Chansons et rondes enfantines
CHANSONS
ET
RONDES ENFANTINES
À aucune époque on n’a tant fait pour les plaisirs de l’enfance que depuis une trentaine d’années : joujoux perfectionnés, voitures mécaniques, bateaux mécaniques, animaux mécaniques, jeux nouveaux, poupées superbes, souvent plus grandes que les fillettes auxquelles on les donne, livres illustrés, etc., rien n’a été oublié. Les chansons ont eu leur tour, et quant à celles-ci, disons tout de suite que Du Mersan a été l’un des premiers à donner un recueil de ces naïfs refrains de l’enfance, qui ont charmé nos aïeux, qui nous ont charmés nous-mêmes, et qui charmeront sans doute encore nos arrière-petits-neveux et nièces, à moins que, dans la suite des temps, les chants patriotiques ne fassent partie de l’éducation des bambins de six ans, ce qui, probablement, ne les amusera pas autant que le Clair de la lune, ou les Canards l’ont bien passé, Il était une bergère, ou Marie trempe ton pain.
Ce sont, en effet, ces versiculets de nourrices, avec des assonances d’à peu près, naïfs à manger du foin, ces histoires impossibles et souvent incompréhensibles, qui ont le talent de séduire les imaginations de quatre à sept ans. Les fillettes qui frisent leurs neuf ou dix ans répètent ces naïvetés à leur petit frère, avec ce sourire mystérieux qui veut dire : « Oh ! moi qui suis grande, je sais bien que ce n’est pas arrivé ».
Plus d’un recueil de ce genre a précédé le nôtre ; la plupart de nos devanciers ont pensé qu’à des chansons d’enfants il fallait des accompagnements enfantins. Telle n’est pas notre opinion et nous n’y avons eu aucun égard, par la raison toute simple que si les enfants chantent et dansent les chansons, l’accompagnement est joué par la maman ou par la grande sœur. Or, de nos jours, les mamans et les grandes sœurs jouent des sonates de Haydn, de Mozart, quelquefois même de Beethoven : elles ne seront donc pas embarrassées par ces accompagnements.
Notre projet a été de donner aussi complet que possible le recueil des chansons et des rondes populaires qui forment le répertoire des enfants. Quelques pièces ont été omises avec intention, comme le Roi d’Yvetot, Il pleut bergère, la Mère Bontemps, Vive Henri IV ! et d’autres, que nous avons vues dans des recueils semblables au nôtre. Les complaintes de Geneviève de Brabant, du Juif errant, de l’Enfant prodigue ne cadraient pas non plus avec l’esprit de ce livre.
Croire que rien ne nous ait échappé, ce serait de la prétention. Nos cartons restent ouverts, nous continuerons à recueillir les chansons, les rondes et les observations, afin d’en profiter dans le cas où ce volume aurait une seconde édition.