Cette étape, a priori calme et banale, et destinée à se terminer par un sprint massif, va se révéler être pleine de rebondissements. Profitant d'un fort vent de 3/4 dos favorable aux bordures, la Deceuninck Quick Step parvient dès le premier kilomètre à scinder le peloton en plusieurs groupes disparates. L'essentiel des favoris se retrouve piégé, relégué dans un peloton principal qui s'organise pour tenter de rétablir la situation. Seul Nairo Quintana (Movistar), jusque là très décevant en montagne, parvient à rester au contact de la première bordure. Grâce au travail des Deceuninck, et notamment du belge Tim De Clercq, le groupe d'échappés prend rapidement une avance considérable, atteignant les 5'30 au kilomètre 120. A cet instant Nairo Quintana, qui avec plus de 7 minutes de retard au matin de l'étape semblait absolument hors course pour la victoire finale, se retrouve virtuellement sur le podium et peut même rêver d'endosser le maillot rouge.
Cependant, le peloton des favoris, emmené par les équipiers du maillot rouge Primoz Roglic (Jumbo-Visma) et ceux de la révélation slovène Tadej Pogačar (UAE Team Emirates) accélère alors le rythme pour éviter un tel scénario. Cette accélération, fatale à Nicolas Edet (Cofidis) permet de réduire l'écart à environ 4'30 à 40 kilomètres de l'arrivée, éloignant le spectre d'une prise de pouvoir de Quintana. L'écart se stabilise alors, avant de repartir à la hausse dans les derniers kilomètres en raison de l'accélération des Deceuninck. Ceux-ci tentent en effet de jouer de leur supériorité numérique afin d'obtenir la victoire face à certains des meilleurs sprinteurs de cette Vuelta, à commencer par Sam Bennett (Bora-Hansgrohe). Après une attaque de Zdeněk Štybar (Deceuninck Quick-Step) à 2 kilomètres de l'arrivée, c'est son coéquipier Philippe Gilbert qui porte l'accélération décisive et s'en va remporter cette étape. Sam Bennett doit se contenter de la deuxième place, devant un autre coéquipier de Gilbert, le Français Rémi Cavagna[1].
Nairo Quintana, arrivé avec dix secondes de retard, n'en demeure pas moins le grand vainqueur de l'étape du point de vue du classement général. Reprenant plus de cinq minutes aux autres favoris, il remonte sur la deuxième marche du podium, devant son coéquipier Valverde, et redevient un candidat crédible à la victoire finale. Wilco Keldermann (Sunweb) et James Knox (Deceunick Quick-Step), profitent aussi de ce scénario improbable pour se replacer dans le Top 10. A quatre jours de l'arrivée, avant même les dernières étapes de montagne, les cartes de ce Tour d'Espagne se trouvent de nouveau rebattues et Quintana voire Keldermann peuvent de nouveau rêver au podium ou à la victoire, au même titre que Roglic, Valverde, Lopez et Pogacar.
Avec une moyenne de 50,63 km/h, cette étape est la deuxième plus rapide du XXIe siècle sur le Tour d'Espagne, seulement devancée par la 9e étape de l'édition 2001, entre Logroño et Zaragoza, qui s'était quant à elle déroulée à plus de 55 km/h [2] Ce record de vitesse dans une course de plus de 200 kilomètres permet à Phillippe Gilbert de recevoir le ruban jaune.