examine les propositions incriminées, puis, élevant tout à coup le débat, il oppose, aux pieuses dénonciations des théologiens, les droits inviolables de la science et de la raison. Mgr de Caylus avait confondu, dans ses anathèmes, les Encyclopédistes, l’auteur de l’Esprit des lois et l’auteur de l’Histoire naturelle, et il reprochait à ce dernier de s’être écarté du récit de la Genèse : « Quoi donc ! s’écrie Diderot, parce que Josué aura dit au soleil de s’arrêter, il faudra nier, sous peine d’anathème, que la terre se meut ! Si, à la première découverte qui se fera, soit en astronomie, soit en physique, soit en histoire naturelle, nous devons renouveler, dans la personne de l’inventeur, l’injure faite à Galilée, alors brisons les microscopes, foulons aux pieds les télescopes et soyons les apôtres de la barbarie. » La science est indépendante de la théologie et même le physicien doit faire, dans ses recherches, « une entière abstraction de l’existence de Dieu et ne rapporter les phénomènes qu’à leurs causes mécaniques. » Mais ces principes sont faits « pour effrayer les petits génies qui passent leur vie à crier soit au miracle, soit à l’impiété. » La grande maladie de ce temps, avait dit M. de Caylus, qui en cela ne se trompait guère, « c’est de vouloir appeler du tribunal de la foi à celui de la raison » ; mais le remède qu’il proposait, « le sacrifice de la raison », n’était pas pour plaire aux plus malades du siècle, aux encyclopédistes, qui répondaient par la bouche de Diderot : « On dirait, à les entendre, que les hommes ne puissent entrer dans le sein du christianisme que comme un troupeau de bêtes dans une étable et qu’il faille renoncer au sens commun pour embrasser notre religion. »
Et d’ailleurs conseiller, en 1752, de faire à l’Église l’humble sacrifice de sa raison, n’était-ce pas une plaisante ironie de la part d’un disciple de Jansénius, alors que les orgueilleuses rébellions des Jansénistes contre les bulles
très reconnaissable de son défenseur naturel, Diderot, sont très vraisemblablement de ce dernier.