Mirabilite
Mirabilite Catégorie VII : sulfates, sélénates, tellurates, chromates, molybdates, tungstates[1] | |
mirabilite ou sel de Glauber en polycristaux chinois | |
Général | |
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Numéro CAS | 7727-73-3 |
Classe de Strunz | 7.CD.10
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Classe de Dana | 29.2.2.1
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Formule chimique | Na2SO4·10H2O |
Identification | |
Masse formulaire | 322,9 uma |
Couleur | incolore à blanc, le plus souvent grisâtre, jaunâtre, brunâtre, rougeâtre, gris jaunâtre, verdâtre, jaune brunâtre par impuretés |
Système cristallin | monoclinique |
Réseau de Bravais | maille de base a = 11,51 Å b = 10,37 Å c = 12,85 Å β = 107,8° Z=4 |
Classe cristalline et groupe d'espace | prismatique 2/m, groupe d'espace P21/c |
Macle | Commune sur {001} ou {100} |
Clivage | Parfait sur {100} ; pauvre à indistinct sur {001} et {010} |
Cassure | conchoïdale |
Habitus | petits cristaux prismatiques souvent aplatis ou encore tabulaires, cristaux aciculaires, parfois en lattes, plus rarement de beaux cristaux en bipyramide. Le plus souvent, en efflorescence mais aussi amas granulaires ou fibreux entrecroisés en formation rocheuse massive. Stalactites. Existe aussi en dépôt de conduits de sources thermales ou de laves, en croûte de surface, le plus souvent en efflorescence. En efflorescence dans les carrières de gypse, roche peu soluble mais source de sulfates. |
Jumelage | interpénétration commune sur {001} ; également sur {100} |
Échelle de Mohs | 1,5 à 2,5 |
Trait | blanc |
Éclat | vitreux; mat |
Propriétés optiques | |
Indice de réfraction | nα = 1,396, nβ = 1,410, nγ = 1,419 |
Biréfringence | Biaxial (-) ; δ = 0,023 2V = 75° (mesuré) 2V = 74° (calculé) |
Transparence | transparent à translucide, opaque |
Propriétés chimiques | |
Densité | 1,464 (en pratique entre 1,46 à 1,49), par calcul de maille 1,467 |
Température de fusion | décomposition à 32 °C (perte d'eau) °C |
Solubilité | 190,8 g à 20 °C, 430,9 g à 80 °C dans H2O ou eau pure, |
Comportement chimique | goût froid, salin à amère sur la langue |
Propriétés physiques | |
Magnétisme | aucun |
Radioactivité | aucune |
Unités du SI & CNTP, sauf indication contraire. | |
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La mirabilite est un sulfate naturel de sodium décahydraté, de formule chimique Na2SO4·10 H2O[2]. Ce composé chimique, autrefois connu sous le nom de sel de Glauber, est un minéral très commun, présent le plus souvent en croûte de surface ou en efflorescence dans les régions arides, mais aussi en formation massive, c'est une roche évaporite caractéristique des dépôts de lacs salés, de playas salines ou de sources thermales, spécialement en périodes hivernales ou de refroidissement.
Caractéristiques physico-chimique
[modifier | modifier le code]Ce minéral de maille monoclinique, rare, mais typique des roches évaporites marines ou des lacs alcalins, apparaît sous forme de cristaux prismatiques aplatis, parfois tabulaires ou plus rarement sous forme de très beaux cristaux bipyramidaux, à éclat vitreux. Très pur, il est incolore ou blanc, mais le plus souvent, il est légèrement coloré. Il participe à des formations massives granulaires, transparentes à opaques, parfois paraissant grises à jaunâtres, jaune pâle jusqu'à rouge brique, bleu ou vert avec leurs impuretés.
Minéral et roche sont très fragiles et tendres, légères. Sa dureté Mohs ne dépasse pas 2. La densité est légèrement inférieure à 1,5. Elle colore fortement la flamme en jaune, couleur caractéristique des ions sodium.
Il se déshydrate en thénardite ou sulfate de sodium Na2SO4, sous l'aspect d'efflorescences blanches. La réaction de déshydratation est lente à température ambiante, en principe complètement initiée à l'équilibre vers 32,4 °C, mais radicale et rapide dans une étuve à 100 °C.
À l'inverse, les surfaces de thénardite se recouvrent de mirabilite, par l'effet simple de l'humidité de l'air.
La mirabilite est très soluble dans l'eau à 25 °C. Mais sa solubilité, qui par ailleurs dépend du mode de mise en solution, décroît fortement avec la température. La mise en solution d'échantillons de sulfate de sodium dans des milieux de température et de pression normalisés permet de déterminer une solubilité à l'équilibre, de l'ordre de 5 g de Na2SO4 (11 à 11,3 g de mirabilite) pour 100 g d'eau pure à 0 °C, 9 g à 10 °C, 19,4 g à 20 °C et 40,8 g (92,3 à 92,7 g de mirabilite) à 30 °C, avant la précipitation de mirabilite.
Ainsi à 15 °C, à l'équilibre, la solubilité est de 36 g de mirabilite pour 100 g d'eau pure, alors qu'elle est en pratique de 412 g de mirabilite à 34 °C. On comprend l'effet d'une baisse brusque de température, générant des solutions naturelles surconcentrées en méta-équilibres, susceptibles de précipiter rapidement.
La mirabilite est insoluble dans l'alcool à 95°.
Cristallochimie
[modifier | modifier le code]Gîtologie et Gisements
[modifier | modifier le code]Cette roche évaporite se forme en grande masse dans les lacs salés ou d'eaux saumâtres riches en alcalins, et en particulier en ions sulfate. Elle peut en principe se former par évaporation des eaux à température inférieures à 33 °C, car au-delà ou dans des conditions d'assèchement drastique, c'est la thénardite qui se dépose. Mais la mirabilite se dépose plus facilement en saison froide, après les descentes thermiques, comme c'est le cas dans la mer d'Aral, dans la lagune du Kara-Bogaz-Gol, lagune de la mer Caspienne au cours des années 1970 ou dans le Grand Lac Salé en Utah.
Le minéral est présent dans les gisements du comté californien de San Bernardino, près de Kern ou Koern. Il est aussi commun dans un grand nombre d'États américains de l'Ouest ou du Sud-Ouest, par exemple le Wyoming et le Texas du Bassin permien.
Il est aussi présent en croûtes efflorescentes, dans des régions désertiques alcalines. Elle peut former des enduits à proximité des eaux thermales, qui, emporté par l'air, donne des dépôts en efflorescence.
En France, il est possible de l'observer facilement en efflorescence dans les carrières de gypse de Malvézy, en Languedoc. Elle est incluse dans les marnes gypseuses de Salins, dans le Jura français. Il est abondant en Bohême, mais aussi dans les mines salines d'Autriche ou d'Espagne.
Elle est souvent associée à la halite, au gypse, à la thénardite, à l'astrakhanite, etc.
Elle est aussi présente en efflorescence dans d'autres sols alcalins, dans les dépôts de sources, comme dans les grottes et sites abrités des anciennes coulées de laves.
Quelques sites
[modifier | modifier le code]- Allemagne
- Avec le gypse du puits Mathias, Rammelfangen, Sarrelouis
- Argentine
- Catamarca
- Salta
- Tucumán
- Autriche
- Australie
- Bolivie
- Canada
- Chili
- Chine
- Égypte
- Avec le natron, dans la dépression Ouadi Natrun
- États-Unis
- Espagne
- France
- Gabe Gottes Mine dans le Giftgrube, veine Saint-Jacques au Neuenberg, Sainte Marie-aux-Mines, Haut-Rhin, Alsace[3].
- Carrière de gypse d'Arignac, Tarascon-sur-Ariège, Ariège, région Midi-Pyrénées[4]
- Hongrie
- Italie
- Japon
- mine Hanaoka, Odate, préfecture Akita, Tohoku, île Honshu
- Kazakhstan
- dépôt Inder et dôme salin d'Atyrau
- Madagascar
- Mexique
- Grande mine San Antonio, Campo orientale, district Santa Eulalia, municipalidad de Aquiles Serdán, désert de Chihuahua
- Norvège
- ancienne mines d'argent de Kongsberg, Buskerud
- vieille carrière de Råna, Ballangen, dans le Nordland
- Nouvelle-Zélande
- Pays-Bas
- Pologne
- Roumanie
- Royaume-Uni
- carrière gypseuse de Kirkby Thore, Vale of Eden, Cumbria, Angleterre
- Russie
- Slovaquie
- Suisse
- avec la roche gypseuse de Birmenstorf, canton d'Aargau
- évaporites de la mine de sel de Bex, canton de Vaud
- Tadjikistan
- Tchéquie
- Turkménistan
- Turquie
- Ukraine
Origine de la dénomination
[modifier | modifier le code]Ce sel était nommé par les Anciens sal mirabilis glauberi ou sal mirabile glauberi, dans la lignée de la première appellation « sal mirabilis » ou « sel admirable » ou encore « sel miraculeux » de Glauber.
Elle a été décrite avant 1825 par le minéralogiste Haidinger, à partir d'échantillons collectés sur l'île Vulcain, en province sicilienne de Messine[5].
Usages
[modifier | modifier le code]Elle a été utilisée dans l'ancienne industrie chimique de la soude Leblanc, mais aussi dans l'industrie verrière, l'industrie des pigments et colorants, etc.
Elle a été considérée par la médecine de la Belle Époque comme un laxatif.
Altérations salines : rôle aggravant des sulfates naturels
[modifier | modifier le code]Les différents composés à base de sulfate de sodium, soient la thénardite anhydre, l'heptahydrate métastable, la mirabilite et les solutions aqueuses temporaires de sulfate de sodium, souvent apportés par voie aérienne, jouent un rôle considérable dans l'altération géochimique des roches de surface, dans de nombreux milieux : les régions arides froides ou chaudes, les régions côtières ou les falaises sèches, voire les matériaux du patrimoine bâti (pierres, béton, briques...) ou les surfaces érosives de planètes sèches. Le phénomène d'altération saline est accru si la roche est poreuse ou le matériau attaqué est poreux.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- La classification des minéraux choisie est celle de Strunz, à l'exception des polymorphes de la silice, qui sont classés parmi les silicates.
- Il s'agit de l'ancien sulfate de soude décahydraté ou sel admirable de Glauber
- Sarp, H., Deferne, J., Liebich, B. W., La mcnearite, NaCa5H4(AsO4)5•4H2O, un nouvel arséniate hydraté de calcium et de sodium. Schweizerische Mineralogische und Petrographische Mitteilungen 61, 1-6, (1981) Wittern, Journée: "Mineralien finden in den Vogesen", von Loga (Cologne), 1997
- Didier Descouens, « Les Mines de gypse d'Arnave et Arignac », in Monde et minéraux, no. 62, 1984, p. 16-17
- Haidinger, Wm., Treatise on Mineralogy, traduction du Grundriss der Mineralogie de Friedrich Mohs avec des apports complémentaires importants. 3 volumes, Édimbourg: 2: 31, (1825)
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Guy Tamain, petit article « Mirabilite », in Encyclopædia Universalis, 2000
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Fiche de la SCF sur les sulfates naturels de sodium, en particulier la mirabilite
- Cristaux naturels de mirabilite près de Yungchen, au nord de la province chinoise de Shanxi
- Le rôle des sulfates de sodium dans l’altération des roches: application à la conservation du patrimoine bâti
- De l'érosion saline impliquant la poussière de thénardite et de mirabilite
- Présentation technique et scientifique
- Fiche détaillée avec bibliographie, clichés d'échantillons à diverses échelles et esquisse de répartition géographique
- René Létolle, Article sur la mirabilite, minéral évaporite type, pris comme traceur chimique pour décrire l'évolution de la mer d'Aral, université Pierre-et-Marie-Curie
- Minéral indicateur du climat
- Effet des vibrations thermiques sur une structure modèle de mirabilite à eau deutériée
- Cristallisation rapide de la mirabilite par refroidissement
- Spectres aux rayons X caractéristiques de la mirabilite