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Artisanat algérien

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L'artisanat algérien est riche par son histoire et ses artisans. C'est un secteur national qui regroupe 506 104 activités avec 960 000 emplois créés en 2018 et qui a contribué avec 33 milliards de DA au PIB algérien en 2017[1].

Un artisan dinandier à la Casbah d'Alger

Le ministère du Tourisme et de l'Artisanat s'occupe de gérer le budget lié à la promotion du secteur artisanal[2].

L’artisanat algérien, est d’une incontestable richesse et d’une étonnante variété[3] tant dans les formes, que dans les techniques et les décors. Cette richesse est rehaussée par la modestie des matériaux dont sont constituées les œuvres artisanales. Nécessaires à la vie quotidienne, elles sont conçues dans un but utilitaire et souvent comportent des motifs dont la signification, suivant les croyances locales, leur confère des vertus protectrices. La diversité des conditions climatiques, des ressources naturelles et les différentes civilisations de l’Algérie expliquent la présence d’une vaste gamme de spécialités artisanales.

Lois et textes juridiques

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Les produits de l'artisanat

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C'est surtout l'argent qui est employé par les populations rurales, l'or est employé dans les parures des villes comme Alger ou Constantine. Le bijou algérien est avant tout dans la forme et dans l'utilité un bijou berbère, c'est ensuite au gré des régions et des influences (islamiques, andalouses, sahélienne …) qu'il va s'enrichir de décors et de formes géométriques multiples, ce qui fait que l'Algérie est un des pays qui présente un panorama de bijoux le plus diversifié au monde tout en gardant une certaine authenticité[4].

En grande Kabylie, notamment, par dizaines et jusque dans les moindres villages, les bijoutiers produisent les bijoux faits de plans d'argent, cloisonnés de fils ou filigranes, sertis de corail ou émaillés dans les nuances bleu foncé, vert et jaune, dont les principaux sont les bracelets de bras ou de chevilles, les boîtes d'allumettes, bagues, colliers, broches, fibules, croix du Sud, etc.

Bijou de Kabylie

Les bijoux de Kabylie sont très connus au Maghreb pour leur couleurs vives et leur raffinement. Constitués d'argent (comme tous les bijoux ruraux du Maghreb), ils sont ornés de coraux récoltés en Méditerranée ou parfois d'émaux.

Le bijou kabyle est authentiquement berbère dans la forme et l'utilité mais il doit en partie son apparence colorée à l'influence des Andalous qui ont introduit l'émaillage dans cette région. Il y a plusieurs sortes de bijoux qui correspondent à des usages particuliers : broches de front ou de poitrine (tavrucht) et fibules (tabzimt), qui retenaient les robes en divers points, ceintures (tahzamt), colliers (azrar), bracelets (azevg), bagues (tikhutam) et boucles d'oreilles (talukin).

Les orfèvres kabyles les plus illustres sont les Aït-Yenni de Grande Kabylie. Il existe de plus en Petite Kabylie un type de bijou forgé semblable à ceux des Aurès[5].

Bijoux chaouis, Musée de l'Homme, lors d'une exposition consacrée à Germaine Tillion

Le bijou des Aurès est plus sobre que celui de Kabylie. Il se distingue aisément de celui des autres régions grâce à la présence inévitable des longues chaînettes agrémentant les colliers, les boucles d'oreille, les fibules, etc[6]... Si le corail s'inscrit en sertissure dans la plupart des bijoux anciens, ce sont les verroteries multicolores qui ornent principalement les bijoux actuels.

Bijou touareg, musée du quai Branly, Paris

Le bijou touareg a su garder son authenticité à travers l'histoire. L'outillage reste très simple, il consiste en un soufflet en peau de mouton, un chalumeau à bouche, une cisaille, quelques poinçons, des creusets et des limes. Pour fabriquer ses bijoux, l'artisan utilise les deux procédés les plus courants : le moulage et le martelage. Les matériaux les plus employés sont l'argent et le cuivre.

Il y a différents types de bijoux spécifiques de la région : Tasralt (pendentif en argent ayant la forme d'un losange), Tineralt qui est plus connu sous l'appellation de croix d'Agadès, Khomessa (formé de 5 losanges et ayant des attributs magiques), Téreout n'azref (un étui d'amulettes), tisegin (les bagues) et ihebgan (les bagues)[7].

Vente de tapis en camion ambulant

Dans la région de Tlemcen, on tisse des tapis ras destinés à un usage principalement utilitaire. Ils sont représentés par des couvertures, souples souvent de grande taille, et des tentures. Tissés soit au métier à haute lisse, soit, pour certains types, au métier à basse lisse.

Les tissages de Tlemcen sont reconnaissables à leurs ornements composés de bandes horizontales et de motifs aux formes géométriques. Il s'agit, en effet, d'une forme de tapis berbère mais avec des motifs moins complexes que ceux retrouvés dans d'autres régions comme en Kabylie ou chez les Mozabites. Cependant, la simplicité du tapis de Tlemcen lui confère un charme unique.

Les bandes horizontales du tapis de Tlemcen sont caractérisées par certains motifs typiques à la région, tels les losanges, les damiers carrés et rectangulaires. Certains tapis présentent une forme asymétrique, mais on peut également retrouver des tapis exécutés au métier à basse lisse, appelés "hchaïchi", qui présentent une forme symétrique, avec bordure et dont le champ est composé de grands carrés décorés[9].

Kabylie, Mzab et Aurès

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Tapis de Kabylie.

Les tapis amazigh sont faits de laine (mouton, chameau ...) . Ils sont destinés à un usage domestique, sur le sol ou les murs, voir religieux, pour la prière. Bien que menacé, l'art du tapis se conserve dans quelques villages de Kabylie et dans le Hodna mais surtout dans le Mzab. Il existe même des fêtes du tapis, comme celle des Ait Hichem, ou de la vallée du Mzab, où sont exposées des productions de toute l'Algérie.

Pour la seule Kabylie il y a plusieurs variétés de tapis, ceux d'Ait Hichem aux motifs transversaux, ceux de Aït Zmenzer et des Ouadhias. Dans le massif du Guergour au nord de Setif, il existe une forme de tapis originale dont les dimensions peuvent aller jusqu'à 8 mètres de long. Ce tapis mélange les motifs locaux et les influences orientales notamment ottomanes, souvent l'ornement est composé de motif floraux et des motifs hexagonaux au centre appelés mihrab[10].

Les motifs des tapis remontent à des temps très anciens, au Paléolithique. On note par ailleurs une très forte ressemblance entre les productions de Kabylie et de la vallée du Mzab. D'une manière générale, le tapis amazigh est très coloré et constitue un objet de décoration très demandé.

La dinanderie existe en Algérie depuis le Moyen Âge. Les artisans emploient la feuille de cuivre pour fabriquer des ouvrages à des fins utilitaires et décoratives. Pendant la période ottomane, le savoir-faire algérien s'est enrichi de motifs et de techniques venues d'orient. Les grands centres en Algérie sont Alger, Tlemcen et Constantine. Dans le Sahara à Ghardaia et Tindouf surtout, il y a aussi un type de dinanderie dont les œuvres sont plus massives et arrondies pour avoir une meilleure stabilité sur le sable[11].

Villes du Nord

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Actuellement les objets artisanaux en cuivre tendent à miser sur la valeur décorative au moyen de riches ornements étant donné que sur le plan utilitaire ils sont concurrencés sévèrement par les produits manufacturés.

Les objets fabriqués à Alger sont les mahbess, les berreds (théières), les el brik ou tassa (aiguière et récipient) pour les ablutions, el mordjen (seau qui sert à recueillir l'eau du puits) et surtout el Sniouaqui est un plateau à thé et pâtisserie.

Les objets emblématiques de Constantine sont El-Kattara (égouttoir) un objet qui sert à produire des parfums de rose et de jasmin et el Kirouana sorte de bassine aux parois légèrement évasées, utilisée pour la toilette. Constantine est la ville qui intègre le plus de motifs orientaux. D'ailleurs la ville a gardé son souk enhassine(marché du cuivre) dans le médina [12]. Les villes d'Alger et de Constantine sont aussi connues pour les lampadaires et les lustres en cuivre.

La ville de Tlemcen se distingue par ses très grands lustres ornés d'arabesques, ses poignées de porte très richement décorées, des supports de livres et ses grands sniouas aux motifs locaux.

Ghardaïa est spécialisée dans la production de petit plateaux peu décorés et de bouilloires alors qu'à Tindouf l'artisanat du cuivre se retrouve dans les théières, marmites, bassines et parfois les motifs très fin des bijoux en cuivre rouge et jaune.

Dans le Sahara la dinanderie reste à production utilitaire et non décorative, ce qui explique le contraste avec les villes du nord.

Travail du bois

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Le sendouk (coffre)

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Ustensiles de cuisine

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Poterie et céramique

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  • Les poteries: modelées, dont la décoration remonte au fond des âges, la technique, la forme, le décor sont identiques à ceux extraits des dolmens, reliques vivantes des premières civilisations, poteries dont les plus modestes sont susceptibles d'être exposées dans les vitrines de collectionneurs.
Poterie ancienne de Kabylie, lampe.
Poterie de Kabylie.

Alors que la fabrication des tuiles est effectuée par les hommes, la poterie à usage domestique est un travail réservé aux femmes. Elle est faite d'argiles de différentes couleurs selon les gisements. Les signes utilisés pour la décoration remontent pour certains à la Préhistoire et aux origines de l'alphabet tifinagh. La coloration se fait à base de kaolin ou d'oxyde ferro-manganique, ce qui permet d'obtenir des teintes vives[13]. La poterie a une utilité pratique mais aussi religieuse : les familles s'en servent pour orner les mosquées et les mausolées des saints soufi et des marabouts (imravten). Elle tient aussi un rôle important dans les fêtes, notamment pour la cérémonie du henné. Il s'agit actuellement d'un patrimoine menacé.

Travail du cuir

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Le cuir pour sa souplesse et sa résistance est utilisé en Algérie pour la confection d'une multitude d'objets (selles de cavaliers, babouches, poufs, sacs, etc.). Les centres les plus actifs sont les hauts plateaux, le Hoggar et le Mzab. Les grandes villes comme Tlemcen, Constantine ont conservé le savoir-faire de tannerie artisanale (debbaghines), mais actuellement ce savoir-faire se perd face à la concurrence des cuirs traités en Europe[14].

L'artisanat des Touaregs en ce domaine présente des originalités comme le taghallabt, un objet en forme de portefeuille ou aghreg, le sac de voyage. Le cuir de la région provient des chèvres ou des dromadaires. Il est coloré d'oxyde de cuivre lui donnant des teintes vertes et orné de symboles inspirés de l'alphabet tifinagh.

En Kabylie les peaux de mouton et de chèvre sont aussi transformées parfois pour faire des outres et des sacs de voyage sans décoration.

Actuellement le secteur du cuir algérien est en pleine crise et nécessite une réhabilitation face à la mondialisation et une concurrence sévère[14].

  • Vanneries: du Touat Ouest saharien, du Hoggar, de Kabylie, délicates dans leurs gammes de verts et jaunes. blanche de Dellys, colorée d'Oued Rhiou.
  • Vannerie[15],[16],[17] fine de raphia dont la décoration est souvent empruntée aux motifs relevés sur les poteries.
Femme algérienne du XIXe siècle en tenue garnie de broderies d'or.

En Algérie, la broderie est un artisanat pratiqué aussi bien en ville qu'en milieu rural. Alors que la broderie citadine s'est enrichie des influences de la décoration andalouse et orientale, la broderie rurale, elle, conserve dans certaines régions la décoration berbère faite de ces mêmes motifs géométriques qu'on retrouve sur les tapis et autres poteries comme dans les hauts plateaux en Kabylie, dans le Mzab, le Hoggar et les Aurès. Le tarz (broderie) est aussi symbole de raffinement, de sérénité et de sérieux, chez les femmes qui le pratiquent.

Les matières utilisées sont aussi bien la laine, la soie, le coton, le velours ou le lin selon les régions et l'usage réservé. Même si le fond berbère est prédominant et donne une unicité à cet art, l'apport andalou n'est pas négligeable, de ce fait le Maghreb hérite dès le XVe siècle de ses incidences artistiques dont les villes d'accueil sont Tlemcen et Alger principalement[18]. Les villes de Alger et Constantine se sont enrichies des apports orientaux par le biais des Arabes et des Ottomans. Dans les hauts plateaux et dans l'ouest, la broderie en fil d'or sur du cuir sert à orner les selles des cavaliers.

Caftan féminin offert par Ali Pacha, dey d'Alger, à la Couronne de Suède en 1731[19].

Les artisans algériens des métiers du textile donneront un nouvel aspect au caftan venu d’Asie en lui incorporant des motifs luxueux hérités du faste des anciennes dynasties berbéro-arabes. Il fut introduit en Algérie lors de l’apogée de l’Empire ottoman en l’an 1515. C'est à partir de cette époque qui a vu naître le Caftan algérien[20].

Notes et références

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  1. « radioalgerie.dz/news/fr/articl… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  2. Ministère du Tourisme et de l'Artisanat Algérie
  3. ministère du tourisme et de l'artisanat Algérie
  4. « algerie-artisanat.com/default.… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  5. Michel Behagle, « Les bijoux kabyles » [PDF].
  6. « algerie-artisanat.com/default.… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  7. « algerie-artisanat.com/default.… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  8. El Waten
  9. Musée National des Arts et Tradition populaires, Alger
  10. « algerie-artisanat.com/default.… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  11. Aldjazair.net, « - Aldjazair.net », sur aldjazair.net via Wikiwix (consulté le ).
  12. « algerieautrefois.com/news/news… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  13. Site « Poterie kabyle ».
  14. a et b http://www.elwatan.com/Les-derniers-tanneurs-de-la-ruelle
  15. Benfoughal, Tatiana, « Qu’est ce qu’une « belle » vannerie au sahara ? », sur revues.org, Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme, (ISBN 978-2-7351-1235-7, ISSN 0248-6016, consulté le ), p. 216–245.
  16. Benfoughal, Tatiana, « La vannerie saharienne se métisse », sur revues.org, Techniques & Culture. Revue semestrielle d’anthropologie des techniques, Les éditions de la Maison des sciences de l’Homme, (ISBN 2-7351-1512-7, ISSN 0248-6016, consulté le ), p. 194–211.
  17. Benfoughal, Tatiana, « Production et commercialisation des vanneries dans les oasis du Sahara », sur revues.org, Journal des africanistes, Société des africanistes, (ISBN 978-2-908948-29-5, ISSN 0399-0346, consulté le ), p. 112–140.
  18. « algerie-artisanat.com/default.… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  19. « Discover Islamic Art - Virtual Museum », sur islamicart.museumwnf.org (consulté le ).
  20. http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/129327

Articles connexes

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Liens externes

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Bibliographie

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