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Page:Capendu - Les Colonnes d’Hercule, 1860.pdf/171

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queur couler du trou qu’il venait de percer, il y appliqua ses lèvres.

« C’est de l’eau-de-vie, dit-il en reprenant haleine, du vrai cognac, camarades. Bénis soient les poulets espagnols qui nous ont montré le chemin. » Et il répéta sa première accolade.

Pendant ce temps, ses camarades n’étaient pas restés oisifs : d’autres barils furent ouverts et soumis à une savante dégustation.

Le juif ne savait plus comment leur faire abandonner leur butin. Il commença d’abord par les menacer, puis il leur offrit une compensation, puis il se mit à les flatter ; enfin, comme dernière ressource, il tentait de s’interposer de vive force, quand un boulet ennemi, entrant dans l’établissement, prit en écharpe une longue enfilade de barils, défonçant le contenant et répandant le contenu. La pièce fut aussitôt inondée de liquides. Un déluge de vins, de mélasses, d’huiles et de spiritueux couvrit le sol, submergeant les débris de biscuits et de salaisons qui le jonchaient. Un soldat fut tué roide, et M. Bags ne dut son salut qu’à l’heureux hasard qui fit qu’il venait de retirer sa tête du baril objet de sa sollicitude.

Le juif, à moitié étourdi par une blessure qu’une douve lui fit au front, et près de perdre la raison en assistant à la destruction de ce qu’il possédait