Couronne radiée
La couronne radiée (en latin : corona radiata, de radius, « rayon »), également connue sous le nom de couronne solaire, couronne de soleil, couronne orientale ou couronne de tyran, est une couronne, un diadème ou un autre couvre-chef symbolisant le soleil dans l'Antiquité gréco-romaine ou, plus généralement, les pouvoirs associés au soleil. Outre la forme égyptienne ancienne d'un disque entre deux cornes, la couronne est formée d'un certain nombre de bandes plus étroites qui partent de la tête du porteur pour représenter les rayons du soleil. Ceux-ci peuvent être représentés soit comme plats, sur le même plan que le cercle de la couronne, soit comme s'élevant à angle droit par rapport à lui. Déjà présente à l'époque hellénistique, elle devient ensuite l'apanage de l'empereur romain divinisé, dont elle symbolise l'immortalité. L'empereur est alors assimilé à Sol Invictus.
La couronne radiée de l'empereur est un élément traditionnel de la numismatique romaine.
La statue de la Liberté, à New York, porte la couronne radiée.
Histoire
[modifier | modifier le code]Dans l'iconographie de l'Égypte antique, la couronne solaire se présente sous la forme d'un disque encadré par les cornes d'un bélier[1],[2] ou d'une vache. Elle est portée par des divinités telles qu'Horus sous sa forme solaire ou à tête de faucon[3], Hathor et Isis. Elle peut également être porté par les pharaons[4].
Dans l'Égypte ptolémaïque, la couronne solaire pouvait également être un diadème rayonnant, modelé sur le type porté par Alexandre le Grand (identifié au dieu soleil Hélios) dans l'art, à partir du milieu du IIe siècle avant notre ère[5], peut-être influencée par les contacts avec l'empire Shunga[6], et un exemple gréco-bactrien est représenté au grand Stūpa de Bharhut[6]. Le premier souverain égyptien à porter cette version de la couronne solaire est Ptolémée III[7].
Dans l'Empire romain, la couronne solaire était portée par les empereurs romains, notamment en association avec le culte de Sol Invictus[8], influencée également par les représentations radiées d'Alexandre[5]. Bien qu'Auguste soit représenté portant une couronne sur une pièce posthume, après sa déification, et Néron sur au moins une pièce de son vivant, elle n'est devenue courante, et parfois habituelle, sur les pièces de monnaie qu'à partir du IIIe siècle. L'histoire rapporte que Gallien a au moins porté une couronne en public[9]. La couronne solaire portée par Constantin, premier empereur à se convertir au christianisme, a été réinterprétée comme représentant les « Saints Clous »[10].
Beaucoup plus tard, la couronne rayonnante a été associée à la Liberté personnifiée, généralement sous la forme d'un disque circulaire avec des rayons rayonnant dans différentes directions. Elle apparaît pour la première fois dans le Grand sceau de France à partir de 1848 (et sous les républiques françaises suivantes), et est surtout connue de la statue de la Liberté. À partir de la Renaissance, l'ancien colosse de Rhodes, une statue d'Hélios, a souvent été représenté avec une telle couronne, bien que son apparence soit aujourd'hui incertaine.
Galerie
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Amon-Rê, portant une grande couronne de plumes et un disque solaire (715-664 av. J.-C.)
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Monnaie de Ptolémée IV représentant son père divinisé, Ptolémée III.
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Le Colosse de Rhodes, image du dieu Hélios, reconstitution de 1828.
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Disque d'argent dédié à Sol Invictus, IIIe siècle.
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Monnaie émise par Alexandre, roi d'Épire.
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Monnaie de l'empereur romain Aurélien, 274-275 : Aurélien et Sol Invictus portent une couronne rayonnante.
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Monnaie de l'empereur romain Gordien III (de profil sur l'avers) portant une couronne rayonnante.
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Pièce de Vahram Ier
Notes et références
[modifier | modifier le code]- Teissier 1996, p. 185.
- Cooney 2012, p. 149.
- Teissier 1996, p. 50.
- Teissier 1996, p. 122.
- Stewart 1993, p. 246.
- Stewart 1993, p. 180.
- Stewart 1993, p. 142, 246.
- Bardill 2012, p. 114.
- Bonfante 2001, p. 82.
- Lavan 2011, p. 459.
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Mireille Cébeillac-Gervasoni, Alain Chauvot et Jean-Pierre Martin, Histoire romaine, Paris, Armand Colin, , 471 p. (ISBN 2-200-26587-5).
- Élisabeth Deniaux, Rome, de la Cité-État à l'Empire, Institutions et vie politique, Paris, Hachette, , 256 p. (ISBN 2-01-017028-8).
- Paul Veyne, L'Empire gréco-romain, Points, (ISBN 978-2-7578-5155-5).
- Jonathan Bardill, Constantine, Divine Emperor of the Christian Golden Age, Cambridge University Press, .
- Kathlyn M. Cooney, Archaeology and Apprenticeship: Body Knowledge, Identity, and Communities of Practice, University of Arizona Press, , « Apprenticeship and Figures Ostraca from the Ancient Egyptian Village of Deir el-Medina ».
- Luke Lavan, The Archaeology of Late Antique 'Paganism', Brill, , « Political Talimans? Residual 'Pagan' Statues in Late Antique Public Space ».
- Andrew Stewart, Faces of Power: Alexander's Image and Hellenistic Politics, University of California Press, .
- Beatrice Teissier, « Egyptian Iconography on Syro-Palestinian Cylinder Seals of the Middle Bronze Age », Orbis Biblicus et Orientalis Series Archaeologia, Fribourg, University Press, vol. 11, .
- Larissa Bonfante, The World of Roman Costume, Eds Judith Lynn Sebesta, Univ of Wisconsin Press, (ISBN 0299138542 et 9780299138547, lire en ligne).