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Mots esquimaux pour désigner la neige

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Inuits dans la neige en Alaska, en 1900.

L'existence d'un nombre élevé de mots esquimaux pour désigner la neige est une légende urbaine liée à l'hypothèse de Sapir-Whorf. Censée illustrer le phénomène de relativité linguistique, elle présente plusieurs problèmes, en particulier autour de la définition du concept de mot : les langues eskimo-aléoutes sont de type polysynthétique, capables de produire un nombre théoriquement infini de « mots » par le biais de la suffixation.

Il existe en réalité uniquement 3 racines lexicales circonscrites pour désigner la neige dans ces langues.[réf. souhaitée]

L'histoire de cette idée reçue a été retracée en 1986 par Laura Martin dans un article pour American Anthropologist (en), la revue de l'American Anthropological Association[1]. Trois ans plus tard, Geoffrey K. Pullum est revenu sur la question dans un essai au ton plus humoristique publié dans la revue Natural Language and Linguistic Theory (en), republié à plusieurs reprises[2].

Son origine semble être le Handbook of American Indian Languages publié par Franz Boas en 1911. Son propos est avant tout d'ordre morphologique : il cherche à illustrer la différence entre un concept exprimé à l'aide de différentes racines et un autre exprimé à l'aide d'opérations de dérivation s'appuyant sur une racine unique, en prenant l'exemple de mots anglais liés à l'eau, d'une part, et de mots esquimaux liés à la neige, d'autre part. Benjamin Lee Whorf reprend cette idée dans un article de 1940 pour illustrer sa théorie de relativité linguistique, et elle a depuis été répétée dans de nombreux ouvrages de vulgarisation, avec un nombre de mots toujours croissant.

Postérité

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L'idée qu'il existerait 50 mots esquimaux pour désigner la neige a donné à Kate Bush l'idée du titre de son album 50 Words for Snow sorti en 2011, tout en étant consciente qu'il s'agit d'un mythe[3].

Références

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Bibliographie

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  • (en) Piotr Cichocki et Kilarski Marcin, « On 'Eskimo Words for Snow': The life cycle of a linguistic misconception », Historiographia Linguistica, vol. 37, no 3,‎ , p. 341–377 (DOI 10.1075/hl.37.3.03cic).
  • (en) Larry Kaplan, « Inuit Snow Terms : How Many and What Does It Mean? », dans François Trudel (dir.), Building Capacity in Arctic Societies : Dynamics and Shifting Perspectives (actes du 2e séminaire de l'International PhD School for the Study of Arctic Societies (IPSSAS), Iqaluit, Nunavut, Canada, -), Québec, Centre interuniversitaire d'études et de recherches autochtones (CIÉRA)—Faculté des sciences sociales de l'Université Laval, , 313 p. (ISBN 2-921438-62-3, lire en ligne), p. 263–269.
  • (en) Igor Krupnik et Ludger Müller-Wille, chap. 16 « Franz Boas and Inuktitut Terminology for Ice and Snow: From the Emergence of the Field to the “Great Eskimo Vocabulary Hoax” », dans Igor Krupnik (dir.), Claudio Aporta (dir.), Shari Gearheard (dir.), Gita J. Laidler (dir.) et Lene Kielsen Holm (dir.), SIKU: Knowing Our Ice; Documenting Inuit Sea-Ice Knowledge and Use (à l'occasion de l'année polaire internationale, 2007-2008), Springer, , 501 p. (ISBN 978-90-481-8586-3 et 978-90-481-8648-8, DOI 10.1007/978-90-481-8587-0_16, lire en ligne), p. 377–400.
  • (en) Laura Martin, « Eskimo Words for Snow : A Case Study in the Genesis and Decay of an Anthropological Example », American Anthropologist, vol. 88, no 2,‎ , p. 418–423 (JSTOR 677570, lire en ligne).
  • (en) Geoffrey K. Pullum, « Topic...Comment : The great Eskimo vocabulary hoax », Natural Language and Linguistic Theory, vol. 7, no 2,‎ , p. 275–281 (DOI 10.1007/BF00138079, JSTOR 4047733). Republications :
    • (en) Geoffrey K. Pullum, « The great Eskimo vocabulary hoax », Lingua Franca, no 1,‎ , p. 28–29 (en version abrégée).
    • (en) Geoffrey K. Pullum, « The great Eskimo vocabulary hoax », dans John T. Gage, The Shape of Reason : Argumentative Writing in College, New York, Macmillan, , 2e éd. (1re éd. 1987), 293 p. (ISBN 0-02-340041-2), p. 33–38.
    • (en) Geoffrey K. Pullum, chap. 19 « The great Eskimo vocabulary hoax », dans The Great Eskimo Vocabulary Hoax and Other Irreverent Essays on the Study of Language, Chicago et Londres, University of Chicago Press, , 236 p. (ISBN 0-226-68533-0, lire en ligne), p. 159–171 (avec une nouvelle note préliminaire et une nouvelle annexe).
    • (en) Geoffrey K. Pullum, « The great Eskimo vocabulary hoax », Probable Cause: A Literary Revue,‎ , p. 3–6.
  • (en) David Robson, « Are there really 50 Eskimo words for snow? », New Scientist, no 2896,‎ , p. 72–73 (lire en ligne).
  • (en) Andrew Spencer, Morphological Theory : An Introduction to Word Structure in Generative Grammar, Oxford, Blackwell, , 532 p. (ISBN 0-631-16143-0 et 0-631-16144-9), p. 38.

Articles connexes

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Lien externe

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