Aller au contenu

Diogène d'Apollonie

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Diogène d'Apollonie
Biographie
Naissance
Activité
Période d'activité
Ve siècle av. J.-C.Voir et modifier les données sur Wikidata

Diogène d'Apollonie est un philosophe grec présocratique du Ve siècle av. J.-C., éclectique.

Diogène d'Apollonie, fils d'Apollothémis, est né à Apollonie du Pont, colonie de Milet sur le Pont-Euxin[1]. Il aurait été l'élève d'Anaximène[2] et le contemporain d'Anaxagore. Il considérait les philosophes de la nature comme des sophistes. On le considérait parfois comme un athée.

Il semble que sa pensée soit particulièrement influencée par Anaxagore et par l’atomisme de Leucippe. Diogène d'Apollonie est le philosophe qui pose une méthode du fondement : « Au commencement de tout propos, il faut, me semble-t-il, fonder le principe d'une manière absolument certaine »[3]. Théophraste a reproché à Diogène d'Apollonie des points de vue irréconciliables : si toutes choses ne dérivaient pas d'un principe unique, il n'y aurait ni agir, ni pâtir.

Il reprend la proposition ionienne : « Rien ne naît du non-être ni ne périt en non-être. » Pour Diogène d'Apollonie, il y a donc un principe éternel. L'air est pour lui, comme pour Anaximène, l'élément premier unique, illimité et éternel ; par sa raréfaction et sa condensation, il engendre des mondes en nombre illimité, et les différentes formes des choses[4]. Le vide est lui aussi illimité. Le monde est corruptible, et il en naît une infinité au cours de chaque révolution.

« Alors que le tout est en mouvement, une partie du tout se raréfie tandis qu'une autre se condense. À l'endroit où le dense se rassemble, il produit la Terre par condensation, et c'est de la même manière que se trouvent produites les autres choses ; au contraire, les parties les plus légères, en se disposant en haut, donnent naissance au Soleil[5]. »

L'air illimité est ainsi la matière à partir de laquelle tout se forme, mais il « contient une raison divine sans laquelle rien ne pourrait procéder de lui[6]. »

Sa cosmologie est pénétrée d'une idéologie finaliste, téléologique : tout ce qui existe est adapté à une fin, est ordonné de la meilleure façon possible[7].

Astronomie et géologie

[modifier | modifier le code]

Pour Diogène la Terre est ronde, au centre, supportée par l'air. Le Soleil est une sorte de pierre ponce.

Diogène d'Apollonie est le premier à suggérer une origine spatiale pour les météorites : « Avec les étoiles visibles tournent des pierres qui sont invisibles, et pour cette raison sans nom. Elles tombent souvent au sol et s'éteignent, comme l'étoile de pierre qui est tombée en flammes à Aigos Potamos »[8]. Les diogénites, une classe de météorites, ont été nommées en son honneur.

Psychologie et physiologie

[modifier | modifier le code]

Le principe étant l’air, l’âme c'est l'air, principe rationnel, mobile et incorruptible :

« En tant que l’air est premier et que le reste en dérive, il connaît, et en tant qu’il est le plus subtil, il est moteur »[9]. Il s'efforce d'expliquer les sensations à partir de l'air, et soutient, comme Démocrite, que les sensibles n'existent pas par eux-mêmes, mais par convention, autrement dit par l'effet de nos opinions et affections.

D’après Théophraste, au IIIe siècle av. J.-C., Diogène dit que les semences naissent lorsque l'eau se décompose et s'amalgame avec la terre[10]. Diogène d'Apollonie fait la première description détaillée et précise du système veineux ; à son époque, il n'y a pas encore distinction entre système veineux et artériel ; il en est de même chez Empédocle avant lui et chez Platon après lui. La pensée de Diogène d'Apollonie se devine dans divers traités du Corpus hippocratique, dont De la maladie sacrée, La nature de l'enfant.

Météorologie

[modifier | modifier le code]

Il chercha à expliquer le tonnerre, conçu comme la chute du feu sur un nuage, les crues du Nil (le Soleil aspire l'eau de la mer qui retombe dans le fleuve), et les cycles de la pluie.

Diogène Laërce nous a conservé le début de son traité De la nature. Les fragments qui restent de lui ont été publiés à Leipzig en 1830 par Panzerbutter. Il a écrit de nombreuses œuvres :

  • De la nature
  • Contre les philosophes de la nature
  • Météorologie
  • De la nature de l'homme

Références

[modifier | modifier le code]
  1. Ancien nom de la Mer Noire.
  2. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), 57.
  3. Diogène Laërce, Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres [détail des éditions] (lire en ligne), Livre VI, 81.
  4. Simplicios de Cilicie, Commentaire sur la Physique d'Aristote, 25, I.
  5. Pseudo-Plutarque, Stromates, 12.
  6. Augustin d'Hippone, La Cité de Dieu, VIII, 2.
  7. Jean-Marc Gabaude, Sur Épicure et l'épicurisme, Paris, La Revue de l'enseignement philosophique, , p. 39.
  8. (grc) Aetius, Peri areskontôn sunagogê [« Placita philosophorum (Opinions des philosophes) »], t. ii, vers 100, p. 13.9, reconstitué dans (la) Hermann Diels, Doxographi Græci, Berlin, 1879 (réédition en 1965), p. 267-444.
  9. Aristote, De l'âme, I, II, 405 a 21.
  10. Amigues 2010, p. 64.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • André Laks : Diogène d'Apollonie : La dernière cosmologie présocratique, Édition, traduction et commentaire des fragments et des témoignages, Présentation de Jean Bollack. Lille, Presses Universitaires de Lille 1983.
  • André Laks : Diogène d'Apollonie : édition, traduction et commentaires des fragments et témoignages, International Pre-platonic Studies ; v. 6. Sankt Augustin, Academia Verlag, 2008 (édition revue du volume précédent).

Liens externes

[modifier | modifier le code]