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Page:Dictionnaire de Trévoux, 1771, II.djvu/472

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la langue tudesque. Ses actions héroïques lui firent donner le nom de Grand, Magnus, d’où l’on a formé le nom de Charlemagne, qui est composé d’un mot tudesque & d’un mot latin, auxquels on a donné la terminaison françoise. Le Père Mabillon a observé que Charlemagne écrivoit toujours son nom de Charles, par un C, & que quelque temps après, les Princes qui le suivirent écrivirent leur nom de Charles par un K. Karolus, au lieu de Carolus.

CHARLEMONT. Carolomontium. Il y a deux villes de ce nom ; l’une en Irlande dans l’Ultonie, sur la rivière de Blackwater dans le comté d’Armach, & l’autre aux Pays-Bas dans le comté de Namur, sur une montagne dont la Meuse baigne le pié. Charlemont est aujourd’hui à la France. Il fut bâti par les Impériaux vers l’an 1555, & nommé ainsi de Charles-Quint. Larrey.

CHARLEROY. Caroloregium. Ville & forteresse des Pays-Bas dans le comté de Namur, sur la Sambre. Charleroy n’étoit qu’un village nommé Charnoy. En 1666 les Espagnols le fortifièrent, & lui donnèrent le nom de leur Roi Charles II.

CHARLES. s. m. Nom d’homme. Carolus. Ce mot est de la langue des Francs ou François, & il paroît que c’est eux qui l’ont apporté dans les Gaules, mais on ne sait ce qu’il signifioit en leur langue. Depuis Charles Martel & Charlemagne son petit-fils, ce nom est devenu commun, non-seulement en France, mais dans les autres pays de l’Europe. Il ne paroît pas qu’il le fût tant avant ce temps-là, il ne faut jamais prononcer l’s que l’on met à la fin, même quand il suit une voyelle. Ainsi l’on dit : Charle animoit ses troupes, & non pas Charle-s-animoit ses troupes. Charles s’est formé de Carolus, que l’on écrivoit par un K sous la seconde race après Charlemagne, Karolus.

☞ CHARLES-TOWN, Ville de l’Amérique Angloise dans la Caroline, près du cap Fear. Le Gouverneur y fait sa résidence.

Charles-Town. Ville de l’Amérique dans l’île des Barbades, sur la côte septentrionale. On l’appelle aussi Ollines.

CHARLEVAL. Bourg & Prieuré du Vexin. Voyez Noyon-sur-andéle.

CHARLE-VILLE, Petite ville de France dans le Rétélois, située sur la Meuse. Carolopolis. C’étoit un village qui portoit le nom d’Arches ; Charles de Gonzague, Duc de Nevers & de Mantoue, y fit bâtir une ville en 1609, & lui donna son nom. Les Ducs de Mantoue en étoient Souverains.

CHARLIEN, pour Carlovingien. Du Tillet, P. I, pag. 38, & Bardin, dans son Grand-Chambellan de France, disent Charliens pour Carlovingiens. La lignée des Charliens, la race des Charliens. Aujourd’hui il tant dire Carlovingiens Voyez ce mot.

☞ CHARLIEU, ou Cherlieu. Carilocus ou Carolilocus. Petite ville de France au diocèse de Mâcon, près la Loire, sur les frontières de Bourgogne & du Beaujolois.

CHARLOT. s. m. Ce mot est bas & populaire : c’est un diminutif de Charles. On appelle Charlot un petit garçon qui s’appelle Charles, On prononce Charlo. Carolus, Caroletus.

CHARLOTTE. s. f. Nom de femme. Carola. Ce nem se donne aux femmes, qui ont eu au baptême le nom de S. Charles. Car il n’y a rien, que l’on sache, de sainte Charlotte. Ce terme n’est pas bas & populaire comme celui de Charlot : On le donne non-seulement parmi le Peuple & aux jeunes filles, mais toujours, & à toutes les femmes qui ont saint Charles pour patron, de quelqu’âge & de quelque condition qu’elles soient. Charlotte de Bourbon, Reine de Chypre, fille de Jean de Bourbon, épousa Jean II, Roi de Chypre, dont elle eut Jean III, père d’une autre Charlotte, qui, chassée de ses États de Chypre par son frère bâtard, en fit donation à Charles, Duc de Savoie, son neveu. Il y a aussi des Charlottes de Savoie, de Bourbon de Montpensier, &c.

☞ CHARMANT, ANTE. adj. Ce terme est employé, non-seulement pour marquer l’impression que font sur le cœur les agrémens du sexe ; mais il se dit encore de tout ce qui plaît par son propre mérite. Femme charmante, séjour charmant, saison charmante. Eximius, admirabilis : c’est en général ce qui fait une forte impression sur nous, à laquelle il est difficile de résister.

☞ Une chose est charmante, quand, par son propre mérite, par les choses qui l’accompagnent, elle plaît extraordinairement. Cette femme a toutes les manières charmantes. Cette maison de plaisance est un séjour charmant. Il y a une éloquence mâle & vigoureuse, comme il y en a une agréable & charmante. P. Rap.

Bérénice est charmante, & de si belles mains
Sembloient vous demander l’empire des humains. Racine.

Mais si vous condamnez l’aveu que je vous fais,
Vous devez vous en prendre à vos charmans attraits. Mol.

Il est des maris si charmans,
Qu’ils peuvent être époux sans cesser d’être amans. Vill.

☞ CHARME. s. m. Cantio, carmen, incantamentum. C’est ce qu’on suppose superstitieusement fait par art magique, pour arrêter les effets ordinaires & naturels des causes. Les vieux contes disent qu’il y a un charme pour empêcher l’effet des armes, & rendre invulnérable. Faire un charme, des charmes. Porter un charme sur soi. Rompre, ôter, lever un charme. Les Poëtes, tant anciens que modernes, ont fondé la plûpart de leurs fictions sur les charmes & les enchantemens. Arioste, Amadis, nos Contes des Fées, sont pleins de charmes.

Charme se dit des choses insensibles ; enchantement des êtres intelligens. Des armes sont charmées. Une personne est enchantée. Voyez Enchantement, Enchanté. Voyez aussi Sort.

Ce mot vient de Carmina. Ménage, Voyez Enchantement, Sort.

Charmes. s. m. pl. Ce mot, dans le sens figuré, signifie un je ne sais quoi, qui, dans une femme ou dans un autre objet, nous plaît, & fait impression sur notre cœur. Les charmes & les attraits ont quelque chose de plus naturel que les appas. Il y a quelque chose de plus fort & de plus extraordinaire dans les charmes que dans les attraits & les appas. Il est presqu’impossible de résister aux charmes d’une beauté. Les charmes viennent de ces grâces singulières que la nature donne comme un présent rare & précieux, & qui sont des biens particuliers & personnels. Les charmes n’ont plus d’effet, lorsque le temps & l’habitude les ont rendus trop familiers, ou en ont usé le goût.

☞ C’est ordinairement par les brillans attraits de la beauté que le cœur se laisse attaquer ; ensuite les appas étalés à propos, achèvent de le soumettre à l’empire de l’amour ; mais s’il ne trouve des charmes secrets, la chaîne n’est pas de longue durée. Voyez Attraits & Appas.

☞ Le mot de charmes est non-seulement employé pour marquer le pouvoir de la beauté & des agrémens du sexe ; mais il l’est encore à l’égard de tout ce qui plaît. La Musique & la Poësie ont des charmes pour certaines personnes. Les charmes du plaisir ; mais il faut remarquer que dans ce cas le mot de charmes ne s’applique qu’aux choses qui sont, ou qu’on suppose être aimables en elles-mêmes, & par leur mérite. Il n’en est pas ainsi du mot appas. Le plaisir a des charmes qui le font rechercher par-tout, dans la vie retirée, comme dans le grand monde, dans l’école même de la mortification.