Police auxiliaire lettone
Police auxiliaire lettone | |
Membre de la milice lettone gardant des femmes et des enfants juifs avant leurs assassinats, pendant les massacres de Liepāja (). | |
Création | |
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Pays | Europe occupée par les nazis, en particulier en Lettonie occupée |
Allégeance | Reich allemand |
Type | Police auxiliaire |
Rôle | Shoah en Lettonie Opérations anti-partisans en Biélorussie (Bandenbekämpfung) |
Fait partie de | Schutzmannschaft |
Guerres | Seconde Guerre mondiale |
Commandant historique | Roberts Blūzmanis |
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La police auxiliaire lettone était une unité de police paramilitaire collaborationniste mise en place par l’Allemagne nazie en , pendant l’occupation de la Lettonie lors de la Seconde Guerre mondiale.
Composée de fonctionnaires lettons, il s'agissait ni plus ni moins de l'Ordnungspolizei allemande mise en place dans les territoires occupés, chargés du maintien de l'ordre public. Certaines unités de la police auxiliaire lettone ont été impliquées dans la Shoah ; l'une d'elles, le Sonderkommando Arājs, s'est tristement distingué par le massacre d'environ 50 000 à 100 000 personnes (principalement des Juifs, mais aussi communistes ou roms)[1].
Suppléant la police stationnaire régulière (agents de la police municipale), 30 bataillons ont été formés : ces groupes mobiles assuraient la garde de points stratégiques ou de fortifications, participaient à des opérations anti-partisans et se battaient sur le Front de l'Est.
Formation d'unités
[modifier | modifier le code]Les forces de police auxiliaires étaient principalement composées de membres de la police, de l'armée et de la milice lettone (en) dissoute lors de l'occupation soviétique en 1940. Au cours de la première semaine de l'occupation allemande, Franz Walter Stahlecker, dirigeant de l'Einsatzgruppe A, chargea le lieutenant-colonel Voldemārs Veiss d'organiser une force de police sous le commandement de la SS[2]. L'une des premières unités établie sa garnison à Daugavpils, prise par les forces allemandes le , six jours après le lancement de l'opération Barbarossa. Roberts Blūzmanis est alors nommé chef de la police auxiliaire lettone à Daugavpils[3]. Une force de police auxiliaire est créée Riga le sous les auspices des nazis, sous la direction du capitaine letton Pētersons. Selon un rapport allemand daté du , les forces de police auxiliaires étaient composées de 240 hommes répartis dans six districts de police, certains membres étant affectés aux travaux de la Kriminalpolizei (KriPo) et de la Sicherheitspolizei (SiPo)[4].
La police auxiliaire lettone était généralement chargée de la traque et de l'arrestation les Juifs locaux, effectuant quelquefois le creusement de fosses communes en vue de leurs exécutions[5]. Les massacres de Liepāja de sont les crimes de masse les plus notables auquel la police auxiliaires a participé[6].
Le premier bataillon de police (1er bataillon Schutzmannschaft de Riga, plus tard renommé 16e bataillon de police de Zemgale) est formé en et envoyé sur le front de l'Est le . Le deuxième bataillon de la police lettone quitte la Lettonie pour la Biélorussie qu'il atteint le . Le troisième suit une formation et rejoint le front à Léningrad le , afin d'y construire des fortifications pour se battre en première ligne à compter du mois de juillet.
Peu de temps après, le 2e bataillon est rejoint par un second bataillon letton dont le commandant, le capitaine Praudiņš, est rapidement arrêté pour des propos anti-allemands, condamné à mort par un tribunal militaire puis gracié après de vigoureuses protestations de la Lettonie. Praudiņš est déchu de son rang et envoyé au front en tant que soldat. Il parvient cependant à redevenir commandant avec à sa tête un régiment letton à Courlande en 1945, au cours duquel il reçut plusieurs hautes décorations allemandes.
D'après The Guardian, il existait en 1943 deux divisions SS lettones et environ 100 000 Lettons portaient l'uniforme allemand, soit dans des unités de police auxiliaires, soit dans la légion SS. Fait inhabituel, les nazis envoyèrent leurs collaborateurs lettons bien au-delà de leur territoire d'origine en Biélorussie, en Ukraine ou à Varsovie[7].
Bataillons de police
[modifier | modifier le code]Activités
[modifier | modifier le code]En , les 22e bataillon Daugava et 272e bataillon Daugavgrīva rejoignent Varsovie pour des fonctions de garde sur le périmètre extérieur du ghetto de Varsovie. Lors de la liquidation du ghetto, le 22e bataillon participe à la mise en place de convois de déportés vers le camp d'extermination de Treblinka. En février-, huit bataillons lettons prennent part à l'opération répressive anti-partisane Winterzauber près de la frontière entre la Biélorussie et la Lettonie, qui entraîne la destruction de 439 villages, 10 000 à 12 000 morts, et plus de 7 000 autres sont condamnés aux travaux forcés ou emprisonnés au camp de Salaspils[8].
En 1943, de Léningrad à la Crimée, 29 bataillons de la police lettone sont dispersés dans l’Union soviétique sous occupation allemande, notamment le 17e bataillon qui combat dans la région de Kharkov, ou le 23e opérant en Crimée. En 1944, au plus fort de l'occupation, en collaboration de l'administration autonome de la Lettonie, celle-ci forme un total de 33 bataillons de police auxiliaires.
Relations avec les Allemands
[modifier | modifier le code]Les bataillons de police étaient mal armés. Par conséquent, ceux-ci doivent parfois voler des armes automatiques dans les dépôts de ravitaillement allemands. Le caporal Žanis Butkus, commandant du 26e bataillon, capture des armes d'un groupe de partisans nationaux en juin et et les dissimules aux Allemands par craintes de réquisition.
Certains bataillions ne combattaient pas les soviétiques et opéraient à l'arrière des lignes de front, provoquant plusieurs conflits entre Lettons et Allemands. Les Lettons ne souhaitaient pas se battre contre des partisans nationaux (Polonais, Ukrainiens, etc.) qui étaient à la fois allemands et soviétiques. Par conséquent, des bataillons lettons stationnés quelque temps près de Vilnius établirent des communications secrètes avec les partisans polonais en concluant un pacte de non-agression. Un bataillon de l'autre côté de l'ancienne frontière entre la Lettonie et la Pologne empêcha le SD allemand de recueillir et d'envoyer des femmes polonaises en Allemagne en .
Restructuration
[modifier | modifier le code]En 1942, les 19e et 21e bataillons de la police lettone sont rattachés à la 2e brigade d'infanterie SS (en). La brigade était une formation internationale comprenant des légions volontaires néerlandaises, flamandes et norvégiennes. Impressionné par la conduite des bataillons lettons, Heinrich Himmler transforma la 2e brigade d'infanterie SS en une brigade lettone.
Les 18e, 24e et 26e bataillons de la police lettone en service sur le front de Léningrad ont été utilisés pour former le 2e régiment de volontaires SS de la brigade. Ils ont ensuite été envoyés en formation à Krasnoye Selo, où le 16e bataillon de police letton rejoint la brigade en février à la demande de Himmler. Le , ces bataillons lettons ainsi que les trois autres bataillons de légions lettones sont incorporés à la 2e brigade d'infanterie SS et renommés 2e brigade lettone SS (qui deviendra plus tard la 19e division SS de grenadiers)[9].
Le , quatre bataillons (278e Sigulda, 278e Dobele, 276e Kuldīga et 312e) sont incorporés dans le 1er Régiment de police de Riga (Lettisches Freiwilligen Polizei Regiment 1 Riga). En , deux autres régiments sont formés: le 2e Liepāja (du 22e Daugava, 25e Abava, 313e et 316e bataillons) et le 3e Cēsis (du 317e, 318e et 321e bataillons). À partir de , les trois régiments sont impliqués dans des combats près de Daugavpils, où ils subissent de lourdes pertes.
Six bataillons (20e, 23e, 267e, 269e, 322eet 271e) ont poursuivi leur combat dans la poche de Courlande jusqu'à la capitulation.
Liste des bataillons et régiments
[modifier | modifier le code]- Polizei zb V. Bataillon 1 Meiers,
- Polizei zb V. Bataillon 2,
- Schutzmannschaft Front Bataillon 16 Zemgale, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 16, -
- Schutzmannschaft Front Bataillon 17 Vidzeme, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 17 Rzekne, -
- Schutzmannschaft Front Bataillon 18 Kurzeme, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon, au
- Schutzmannschaft Front Bataillon 19 Latgale, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 19, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Wacht Bataillon 20 Riga, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 20 Abrene, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 21 Liepāja, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 22 Daugava, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 23 Gauja, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 24 Talsi, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 24 Venta, - 1942
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 25 Abava, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 25, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 26 Tukums, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 27 Burtnieki, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 28 Bārta, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 266, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 267 Rēzekne, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Ost Bataillon 268 Ērgļi, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Wacht Bataillon 269, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 270, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 271 Valmiera, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Bataillon 272 Daugavgrīva, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 273 Ludza, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 274, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 275, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 276 Kuldīga, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 277 Sigulda, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 278, Dobele, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 279 Cēsis, -
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 280 Bolderāja, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 281 Abrene, - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 282 Venta, 1942 - , prend part à l'opération Winterzauber
- Schutzmannschaft / Lettische Polizei Front Bataillon 283, -
- Lettische Polizei Bataillon 283 (Russe), -
- Lettonie Polizei Bataillon 311 Valmiera, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 312, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 313, -
- Lettische Polizei Bataillon 314 (Russe), -
- Lettische Polizei Bataillon 315 (Russe), -
- Lettische Polizei Front Bataillon 316, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 317, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 318, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 319, -
- Lettische Polizei Wacht Bataillon 320, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 321, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 322, -
- Lettische Polizei Front Bataillon 325 (Russe), -
- Lettische Polizei Front Bataillon 326 (Russe), -
- Lettische Polizei Bataillon 327 (Russe), -
- Lettische Polizei Bataillon 328 (Russe), -
- Lettisches Freiwilligen Polizei Regiment 1 Riga, -
- Lettisches Freiwilligen Polizei Regiment 2 Liepāja, -
- Lettisches Freiwilligen Polizei Regiment 3 Cēsis, -
Après-guerre
[modifier | modifier le code]Aux États-Unis, d'anciens membres de la police auxiliaire lettone auraient échappé à des poursuites pour crimes de guerre[10]. Parmi eux, Edgars Inde, qui aurait caché sa participation à des crimes de guerre lors de son arrivée aux États-Unis en 1949, et aurait demandé la naturalisation. Devenu citoyen en 1955, il nia formellement tout accusation.
Notes et références
[modifier | modifier le code]- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Latvian Auxiliary Police » (voir la liste des auteurs).
- Michael Mann, The dark side of democracy: explaining ethnic cleansing. Cambridge University Press, 2005.
- (en) Valdis O. Lumans, Latvia in World War II, New York, Fordham Univ Press, , 547 p. (ISBN 978-0-8232-2627-6, lire en ligne), p. 266
- Jacob Gorfinkel, Daugavpils (Dvinsk) Ghetto List – 05-December-1941
- SS Einsatzgruppen: Nazi Death Squads, 1939–1945 by Gerry van Tonder, p. 70
- Edward Anders, Amidst Latvians During the Holocaust, Riga, Occupation Museum of Latvia, , 165 p. (ISBN 978-9984-9931-8-8, lire en ligne)
- Keith Kaye, Jews of Lithuania and Latvia : the Graudans : Discovery to Diaspora, Bloomington, IN, AuthorHouse, , 157 p. (ISBN 978-1-4634-2076-5)
- « Where Nazis are heroes », The Guardian, (lire en ligne)
- (ru) Alexander Dyukov, «Зимнее волшебство» : нацистская карательная операция в белорусско-латвийском приграничье, февраль — март 1943 г., Minsk-Moscow, Фонд «Историческая память»/ Historical Memory Foundation, Russia, , 2-25 p. (ISBN 978-5-9990-0020-0)
- Lumans, Valdis O. (2006). Latvia in World War II. Published by Fordham Univ Press. (ISBN 0-8232-2627-1) p. 286
- (en) Ieva Zake, American Latvians : Politics of a Refugee Community, New Brunswick, NJ, Transaction Publishers, , 215 p. (ISBN 978-1-4128-1451-5), p. 97