Myriamètre
Le myriamètre (abrégé « myr. », de myriade = 10 000) est une ancienne unité de mesure adoptée sous la Révolution. D'une valeur de dix mille mètres (10 km), elle correspondait approximativement à trois lieues.
Elle était d'un usage assez courant au XIXe siècle, par exemple dans les guides de voyage ou les descriptions géographiques. Liée aux délais de communications de l’époque, elle a également été utilisée dans 9 articles de la Constitution de 1795 et certains codes français.
Ainsi, l'article 1 du code civil prévoyait jusqu'en 2004 une entrée en vigueur des lois différée selon les départements, en fonction de leur distance au siège du Gouvernement, mesurée en myriamètres[1]. Le code d’instruction criminelle utilisait cette unité pour fixer certains délais de procédure[2]. Jusqu'en 2019, cette unité est mentionnée et utilisée par la loi sur la liberté de la presse du 29 juillet 1881, à l'article 54[3], imposant entre la citation et la comparution un délai supplémentaire « d'un jour par cinq myriamètres de distance ». Cependant, le , à la suite d'une question prioritaire de constitutionnalité, le Conseil constitutionnel juge l'utilisation de cette expression contraire à la Constitution car elle introduit une distinction injustifiée entre les justiciables, et abroge la disposition[4].
Le mille scandinave (en) moderne (norvégien et suédois: mil) est une autre unité valant 10 000 mètres.
Citations
[modifier | modifier le code]- L'article du Littré : « Mesure itinéraire, qui vaut dix mille mètres. La lieue de poste valait 3898 mètres, le myriamètre vaut environ deux lieues et demie. »
- Dans Si le soleil ne revenait pas (Ramuz, Pléiade, Romans, t.2, p. 1195), on trouve, au sujet de la voix venant du poste de TSF (nous sommes en 1937) : « Son plus ou moins d'intensité est sans signification quant à la distance qu'il a parcourue, les lieues ne le fatiguent pas, il est insoucieux des myriamètres ; de sorte qu'il est faible et on vous dit : “C'est Genève”, il a toute sa force, mais il vient de New York. »
- Dans 20 000 lieues sous les mers (Jules Verne, Chapitre XIV) : « La portion du globe terrestre occupée par les eaux est évaluée à trois millions huit cent trente-deux mille cinq cent cinquante-huit myriamètres carrés, soit plus de trente-huit millions d’hectares. »
- Dans L'enfant et les sortilèges, L'arithmétique de Maurice Ravel : « Millimètres, centimètres, décimètres, décamètres, hectomètres, kilomètres, myriamètres, 'faut t'y mettre, quel piètre... » Jeu de mots sur les différentes longueurs.
- Décret impérial 2164 du art 1er alinéa 5 : « aucun forçat libéré ... ne pourra fixer sa résidence ... à moins de trois myriamètres de la frontière et des côtes »
- Dans le texte de la Constitution (française) du 5 Fructidor an III (1795), titre XIII : « Article 340. - Le Conseil des Anciens désigne, pour la réunion de l'Assemblée de révision, un lieu distant de 20 myriamètres au moins de celui où siège le Corps législatif. »[1]