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Marguerite Huré

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Marguerite Huré (1895-1967) est une artiste peintre et une maître-verrier française. Elle est considérée comme l'introductrice de l'abstraction dans le domaine du vitrail religieux.

Marguerite Félicie Augustine Huré est née rue Michel Bizot à Paris (12e arrondissement) le d'un père employé dans les assurances et d'une mère sans profession[2].

Elle s'initie au dessin à l'Académie Julian et suit les cours du sculpteur Laurent Marqueste à l'École des beaux-arts de Paris de 1914 à 1919. Surnommée Plum, elle partage alors un atelier au 86 rue Notre-Dame-des-Champs avec Renée Trudon et Jeanne Malivel, qu'elle choque par son apparence et son style ostensiblement masculins[3]. Elle étudie ensuite l'art du vitrail auprès du peintre verrier Émile Ader, et rencontre Maurice Denis dont elle revendique l'influence[4]. Du choix du vitrail comme art, elle dira :

« J'ai sculpté trois ans aux Beaux-arts, mais je me suis tournée vers le vitrail, parce que c'est l'art le plus complet, à la fois science et divination, technique savante et poésie. Dans les cathédrales, le vitrail n'a-t-il pas autant de place que la sculpture ? »[5].

Elle fonde son propre atelier en 1920 ; en 1926, il est situé au 12 rue François-Guibert (Paris, 15e arrondissement). Puis Auguste Perret lui fait construire un atelier lumineux au 25 rue du Belvédère à Boulogne-Billancourt[6] - juste à côté de l'atelier de Dora Gordine, où Marguerite Huré travaille de 1929 à 1939.

Elle collabore, en particulier dans le cadre des Ateliers d'art sacré, rue Notre-Dame-des-Champs, avec des artistes comme Maurice Denis, George Desvallières, Marie Alain Couturier, Valentine Reyre ou Jean Bazaine, et avec de nombreux architectes, notamment Auguste Perret. Ce dernier la fait intervenir sur l'Église Notre-Dame du Raincy, la chapelle de l’école de la Colombière à Chalon-sur-Saône[7] et sur l'église Saint-Joseph du Havre.

En 1933, elle reconnaît avoir vendu en 1928 à un collectionneur américain, pour des raisons financières, les vitraux de l'église de Fécamp qu'elle était chargée de restaurer[8].

Fière de son indépendance dans un milieu masculin[9] et renommée, la jeune femme en salopette qui fume la pipe[10] intrigue et la presse contemporaine lui consacre de nombreux portraits : Comœdia[9], Le Figaro[11], Les Dimanches de la femme[12], L'Intransigeant[13], Le Gaulois[14], La Croix[15], Le Journal[16].

Après la guerre, elle travaille avec Marcelle Lecamp (1910-2000), également maître-verrier, qui deviendra sa compagne et son héritière[17].

Marguerite Huré meurt à Paris le . Le fonds des 2 artistes Marguerite Huré et Marcelle Lecamp est conservé au musée des Années Trente[18].

La « brique Huré »

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Elle a notamment mis au point la « brique Huré »[19], une brique creuse blanche dont les extrémités sont munies de feuillures et reçoivent un verre incolore du côté intérieur et coloré à l'extérieur, permettant de jouer sur les reflets lumineux pour créer une ambiance colorée. Son procédé n'a cependant eu que peu de succès puisqu'il n'a été utilisé que dans l'église Notre-Dame-des-Missions d'Épinay-sur-Seine et à l'église Sofar au Liban, édifiée par l'architecte libanais Edde et aujourd'hui détruite.

Notes et références

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  1. « https://archives.yvelines.fr/rechercher/archives-en-ligne/correspondances-du-musee-departemental-maurice-denis/correspondances-du-musee-maurice-denis », sous le nom HURE Marguerite (consulté le )
  2. Acte de naissance, Archives de Paris, (consultable en ligne). L'année de naissance qui figure dans le Bénézit, reprise dans plusieurs ouvrages, est erronée.
  3. Ar Seiz Breur 1923-1947, p.13. (ISBN 978-2-84362-091-1).
  4. Institut national de l'histoire de l'art, notice Marguerite Huré, consultable en ligne
  5. Les Dimanches de la femme, 13 octobre 1929, consultable en ligne
  6. Cité de l'architecture, Plans de la résidence atelier de Marguerite Huré, consultable en ligne
  7. a et b Marie-Thérèse Suhard, « La chapelle de la Colombière : Auguste Perret à Chalon », revue Images de Saône-et-Loire, n° 197, mars 2019, pages 22 à 24.
  8. Le Journal, 26 novembre 1933, consultable en ligne ; Le Petit Parisien, 26 novembre 1933, consultable en ligne ; Journal des débats politiques et littéraires, 20 novembre 1933, consultable en ligne
  9. a et b Comœdia, 10 avril 1926, article en ligne sur Gallica
  10. Bien que la presse et les articles concernant Marguerite Huré n'évoquent jamais sa vie personnelle, plusieurs faits laissent à penser que Marguerite Huré était lesbienne : les multiples portraits faits par les journaux, le fait qu'elle vivait à Boulogne-Billancourt entre 1931 et 1936 avec Valentine Cordier (recensements de population de Boulogne-Billancourt) et qu'elle ne se soit jamais mariée, ou encore que sa seule héritière et dépositaire de son fonds d'artiste est Marcelle Lecamp, artiste-verrière avec qui elle travaille après la Seconde Guerre mondiale.
  11. Le Figaro, Marguerite Huré, "maître-verrier", 16 novembre 1930, article consultable en ligne
  12. Les Dimanches de la femme, 28 avril 1929, consultable en ligne et 13 octobre 1929, consultable en ligne
  13. L'Intransigeant, 20 décembre 1930, consultable en ligne
  14. Le Gaulois, 28 mai 1929, consultable en ligne
  15. La Croix, 27 avril 1926, consultable en ligne et 14 mai 1929, consultable en ligne
  16. Le Journal, 26 décembre 1928, consultable en ligne
  17. Véronique David, Carole Bouvet, « Le fonds d’atelier de Marguerite Huré au musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt », in In Situ, n° 4, mars 2004, article en ligne
  18. INHA, notice du fonds, consultable en ligne
  19. Brevetée sous le numéro 303 775, délivré le 22 octobre 1930.
  20. « Conseil de Paris »
  21. Voir surtout le moteur de recherche [=Marguerite+Hur%C3%A9 Collections]
  22. a b et c « Fiche sur Palissy », sur Ministère de la Culture (France) (consulté le ).
  23. Burzy consultable en ligne)
  24. Burzy(71), consultable en ligne

Bibliographie

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  • Yves Sjöberg, « Marguerite Huré, une vocation féminine de maître-verrier », in La Croix, 11-. P. 7.
  • L’art sacré au XXe siècle en France, éd. Musée municipal de Boulogne-Billancourt, 1993.
  • Véronique Chausse, « Marguerite Huré ou la passion du vitrail », in Revue de la céramique et du verre, mars-, n° 99, pp40-43.
  • Véronique Chausse, Marguerite Huré et le décor des claustra entre 1924 et 1933 : contribution à la modernité, édition ?
  • Martine Callias Bey, Marguerite Huré et l’affaire des vitraux volés de l’abbatiale de Fécamp, Annales du Patrimoine de Fécamp, n° 8, éd. Fécamp Terre-Neuve, 2001. pp52-55.
  • Véronique David, « Marguerite Huré », in L’Encyclopédie Perret, IFA, Paris, Monum, 2002.
  • Véronique David, « Marguerite Huré, précurseur de l’abstraction dans le vitrail religieux », in InSitu, n°3, printemps 2003, article en ligne
  • Véronique David, Carole Bouvet, « Le fonds d’atelier de Marguerite Huré au Musée des Années 30 de Boulogne-Billancourt », in In Situ, n° 4, , article en ligne
  • Marie Alain Couturier, « Bilan de l’époque 1920-1940 », in L’Art Sacré, mars-, n°3-4. p65
  • Maurice Brillant, « La jeune fille à la pipe et les vitraux du Raincy », in Comœdia, , article en ligne sur Gallica.
  • Association des Anciens du Sacré-Cœur, de la Jacquinière et des Portes de Chartreuse de Voreppe (ASCV), Marguerite Huré et les vitraux du Petit Séminaire de Voreppe, consultable en ligne

Liens externes

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