conversation ; il affectionnait particulièrement cet ouvrage, dont il avait prévu toute l’utilité[1]. » C’est donc seulement en tant qu’ami des sciences et non en tant qu’ennemi des Jansénistes, que d’Aguesseau favorisa l’entreprise des Encyclopédistes. Il encouragea Diderot à commencer son Dictionnaire, comme il engagea Lelong à entreprendre sa Bibliothèque historique, comme il trouva des éditeurs à Pothier pour ses Pandectæ justinianæ et à Terrasson pour son Histoire de la jurisprudence romaine.
Enfin le premier volume de l’Encyclopédie parut le 1er juillet 1751 ; il fut loué par les uns, critiqué et même chansonné par d’autres. L’abbé Raynal, qui, à la lecture du prospectus, avait annoncé l’ouvrage à ses correspondants comme un chef-d’œuvre, constate, dès le tome premier, que l’Encyclopédie « a ses censeurs et ses partisans », et, selon lui, les uns et les autres ont raison. Il approuve l’esprit philosophique qui règne dans l’ouvrage et y blâme des inutilités et du verbiage. Un poète, qui passait, il est vrai, pour grincheux, de Bonneval, salue ainsi l’apparition du dictionnaire :
Voici donc l’Encyclopédie :
Quel bonheur pour les ignorants !
Que cette docte rapsodie
Fera naître de faux savants !
Enfin un critique indépendant et fort judicieux, Clément, qui mérite d’être connu autrement que par le mauvais calembour de Voltaire[2], écrivait à milord Waldegrave, après un éloge chaleureux d’une lettre de Diderot au père Berthier : « Vous l’avez dit, monsieur, qu’avec son imagination vagabonde et scientifique M. Diderot nous inonderait de mots et de phrases : c’est le cri du public