Louisa Aslanian
Naissance | |
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Décès | |
Nom dans la langue maternelle |
Լուիզա Ասլանեան |
Nom de naissance |
Լուիզա Գրիգորեան |
Pseudonymes |
Լաս, Lass |
Nationalité | |
Activités | |
Conjoint |
Arpiar Aslanian (à partir de ) |
A travaillé pour | |
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Parti politique |
Parti communiste français (à partir de ) |
Membre de | |
Conflit | |
Lieu de détention |
Louisa Aslanian (en arménien : Լուիզա Ասլանեան), connue sous le nom de plume Lass (en arménien : Լաս), née vraisemblablement le à Tabriz et morte en dans le camp de Ravensbrück, est une résistante communiste, écrivaine et poétesse française d'origine arménienne.
Biographie
[modifier | modifier le code]Débuts
[modifier | modifier le code]Louisa Srapionovna Aslanian (Krikorian) naît le (selon les archives françaises), 1904 (selon les archives allemandes[1]) ou 1906 (selon certaines ouvrages)[2],[3] à Tabriz[4], en Iran, dans une famille modeste[3]. Ses parents sont Srapion Krikorian[5] et Maria (née Shahbazian).
Louisa Aslanian va à l'école Aramian[3], fait ses études secondaires au lycée Guétronagan de Tabriz[6] puis continue ses études au gymnasium russe de Tiflis[4]. Elle apprend à lire dès l'âge de 5 ans[5]. Tôt, elle fait preuve d'un don pour l'écriture, composant des poèmes à l'école et traduisant des textes littéraires russes et français. Elle commence aussi à apprendre à jouer du piano dès son plus jeune âge.
Après son retour à Tabriz en 1923, elle se marie avec l'avocat Arpiar Aslanian[6],[7].
Vie en France
[modifier | modifier le code]En 1923, le couple s'installe à Paris[4], emmenant avec eux la sœur de Louisa, Archalouïs, et leur mère Mania. Louisa veut continuer son apprentissage du piano mais elle doit abandonner ce rêve par manque de moyens[6]. Elle s'inscrit à la place à la faculté de littérature de la Sorbonne[6]. Dans la capitale française, elle participe activement à la Société des écrivains franco-arméniens, travaille pour des journaux, tisse des liens dans des cercles littéraires et adopte le nom de plume de « LAS ».
Au milieu des années 1920, elle fait publier un certain nombre de nouvelles dans la presse franco-arménienne : « Դրամներիս հավաքածուն » (Ma collection de pièces de monnaie), « Երկաթե գինեվաճառը » (La cave à vin en fer), « Լիճը » (Le Lac), etc.[4].
En 1928, Louisa Aslanian publie une série de nouvelles intitulées « Խանը » (Le Khan).
En 1935 est publié sa série d'histoires intitulée « Գծից դուրս » (Au-delà de la ligne)[8] en deux volumes.
En 1936, Louisa Aslanian rejoint le Parti communiste français et entame une collaboration avec le journal arménien Zangou, alors dirigé par Missak Manouchian[6]. La même année, elle publie son roman « Հարցականի ուղիներով » (Sur les chemins du doute)[9], en deux volumes (republiés en 1959 à Erevan).
En 1937, elle devient membre active de la Section française du Comité de secours pour l'Arménie (HOG)[6] ainsi que présidente de l'Union des dames arméniennes de Paris. Elle est aussi membre de l'Union des écrivains arméniens de France[10].
Résistante
[modifier | modifier le code]Après la défaite française contre l'Allemagne nazie et l'occupation de la France, les Aslanian rejoignent la Résistance intérieure française en 1940. Selon les Mémoires d'Henri Karayan, Louisa était une recruteuse pour les FTP-MOI[11] au sein d'une cellule combattante du Parti communiste français créée fin 1941. Elle est membre de liaison entre des groupes de résistants[6]. Le couple Aslanian travaille aussi dans une maison d'édition clandestine et fournit des armes aux résistants. Aslanian est en lien avec d'autres résistants comme Missak Manouchian, Mélinée Manouchian[12], Arpen Tavitian, Ayk Dpirian ou encore Shag Taturian. Elle est d'ailleurs en admiration de ce premier[12], ayant pour projet d'écrire un roman à son sujet[13]. Dans la résistance, Louisa est connue sous le pseudonyme de « Madeleine »[10]. À cette époque, les Aslanian enseignent les mathématiques et les échecs au jeune Charles Aznavour[14].
Arrestation et mort
[modifier | modifier le code]Le , les nazis procèdent à l'arrestation d'Arpiar à son magasin, l'emmènent à son domicile rue d'Aix et y procèdent à l'arrestation de Louisa sous les yeux de leur famille et de leurs voisins[15]. Le couple est incarcéré à la prison de Fresnes.
Ses manuscrits sont saisis et détruits par les Allemands, en particulier Histoire de la Résistance et La Chute de Paris[2],[6].
Le , ils sont envoyés de Toulouse à Buchenwald. Arpiar est ensuite transféré au Camp de concentration de Dora et Louisa à celui de Ravensbrück[16], où elle arrive vraisemblablement le et reçoit le numéro 57440. Dès le , elle est envoyée à l'usine HASAG, près de Leipzig, camp satellite de Buchenwald, et y reçoit le numéro 4460. Elle y est en compagnie de Lise London. Les archives semblent aussi indiquer sa présence dans le camp de prisonniers Stalag IV-E[17].
Durant sa captivité, elle écrit le poème « Գործարանում » (À l'usine), qui évoque le travail forcé auquel étaient soumis les prisonniers politiques ; une deuxième partie, différente sur la forme, célèbre la lutte contre le fascisme[18]. Elle écrit aussi « Մալա » (Mala), qu'elle ne finit pas. Selon Mélinée Manouchian, ce dernier poème est l'acronyme des quatre noms de ceux qui lui sont chers : « M » pour sa mère Maria, « A » pour sa sœur Archalouïs, « L » pour elle-même et « A » pour son mari Arpiar[19]. Krikor Beledian en donne une autre interprétation : Mala (juive belge d'origine polonaise[20]) est le nom d'une figure de la résistance des camps, faisant de Mala un poème dédié aux détenus de toutes les nations[18]. Ces poèmes sont conservés par son amie Nicole Ritz[18] qui ensuite les transmet à Lise London[21]. Ils sont publiés par Archag Tchobanian dans le premier numéro de 1946 de sa revue littéraire Anahit[22],[23], juste après un éloge funèbre rendant hommage aux trois victimes de la guerre que furent Louisa Aslanian elle-même ainsi que Kégham Atmadjian et Missak Manouchian[24].
Le , Louisa Aslanian est de nouveau déportée à Ravensbrück, où elle meurt trois jours plus tard, le , de cause inconnue. Le , son mari est exécuté au camp de concentration de Dora[25].
Œuvre
[modifier | modifier le code]Les manuscrits, journaux intimes et lettres documentant les dernières années de sa vie auraient été complètement détruits par les nazis. Seuls son roman et les histoires plus anciennes ont survécu, et seulement quelques fragments de sa correspondance ont été préservés. Le fonds des arts arabes du Matenadaran contient une collection de miniatures médiévales orientales avec des thèmes soufis ayant appartenu aux Aslanian[26].
Dans ses écrits, Louisa Aslanian évoque les communautés de la diaspora arménienne en perte d'identité, de leur désunion et de leurs traditions datées. Elle voit la restauration de l'intégrité nationale comme la préservation d'un caractère distinctif dans la recherche d'une voie de développement unique, soutenant le rapatriement et le maintien de liens forts avec l'Arménie. Membre du PCF, elle soutient l'URSS et ses accomplissements. Ses derniers écrits sont consacrés à la lutte contre le fascisme et son imminente défaite.
Romans
[modifier | modifier le code]- (hy) Հարցականի ուղիներով [« Sur les chemins du doute »], [27], en deux volumes chez l'Imprimerie de Navarre (Paris)[28] :
- (hy) Հարցականի ուղիներով [« Sur les chemins du doute »], vol. I, Paris, Impr. de Navarre, , 183 p. (BNF 41132092, lire en ligne)
- (hy) Հարցականի ուղիներով [« Sur les chemins du doute »], vol. II-III, Paris, Impr. de Navarre, , 514 p. (BNF 41410950, lire en ligne)
Nouvelles
[modifier | modifier le code]- Années 1920 :
- (hy) Դրամներիս հավաքածուն [« Ma collection de pièces de monnaie »]
- (hy) Երկաթե գինեվաճառը [« La cave à vin en fer »]
- (hy) Լիճը [« Le Lac »] (lire en ligne)
Séries
[modifier | modifier le code]- (hy) Խանը [« Le Khan »], (lire en ligne)
- (hy) Գծից դուրս [« Au-delà de la ligne »],
Poèmes
[modifier | modifier le code]Écrits historiques
[modifier | modifier le code]- Années 1940 :
- Histoire de la Résistance (manuscrit probablement détruit par la Gestapo en 1944-1945)
- La Chute de Paris (manuscrit probablement détruit par la Gestapo en 1944-1945)
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) « Aslaniantz Louise », sur collections.arolsen-archives.org
- Diran Vosguiritchian 1974, p. 28.
- Krikor Beledian 2001, p. 439.
- (hy) « Լուիզա Ասլանյան-Լաս (Biographie sur le site du Ministère de la Diaspora arménienne) », sur libmindiaspora.am,
- Archag Tchobanian 1946, p. 7.
- Krikor Beledian 2001, p. 440.
- Archag Tchobanian 1946, p. 8.
- « Գծից դուրս », sur catalogue.bnf.fr (consulté le )
- « Հարցականի ուղիներով », sur catalogue.bnf.fr
- (ru) K. S. Galstyan, « Fragments of the participation of Armenians in Europe in the Second world war », Հայկական բանակ, , p. 134-135
- Jean Morawski, « Résistance. l'Affiche rouge Henri Karayan : "Notre groupe était l'incarnation d'une Europe" », sur humanite.fr, (consulté le )
- Mélinée Manouchian 1974, p. 148.
- Mélinée Manouchian 1974, p. 151.
- Victor Hache, « Charles Aznavour: "Missak et Mélinée Manouchian étaient des amis intimes" », sur humanite.fr,
- Mélinée Manouchian 1974, p. 156.
- Fondation Mémoire Déportation, Crhq - Équipe Seconde Guerre Mondiale-Mémorial, Le LIVRE-MEMORIAL des déportés de France arrêtés par mesure de répression et dans certains cas par mesure de persécution 1940-1945, t. I, Paris, Fondation pour la mémoire de la déportation, Tirésias, , 5583 p. (lire en ligne), p. 105-108
- Im Archiv des Internationalen Suchdienstes (ITS) in Bad Arolsen (KL Ravensbrück: Ordner 2, Bl. 157, Namensliste v. 4.9.1944; Ordner 6, Namensliste v. 1.2.1945; Ordner 7, Namensliste v. 9.10.1944; KL Buchenwald: Ordner 265, Bl. 177 (Rs), Namensliste v. 26.10.1944; Ordner 274, Bl. 25, Namensliste v. 17.2.1945.)
- Krikor Beledian 2001, p. 331.
- Mélinée Manouchian 1974, p. 152.
- Michael Pollak, L'Expérience concentrationnaire : Essai sur le maintien de l’identité sociale, Paris, Métaillié, , 348 p. (ISBN 2-86424-084-X), p. 213
- Didier Daeninckx, Missak, Paris, Éditions Perrin, , 278 p. (ISBN 978-2-266-20025-7), p. 170
- (hy) Louisa Aslanian, « Գործարանում » [« À l'usine »], Anahit, , p. 14 (lire en ligne)
- (hy) Louisa Aslanian, « Մալա » [« Mala »], Anahit, , p. 15-18 (lire en ligne)
- Archag Tchobanian 1946, p. 1-10.
- Fondation pour la mémoire de la déportation, « Livre mémorial - Aslaniantz, Arpar », sur bddm.org
- (en) Raisa Amirbekian, « Sufi themes in the Eastern medieval miniatures (Collection of the Matenadaran, Yerevan) », Iran and the Caucasus, vol. 11, no 1, , p. 61-87 (ISSN 1609-8498, DOI 10.1163/157338407X224914, lire en ligne)
- Krikor Beledian 2001, p. 251.
- « Լուիզա Ասլանեան (ԼԱՍ) », sur bibliotheque-eglise-armenienne.fr
- Diran Vosguiritchian 1974, p. 39-49.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (hy) Archag Tchobanian, « Երեք Հայ Հերոսական Նահատակներ » [« Trois martyrs arméniens héroïques »], Anahit, , p. 1-10 (lire en ligne)
- Mélinée Manouchian, Manouchian, Paris, Les Éditeurs français réunis, , 204 p., chapitre « Lass, fille ardente » (p. 148-153)
- (hy) Diran Vosguiritchian, Հայ արձակազէ՛նի մը յուշերը [« Mémoires d’un franc-tireur arménien »], Beyrouth, Impr. Donigiuan et Fils, , 351 p., PDF (lire en ligne )
- Krikor Beledian, Cinquante ans de littérature arménienne en France : Du même à l'autre, CNRS Éditions, , 487 p. (ISBN 978-2-271-05929-1)
- (hy) B. M. Hovakimyan, Dictionary of Armenian pseudonyms, Erevan, Université d’État d'Erevan, , 408 p. (lire en ligne [PDF]), p. 185
- Anahide Ter Minassian, « LASS (Louisa Aslanian, dite) [Tabriz, Iran 1906 – Ravensbrück 1945] », dans Béatrice Didier, Antoinette Fouque et Mireille Calle-Gruber, Dictionnaire universel des créatrices, Éditions des Femmes, , 10004 p. (ISBN 978-2721006318, lire en ligne)
- (hy) Edik Gareguine Minasyan, ՀԱՅ ՀԵՐՈՍՈՒՀԻ ԿԱՆԱՅՔ [« Vie d'héroïnes arméniennes »], Université d’État d'Erevan, , 781 p. (lire en ligne [PDF]), p. 420-421
- (en) Arpine Haroyan, « From the Forgotten Pages of History: The Resistance of Louise Aslanian », evnreport.com, (lire en ligne )
Liens externes
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- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :
- « Լուիզա Ասլանեան (ԼԱՍ) », sur bibliotheque-eglise-armenienne.fr
- « Arméniens Morts pour la France », sur anciens-combattants-armeniens.org
- (hy) « ՀԱՅ ՔԱՋԱՐԻ ԴՈՒՍՏՐԵՐԸ ԵՐԿՐՈՐԴ ՀԱՄԱՇԽԱՐՀԱՅԻՆԻ ՏԱՐԻՆԵՐԻՆ » [« La contribution des Arméniennes pendant la Seconde Guerre mondiale »], sur hayzinvor.am,
- (hy) « Fragment d'une lettre de Louise Aslanian », sur treasury.am,
- (ru) « Самые известные армянки-военные деятели », sur slaq.am
- Naissance en mai 1906
- Naissance à Tabriz
- Écrivain français du XXe siècle
- Romancière arménienne
- Poétesse arménienne
- Femme de lettres arménienne
- Poète français du XXe siècle
- Femme de lettres française
- Résistante française
- Résistant communiste français
- Personnalité étrangère dans la Résistance française
- Communiste arménien
- Personnalité exécutée par le Troisième Reich
- Décès en janvier 1945
- Décès à 38 ans
- Décès à Ravensbrück
- Arménien d'Iran
- Personnalité arménienne de la Seconde Guerre mondiale