Hugues de Bagratide
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Bayazad Haïgazoun Bey Bagratide |
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Hugues de Bagratide |
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Hugues de Bagratide[a] (né Bayazad Haïgazoun Bey Bagratide à Constantinople le et mort à Paris 10e le ) est un acteur de théâtre et de cinéma français d'origine arménienne.
Biographie
[modifier | modifier le code]Origines et formation
[modifier | modifier le code]Hugues de Bagratide naît le à Constantinople[1],[2]. Ses origines sont arméniennes[3].
Après des études chez les pères mekhitaristes, au collège Moorat-Raphaël de Venise, à l'université de Lausanne, à la Sorbonne et aux Beaux-Arts de Paris, il entame une carrière de comédien, jouant notamment au théâtre Sarah-Bernhardt[1].
Carrière
[modifier | modifier le code]Reçu au Conservatoire dans la classe de Paul Mounet en [4], Hugues de Bagratide est ensuite admis à la Comédie-Française, devenant le premier acteur arménien à s'y produire[1]. Il va pendant presque un an faire partie de la distribution de pièces importantes du répertoire sous le nom de scène de « Bayazad », son prénom de naissance.
Fin 1916, il passe au cinéma et tourne dans Les Frères corses[5] sous la direction d'André Antoine. Ce film est une adaptation du roman éponyme d'Alexandre Dumas (1845) : il sort sur les écrans parisiens en .
Hugues de Bagratide est déçu de ne décrocher que des rôles secondaires. Il devient professeur au conservatoire Maubel et crée les Poèmes filmés[6], courts métrages de cinéma dans lesquels un artiste récite un texte[7].
Dans la revue Les Potins de Paris[8], il apparaît pour la première fois sous son titre nobiliaire à l'affiche d'un cinéma-théâtre de la rue Laffitte dans La Victoire en chantant, poème de M. J. Loiseau interprété par le prince Bagratide, de la Comédie-Française.
Pour une raison inconnue, il quitte le métier pour entrer en 1923 à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr (110e promotion « Chevalier Bayard »)[9] dont il sort avec le grade de sous-lieutenant. En 1927, il finit par reprendre son métier d'acteur interrompu cinq ans plus tôt.
Si dans les années 1930, le nom d'Hugues de Bagratide apparaît régulièrement dans les chroniques cinéma des revues artistiques, il l'est également dans la rubrique des faits divers des quotidiens populaires. Ainsi le journal Le Populaire révèle le que « le commissariat d'Auteuil a envoyé au Dépôt le prince arménien de Bagratide d'Arékine, 49 ans, 43 rue Monsieur-le-Prince, employé aux studios François Ier, qui a été pris en flagrant délit d'exhibitionnisme. Le personnage a déjà dans son casier une condamnation pour outrages publics à la pudeur »[10].
Le même jour de , le quotidien Le Journal titre : « À minuit devant un collège de jeunes filles, un prince arménien — ses ancêtres de la troisième dynastie ont-ils régné avec un grand éclat du IXe au XIe siècle ? — se conduisait d'étrange façon. “Je déclamais Hamlet !” affirme-t-il. “Vous attentiez à la pudeur !” répondent les agents »[11]. Le journaliste rappelle les origines familiales illustres d'Hugues de Bagratide ainsi que ses antécédents judiciaires beaucoup moins glorieux. C'est ainsi qu'au cours de l'enquête de police « on s'aperçut qu'il avait été arrêté en 1923 pour attentat à la pudeur, puis condamné en 1932 pour la même raison »[11]. Il est condamné à trois mois de prison et 25 francs d'amende par la 10e chambre correctionnelle en audience de flagrants délits[12].
Ces démêlés avec la justice ne semblent pas avoir affecté sa carrière artistique puisqu'il sera sous contrat pour trois films au cours de la même année.
Il s’engage à la fin de l'année 1939[13] au 21e régiment de marche de volontaires étrangers à près de 50 ans pour faire la campagne de France. Le régiment ayant été dissous en dans le cadre de l'armistice, il est démobilisé et rendu à la vie civile. Apatride, Hugues de Bagratide entre alors dans la clandestinité.
Il ne réapparaît sur les écrans que dix ans plus tard, en 1950, dans un film de Maurice Cloche : Né de père inconnu. Après deux autres longs métrages, dont Notre-Dame de Paris (1956) qui sera le seul film en couleurs de sa carrière, il quitte définitivement les plateaux de cinéma.
Vie privée et mort
[modifier | modifier le code]Hugues de Bagratide meurt célibataire[2] à Paris 10e le à l'hôpital Lariboisière (2, rue Ambroise-Paré[2]) à l'âge de 70 ans.
Théâtre
[modifier | modifier le code]- Sous le nom de Bagratide
- 1916 () : Le Chemineau, drame en cinq actes de Jean Richepin, théâtre Sarah-Bernhardt : Toinet
- 1916 () : La Tour de Nesle, drame en cinq actes et neuf tableaux de Frédéric Gaillardet et Alexandre Dumas, théâtre Sarah-Bernardt : Philippe d'Aulnay
- 1916 () : Les Épis rouges, poème dramatique en quatre actes d’Émile Sicard, musique de Lucien-Marie Aube, mise en scène d'Arsène Durec, théâtre des Champs-Élysées puis tournée : un récitant
- Sous le nom de Bayazad
- 1917 () : Le Cloître, drame en quatre actes d'Émile Verhaeren à la Comédie-Française : un moine
- 1917 () : Horace, tragédie en cinq actes de Pierre Corneille, Comédie-Française : Procule
- 1917 () : Ruy Blas, drame en cinq actes de Victor Hugo, Comédie-Française : Montazgo
- 1917 () : Les Lionnes pauvres, comédie en cinq actes d'Émile Augier et Édouard Foussier, Comédie-Française : un invité
- 1917 (1er avril) : Alkestis, tragédie d'Euripide, traduite et adaptée par Georges Rivollet, Comédie-Française : le premier coryphée
- 1917 () : Athalie, tragédie en cinq actes de Jean Racine, Comédie-Française : un lévite
- 1917 () : Iphigénie, tragédie en cinq actes de Jean Racine à la Comédie-Française : Eurybate
- 1917 (1er octobre) : Andromaque, tragédie en cinq actes de Jean Racine, Comédie-Française : Néoptolème
- 1917 () : Œdipe roi, tragédie en cinq actes de Sophocle traduite et adaptée par Jules Lacroix, musique d'Edmond Membrée, Comédie-Française : le berger
- Sous le nom de Bayazad-Bagratide
- 1917 () : Polyeucte, tragédie en cinq actes de Pierre Corneille à la Comédie-Française : Cléon
Filmographie
[modifier | modifier le code]- 1917 : Les Frères corses d'André Antoine
- 1920 : Les Trois Graines noires de Maurice Challiot (8 épisodes)
- 1922 : Gachucha, fille basque de Maurice Challiot : Mendiaz
- 1922 : Le Logis de l'horreur de Julien Duvivier : Le solitaire
- 1923 : Mandrin d'Henri Fescourt (8 époques) : l'exempt Pistolet
- 1923 : Véronica de Maurice Challiot
- 1927 : Princesse Masha de René Leprince : le commissaire du peuple Artemieff
- 1927 : Jalma la double de Roger Goupillières : le sultan Abdul Hamid
- 1928 : L'Occident de Henri Fescourt : l'émir Taïeb El-Hani
- 1929 : Le Secret de Camélia de Jean Hervé et Rastelli : Isaac Chahladjian
- 1931 : L'Ensorcellement de Séville de Benito Perojo : le chanteur Pitoché
- 1932 : L'Agence O'Kay, court métrage d'André Chotin
- 1933 : Une fois dans la vie de Max de Vaucorbeil : le professeur Cadiostro
- 1933 : Bouboule Ier, roi nègre de Léon Mathot : Namoro, sultan du Soudan
- 1933 : La Robe rouge de Jean de Marguenat
- 1934 : Sidonie Panache d'Henry Wulschleger : le cheik Mahmoud
- 1935 : Golgotha de Julien Duvivier : un Sanhédrite
- 1935 : La Gondole aux chimères d'Augusto Genina : le prince Ahmed
- 1936 : Tout va très bien madame la marquise de Henry Wulschleger : le commanditaire
- 1936 : Pantins d'amour de Walter Kapps : un admirateur
- 1936 : Le Mort en fuite d'André Berthomieu : le juge
- 1936 : Mademoiselle Docteur / Salonique, nid d'espions de Georg Wilhelm Pabst : le joueur
- 1936 : J'arrose mes galons de René Pujol
- 1936 : Les Hommes nouveaux de Marcel L'Herbier : un officier
- 1936 : Gigolette d'Yvan Noé
- 1936 : L'Amant de Mme Vidal d'André Berthomieu
- 1937 : Le Choc en retour de Georges Monca et Maurice Kéroul
- 1937 : Les Hommes de proie de Willy Rozier : Elias Karhoum
- 1937 : Nostalgie de Victor Tourjanski : un consommateur
- 1938 : Les Deux Combinards de Jacques Houssin
- 1938 : Éducation de prince d'Alexander Esway : un dignitaire de Silistrie
- 1938 : Le Ruisseau de Maurice Lehmann et Claude Autant-Lara
- 1938 : Petite Peste de Jean de Limur : un spectateur
- 1938 : Je chante de Christian Stengel : le Danois
- 1938 : La Goualeuse de Fernand Rivers : un juré
- 1938 : Le Capitaine Benoît de Maurice de Canonge : le sultan
- 1938 : Café de Paris d'Yves Mirande et Georges Lacombe : l'ami de l'ambassadeur
- 1938 : Accord final d'Ignacy Rosenkranz : un auditeur
- 1939 : Eusèbe député d'André Berthomieu : un invité
- 1939 : Les Cinq Sous de Lavarède de Maurice Cammage : le ministre Hindou
- 1939 : L'Esclave blanche de Mark Sorkin : un fonctionnaire
- 1940 : Miquette de Jean Boyer
- 1951 : Né de père inconnu de Maurice Cloche : l'avocat général
- 1955 : Les deux font la paire d'André Berthomieu : le juge de Sergarie
- 1956 : Notre-Dame de Paris de Jean Delannoy
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Parfois désigné par erreur sous le nom de Bagratide d'Arékine bien qu'il ne figure pas comme tel à l'état-civil.
Références
[modifier | modifier le code]- Frédéric Macier (1869-1938), « La France et l'Arménie à travers l'art et l'histoire : esquisse », sur gallica.bnf.fr, (consulté le ), p. 29
- Archives de la ville de Paris 10e, « Année 1960, cote 10D 535, vue 10/20, acte de décès no 3659 de Hugues de Bagratide », sur archives.paris.fr (consulté le )
- (en) « International Conference : Early Cinema in the Balkans and the Near East: Beginnings to Interwar Period (Athens, Greece: 5-7 June, 2015) », sur filmiconjournal.com (consulté le ).
- « Dans les théâtres », Le Temps, 21 décembre 1914, p. 4, lire en ligne sur Gallica.
- Hugues de Bagratide sur Ciné-ressources
- Ce que l'on nous écrit, lettre ouverte d'Haïgazoun de Bagratide Comœdia, 24 mars 1920, p. 3, lire en ligne sur Gallica.
- Jean de Mirbel, « Une curieuse figure de l'écran : H. de Bagratide », Cinémagazine n°41, 12 octobre 1928, sur Ciné-ressources.
- « Une belle vedette », Les Potins de Paris, 28 novembre 1918, p. 12, lire en ligne sur Gallica.
- Promotion « Chevalier Bayard » sur saint-cyr.org.
- « Faits divers », Le Populaire, 17 janvier 1939, p. 6, lire en ligne sur Gallica.
- « Les faits du jour », Le Journal, 17 janvier 1939, p. 3, lire en ligne sur Gallica.
- « Le prince Hugues de Bagratide condamné à trois mois de prison », Le Journal, 18 janvier 1939, p. 3, lire en ligne sur Gallica. L'article ne précise pas si Hugues de Bagratide a bénéficié ou non d'un sursis à exécution et s'il a fait ou non appel de la décision.
- Il est nommé sous-lieutenant d'infanterie de réserve à titre étranger par décret du 27 janvier 1940 du ministère de la Défense nationale et de la Guerre [1] Journal officiel du 3 février 1940, p. 901, lire en ligne sur Gallica.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Frédéric Macler, La France et l'Arménie à travers l'Art, Imprimerie Hagop Turabian, Paris, 1917, p. 29, lire en ligne sur Gallica
- Jean de Mirbel, « Une curieuse figure de l'écran : H. de Bagratide », Cinémagazine, Paris, 1928, p. 51-52
Liens externes
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