Topgun
Topgun[A 1] – officiellement le United States Navy Strike Fighter Tactics Instructor Program (USNSFTIP)[A 2] – rendu célèbre auprès du grand public par le film du même nom, est un programme de formation pour les instructeurs spécialisés en combat aérien de l'aéronavale américaine. Pendant ses premières années d'existence, c'était un simple stage de perfectionnement : les pilotes ou les équipages[A 3] sélectionnés étaient détachés temporairement de leur escadron[A 4] pendant quelques semaines puis y retournaient pour transmettre les connaissances nouvellement acquises à leurs camarades mais ce système n'a plus cours et les diplômés deviennent maintenant instructeurs à temps plein[1].
Créé en 1969 pendant la guerre du Vietnam, alors que l'aéronavale américaine[A 5] – comme d'ailleurs l'armée de l'air – obtient des résultats médiocres en combat aérien face à l'aviation nord-vietnamienne, Topgun contribue à restaurer la supériorité de la Navy lors de la reprise des combats aériens à partir de la fin de 1971. Initialement établi au sein des deux escadrons de transformation opérationnelle[A 6] VF-124 (F-8 Crusader) et VF-121 (F-4 Phantom II) basés à Miramar (Californie), Topgun se développe finalement surtout au sein de l'escadron VF-121 et devient une école autonome en 1972 sous le nom de Navy Fighter Weapons School (École des armes de la chasse de la marine). En 1996, l'école déménage vers la base de NAS Fallon dans le Nevada lorsque la base de Miramar est transférée à l'aviation du Corps des Marines. Topgun devient alors l'un des programmes spécialisés offerts par un centre d'excellence appelé Naval Strike and Air Warfare Center (Centre naval d'attaque aérienne et de combat aérien), qui sera lui-même rebaptisé Naval Aviation Warfighting Development Center (Centre de développement des techniques de combat de l'aéronavale) en 2015.
Aujourd'hui, Topgun, qui a été créé il y a plus de cinquante ans comme un cours supérieur (post-graduate education) de combat aérien, a suivi l'évolution des tâches remplies par les avions de l'aéronavale et porte autant sur les missions d'attaque/bombardement que sur celles de chasse « pure ».
Le contexte de la naissance de Topgun
[modifier | modifier le code]En 1969, la guerre aérienne au-dessus du Nord-Vietnam oppose l'aéronavale et l'armée de l'air américaines à la défense antiaérienne et à l'armée de l'air du Nord Vietnam depuis 5 ans[A 7]. Cette dernière, équipée de chasseurs soviétiques MiG-17 et MiG-21[A 8] relativement peu sophistiqués, se révèle pourtant un adversaire beaucoup plus tenace qu'attendu et, même si la plupart des appareils américains perdus sont abattus par l'artillerie antiaérienne et les missiles sol-air SA-2 Guideline[2], le taux d'échange obtenu en combat aérien (nombre d'avions ennemis abattus divisé par le nombre d'avions amis perdus) dépasse à peine le ratio de 2 pour 1, ce qui est beaucoup plus bas que les résultats obtenus par les forces américaines pendant la Seconde Guerre mondiale ou la Guerre de Corée. Déjà médiocre, ce ratio diminue encore pour se rapprocher de 1 pendant certaines périodes en 1968. Les raisons en sont multiples. En premier viennent les restrictions imposées aux pilotes américains engagés dans l'Opération Rolling Thunder comme l'interdiction d'attaquer les aérodromes ennemis et de détruire les avions nord-vietnamiens au sol – qui ne sera levée qu'en 1967[3]. Mais les règles imposées par l'administration Johnson ne sont qu'une partie du problème…
Le problème américain
[modifier | modifier le code]L'aviation américaine dispose d'une supériorité numérique écrasante[A 9] mais ses avions et ses missiles sophistiqués sont mal adaptés – ou mal employés – dans ce type de conflit.
En effet, après la fin de la Guerre de Corée, les États-Unis ont résolument tourné la page du combat tournoyant (dogfight) – dans lequel les chasseurs manœuvraient pour essayer de se placer derrière l'avion ennemi afin de l'abattre au canon ou avec un missile à guidage infra-rouge de faible portée. L'Amérique a ainsi développé une nouvelle génération d'avions de chasse optimisés pour le combat beyond visual range (hors de portée visuelle) à l'aide de missiles air-air guidés par radar pour éliminer l'adversaire à distance. D'ailleurs, le principal chasseur américain, le F-4 Phantom, qui est en service tant dans l'Air Force que la Navy n'est même pas équipé de canons ! En conséquence, la formation des équipages est presque entièrement orientée vers l'interception, l'entraînement au combat tournoyant étant considéré non seulement comme obsolète mais dangereux, car il oblige à faire évoluer les appareils à la limite de leur domaine de vol[A 10].
Or, au-dessus du Nord-Vietnam, il est quasiment impossible d'identifier les avions ennemis au radar de manière certaine et donc de les engager à distance [A 11]. Quand la distance diminue, l'identification reste problématique car les MiG sont plus petits que les Phantom et donc difficiles à voir alors que les réacteurs des F-4 émettent une longue trainée de fumée tant qu'ils n'enclenchent pas la postcombustion, ce qui facilite encore leur détection. Guidés directement sur les arrières des avions américains par un réseau de contrôle radar au sol efficace, les MiG sont alors doublement avantagés – d'une part par leur maniabilité et d'autre part par leur armement qui comprend des canons alors que le principal chasseur américain (le F-4) ne dispose que de missiles[A 12]. Les deux modèles principaux de missiles utilisés par la Navy sont le Sidewinder, à guidage infra-rouge, qui est bien adapté au combat rapproché mais pas toujours très fiable et le Sparrow à guidage radar, qui a été conçu pour l'interception à distance de bombardiers lourds et se révèle peu adapté pour abattre un chasseur en combat tournoyant rapproché. De plus, le Sparrow est – à cette époque – encore moins fiable que le Sidewinder.
Le résultat est qu'il faut tirer au moins dix missiles en moyenne pour qu'un avion nord-vietnamien soit abattu[4].
Le diagnostic de la Navy : Le Rapport Ault
[modifier | modifier le code]Constatant les difficultés rencontrées par ses chasseurs, l'amiral Thomas Moorer, le chef d'état major (CNO) de la marine américaine confie une étude sur le problème au capitaine de vaisseau Frank W. Ault, un « aviateur »[A 13] expérimenté qui a récemment commandé le porte-avions Coral Sea lors d'un déploiement au Vietnam. Son Rapport sur le bilan de l'analyse des capacités des missiles air-air, plus connu comme le Rapport Ault (Ault Report[5]) remis le présente un bilan mitigé des missiles air-air de la marine et des conditions dans lesquelles ils sont mis en œuvre. Ainsi, par exemple, le rapport attribue leur manque de fiabilité à leur conception, à la manière dont ils sont testés opérationnellement dans des conditions manquant de réalisme, à leur entretien insuffisant et enfin à leur emport répété sans maintenance particulière lors des nombreux catapultages et appontages auxquels ils sont soumis.
Mais le rapport cite également le manque d'entraînement des pilotes. En effet, la marine a fermé en 1960 son école FAGU (Fleet Air Gunnery Unit) qui formait des spécialistes au tir canon air-air depuis 1952 sur la base d'El Centro[6] et, bien que les pilotes de F-8 Crusader pratiquent encore le combat aérien rapproché, le F-8, dont le taux de victoires est d'ailleurs très supérieur à celui de tous les autres avions américains, n'est plus employé que sur les petits porte-avions de la classe Essex et il est en voie de retrait[A 14]. Le F-4, quant à lui, peut-être redoutable en combat aérien s'il est bien piloté[A 15] et certains instructeurs sont d'ailleurs déjà arrivés à la même conclusion[7], mais ce fait reste mal connu dans les escadrons, car les techniques de pilotage agressives qu'il faudrait adopter ne sont pas enseignées. Ault préconise donc la création sur la base de Miramar d'une école de perfectionnement aux techniques du combat aérien (Fighter Weapons School). Si la résolution de certains des problèmes identifiés dans le rapport va demander du temps, celui de l'entraînement peut être réglé rapidement et le CNO est décidé à agir vite[8].
La création de Topgun
[modifier | modifier le code]Les débuts
[modifier | modifier le code]La mission est confiée aux deux unités de transformation opérationnelle[A 6] basées à Miramar : les escadrons VF-121 pour le biplace F4 Phantom et VF-124 pour le monoplace F8 Crusader. Le principe est le même pour les deux formations : on demandera aux escadrons opérationnels qui sont en phase d'entrainement avant un déploiement au Vietnam de sélectionner chacun un pilote (F-8) ou un équipage (F-4) composé d'officiers de carrière – et donc susceptibles de rester dans la marine après ce déploiement[9]. Ils seront détachés plusieurs semaines à Topgun avec leur avion pour suivre un cursus comportant des cours de théorie et de tactique, des conférences confidentielles sur les caractéristiques des appareils ennemis et enfin des combats aériens contre des appareils légers et maniables pilotés par les instructeurs de Topgun qui simuleront les tactiques des pilotes nord-vietnamiens. Le premier combat implique un « ami » et un « ennemi » (le stagiaire contre un instructeur) puis, au fur et à mesure de la progression de l'élève, plusieurs machines dans des combats à 1 contre 2, 2 contre 2, 2 contre plusieurs, etc.[10] Chaque séance sera suivie d'un debriefing poussé au cours duquel les tactiques, les comportements et les erreurs commises seront analysés dans le détail. Le but est bien sûr de permettre au pilote – ou à l'équipage – d'apprendre de ses erreurs mais aussi de lui enseigner cette technique de restitution pour qu'il l'applique à son retour en escadron ou lorsqu'il sera lui-même instructeur[1].
C'est l'escadron VF-124 qui organise, dès le mois de décembre 1968 (donc avant même la publication officielle du rapport Ault), le premier cours pour six pilotes de Crusader, sous la direction du capitaine de corvette (Lieutenant commander) John Hellman. Mais le F8 Crusader, dont le premier vol remonte à 1955, est un avion déjà ancien et le VF124 va bientôt abandonner ses F8 pour devenir l'unité de formation sur le nouveau F14 Tomcat (le programme F8-FWS s'arrêtera en 1970 après le quatrième stage[11],[12]) .
C'est donc au sein de l'escadron VF-121 que le programme Topgun prend vraiment son essor sous la direction du capitaine de corvette Dan Pedersen et d'une petite équipe de huit instructeurs particulièrement motivés. Son patron lui confie la mission et ajoute : « Ne tuez personne et ne perdez pas d'avion » (Don't kill anybody and don't lose an airplane)[13]. Dotée de peu de moyens et ne disposant pas de budget propre, l'équipe doit souvent improviser. Ainsi, elle installe ses bureaux et sa salle de cours dans une baraque de chantier modulaire abandonnée sur la base et récupérée avec la complicité d'un entrepreneur local[14],[15].
Inspiré par ses conversations avec des pilotes israéliens en visite[16], Pedersen décide que chaque instructeur doit devenir l'expert de l'école dans un domaine particulier (aérodynamique, techniques de pilotage en combat aérien, radars embarqués, missiles à guidage radar ou infra-rouge, brouilleurs, etc.) et doit préparer une présentation de haut niveau qui ne fera partie du cours qu'après avoir été approuvée par les autres instructeurs de l'école rassemblés en jury impitoyable. Cette procédure appelée 'Murder Board – qu'on peut traduire par « jury de la mort » – devient une des marques de fabrique de Topgun[1],[17].
Dan Pedersen recrute également un officier de renseignement qui est chargé d'obtenir des informations confidentielles sur les appareils ennemis afin d'enrichir le contenu des cours. De plus, il obtient avec quelques uns de ses instructeurs, l'autorisation d'aller évaluer en vol les quelques rares MiG-17 et MiG-21 que l'armée de l'air a réussi à se procurer grâce à des défections de pilotes et qui sont jalousement conservés dans une partie ultra-secrète de la base aérienne de Nellis dans le désert du Nevada, la Zone 51. L'armée de l'air les teste prudemment (projets Have Drill et Have Doughnut), mais les marins n'hésitent pas à pousser les avions soviétiques dans leurs derniers retranchements[18]. Ceci leur permet de conforter leur impression sur les points forts et faibles respectifs des deux appareils et de mettre au point les tactiques destinées à les vaincre en combat aérien.
Les instructeurs volent sur des Douglas A-4 Skyhawk qui sont des appareils plus petits, plus légers et plus maniables que le Phantom afin de simuler les caractéristiques du MiG-17. Initialement, Topgun ne dispose pas de ses propres avions et doit donc en emprunter à d'autres escadrons basées à Miramar. L'école sollicite également la participation de pilotes de F-8 Crusader de la marine ou de F-106 de l'armée de l'air pour entraîner les élèves à affronter des appareils différents des leurs. À la fin de 1973, elle obtient quelques Northrop T-38 Talon pour simuler le MiG-21[19],[A 16].
Contrairement à l’Air Force, qui mise sur la technologie (développement de nouvelles version du F-4 avec canon embarqué puis avec des becs de bord d'attaque pour améliorer sa maniabilité, emploi du système Combat Tree[A 17] pour l'identification IFF des MiG, priorité au développement du missile Sparrow), Topgun privilégie la maîtrise du combat aérien rapproché avec notamment l'emploi du missile Sidewinder, jugé plus fiable que le Sparrow[20].
Le choix d'un nom – et d'un surnom
[modifier | modifier le code]Le premier nom officiel de l'unité (Navy Fighter Weapons School) est une reprise du nom Fighter Weapons School que l’Air Force utilise depuis 1954 (voir ci-dessous). Quant au surnom Topgun[A 1], il peut paraître paradoxal puisque les Phantom de la marine ne sont pas équipés de canons. Par le passé, ce surnom, qui évoque les duels aux revolver[A 18] du Far-West a déjà été utilisé à de nombreuses reprises. C'était notamment déjà le nom d'une compétition annuelle de combat aérien dans les années 1950. C'est également le surnom du porte-avions USS Ranger (CV-61) (Top Gun of the Pacific Fleet). Les pilotes de Crusader – qui disposent, eux, de canons – revendiquent quant à eux le titre de Last of the Gunfighters (les derniers des pistoleros). Mais « Topgun » est adopté rapidement, car il correspond bien à l'état d'esprit des instructeurs de l'école et résume parfaitement l'objectif du programme[13].
Premiers succès
[modifier | modifier le code]Le premier stage pour les F-4 Phantom débute le avec 4 équipages des escadrons VF-142 et VF-143[21].
Topgun a été créé pendant la pause des combats aériens à la fin de l'Opération Rolling Thunder en septembre 1968 et la guerre aérienne de haute intensité ne reprendra vraiment au nord qu'après le déclenchement de l'Offensive de Pâques en 1972, mais des combats aériens se produisent dès 1970, et c'est lors de l'un d'entre eux que la première victoire d'un diplômé de Topgun est obtenue : un équipage du VF-142 constitué par Jerry Beaulier (pilote) et Steve Barkley (RIO)[A 3] abat un MiG-21 le 28 mars 1970[22].
Quand la guerre aérienne reprend pour de bon en 1972, à la suite de l'invasion du Sud par l'armée nord-vietnamienne, chaque escadron de la marine ou des Marines compte au moins un diplômé dans ses rangs et, quand elle prend fin en janvier 1973, le bilan est sans appel : les résultats en combat aérien de l’Air Force, qui n'a pas sû tirer les leçons de la première partie du conflit, restent médiocres avec un taux de victoires de seulement 2 pour 1 en 1972, alors que les scores de la marine ont bondi pour atteindre un taux de victoires supérieur à 6 pour 1[23],[A 19].
Cependant, même si l'utilité de Topgun est reconnue, ses ressources (pilotes, avions, missiles, carburant, etc.) sont obtenues aux dépens d'autres formations et, dans un contexte budgétaire contraint, l'avenir de l'école est régulièrement remis en cause. Mais Topgun a aussi des supporters de poids et la survie puis la pérennisation de l'école interviennent en deux temps : Topgun devient un détachement permanent en janvier 1972[24] puis enfin une unité à part entière – avec son propre budget – en juillet de la même année[25].
La maturité
[modifier | modifier le code]À la fin de l'année 1972, suivant une autre recommandation du Rapport Ault, la marine met en service sa première zone d'entrainement au combat aérien (Air Combat Maneuvering Range ou ACMR)[26]. L'ACMR utilise un système informatique de suivi en temps réel des combats aériens simulés appelé TACTS (Tactical Aircrew Combat Training System). Les avions sont équipés d'un pod de télémesure (conteneur de la taille approximative qu'un missile Sidewinder) qui est accroché sous leur aile et transmet en continu des centaines de données (position, vitesse, accélération, tirs, etc.), et permet de suivre en direct sur des écrans les engagements au-dessus d'un périmètre qui a été spécialement aménagé près de la base de Yuma (Arizona) puis de les reconstituer lors du débriefing à Miramar[27],[28]. Du coup, les résultats sont indiscutables et leur interprétation ne risque plus de dépendre du talent oratoire – ou du grade – des protagonistes. Par ailleurs, les débriefings sont conduits en évitant soigneusement l'usage du « je » et du « vous ». Les instructeurs disent : « le F-4 à fait telle manœuvre et l'A-4 l'a contré de telle manière » afin d'éviter les problèmes d'égo qui pourraient constituer un obstacle à l'apprentissage[29].
Par ailleurs, dès qu'elle obtient ses propres A-4, l'école commence à organiser des stages de 10 jours sur les autres bases pour entraîner au combat asymétrique les escadrons qui sont sur le point d'être déployés. Ce programme est appelé Fleet Adversary Program[30]. La demande est telle que, en 1973, la marine crée également, comme l’Air Force l'année précédente (voir ci-dessous), des escadrons dédiés équipés de chasseurs légers performants pour accomplir cette mission[31]. La marine les appelle « adversaires » (Adversary squadrons) et l'armée de l'air « agresseurs » (Agressors), mais les missions sont identiques.
À partir du milieu des années 1970, le cours principal est appelé Power Projection Course (cours de projection de puissance) – pour refléter le rôle de supériorité aérienne du nouveau chasseur F-14 Tomcat. Afin de répondre à de nombreuses demandes, des cours additionnels sont créés, notamment pour les contrôleurs aériens gérant les interceptions et pour les officiers devant prendre le commandement d'un escadron ou d'un groupe aérien embarqué[32].
Au fil des années, l'école utilisera différents modèles de chasseurs pour simuler la menace. Après le A-4 et le T-38, ce sera d'abord le Northrop F5 Tiger II dans ses différentes versions monoplace et biplace, puis, pour tenir compte de l'apparition de nouvelles générations d'avions soviétiques plus puissants et plus sophistiqués, le General Dynamics F-16 Fighting Falcon, le McDonnell Douglas F/A-18 dans ses versions Hornet puis Super Hornet et le Grumman F-14 Tomcat.
Des problèmes de financement et des conflits de priorité subsistent néanmoins entre Topgun et les grands commandements de la marine. Pour les résoudre, l'école obtient en octobre 1985 le statut de commandement « échelon II », directement subordonné au chef d'état major de la marine (CNO). Topgun est alors placé sous le commandement d'un capitaine de vaisseau[33].
La réaction de l’Air Force
[modifier | modifier le code]L'armée de l'air comprend qu'elle a raté le coche en privilégiant les développements techniques et en négligeant l'entraînement et l'amélioration des tactiques des pilotes. Ainsi par exemple, elle a continué à utiliser des formations lourdes et peu manœuvrantes de quatre appareils (fluid four) dont – en pratique – seul le leader a l'occasion de tirer ses missiles radar Sparrow alors que les chasseurs de la marine évoluent par paires depuis longtemps (formation dite Loose deuce), chacun des équipiers pouvant prendre la tête de la formation si nécessaire pour tirer des Sidewinder qui, à l'époque, sont beaucoup plus efficaces[20].
Mais l’Air Force, qui a procédé à de très nombreuses études tout au long du conflit (notamment les projets Red Baron I, II et III) comprend qu'il est impératif d'améliorer l'entraînement de ses pilotes au combat contre des appareils dissimilaires. Ses statistiques confirment également que les chances des pilotes ou des équipages s'améliorent nettement s'ils survivent à leurs dix premières missions[34].
Aussi, dès la fin de 1972 – mais trop tard pour la fin du conflit – elle crée son premier escadron d’Agressors, équipé de chasseurs légers de type F-5 et T-38 qui imitent les tactiques – et même les camouflages – des appareils soviétiques. Et en novembre 1975, elle active près de la base aérienne de Nellis, dans le désert du Nevada, un site doté d'une instrumentation sophistiquée permettant d'organiser des exercices de grande ampleur pour aider ses pilotes à effectuer ces fameuses dix premières missions. Ces exercices appelés Red Flag (drapeau rouge) opposent des dizaines d'avions « amis » (américains puis alliés) aux agresseurs et à des défenses anti-aériennes simulées, dans un environnement électronique appelé RFMDS (Red Flag Measurement and Debriefing System) qui permet le suivi en temps réel puis la restitution fidèle des combats.
L’Air Force recueillera les dividendes de ces investissements pendant l'Opération Desert Storm en 1991[35].
Topgun et Strike U
[modifier | modifier le code]Avec la création de Topgun, la marine s'est attaquée au problème du combat aérien. Mais alors que la perte de « seulement » 16 avions abattus par les MiG pendant l'Opération Rolling Thunder avait justifié la création de Topgun, celle de 288 avions d'attaque et de bombardement abattus par la DCA et les missiles pendant la même période n'avait pas provoqué de réaction particulière[36]. L'échec le 4 décembre 1983, pendant la Guerre civile du Liban, d'un raid contre les forces armées syriennes conduit à partir des porte-avions USS John F. Kennedy (CV-67) et USS Independence (CV-62) (2 avions abattus, un aviateur tué et un autre fait prisonnier) sera l'élément déclencheur de la création à Fallon (Nevada), à l'instigation du Secrétaire à la Marine John Lehman, d'un centre de formation et d'entraînement pour le bombardement et l'attaque au sol appelé US Naval Strike Warfare Center (Centre naval d'attaque et de bombardement aérien) qui sera très vite surnommé Strike University ou Strike U[37]. Contrairement à Topgun, Strike U privilégie l'entraînement collectif et organise notamment un cours spécialisé appelé SLATS (Strike Leader Attack Training Syllabus ou programme de formation pour les responsables d'attaque aériennes) à l'attention des officiers qui seront appelés à diriger un raid ou une campagne aérienne. Ces derniers doivent savoir parfaitement utiliser toutes les capacités du groupe aérien embarqué de leur porte-avion : reconnaissance, chasse et supériorité aérienne, suppression des défenses anti-aériennes adverses, bombardement, appui des troupes au sol, sauvetage des pilotes abattus, etc. Pour atteindre cet objectif, l'école s'équipe d'un centre informatisé TACTS (Tactical Aircrew Combat Training System) permettant, comme à Red Flag, de suivre puis rejouer toutes les étapes de l'engagement d'un nombre important d'avions sur des objectifs défendus par des chasseurs et par des systèmes de défense anti-aérienne sophistiqués[38]. Strike U devient également le passage obligé de tous les groupes aériens embarqués pour un stage intensif de 3 semaines à la fin du cycle de préparation qui précède leur déploiement sur porte-avions[39],[A 20]. Comme Topgun, Strike U est un commandement « échelon II » directement subordonné au CNO – et commandé par un capitaine de vaisseau.
Les changements majeurs des années 90
[modifier | modifier le code]Le concept de Strike fighter s'impose
[modifier | modifier le code]À la fin de la Guerre du Vietnam, l'aviation tactique de la marine comprend encore trois communautés : les chasseurs (F-8 et F-4), les avions d'attaque « légers » (A-4 et A-7) et les avions d'attaque « moyens » (A-6 Intruder)[A 21]. La mission prioritaire des chasseurs – au Vietnam comme partout dans le monde – est la protection de leur porte-avions. Viennent ensuite les missions d'escorte et de protection des bombardiers et les missions de supériorité aérienne au-dessus du territoire ennemi. Toutefois, en pratique, compte-tenu de la menace limitée présentée par les MiG, les chasseurs, qui peuvent également emporter des bombes[A 22], effectuent un nombre très important de missions d'attaque (bombardement, destruction des sites de DCA ou de missiles, etc.) et ce dernier rôle est suffisamment important pour que, dès la création de Topgun, l'une des quatre semaines du stage lui soit consacrée. Mais le cursus air-air est prioritaire et, dès 1972, la totalité des quatre semaines lui est dédiée [40]. Le cursus air-sol ne sera rétabli qu'en 1994 et prendra de plus en plus d'importance, traduisant ainsi l'évolution du rôle, des missions et des matériels de l'aéronavale[41].
En effet, l'entrée en service à partir de 1982 du McDonnell Douglas F/A-18 Hornet inaugure une époque nouvelle, celle du Strike fighter ou chasseur multirôle[A 23], (que l'on peut également traduire par le terme de chasseur-bombardier [A 22]). Le Hornet remplace l'avion d'attaque léger A-7 Corsair dans la marine et le chasseur-bombardier F-4 chez les Marines. Malgré quelques compromis, l'appareil s'avère capable d'effectuer les missions de ces deux appareils, à condition que les pilotes reçoivent un entraînement approprié. Pour compenser les lacunes du Hornet (notamment son faible rayon d'action et sa capacité d'emport de charges limitée), la marine en fait développer une version évoluée, le Super Hornet. Ce dernier, qui entre en service en 2001, remplacera sur les porte-avions de la Navy d'abord le bombardier moyen A-6 (retiré du service en 1997), puis le chasseur-intercepteur Grumman F-14 Tomcat (en 2006) et enfin le F/A-18 Hornet de première génération en 2019 (qui reste cependant en service dans l'aviation des Marines). Le Super Hornet existe en version monoplace (F/A-18E) et biplace (F/A-18F). Et comme une version biplace EA-18G Growler est également développée pour la guerre électronique, c'est la quasi-totalité de l'aviation tactique embarquée qui est équipée des différentes versions du F/A-18 jusqu'à l'entrée en service du chasseur-bombardier furtif F-35C en 2017. Le rôle central joué par le Strike Fighter se traduit par l'évolution de la formation dispensée par Topgun[32].
Fin de la Guerre froide et Opération Desert Storm
[modifier | modifier le code]Avec la chute de l'URSS, la mission principale de la marine évolue, la priorité n'étant plus l'attaque du territoire ou des navires soviétiques après avoir survécu aux attaques de hordes de bombardiers ennemis équipés de missiles divers[42]. Mais, alors que pendant les années 1980, la marine avait surtout mené des opérations ponctuelles et autonomes avec un ou deux porte-avions (Opération El Dorado Canyon contre la Libye en 1986, Opération Praying Mantis dans le Golfe persique en 1988, etc.), l'invasion du Koweït en 1990 et l'opération Desert Storm en 1991 mettent en évidence sa difficulté à s'intégrer dans des campagnes de longue durée sous commandement interarmées et notamment la nécessité pour elle de s'intégrer dans le système centralisé de planification de guerre aérienne mis en œuvre par l’US Air Force [43],[A 24]. Une fois ce problème de compatibilité résolu, les campagnes suivantes en Afghanistan (2001) en Irak (2003) puis la Guerre civile syrienne (2011) renforceront encore l'importance des missions de chasse-bombardement en environnement interarmées et interallié – mais cette fois sans opposition aérienne sérieuse.
De nouvelles générations d'armement
[modifier | modifier le code]Cette période voit également la mise en service d'une nouvelle génération de missiles air-air de type « Fire and Forget » (« tire et oublie »). L'AMRAAM qui remplace le Sparrow, révolutionne le combat aérien car, contrairement à ce dernier, il est doté de son propre radar et n'a donc pas besoin du faisceau radar de l'avion lanceur pour être guidé jusqu'à sa cible. Le chasseur peut donc virer immédiatement après le tir pour attaquer une autre cible ou pour se protéger lui-même d'une attaque. Associé aux dernières générations de radars embarqués, aux avions radars qui transmettent aux chasseurs leurs informations puis leurs instructions par liaison de données tactiques sécurisées, ces missiles remplissent les promesses que les armes de l'époque du Vietnam n'avaient pas tenues. Ces capacités nouvelles doivent également être prises en compte par Topgun[44].
Le missile Sidewinder a également beaucoup évolué depuis la Guerre du Vietnam. Alors que les modèles AIM-9B/-9D/-9G et -9H en service dans la marine à l'époque ne pouvaient être employés qu'en secteur arrière (le missile détectant la chaleur du réacteur), les versions suivantes – et notamment le AIM-9L apparu au début des années 1980 – ont bénéficié d'un portée accrue, d'une meilleure discrimination face aux erreurs de détection dues au soleil, aux nuages, aux surfaces chaudes au sol ou aux leurres largués par l'appareil ennemi et ont surtout permis l'emploi en secteur avant (détection d'un avion en rapprochement). Finalement, la version actuelle AIM-9X, entrée en service en 2003, a ajouté la capacité de désigner une cible grâce à un viseur de casque en tournant simplement la tête dans la direction de celle-ci[45].
L'autre innovation majeure dans le domaine de l'armement est l'utilisation intensive des bombes guidées (bombes « intelligentes » ou smart bombs). Ces bombes ou missiles, à guidage laser ou électro-optique (une caméra de télévision dans le nez de l'engin transmet l'image de la cible au pilote ou à l'OSA[A 3]) avaient réellement commencé à être employées vers la fin de la Guerre du Vietnam. Elles deviennent indispensables après la Guerre du Golfe et leur emport facilite le remplacement des « camions à bombes » lourdement chargés de l'époque du Vietnam (A-7 et A-6) par des chasseurs-bombardiers plus agiles qui, s'ils n'ont pas la même capacité d'emport, sont beaucoup plus précis et donc beaucoup plus efficaces tout en étant capables d'assurer leur propre défense contre les chasseurs ennemis. Les dernières générations de bombes emploient également de nouveaux modes de guidage comme le GPS[A 25].
La réponse de Topgun : le programme SFTI
[modifier | modifier le code]La maîtrise de tactiques plus complexes et de l'emploi de munitions plus sophistiquées impose une évolution constante du cursus de formation des élèves de Topgun. Ainsi, la durée du cours est portée successivement de 4 à 5 semaines en 1974[46] puis à 6 semaines en 1980[47]. Mais cette amélioration n'est pas jugée suffisante et l'école estime que les nouvelles connaissances des diplômés de Topgun ne sont pas correctement utilisées dans certains escadrons. Les retours d'expérience et les comparaisons avec des programmes comparables de l’US Air Force et de l'aviation des Marines la conduisent également à modifier complètement son cursus[48].
En 1995, ce changement se traduit par la mise en œuvre du programme STFI ou Strike Fighter Tactics Instructor (programme de formation des instructeurs de tactiques de chasse-bombardement). Alors que dans le schéma initial, les élèves, suivaient le stage Topgun au milieu de leur premier tour d'opérations à la mer (entre deux déploiements)[A 26], ils sont maintenant sélectionnés à la fin de ce premier tour et, après un séjour à Topgun de neuf semaines de durée, reçoivent la qualification d'instructeur. Ils sont alors affectés dans une formation spécialisée (escadron de transformation opérationnelle FRS, escadron d'évaluation, etc.) ou à Topgun pour le reste de leur tour d'opération à terre. Ils effectuent ensuite leur deuxième tour d'opérations à la mer en tant qu'officier d'entraînement spécialisé (SFTI) au sein d'un escadron opérationnel[49].
Topgun part à Fallon
[modifier | modifier le code]Avec la fin de la Guerre froide, de nombreuses bases aériennes sont fermées ou réaffectées. En 1996, à la suite du transfert de la base de Miramar au Corps des Marines, Topgun déménage pour Fallon. L'école perd alors son autonomie pour être intégrée au sein d'une nouvelle organisation appelée Naval Strike and Air Warfare Center (NAWDC), commandée par un amiral. Topgun et Strike U en deviennent des départements[50], commandés par des capitaines de frégate (commander). Le NAWDC est lui-même rebaptisé Naval Aviation Warfighting Development Center en 2015 dans un but d'homogénéité avec les appellations d'autres centres de la marine[51].
Évolutions récentes
[modifier | modifier le code]Selon les états-majors américains et alliés – et notamment de l'OTAN – la montée en puissance des forces armées chinoises et russes au XXIe siècle, constituent un défi dans les quatre domaines suivants[52] :
- mise en service de nouvelles générations de chasseurs sophistiqués et fortement motorisés
- mise en service d'avions de combat furtifs
- introduction de systèmes sophistiqués de défense aérienne ( S-300 et S-400)
- reprise de vols de reconnaissance maritime agressifs similaires à ceux menés par l'URSS pendant la Guerre froide
La prise en compte de ces menaces a été intégrée dans les différents cursus proposés par Topgun et le NAWDC[53].
Par ailleurs Topgun, a reçu dans le programme SFTI les premiers pilotes de chasseurs-bombardiers furtifs F-35C Lightning II en 2020. Le NAWDC a lui-même reçu ses deux premiers exemplaires du modèle en juillet de la même année[54].
Topgun et les autres écoles
[modifier | modifier le code]Topgun entretient des liens très étroits (communication permanente, échanges d'instructeurs, etc.) avec l’USAF Weapons School de l’US Air Force de Nellis (Nevada) – anciennement appelée USAF Fighter Weapons School[A 27]- et avec le Marine Aviation Weapons and Tactics Squadron One (MAWTS-1) du corps des Marines, qui est basé à Yuma (Arizona)[55].
La Royal Air Force et la Royal Navy britanniques ont mis en place une formation d'instructeurs QWI (Qualified Weapons Instructor) inspirée de l'expérience américaine (date inconnue). En France, l'Armée de l'air et de l'espace (AAE) a annoncé une initiative identique pour ses propres pilotes et ceux de l'Aéronavale en mai 2022. Cette formation « QWI Rafale » est dispensée au sein du CEAM/AWC (Centre de guerre aérienne/Air Warfare Center) établi à Mont-de-Marsan en 2015[56].
Résumé chronologique
[modifier | modifier le code]- 1965 - 1968 : Opération Rolling Thunder
- 1969 : Rapport Ault (en janvier) et création de Topgun (en mars) au sein de l'escadron VF-121 à Miramar (Californie)
- 1970 : Première victoire d'un diplômé de Topgun au Vietnam (mars)
- 1972 : Topgun devient un détachement semi-indépendant (janvier) puis une unité autonome (juillet)
- 1972 : Reprise des opérations de haute intensité au Vietnam : Opérations Linebacker I (mai) puis Linebacker II (décembre)
- 1972 : L’Air Force crée son premier escadron d’Agressors (fin de l'année)
- 1973 : Fin de l'intervention militaire américaine au Vietnam (janvier). Bilan positif pour Topgun.
- 1973 : La Navy crée son premier escadron Adversary
- 1975 : Premier exercice Red Flag de l'US Air Force à Nellis (Nevada)
- 1985 : Création du Naval Strike Warfare Center ou NSWC (Strike University ou Strike U) à Fallon (Nevada)
- 1985 : Topgun devient un commandement « échelon II » directement subordonné au CNO – comme Strike U (octobre)
- 1995 : Création du programme SFTI (Strike Fighter Tactics Instuctor) à Topgun
- 1996 : À la suite du déménagement de Topgun de Miramar à Fallon, Topgun et Strike U deviennent des départements au sein d'un nouveau Naval Strike and Air Warfare Center (NSAWC) aux missions élargies
- 2015 : Le Naval Strike and Air Warfare Center est rebaptisé Naval Aviation Warfighting Development Center (NAWDC)
- 2020 : Topgun organise le premier cours SFTI accueillant des pilotes de chasseurs-bombardiers furtifs F-35C. Le NAWDC reçoit lui aussi deux modèles de ce type (juillet).
Topgun et Hollywood
[modifier | modifier le code]Le premier film Top Gun – sorti en 1986 – a attiré l'attention du grand public au delà des espérances de la marine, entraînant une augmentation de 300 % du nombre des candidatures pour l'aéronavale et justifiant à postériori l'investissement qu'elle avait fait en facilitant sa réalisation[57]. Certaines scènes du film ne sont pas réalistes et les comportements des acteurs – comme leurs personnalités – ne le sont pas plus. Par exemple, pour Dan Pedersen, premier commandant de l'unité, l'animosité entre les stagiaires joués dans le film leur aurait valu une expulsion immédiate et définitive de l'école[58]. De même, il n'y a pas de classement – ni de trophée – à la fin du stage[29]. Mais la sortie en 2022 d'un deuxième film Top Gun : Maverick – toujours avec le support de la marine – semble confirmer que Topgun reste une valeur sûre pour Hollywood.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- L'orthographe initiale Top Gun (en deux mots) a été rapidement remplacée par l'appellation actuelle. Elle a été cependant conservée dans le titre de nombreux ouvrages et dans celui d'un film célèbre
- Programme de formation des instructeurs de tactiques de chasse-bombardement. Comme le changement de nom de Fighter Weapons School vers Strike Fighter Tactics Instructor program l'indique, il s'agit maintenant d'un programme de formation d'instructeurs
- L'équipage d'un appareil de combat biplace est composé d'un(e) pilote et d'un(e) officier système d'arme (OSA) qui gère plus particulièrement certains équipements (communications, guerre électronique) et armements. Lors d'un combat aérien rapproché, l'OSA (ou NOSA si on tient compte de la fonction Navigateur) assiste également le pilote en assurant la veille optique, et plus particulièrement sur les arrières de l'appareil. Dans la marine américaine, l'OSA du F-4 Phantom est appelé RIO (Radar Intercept Officer).
- L'unité de base de l'aéronavale américaine (US Naval aviation), qui comprend les avions de la marine (US Navy) et ceux du Corps des Marines (US Marine Corps) est le Squadron. L'appellation d'escadron est utilisée dans cet article pour le traduire. À noter cependant que la Marine nationale française utilise à sa place le terme de flottille.
- L'aéronavale américaine (US Naval aviation regroupe les avions de la marine (US Navy) et ceux du Corps des Marines (US Marine Corps). La formation des pilotes est commune. Les escadrons des marines sont normalement basées à terre mais sont parfois déployés sur porte-avions pour renforcer un groupe aérien de la marine
- Appelés Fleet Replacement Squadron (FRS) – ou parfois encore Replacement Air Group (RAG) un nom datant de la Seconde Guerre mondiale mais qui reste encore utilisé à l'époque – les escadrons de transformation opérationnelle assurent la formation d'une part des pilotes ou des équipages issus du cursus de formation initiale au cours duquel ils volent successivement sur des appareils plus sophistiqués mais pas encore sur les avions d'arme en service opérationnel et d'autre part, de ceux qui retournent en unité opérationnelle après une affectation à terre ou qui proviennent d'une unité équipée d'un autre type d'appareil. À l'époque, il existe sur chacune des côtes Est et Ouest des États-Unis un escadron FRS pour chaque type d'appareil. Ainsi, on trouve notamment à Miramar le VF 121 (transformation sur F-4 Phantom II) et le VF 124 (transformation sur F-8 Crusader). Du fait de l'engagement massif des USA pendant la guerre du Vietnam, ces escadrons rassemblent à l'époque des effectifs très importants. Ainsi en 1969, alors qu'un escadron opérationnel typique déploie une douzaine d'appareils, le VF-121 en compte près de 70, mis en œuvre par près de 1400 personnels - Source : Pedersen 2019, p. 99.
- Les premières attaques aériennes américaines datent du mois d'août 1964 lors des Incidents du golfe du Tonkin
- qui seront complétés à partir de 1970 par des MiG-19 fournis par l'URSS ou construits sous licence en Chine et appelés F6.
- En 1968, tous modèles confondus, l’Air Force dispose sur le théâtre d'opérations du Sud-Est asiatique de plus 1 300 avions de chasse ou d'attaque (700 au Vietnam et 600 en Thaïlande) alors que la Navy déploie généralement dans le Golfe du Tonkin au moins trois porte-avions mettant en œuvre environ 250 avions embarqués. Source : Richard P. Hallion, Rolling Thunder 1965-1968, Johnson's air war over Vietnam p. 11. Les renseignements US estiment que, de son côté, à la fin de Rolling Thunder, le Nord-Vietnam aligne environ 112 MiG 17 et 38 MiG 21. Source : Marshall 1997-2007, p. 188
- Dans ces conditions, les avions effectuent des manœuvres violentes à des angles d'attaque élevés, ce qui risque de provoquer le pompage de leurs réacteurs et le décrochage de l'avion qui, s'il n'est pas rattrapé entraîne une vrille dont il est souvent pas possible de sortir, surtout si elle intervient à basse altitude. L'éjection du pilote ou de l'équipage devient alors impérative avec des chances de survie limitées si elle intervient tard. L'appareil est perdu.
- En effet, les avions de l'armée de l'air sont basés en Thaïlande tandis que les porte-avions de la marine sont dans le Golfe du Tonkin. Leurs raids respectifs proviennent donc de directions opposées et ne sont pas coordonnés. De plus les radars de l'époque sont peu efficaces pour détecter les avions volant à basse altitude, dont les échos sont brouillés par ceux du terrain.
- L'Air Force équipe certains de ses F-4 d'un canon monté dans un conteneur suspendu sous son fuselage et obtient quelques succès mais ce montage n'est pas possible sur ceux de la marine car cet emplacement central est réservé au réservoir supplémentaire dont l'appareil a impérativement besoin pour pouvoir assurer ses missions.
- Le corps des officiers de la marine américaine est composé de trois communautés : les marins de surface, les sous-mariniers et les aviateurs (pilotes, navigateurs/bombardiers et officiers système d'arme). Selon une loi adoptée en 1925, seul un aviateur peut commander un porte-avions – ce qui n'est pas le cas par exemple dans les marines française ou britannique. Dans le Corps des Marines, il existe deux communautés : les terriens (fantassins, artilleurs, etc.) et les aviateurs.
- Le F-8 est équipé de canons et ses pilotes se targuent d'être les « derniers vrais chasseurs ». Son taux de victoire officiel pour la guerre est de 6 pour 1. Paradoxalement, presque toutes ses victoires aériennes ont été obtenues avec le missile Sidewinder.
- Dès 1966, des essais conduits par l'escadron d'évaluation VX-4 dans le cadre d'un projet nommé Project Plan avaient montré que le F-4 était même supérieur au F-8 en combat aérien, surtout à basse et moyenne altitude grâce notamment à la puissance de ses réacteurs. Source : Marshall 1997-2007, p. 186
- L'arrivée des T-38 est d'autant plus bienvenue que, à la suite du déclenchement de la Guerre du Kippour, la presque totalité des A-4 de Topgun a été cédée d'urgence à Israël pour compenser les pertes catastrophiques subies par son armée de l'air. Source : Pedersen 2019, p. 198-200
- Combat Tree est le nom de code du système APX-80 installé sur certains F-4D. Le système interroge directement l'IFF des MiG et permet donc de confirmer l'identité d'un écho radar suspect. Toutefois, l’Air Force ne lui voue qu'une confiance limitée, et restreint son champ d'application jusqu'en 1972. Source : Marshall 1997-2007, p. 197,248
- Le terme gun est utilisé familièrement pour décrire un pistolet ou un revolver (un « flingue ») mais aussi un canon équipant un avion de chasse.
- Si la plupart des auteurs s'accordent sur un nombre de 26 victoires pour la marine en 1972-73, l'estimation du nombre d'avions abattus par les MiG – varie selon les sources – entre 4 et 2, faisant ainsi passer le ratio de 6:1 (Michel, Davies) à 12:1 (Hall, Drendel et de nombreux autres auteurs). La différence est due à l'incertitude sur la cause de deux des pertes (MiG ou DCA). Ce genre de doute est une constante dans toutes les guerres aériennes, mais, s'agissant du Vietnam où le nombre d'avions abattus reste relativement faible par rapport aux guerres précédentes, il explique la variation importante du ratio. Pour une meilleure compréhension du problème, on peut consulter par exemple : https://web.archive.org/web/20120331182753/http://mysite.verizon.net/anneled/usloss.html.
- Lorsqu'ils ne sont pas embarqués, les différents escadrons composant le groupe aérien sont répartis sur des bases différentes qui sont spécialisées (les chasseurs sur une base, les avions radars sur une autre, les hélicoptères sur une troisième, etc.). L'unité n'est vraiment rassemblée que pour ces entraînements communs à Fallon ou lors de déploiements à la mer.
- La mission dite d’attaque lourde n'existe plus et l' appareil correspondant, le A-5 Vigilante, a été converti en avion de reconnaissance.
- Le terme de chasseur-bombardier est apparu pendant la 2e Guerre mondiale. À priori, tout chasseur, de par la puissance de sa motorisation, peut emporter des bombes en acceptant une dégradation de ses performances. Ce qui caractérise un chasseur bombardier moderne, c'est que son radar – programmable – peut fonctionner en mode air-air et air-sol et qu'il peut passer d'un mode à l'autre au cours de la même mission. Cette capacité est illustrée pendant la Guerre du Golfe. Le 17 janvier 1991, lors d'un raid de la Navy, deux F/A-18C abattent deux MiG21 irakiens avant de poursuivre leur mission de bombardement. Source : Richard P. Hallion Desert Storm 1991 – The most shattering air campaign in history Osprey Publishing, Oxford, p. 54 (ISBN 978-1472846969)). Un chasseur-bombardier moderne est également capable de mettre en œuvre des munitions « intelligentes » en gérant les équipements nécessaires (désignateur laser, etc.).
- Certains constructeurs – et notamment Dassault pour son chasseur Rafale, préfèrent le terme de « chasseur omnirôle »
- Pour chaque journée du conflit, l’Air Force développe un plan détaillé ou Air Tasking Order (ATO) qui est envoyé électroniquement aux unités concernées. Comme la Navy n'est pas connectée au système, une version papier doit en être imprimée et être transmise à chaque porte-avions par un vol spécial tous les soirs pour les missions du lendemain. Source : Mandeless, Hone & Terry – Managing Command and Control in the Gulf War – Praeger, Westport Ct, 1996. p. 130-131
- Pendant la Guerre du Golfe, les armes de précision (ou intelligentes) représentent moins de 10 % du tonnage total largué par les forces armées américaines (Air Force, Navy, Marines). Dans ce total, les armes guidées par laser représentent 4,3 % du total général mais sont créditées de 75 % des destructions subies par les cibles tactiques et stratégiques irakiennes. Quatre ans plus tard, les armes de précision représentent 98 % (en nombre) du total des munitions larguées par ces mêmes forces américaines pendant la campagne Deliberate Force en ex-Yougoslavie en 1995. Source : Richard P. Hallion Desert Storm 1991 – The most shattering air campaign in history Osprey Publishing, Oxford, p. 88 (ISBN 978-1472846969).
- d'une durée d'environ 3 ans, ce premier tour comprend en général deux croisières d'une durée de six à huit mois. Il est suivi par une affectation à terre pendant trois ans puis par un deuxième tour d'opérations à la mer
- École dont la création remonte à 1949 sous le nom de USAF Fighter Gunnery School, mais qui avait été rebaptisée en 1954 pour s'appeler Fighter Weapons School avant de prendre son appellation actuelle en 1992. Source : Elward 2021, p. 531)
Références
[modifier | modifier le code]- William B. Scott Top Gun Goal : Hone the Best Aviation Week & Space Technology vol. 150, No 10, 8 mars 1999 p. 57-58
- Sur un total de 881 avions américains perdus « au nord » pendant Rolling Thunder, environ 82 % ont été abattus par l'artillerie anti-aérienne, 12 % par les missiles SAM) et 6 % par les MiG. Richard P. Hallion, Rolling Thunder 1965-1968, Johnson's air war over Vietnam p. 84
- Richard P. Hallion, Rolling Thunder 1965-1968, Johnson's air war over Vietnam p. 40-43
- Sur près de 600 missiles tirés par l'Air Force et la Navy entre juin 1965 et septembre 1968. Report of the Air-to-Air Missile System Capability Review (Ault report). US Naval Air System Command, 1969, Résumé introductif, p. 1
- Report of the Air-to-Air Missile System Capability Review consultable sur le site Defense Technical Information Center https://apps.dtic.mil/sti/pdfs/ADA955142.pdf
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- Laurent Lagneau – L’armée de l’Air & de l’Espace a créé un « Topgun » à la française, avec la formation « QWI » pour les pilotes de Rafale – sur le site Zone militaire-Opex 360 http://www.opex360.com/2022/06/05/larmee-de-lair-de-lespace-a-cree-un-topgun-a-la-francaise-avec-la-qualification-qwi-pour-les-pilotes-de-rafale/ consulté le 9 juin 2022
- Pedersen 2019, p. 260-262.
- Dan Pedersen, cité par Wilcox 2005, p. 158
Bibliographie
[modifier | modifier le code]- (en) Richard P. Hallion, Rolling Thunder 1965-1968, Johnson's air war over Vietnam. Osprey Publishing, Oxford, UK -2018, (ISBN 9781472823205).
- (en) Lou Drendel, …And Kill MiGs!, Squadron/Signal Publications, 1984.
- (en) George Hall, TOPGUN – The Navy's Fighter Weapons School, Presidio Press, 1986.
- (en) Michel III, Marshall L. Clashes; Air Combat Over North Vietnam 1965–1972. Naval Institute Press, 1997, 2007. (ISBN 1-59114-519-8).
- (en) Robert K. Wilcox, Scream of Eagles, Londres, Simon & Schuster, (ISBN 0743497244).
- (en) Dan Pedersen, Topgun, Penguin Books, (ISBN 978-1405943826). Initialement publié aux États-Unis sous le Titre : Topgun: An American Story. par Hachette Books, New York, 2019 (ISBN 978-0316416269).
- (en) Michael Skinner Red Flag, Air Combat for the '80s, Arms and Armour Press, London-Melbourne, 1984, (ISBN 0-853686424).
- (en) John Foss Strike, US Naval Strike Warfare Center. Praesidio Press, Ca, 1989 (ISBN 0-891413200).
- (en) Brad Elward, TOPGUN: The Legacy: The Complete History of TOPGUN and Its Impact on Tactical Aviation, Atglen, PA, Shiffer Publishing, (ISBN 978-0764362545).
- (en) Greg Goebel US Air To Air Missiles Version Kindle ASIN B098D6D8ML 66p.
Voir aussi
[modifier | modifier le code]Articles connexes
[modifier | modifier le code]- Marine Corps Air Station Miramar
- Naval Air Station Fallon
- Red Flag
- Naval Strike and Air Warfare Center (en)