les visages sont adorables ; sur la riche et amusante variété des costumes se détachent les pages, vêtus à l’italienne ou à l’espagnole, debout, immobiles, le poing sur la hanche et l’épée au côté. C’est un tableau plein d’éclat, de vivacité, de magnificence, dont tout ce que nous pourrions dire ne serait qu’une bien faible et bien pâle copie. Faites revivre tous ces cavaliers élégans et railleurs, rendez l’existence à toutes ces dames vives et galantes de Brantôme et de l’Heptaméron, mettez dans leur bouche cet idiome prompt, savant, naïf, et si éminemment français du seizième siècle, et vous aurez une idée de cette charmante cour, surtout si vous vous rappelez le mot de François Ier : Une cour sans dames c’est une année sans printemps ou un printemps sans fleurs. Or, la cour de François Ier était un printemps éternel où brillaient les plus belles et les plus nobles fleurs de la terre.
Après le premier éblouissement causé par la confusion et le bruit, et lorsqu’on pouvait séparer les groupes, il était aisé de s’apercevoir qu’il y avait deux camps dans la foule : l’un, distingué par les couleurs lilas, était celui de madame d’Etampes ; l’autre, qui portait les couleurs bleues, était celui de Diane de Poitiers ; les partisans secrets de la réforme appartenaient au premier parti, les catholiques purs au second. Dans ce dernier, on remarquait la figure plate et insignifiante du dauphin ; on voyait la figure blonde, spirituelle et enjouée de Charles d’Orléans, second fils du roi, courir dans les rangs de l’autre. Compliquez ces oppositions politiques et religieuses de jalousies de femmes et de rivalités d’artistes, et vous aurez un ensemble assez satisfaisant de haines qui vous expliquera, si vous vous en étonnez, une foule de coups d’œil dédaigneux et de gestes