la Milice française, jeté dans les geôles de l'hôtel Silhol à Nîmes[2], et frappé au visage lors d'un interrogatoire musclé[13]. Sa femme n’obtiendra pas l’autorisation de le voir, malgré l’intervention du maire Jean Sabadel[2]. Ayant sympathisé avec d'autres prisonniers communistes, il acquiert la conviction d'une nécessaire union de la gauche[2] « contre toute force politique réactionnaire »[9].
Relâché le 21 au soir, il rentre à Vauvert le lendemain[14]. Après avoir travaillé toute la nuit avec Georges Griffe et Robert Gourdon pour préparer cette action[14], il s'empare de l'hôtel de ville avec un groupe de résistants le 26 suivant, et devient président du comité local de Libération[2] après avoir proclamé la restauration de la République et de la démocratie sur le perron[1], plus de 70 ans après son grand-père. Il organise le ravitaillement de la population en rouvrant les halles, en créant une cantine scolaire et en organisant des distributions de viande[2]. Il prend également l'initiative du recreusement du canal de la Capette, permettant ainsi le retour de l'irrigation des marais en eau douce[2]. Élu maire en 1945, il laisse toutefois son poste quelques mois après à Robert Gourdon, et fait le choix de devenir son premier adjoint[2]. À ce poste, qu'il occupe jusqu'en 1977, il contribue à la modernisation de la commune et de l'économie locale[2], cofondant notamment la cave coopérative de Gallician en 1952[3].
En 1945 et 1946, il donne une série de conférences sur les thèmes du désarmement ou du fédéralisme européen[15]. Recommandé par Paul Béchard et Jean Bastide, il reçoit en 1947 la médaille de la Résistance[4]. En 1954, il réchappe à un grave accident routier[4].
Dès 1956, défavorable à la politique de Guy Mollet, il envisage de quitter la SFIO[16]. En , à l'occasion du congrès départemental, il apporte son soutien à la motion de Jean Bastide prônant un « cessez-le-feu immédiat » en Algérie[17]. Il prend part dans la foulée à la fondation de l'Union de la gauche socialiste[18]. En , il défend le droit des Algériens « à une vie normale » et leur accession à l'indépendance, et prend alors la tête du Comité départemental pour le « non » au référendum sur le projet de Constitution[18]. La même année, il quitte la SFIO pour rejoindre le Parti socialiste autonome, avant de passer au Parti socialiste unifié[2]. En 1971, il adhère au Parti socialiste naissant[2]. Il en est exclu en 1983[9] lors des élections municipales où il avait pris la tête d'une liste socialiste, écologiste et autogestionnaire, concurrente de la liste soutenue par le Parti socialiste[19]. Réintégré en 1985, il en démissionne en 1989[19].
Sympathisant du mouvement dit du Christianisme social[16], il fut président du consistoire de l'Église réformée de Vauvert[3]. À la fin des années cinquante, par trois fois, il est délégué du Languedoc-Roussillon aux synodes nationaux de l'Église réformée de France[20]. En 1970 cependant, il perd la foi de manière définitive après avoir lu Le Hasard et la Nécessité[21].
Ayant pris sa retraite en 1977[20], il fonde un an après la Société d'histoire de Vauvert-Posquières[22]. Il poursuit et intensifie ses recherches sur l'histoire de Vauvert. Avec l'aide de son fils Jacques Guigou, universitaire et éditeur, il crée le Bulletin de la Société d'Histoire de Vauvert-Posquières. Dans le numéro 4 (hiver 1998) de ce Bulletin, il publie l'étude d'un jeune chercheur qui établit l'origine du nom « Posquières »[23]. Il meurt le dans sa maison à Vauvert[2].
Postérité
[modifier | modifier le code]La salle Justice-de-Paix de l'hôtel de ville de Vauvert, destinée aux conseils municipaux, a pris son nom en 2014[3].
Il a trois enfants : Jacques Guigou, Geneviève Guigou et Christiane Guigou-Beuf[22]. Dans la lignée de ses travaux de socioéconomie locale, son fils Jacques soutient une thèse consacrée aux jeunes ruraux du Languedoc méditerranéen[24] et devient sociologue[25] et poète[26].
Ouvrages
[modifier | modifier le code]- Les Contraintes de la vie vauverdoise : histoire politique, religieuse et économique de Vauvert (1789-1975), Montpellier, Rouvière, , 309 p. (BNF 34837326) — prix de littérature régionaliste du conseil général du Gard[27].
- Une cité au pays d'Oc : de Posquières à Vauvert, Paris, Anthropos, , 285 p. (ISBN 2-7157-0322-8) — réédité en 1995 aux éditions de l'Impliqué.
- Trad de Jacques Meizonnet (préf. Georges Griffe), Pouëma au sugié de la salada dé l'estan d'Escamandré situa sus li terraïré de Vouvert et dé San-Gillé, arrivada en l'annada 1825, Les Amis de l'histoire de Vauvert, 1980.
- Les Conquérants de la Costière, Paris, Anthropos, , 212 p. (ISBN 2-7157-1027-5) — évoque les importantes mutations socioéconomiques de Vauvert dans la seconde moitié du XVIIIe siècle.
- Les Guiraud : chronique d'une famille de paysans languedociens sous la Révolution, l'Empire et la Restauration (1771-1833), Montpellier, Presses du Languedoc, , 292 p. (ISBN 2-85998-010-5) — roman historique retraçant l'évolution de la famille Guiraud, alliée aux Guigou.
- Moussu Mile : un notable de Vauvert dans la deuxième partie du XIXe siècle (préf. Alain Teulade), Nîmes, Lacour, coll. « Colporteur », , 286 p. (ISBN 2-86971-780-6) — roman historique inspiré de la vie de son grand-père Émile Guigou.
- Écrits politiques (préf. Jacques Guigou), Paris, L'Harmattan, , 151 p. (ISBN 978-2-296-12775-3, lire en ligne) — ouvrage posthume qui reprend des articles publiés et des conférences prononcées entre 1936 et 1999.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- « Soigne tes bronches, Émile… »
Références
[modifier | modifier le code]- Guigou 2010, p. 140.
- Brès et Pichon 2009.
- « Il y a 70 ans », Vauvert le mag', no 4, septembre 2014, p. 10 (lire en ligne) et allocution de Jacques Guigou pour l'inauguration de la salle Émile Guigou https://www.youtube.com/watch?v=8KNR39-p3rY&t=1s.
- Guigou 2010, p. 146.
- Guigou 2010, p. 142.
- Guigou 2010, p. 143.
- « Jacques Guigou : l’incessant retour aux sources », sur Voir Plus, (consulté le ).
- BNF 32206036.
- Deschamps 2002.
- Guigou 2010, p. 137.
- Guigou 2010, p. 138.
- Alain Teulade, 1939-1945 : une tranche de l'histoire de la commune de Vauvert, mairie de Vauvert, (lire en ligne), p. 7.
- Guigou 2010, p. 139.
- Teulade 2015, p. 10.
- Guigou 2010, p. 145.
- Bernard Deschamps, « Un cas : militants anticolonialistes dans le Gard (1954-1962) », communication au colloque Pour une histoire critique et citoyenne : le cas de l’histoire franco-algérienne, École normale supérieure de Lyon, 21 juin 2006 (édition électronique).
- Deschamps 2002, p. 59.
- Deschamps 2002, p. 74.
- Guigou 2010, p. 148.
- Guigou 2010, p. 147.
- Guigou 2010, p. 9.
- « Carnet », Le Monde, (lire en ligne).
- Dominique Raynaud, « Le toponyme Posquières : un cas d’hybridation sociolinguistique latin-hébreu », Bulletin de la Société d'histoire de Vauvert-Posquières, Société d'histoire de Vauvert-Posquières (d), no 4, , p. 5-40 (ISSN 1273-6805, BNF 34537144, lire en ligne)., p. 8.
- « Sociologie des jeunes ruraux dans le Languedoc méditerranéen », sur sudoc.fr (consulté le ).
- « Jacques Guigou », sur www.editions-harmattan.fr (consulté le ).
- Edmond Lanfranchi, « Encore une belle journée du Scamandre », Vauvert Plus, (lire en ligne).
- Archives départementales du Gard, 1461 W 17, liste des ouvrages primés à partir de 1942.
Annexes
[modifier | modifier le code]Sources
[modifier | modifier le code]- [Deschamps 2002] « Guigou Émile », dans Bernard Deschamps, Les Gardois contre la guerre d'Algérie, Montreuil, Le Temps des cerises, (ISBN 2-84109-411-1), p. 157.
- [Brès et Pichon 2009] Jacques Brès et Laurent Pichon, « Émile Guigou : du mouvement Combat à la mairie de Vauvert », dans La Résistance dans le Gard (DVD-ROM), Paris, Association pour des études sur la résistance intérieure, (ISBN 978-2-915742-23-7) — notice individuelle non paginée.
- [Guigou 2010] Jacques Guigou, « Annexes », dans Écrits politiques, op. cit., p. 137-149 — comprend des repères bio-bibliographiques et un point sur l'engagement d'Émile Guigou dans la Résistance.
- [Cabanel 2020] Patrick Cabanel, « Guigou Émile », dans André Encrevé et Patrick Cabanel (dir.), Dictionnaire biographique des protestants français de 1787 à nos jours : D-G, t. II, Paris, Max Chaleil, (ISBN 978-2-8462-1288-5), p. 1004-1005.
Liens externes
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- Entretien avec Alain Teulade (1996) [vidéo]