des causes naturelles des phénomènes ? Or, c’est cette connaissance des causes secondes ou naturelles que les Encyclopédistes offraient à leurs nombreux lecteurs. Il en devait résulter à la longue un très grand dommage pour l’orthodoxie. Cette dernière, en effet (d’autres l’ont montré avant nous et, par exemple, M. Fouillée), est inattaquable dans ses retranchements : aucune raison ne vient à bout d’elle ; on ne discute pas avec un fanatique qui ne peut vous comprendre et ne veut pas vous entendre. Mais qu’on réussisse, par la diffusion de la science (ce qui était le but principal des Encyclopédistes), à changer peu à peu les idées régnantes et à élever le niveau intellectuel, alors l’aveugle et intraitable orthodoxie, non convaincue sans doute, mais vaincue et, ce qui est la plus sûre des défaites, vaincue sans combat, se retire sans bruit et disparaît, sans même qu’on s’en aperçoive ; le courant des idées l’a dépassée et l’a rendue impuissante en la faisant surannée ; il n’y a plus à s’occuper d’elle et l’on n’a désormais qu’à laisser les morts ensevelir leurs morts.
Et enfin, dernier et profond enseignement de l’Encyclopédie : toutes ces sciences, dont elle raconte les magnifiques conquêtes, on les doit à la raison humaine et on ne les doit qu’à elle seule. « Toutes les sciences réunies, dit d’Alembert, ne sont autre chose que l’intelligence humaine, toujours une, toujours la même, si variés que soient les objets auxquels elle s’applique. » Exposer les découvertes scientifiques, ce n’est donc pas faire autre chose que l’histoire et l’histoire glorieuse de l’esprit humain.
Et ainsi toutes les idées hardies et toutes les inventions merveilleuses qui sont expliquées dans ces dix-huit in-folios, c’est la raison humaine qui a fait tout cela dans la suite des âges : gloire donc à la raison humaine, et suivons-la, elle seule, partout où elle nous conduira, car c’est par elle que nous apprendrons à connaître et à dominer la nature entière.
Dans cette voie-là les Encyclopédistes devaient infailliblement rencontrer l’idée de progrès et cette idée fut pour