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Louis Turmel

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Louis Turmel
Fonctions
Député français

(8 ans, 7 mois et 4 jours)
Élection 8 mai 1910
Réélection 10 mai 1914
Circonscription Côtes-du-Nord
Législature Xe et XIe (Troisième République)
Groupe politique RRRS
Prédécesseur Louis Félix Ollivier
Successeur Circonscription supprimée
Maire de Loudéac

(9 ans)
Prédécesseur Joseph Gicquel
Successeur Jean-Baptiste Leroux
Conseiller général des Côtes-du-Nord

(15 ans)
Circonscription Canton de Loudéac
Prédécesseur Arthur Enaud
Successeur Henri Le Vézouet
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Trémargat
Date de décès (à 52 ans)
Lieu de décès Fresnes
Résidence Côtes-du-Nord

Louis Turmel est un homme politique français né le à Trémargat (Côtes-d'Armor) et décédé le à Fresnes (département de la Seine, aujourd'hui dans le Val-de-Marne). Maire de Loudéac et député, il est arrêté en 1917 pour intelligence avec l'ennemi et meurt en prison sans avoir été jugé. Un siècle plus tard, sa culpabilité semble avérée.

Jeunesse et carrière politique

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Fils de sabotier[1] ayant perdu ses parents très jeune, il est enfant de chœur et étudie au petit séminaire de Plouguernével[2], puis il suit des études de droit et devient avoué à Loudéac[1]. À trente ans, il reprend des études à l'École libre des sciences politiques[1] et devient avocat. Il est élu conseiller général en 1904, puis maire de Loudéac en 1908, et enfin député des Côtes-du-Nord en 1910, inscrit au groupe radical[3].

Arrestation pour trahison

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Alors que les réunions de la Chambre des députés se tiennent en comité secret, les Allemands semblent informés des débats et on recherche donc d'où vient la fuite.

En , un huissier de la Chambre des députés trouve devant le vestiaire de Turmel (vestiaire qu'il partageait avec un autre député) une enveloppe vierge contenant 25 000 francs suisses. Ce dernier se rendait souvent en Suisse avec sa femme en villégiature. En septembre, l'affaire est révélée et devient un scandale public, amplifié par les ennemis politiques du député[4]. Il est arrêté avec son épouse le mois suivant pour intelligence avec l'ennemi. Il meurt en 1919 à la prison de Fresnes, sa mort arrêtant les poursuites et les investigations.

Il est accusé lors de deux rencontres, en à l'ambassade d'Allemagne à Rome puis en avec le consul général allemand à Genève puis avec une délégation allemande à Berne[4], d'avoir proposé de renverser Raymond Poincaré et Aristide Briand et de vouloir monter un journal à sa solde, mais il lui aurait fallu un succès allemand pour y parvenir. Il aurait lors de ces rencontres transmis les débats de la chambre aux Allemands contre rémunération[4].

On pensait que la vérité sur cette affaire ne serait jamais établie[5]. Turmel aurait pu être victime d'un complot monté par un mouchard de Clemenceau[4]. Celui-ci aurait quelque temps auparavant proposé une liasse de billets suisses au député Aristide Jobert pour qu'il renonce à son projet de création d'un journal. Jobert les avait refusés[4]. On doit noter cependant que Clemenceau n'était pas au pouvoir quand l'affaire Turmel a commencé. Pour sa part, le journal L'Humanité dans un article, un temps bloqué par la censure, a dénoncé les procédures pour instruire le cas de Louis Turmel[6]. Selon l'historien Jean-Baptiste Duroselle, les contacts entre Turmel et les Allemands sont attestés par les documents allemands[7].

La vérité a pu être établie en 2016 par les recherches de Pascal Beyls, sur la base des archives allemandes à Berlin. Au début de la guerre, Louis Turmel était criblé de dettes et imagina de vendre des informations aux Allemands. Une première tentative pour rencontrer l'ancien chancelier von Bülow à Rome le échoua. Le , Turmel rencontra le consul allemand de Genève, Geissler, et ensuite l'ambassadeur von Romberg à Berne, le . Il fournit des informations militaires qui seront contrôlées par Falkenhayn. Turmel prétend qu'il est pacifiste, que seuls des succès allemands permettront d'arriver à la paix. C'est pourquoi il veut donner des informations politiques et militaires. De plus, il veut fonder un groupe politique et pour cela il a besoin d'argent. Un accord se fera sur cette base. Cinq réunions auront lieu dont la dernière les 8 et . Il aura reçu des Allemands 350 000 francs suisses.

Bien qu'étranger à la fuite concernant les comités secrets de , il était soupçonné par la police qui mit en place un piège : ce fut l'enveloppe de billets qui tomba de son placard et déclencha l'affaire[8].

Mort et obsèques

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Louis Turmel est mort le 5 janvier 1919 à la prison de Fresnes, avant son procès, sans doute de maladie. Il a été inhumé à Loudéac le 14 janvier, au milieu du mépris de ses concitoyens[2].

Références

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  • « Louis Turmel », dans le Dictionnaire des parlementaires français (1889-1940), sous la direction de Jean Jolly, PUF, 1960 [détail de l’édition]
  1. a b et c Jean-Marie Mayeur, Jean-Pierre Chaline et Alain Corbin, Les parlementaires de la troisième république, Paris, Publications de la Sorbonne, (ISBN 2-85944-484-X, lire en ligne), p. 99-100.
  2. a et b Olivier Renault, « La mystérieuse "affaire Louis Turmel", un passionnant cold case », Ouest France,‎ (lire en ligne)
  3. Pascal Beyls, L'affaire Turmel, Paris, Éditions Christian, (ISBN 978-2-86496-210-6), p. 16-17.
  4. a b c d et e Philippe Valode, Espions et espionnes de la Grande Guerre, Paris, First, coll. « Histoire », , 268 p. (ISBN 978-2-7540-5657-1, lire en ligne)
  5. Dictionnaire de la Grande Guerre par Pierre Montagnon
  6. Les Cahiers noirs: Journal 1905-1922 par Marcel Sembat
  7. Jean-Baptiste Duroselle, La Grande Guerre des Français, Paris, Perrin, (ISBN 2-262-00055-7), p. 303.
  8. Pascal Beyls, L'affaire Turmel : juillet 1917- janvier 1919, Paris, Éditions Christian, , 330 p. (ISBN 978-2-86496-210-6)

Articles connexes

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Liens externes

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