Aller au contenu

Roger Fauroux

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Roger Fauroux
Fonctions
Maire de Saint-Girons

(6 ans)
Successeur Bernard Gondran
Ministre de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire
portefeuille du Commerce extérieur jusqu'au

(3 ans et 3 jours)
Président François Mitterrand
Premier ministre Michel Rocard
Gouvernement Rocard (1)
Rocard (2)
Prédécesseur Alain Madelin
Successeur Dominique Strauss-Kahn ministre délégué à l'Industrie
Biographie
Nom de naissance Roger Jean Louis Fauroux
Date de naissance
Lieu de naissance Montpellier (France)
Date de décès (à 94 ans)
Lieu de décès Paris 15e
Nationalité Française
Diplômé de École normale supérieure
Distinctions Grand-croix de la Légion d'honneur Grand-croix de la Légion d'honneur

Officier de l'ordre des Arts et des Lettres Officier de l'ordre des Arts et des Lettres

Roger Fauroux, né le à Montpellier (Hérault) et mort le [1] à Paris 15e[2], est un haut fonctionnaire et homme politique français. Ancien président directeur général de Saint-Gobain, il est ministre chargé de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire dans les deux gouvernements de Michel Rocard de 1988 à 1991.

Jeunesse et formation

[modifier | modifier le code]

Originaire de l'Ariège, fils de proviseur, il intègre l'École normale supérieure (1947)[3] après une préparation au lycée Henri-IV. Après un stage en Allemagne en 1948, il obtient l'agrégation d'allemand (1952)[4]. Il est aussi licencié en théologie[5].

Il est admis ensuite à l'École nationale d'administration (promotion Guy Desbos, 1954-1956), pour en sortir à l'Inspection des Finances[6].

Carrière dans l'administration et dans l'industrie

[modifier | modifier le code]

Après un court passage au ministère des Finances (1956-1960), il rencontre l'industriel Roger Martin qui préside la Compagnie de Pont-à-Mousson, entreprise lorraine de sidérurgie et de tuyaux en fonte. Il quitte alors la fonction publique pour le suivre dans la ville éponyme du groupe, sise au bord de la Moselle. L'année suivante, en 1961, il devient directeur général du groupe[7]. Pressentant la fin inéluctable de la sidérurgie, il fait sortir le groupe de cette activité pour ne conserver que celle des tuyaux de fonte et des plaques d'égouts. En 1970, Roger Martin rachete le groupe Saint-Gobain qui avait fait auparavant l'objet d'une OPA de la part de BSN (futur Danone)[8]. Roger Fauroux opère la fusion entre les deux groupes qui prend le nom de Saint-Gobain. En 1980, Roger Martin lui cède la présidence du nouveau groupe[9].

L'année suivante, les socialistes arrivent au pouvoir et nationalisent les grands groupes industriels dont Saint-Gobain. Grâce à ses multiples amitiés au sein de la gauche, dont notamment Michel Rocard et Jacques Chérèque, il parvient à conserver son poste et à préserver les intérêts de son groupe[10]. Il tente de diversifier Saint-Gobain dans l’électronique, une usine de semi-conducteurs puis dans les ordinateurs Bull. Mais l'aventure plombera le groupe et sera vite défaite.

Parallèlement à ses activités industrielles, il participe à la création de la fondation Saint-Simon voulue par l'historien François Furet[11]. Dans ce think-tank de tendance libéral-socialiste se croisent notamment Pierre Rosanvallon, son beau-frère et historien Emmanuel Leroy Ladurie, Alain Minc, Jean-Claude Casanova et Jean Peyrelevade[12]. Ils vont alimenter ensemble le débat économique au sein du PS, l'amenant à se réconcilier avec le capitalisme français.

Ministre de l'Industrie et de l'Aménagement du territoire

[modifier | modifier le code]

En 1986, arrive la première cohabitation. Le nouveau gouvernement mène une politique de privatisation. Roger Fauroux quitte alors la présidence de Saint-Gobain au profit de Jean-Louis Beffa[13].

Roger Fauroux est nommé directeur de l'École nationale d'administration (1986-1988), puis ministre de l'Industrie, du Commerce extérieur et de l'Aménagement du territoire (1988-1991) dans le gouvernement de Michel Rocard. C'est un des rares ministres choisis par le nouveau premier ministre[14]. Ami de Michel Rocard, il est mal vu par Édith Cresson qui ne le reconduit pas dans ses fonctions après sa nomination comme Première ministre en 1991[15].

En 1989 il participe à la création du parti Association des démocrates (ADD), « qui veut "regrouper des gens de mon type, actifs dans l'économie et la société et politiquement vacants, pour en faire une force d'appui au président et à la majorité. Ce sont des hommes et des femmes disponibles qui redoutent une victoire de la droite aux législatives en 1993 et la désorganisation désastreuse qu'une nouvelle cohabitation entraînerait[16]. »

Il se définit alors dans la même interview comme un saint-simonien : « Comme lui, je crois au progrès, à l'action humaine et à la raison, à l'éducation et à la morale, à l'esprit d'entreprise et à l'État. Je crois au marché mais pas à ses miracles. (...) Bref, je crois à l'industrie des hommes[16]. »

Autres fonctions

[modifier | modifier le code]

Propriétaire d'une ferme près de Saint-Girons, dans l'Ariège, il est maire de cette commune de 1989 à 1995[17].

Il succède à Simone Veil à la présidence du Haut Conseil à l’Intégration qu'il dirige de 1998 à 2002[5].

Il consacre ensuite son temps à l’Institut catholique et à ses mandats d'administrateur de société et à la rédaction de différents rapports commandés par les autorités politiques : Pour l'École () et La lutte contre les discriminations ethniques dans le domaine de l'emploi (septembre 2005). Il est président du comité de réflexion d'Habitat et Humanisme[18].

Il meurt le à Paris à l'âge de 94 ans, trois mois après son épouse[1]. Il est inhumé au cimetière des Moutiers-en-Cinglais (Calvados)[19].

Vie privée

[modifier | modifier le code]

Il est l'époux de Marie Le Roy Ladurie (1928-2021), sœur de l'historien Emmanuel Leroy-Ladurie, archiviste paléographe[7].

Décorations

[modifier | modifier le code]
  • Pour l'École, 1996
  • États de service, Hachette, 1998[24]
  • Notre État (sous la direction de Roger Fauroux et Bernard Spitz), 2001
  • Dieu n'est pas un pur Esprit, Éd. Bayard, coll. « Qui donc est Dieu ? », Paris, 2002
  • Nous sommes tous des immigrés (avec Hanifa Cherifi), 2003
  • État d'urgence (sous la direction de Roger Fauroux et Bernard Spitz), 2004
  • En finir avec le mal-logement, une urgence et une espérance (sous la direction de Roger Fauroux et Bernard Devert), Éd. du Cerf, 2010

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b AFP, « Roger Fauroux, ancien ministre sous Mitterrand et capitaine d'industrie, s'est éteint à 94 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne)
  2. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  3. « L'annuaire | a-Ulm », sur www.archicubes.ens.fr (consulté le )
  4. « Les agrégés de l'enseignement secondaire. Répertoire 1809-1960 | Ressources numériques en histoire de l'éducation », sur rhe.ish-lyon.cnrs.fr (consulté le )
  5. a et b Isabelle Chaperon, « La mort de Roger Fauroux, industriel, ancien ministre et intellectuel humaniste », Le Monde, no 23806,‎ , p. 25 (lire en ligne)
  6. « AAEENA | Association des Anciens Élèves de l'École Nationale d'Administration », sur www.aaeena.fr (consulté le )
  7. a et b « Ancien ministre et PDG du groupe Saint-Gobain, l'Ariégeois Roger Fauroux s'est éteint à l'âge de 94 ans », sur ladepeche.fr (consulté le )
  8. « Roger Martin, ancien patron de Saint-Gobain », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. « Saint-Gobain, cette multinationale si française », Le Temps,‎ (ISSN 1423-3967, lire en ligne, consulté le )
  10. « Mort de Roger Fauroux, ancien ministre de l’industrie et PDG de Saint-Gobain », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  11. Erwan Seznec, « La Fondation Saint-Simon, les habits de gauche du néolibéralisme », dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, (DOI 10.3917/dec.orang.2014.01.0369, lire en ligne), p. 369–375
  12. « La Fondation Saint-Simon, une histoire accomplie », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Hervé Joly, « Les inspecteurs des Finances, dirigeants des grands groupes industriels au xxe siècle », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN 978-2-8218-3703-4, DOI 10.4000/books.igpde.3690, lire en ligne), p. 345–350
  14. Attali, Jacques, (1943- ...), Verbatim III : chronique des années 1988-1991. Première partie : 1988-1989, Paris, Librairie générale française, (ISBN 2-253-14409-6 et 9782253144090, OCLC 496064040, lire en ligne)
  15. « M. Roger Fauroux : la victime expiatoire », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. a et b Voir son interview par Eric Le Boucher dans le quotidien Le Monde, 3 mars 1990
  17. « Les " miracles " d'un ministre-maire M. Roger Fauroux annonce la création de 180 emplois dans sa commune de Saint-Girons (Ariège). Du coup, la population semble rassurée sur l'influence de son premier magistrat », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  18. « Roger Fauroux, veilleur des grandes causes sociales », La Croix,‎ (ISSN 0242-6056, lire en ligne, consulté le )
  19. Cimetières de France et d'ailleurs
  20. Décret du 25 mars 2016 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  21. Décret du 13 juillet 2012 portant élévation aux dignités de grand'croix et de grand officier
  22. Décret du 14 mai 1998 portant promotion et nomination
  23. « Recherche - Salle de lecture virtuelle », sur siv.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le ).
  24. Jean-Paul Cazes, « Roger Fauroux sans complaisance », La Dépêche du midi,‎ (lire en ligne)

Bibliographie

[modifier | modifier le code]
  • Claeys, Louis. Auteur., Deux siècles de vie politique dans le département de l'Ariège : 1789-1989 (OCLC 489839222, lire en ligne)
  • Hervé Joly, « Les inspecteurs des Finances, dirigeants des grands groupes industriels au xxe siècle », dans Dictionnaire historique des inspecteurs des Finances 1801-2009 : Dictionnaire thématique et biographique, Institut de la gestion publique et du développement économique, coll. « Histoire économique et financière - XIXe-XXe », (ISBN 978-2-8218-3703-4, DOI 10.4000/books.igpde.3690, lire en ligne), p. 345–350
  • Erwan Seznec, « La Fondation Saint-Simon, les habits de gauche du néolibéralisme », dans Histoire secrète du patronat de 1945 à nos jours, La Découverte, (DOI 10.3917/dec.orang.2014.01.0369, lire en ligne), p. 369–375

Liens externes

[modifier | modifier le code]