avait été bien souvent visité dans ses rêves par ce lugubre groupe à la Rembrand.
« Est-elle morte ? demanda Edwards en s’arrachant enfin à cette pénible contemplation.
— Je ne sais, » répondit Owen.
Les autres soldats étaient accourus. On releva le corps de l’homme : ce corps était roide et froid.
Quant à Esther, son cœur palpitait encore. Quelques gouttes d’eau-de-vie qu’on lui administra, faute d’autres médicaments, parurent la faire revenir à elle ; mais sa faiblesse était si grande qu’elle ne pouvait parler.
« Transportez-la chez moi ! dit vivement le major. Accompagnez-la, Owen ! Je n’ai plus besoin de vous ! Allez !…
— Et ce cadavre ? demanda un soldat.
— Conduisez-le à l’hôpital, afin qu’il soit inhumé ! »
Le soir même, les soins intelligents d’un médecin, ami d’Owen, et la tendre sollicitude de Carlotta, la charmante femme du major, avaient rappelé Esther à la vie ; mais une fièvre abominable s’était déclarée et la jeune fille avait le délire.
Quelques jours après la fièvre céda et le mieux se fit sentir.
Gibraltar était alors plus calme : l’attaque avait