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Page:Capendu - Les Colonnes d’Hercule, 1860.pdf/34

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Le zouave, la main droite au turban, demeurait immobile.

Un rayon de soleil, glissant à travers un nuage, vint un moment éclairer son visage jaunâtre, dont l’expression énergique était rehaussée encore par le délabrement de son uniforme tout maculé de sang tout déchiqueté par les yatagans des Arabes, et ses joues noircies de poudre, indiquaient l’effrayante consommation de cartouches qu’il avait dû faire.

La scène avait lieu sur une petite éminence, et présentait un coup d’œil réellement digne d’inspirer un peintre de bataille. C’était, en effet, quelque chose de saisissant à contempler que cet épisode guerrier.

Au centre se tenait le vieux maréchal (il avait alors soixante-quatre ans), sa figure expressive, encore animée par le combat qu’il venait de diriger ; près de lui était le jeune prince ; tout autour des officiers de tous grades et de tout âge, les uniformes en désordre, les vêtements ensanglantés, la joie du triomphe peinte sur le visage.

En face d’eux ce zouave calme et immobile poussant du pied les deux têtes ennemies qu’il avait tranchées au péril de sa vie.

Pour cadre au tableau les montagnes qui entourent Mascara où l’armée entière préparait ses bivouacs,