Soulèvement du 31 octobre 1870
Le soulèvement du a eu lieu à Paris pendant le siège de la capitale, durant la guerre franco-allemande de 1870. Il visait à protester contre la politique militaire du gouvernement de la Défense nationale et à proclamer la Commune.
Les causes
[modifier | modifier le code]Les Parisiens sont exaspérés par la défaite subie au Bourget le 30 octobre 1870. Des francs-tireurs parisiens ont réussi le à s'emparer du village du Bourget, à proximité de Paris, malgré l'encerclement de la capitale par les troupes allemandes. Les Allemands contre-attaquent. Le Gouvernement de la Défense nationale refuse une sortie massive pour tenter d'ouvrir une brèche dans le dispositif ennemi, soit qu'il estime que l'offensive n'a aucune chance de succès, soit qu'il souhaite ne pas prolonger les opérations militaires. 3 000 hommes vont résister jusqu'au 30 octobre au pilonnage de l'artillerie prussienne. Ils laissent 1 200 morts sur le champ de bataille. Une partie des Parisiens accusent le gouvernement d'avoir organisé la défaite.
De plus, depuis le 27 octobre, le gouvernement dément les rumeurs de la capitulation de l'armée française, quasiment intacte (100 000 hommes), du maréchal Bazaine, encerclée dans Metz. Le général Trochu ne reconnaît le fait que dans la journée, sous la pression de la foule.
Enfin, les Parisiens apprennent que le gouvernement de la Défense nationale a envoyé Thiers négocier l'armistice à Versailles avec Bismarck. Les Parisiens se sentent trahis. Le jeune Clemenceau, nommé en septembre maire du 18e arrondissement de Paris, fait placarder sur les murs :
« La municipalité du XVIIIe arrondissement proteste avec indignation contre un armistice que le Gouvernement ne saurait accepter sans trahison[1]. »
Déroulement
[modifier | modifier le code]Dans Le Réveil du jour, Charles Delescluze appelle à la proclamation de la Commune et à la levée en masse.
Dans la matinée, les mécontents venus des quartiers populaires de l'Est parisien, auxquels se mêlent des gardes nationaux et des éléments bourgeois, se rassemblent place de l'Hôtel de Ville. Il s'agit d'une manifestation républicaine spontanée, sans plan concerté d'avance[réf. nécessaire]. Favre, qui vient d'organiser le départ de Thiers chargé de rencontrer Bismark, rejoint Ferry, Simon et Trochu à l'Hôtel de ville.
En début d'après-midi de ce , le commando de Paolo Tibaldi (dite légion italienne) et les bataillons de Flourens envahissent l’Hôtel de ville[2].
Malgré les discours d'Arago, alors maire de Paris, et du Général Trochu, président du gouvernement, les manifestants occupent pacifiquement l'Hôtel de ville, siège du gouvernement. Les discussions ont lieu avec les maires d'arrondissement et des républicains modérés. Le général Le Flô et Garnier-Pagès sont également présents. Picard, voyant que les choses risquent de se gâter, s'est esquivé à temps.
Vers 16 heures, les manifestants sont renforcés par des tirailleurs de Belleville amenés par Gustave Flourens. La manifestation tourne à l'émeute. Dans le désordre, on discute pour former un nouveau gouvernement. Flourens grimpe sur la table du Conseil ; il réclame la constitution d'un Comité de Salut public et tente de faire accepter une liste de noms. La foule en hue certains. Le gouvernement est virtuellement prisonnier. La confusion est totale. Pendant ce temps, Raoul Rigault qui y était installé depuis le et quelques centaines d'hommes s'emparent de la Préfecture de police.
Mais le mouvement semble ignoré du reste de Paris. Blanqui, nommé par Clemenceau commandant du 169e bataillon, Millière, Édouard Vaillant et Delescluze ont rejoint Flourens. Ferry et Trochu, membres du gouvernement, arrivent à s'échapper, regroupent des bataillons fidèles de la Garde nationale venus des quartiers bourgeois, et de la Garde mobile, notamment les contingents bretons, et les dirigent vers l'Hôtel de ville. La foule déserte peu à peu la place qui est investie par les bataillons bretons. A 3 heures du matin, Jules Favre, resté avec les manifestants, promet des élections municipales et assure qu'il n'y aura pas de représailles. Les chefs de l'insurrection sont autorisés à quitter les lieux.
Conséquences
[modifier | modifier le code]Malgré la promesse faite par Favre, le gouvernement fait arrêter quatorze membres de l'extrême-gauche. Blanqui, Flourens et Millière passent à la clandestinité.
Arago démissionne de son poste de maire, et Clemenceau le suit par solidarité[1]. Le préfet de la Seine Jules Ferry remplace alors Arago, conservant son poste de préfet. De ce jour, une solide rivalité s'installe entre Clemenceau et Ferry, celui-là l'accusant d'être un conservateur déguisé, celui-ci d'être un complice des révolutionnaires[1].
Le général Clément-Thomas succède au faible Tamisier à la tête de la Garde nationale.
Le 3 novembre, le gouvernement se soumet à un plébiscite en demandant : « La population de Paris maintient-elle OUI ou NON les pouvoirs du Gouvernement de la Défense Nationale ? ». Il obtient 557 996 voix pour et 61 638 contre[3]. Deux jours plus tard ont lieu les élections municipales. Treize maires sur vingt (dont Clemenceau) sont reconduits. Cinq nouveaux sont des modérés. Seuls Delescluze (XIXe) et Ranvier (XXe) représentent le parti révolutionnaire.
Notoriété
[modifier | modifier le code]Commentaire de Karl Marx
[modifier | modifier le code]Selon Karl Marx, la victoire des insurgés le « aurait changé le caractère de la guerre. Ce serait devenu la guerre de la France républicaine hissant le drapeau de la révolution sociale contre la Prusse, porte-drapeau de l'esprit de conquête et de contre-révolution »[4].
Odonymes
[modifier | modifier le code]Pendant la durée de la Commune, une rue de Paris a été renommée en rue du 31-Octobre[5].
Sources et autres références
[modifier | modifier le code]- Bernard Noël,Dictionnaire de la Commune, Flammarion, collection Champs, 1978.
- Michel Winock, Clemenceau, Paris, Perrin, coll. « Tempus » (no 363), , 688 p., poche (ISBN 978-2-262-03498-6), p. 19-20.
- Les francs-tireurs de la commune. Georges Ferdinand Gautier. éditions l'Académie d'histoire, 1971
- La Grande Histoire de la Commune Edition du centenaire -1970
- La Guerre civile en France - Karl Marx
- « Transcription of Bracquemond Sketchbook », sur getty.edu (consulté le ).
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]Bibliographie
[modifier | modifier le code]- Jean-Pierre Azéma et Michel Winock, Les communards, Perrin, coll. « Tempus » (no 832), 224 p. (ISBN 9782262096397).
- Éléonore Reverzy, Témoigner pour Paris : Récits du Siège et de la Commune (1870-1871) Anthologie, Éditions Kimé, coll. « Détours littéraires », , 590 p. (ISBN 9782841749911).
Liens externes
[modifier | modifier le code]- Illustration : Flourens face au gouvernement [1]